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Deux articles de ce blog ont été exploités par la chaîne RMC Découverte (Canal 24 de la TNT) lors d'un reportage historique sur notre cité médiévale. Le premier, concerne les souterrains creusés par les Allemands dans la Cité pendant l'Occupation ; le second, évoquera l'histoire de l'aviateur américain Sully de Fontaine caché dans la crypte de la basilique par le chanoine Auguste Pierre Pont. Ce reportage sera diffusé le 24 avril prochain à 21h et le nom de l'auteur de ce blog apparaîtra au générique en remerciement pour l'aide apportée.
Hier, je me rends chez mon libraire limougeaud comme à l'accoutumée afin de découvrir les nouveautés du moment. Dans le rayon consacré à l'histoire, un titre attire tout particulièrement mon attention : "La Gestapo française". Cet ouvrage rédigé par deux historiens nationaux aux éditions Acropole m'intéresse à plus d'un titre, ayant moi-même travaillé le sujet pour ce qui concerne Carcassonne. Une dizaine de pages sont consacrées au KDS de Montpellier et plus particulièrement aux agissements du S.D de la capitale audoise. La surprise vient ensuite...
Dans les dernières pages consacrées aux nombreuses sources ayant permis la rédaction de cet ouvrage, j'ai découvert que les éminents historiens ont utilisé, entre-autres, les articles de mon blog. Ce dernier est en effet cité en référence, preuve qu'il doit constituer une base fiable de renseignements sur le sujet. "Musique et patrimoine de Carcassonne" dépasse donc les frontières de département. Je ne peux que regretter de m'en apercevoir au détours d'une lecture totalement fortuite, mais l'essentiel est ailleurs.
Sources et bibliographie sur le KDS de Montpellier
Cela fait plusieurs mois maintenant que je mène un travail d'enquête sur les conditions de dénonciation, d'arrestation et d'exécution de Jean Bringer, chef de la Résistance audoise. Sa veuve a toujours clamé qu'on l'avait vendu pour de l'argent suite à la disparition d'un parachutage d'Alger pour lequel il s'était mis en tête de retrouver les coupables. Après sa disparition Madame Bringer tentera de mener sa propre enquête, jusqu'à ce que M. Pastour, Procureur de la République de Carcassonne, ne lui conseille d'arrêter car selon lui, elle risquait de mettre sa vie en danger : "Vous tombez dans un panier de crabes, lui dit-il".
Que de cadavres retrouvés assassinés dans des conditions suspectes... Et maintenant que de dossiers importants disparus ! Des auditions du procès de René Bach, l'agent de la Gestapo, on a expurgé les dossiers les plus compromettants. Ceux qui sans doute mettaient en cause des responsables de la Résistance Carcassonnaise et du maquis de Villebazy. Qu'importe ! J'ai retrouvé des copies à 500 km de Carcassonne dans un autre service d'archives. Lors du meurtre du capitaine Charpentier dans la clinique Delteil, la sûreté militaire s'est saisie d'enquêter. On lui a fait obstacle, car des hauts responsables locaux parmi lesquels MM. Morguleff, Sablé et Amiel auraient avoué s'être rendus à Montpellier auprès du colonel Leroy. Les dossiers d'enquêtes furent alors brûlés. Ce que ne voulaient pas ces chefs c'est que l'on salisse l'honneur de la Résistance, même si pour cela il fallait faire entrave à la justice et protéger les crapules. Que de contradictions dans les auditions, d'une année à l'autre !
Au mois de mai dernier, je fais une demande de dérogation auprès du Ministère de la culture, afin de pouvoir consulter le registre d'écrou de la Maison d'arrêt de Carcassonne entre avril et novembre 1944. Etant indexé et consultable dans la série W (préfecture) des archives de l'Aude, j'espère enfin pouvoir constater les noms et le nombre de prisonniers internés par les Allemands avant la Libération et déterminer ceux qui furent relâchés de ceux qu'on exécuta le 19 août 44 à Baudrigues. On ne peut tout de même pas inscrire ces noms sur la seule foi d'une liste rédigée par le Dr Delteil à sa sortie. D'autant plus qu'il aurait dû logiquement mourir avec Ramond et Bringer...
L'autorisation m'arriva par courrier à la fin du mois d'août. Lundi, je me rends aux archives de l'Aude avec le précieux sésame. On me présente donc le registre d'écrou suivant la côte que j'avais demandée, mentionnant Maison d'arrêt de Carcassonne. Je l'ouvre... Oh ! surprise et déception, il s'agit de celui de Limoux. Evidement point de résistants, mais que des voleurs de poules. Je rends compte à l'archiviste de service de cette erreur très inhabituelle pour ne pas dire impossible. L'heure est grave, car je viens de découvrir une énorme lacune. La nouvelle directrice des archives de l'Aude me fait la faveur de descendre me voir. Une personne charmante et dévouée à ma cause, signalons-le. Tout comme d'ailleurs l'ensemble du personnel des archives. Pourquoi donc a t-on remplacé sous une fausse côte le registre de la Maison d'arrêt de Carcassonne par celui de Limoux ? Bizarre... Les autres registres classés par ordre chronologique dans la série sont bien de Carcassonne, seul celui pour la période Juillet-Août 44 manque. A t-on interverti les registres ? Non, après vérifications. Mais où est donc passé ce registre ? Je me souviens alors avoir lu dans un document d'archive daté de 1945 (il ne se trouve pas à Carcassonne) sur l'enquête de la mort du Capitaine Charpentier, occis dans la clinique Delteil qu'en 1945, ce registre avait disparu. Puis, on l'aurait retrouvé à Montpellier. Puis, il serait revenu à Carcassonne. Sans être formel, je peux dire qu'il y a des gens dans cette ville qui ont eu intérêt à faire disparaître des documents avec la complicité de l'administration, afin de protéger les intérêts de certains à une époque où cela chauffait pour eux. Mon enquête se poursuit...