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Actualités - Page 24

  • La mémoire d'Henri Gout passée sous silence à Carcassonne...

    C'est parce qu'aucun responsable politique de l'Aude - à fortiori de gauche - et qu'aucun journal local ne l'a évoqué dans ses colonnes, qu'ici nous vous rendons compte d'une célébration qui est curieusement passée sous silence à Carcassonne. Le 10 juillet dernier, la mémoire du député Henri Gout - futur maire de Carcassonne - a été honorée par le Président de l'Assemblée Nationale à Vichy. Capture d’écran 2019-08-03 à 14.41.02.png

    © Droits réservés / Assemblée nationale

    Richard Ferrand rendit hommage aux 80 parlementaires réunis en Congrès à l'opéra de Vichy qui, le 1er juillet 1940, refusèrent courageusement de voter les Pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Seuls deux parlementaires de l'Aude s'y opposèrent tandis que six s'associèrent à la majorité favorable à la nouvelle constitution : Jean Bousgarbiès, Léon Castel, Jean Guilhem, Jean Mistler, Clément Raynaud, Albert Sarraut. A l'occasion du 79e anniversaire, une plaque a été dévoilée sur la façade de l'opéra de Vichy. Elle porte les noms d'Henri Gout et de Léon Blum (Député de Narbonne).

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    Le vote des Pleins pouvoirs dans un contexte particulier lié à l'armistice, sonna la fin de la République et du régime parlementaire. La gouvernance était remise entre les mains d'un seul homme, avec les conséquences que nous connaissons. L'acte des 80 courageux sera ensuite réprimé par le gouvernement de Vichy, à tel point que certains finiront emprisonnés ou déportés.

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    Le Congrès à Vichy le 1er juillet 1940

    A La Libération, alors que les anciens parlementaires ayant voté les Pleins pouvoirs seront rendus inéligibles et frappés d'Indignité nationale, le Dr Henri Gout deviendra maire de Carcassonne.

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    Henri Gout

    (1876-1953)

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  • Hommage à Martin Weill

    A l'occasion du 75e anniversaire du massacre de 15 patriotes dans la clairière du château de Baudrigues (Roullens) par les nazis, un hommage sera rendu à Martin Weill en présence de sa famille et des autorités civiles et militaires. Après les recherches qui m'ont amenées à prouver que cet homme faisait bien partie des victimes non encore reconnues et sur ma proposition, Monsieur le maire de Carcassonne a tenu à organiser une cérémonie lui rendant l'hommage qui lui est dû. Je le remercie chaleureusement. Le nom de Martin Weill sera désormais gravé sur la stèle des martyrs.

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    Tout ceci n'aurait pas été également possible sans le concours de M. Béziat, président du Souvenir Français, et de M. Bonnel, chargé du service du protocole de la ville de Carcassonne. Qu'il me soit permis de remercier M. François Mourad pour sa confiance et M. Roger Lair, pour l'aide qu'il m'a apportée. La présence de la famille de M. Weill n'a été possible qu'en vertu des recherches généalogiques que j'ai menées pour la retrouver dans l'Est de la France. Nous vous communiquerons ultérieurement l'horaire officiel de cette cérémonie qui aura lieu le 19 août prochain à Baudrigues sur la commune de Roullens.

    Victimes de Baudrigues

    Avignon René, Battle Simon, Bertrand Gilbert, Bringer Jean, Bronson Jacques, Gros André, Hiot Jean, Juste Léon, Last Suzanne, Ramond Aimé, Roquefort Pierre, Sevajols Maurice, Torrent André, Weill Martin, une femme inconnue.

    A l'occasion de la publication prochaine d'un ouvrage inédit consacré à l'arrestation de Jean Bringer et d'Aimé Ramond, la vérité sera enfin révélée sur les responsabilités de certains agents doubles et sur les atrocités commises par l'armée allemande à Baudrigues. Sortie prévue, début 2020.

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  • Ici Londres...Carcassonne me recevez-vous ?

    Dernièrement, le journal local rapportant les propos d’un ancien résistant tenus lors d’une remise des prix du concours de la Résistance, titrait :

    « Si dans l’Aude la Gestapo a fait beaucoup de dégâts c’est qu’il y avait beaucoup de collabos ». 

    Cette phrase lancée d’une façon péremptoire au milieu d’une assistance commémorant la bravoure des hommes de l’armée des ombres, dut sans doute rafraîchir une atmosphère jusque-là toute patriotique. Car enfin… Il devait bien s’y trouver dans le public quelques rejetons de ces familles qui préférèrent le déshonneur - en faisant fructifier les bénéfices d’une collaboration avec l’ennemi - qu’un soutien à la Résistance. On sait que des adhérents de partis respectables dit de la mouvance républicaine, ont été les fils, les cousins ou les neveux de Miliciens ou de collaborateurs. D’autres, n’ayant point abandonné l’héritage réactionnaire anti-républicain, militent encore au sein de partis se définissant comme patriotes ou souverainistes. Ils ont l'outrecuidance de traiter leurs adversaires idéologiques de collabos ! Le cynisme est à son paroxysme, quand l'ignorance règne sur le sens des mots.

    Ce sont les fils et filles de ces commerçants et de ces propriétaires viticoles membres du Groupe collaboration, de la Légion des Volontaires Français contre le Bolchévisme, du parti Populaire Français de Jacques Doriot. Sans compter, les enrichis du marché-noir ayant détourné la nourriture de la répartition pour vendre les denrées sans tickets. Tous ces gens ont mis le magot à l’ombre ; et ce n’est pas la confiscation d’une partie de leurs biens qui les a appauvris. Quelques années plus tard, les résidences secondaires au bord de la mer ont blanchi l’argent salement gagné. Les retours d’Argentine où ils fondèrent des entreprises, les ont rendu plus blancs que bruns.

    Quand on les a vu assister aux commémorations des martyrs du maquis, la loi sur l’amnistie prononcée en 1951 a dû donner des ulcères à ceux qui avaient combattus leurs parents. Faut-il en vouloir à ces rejetons de s’être finalement rangés du côté de la République en tenant de faire oublier un passé dont ils ne sont pas responsables ? Faut-il les blâmer d’avoir mis leur argent au service du mécénat sportif ou culturel, du financement d’un parti politique? Faut-il leur en vouloir d’avoir été placés dans les chambres consulaires, les préfectures, les conseils généraux, etc ? On ne revient pas sur la chose jugée ; l'épuration, bien ou mal, a été faite.

    L’Aude n’a certainement pas été au-dessus du reste de la France en terme de collaboration avec l’ennemi, par le truchement - rappelons-le - du gouvernement de Vichy. Nous ne pouvons à ce titre que mentionner les chiffres que nous avons comptabilisés. Il y eut à-peu-près 500 adhérents à la Milice française, 300 membres du Groupe collaboration et moins de Légionnaires et de Doriotistes. Le registre de condoléances de Philippe Henriot, exécuté par la résistance en juillet 1944, compte près de 250 signataires éplorés à un moment où la guerre était perdue. Il s’agit-là des notables, parmi les plus endoctrinés du département, à pleurer la mort du propagandiste d’extrême-droite de Radio-Paris. Notons la présence sur le registre des signatures des officiers de l’armée allemande et de la Gestapo de Carcassonne.  

    Si l’épuration fut sauvage et désordonnée entre le 25 août 1944 et la fin septembre, c’est à cause en grande partie de résistants de la dernière heure cherchant à se laver de quelques fautes. Les miliciens ayant porté les armes contre la Résistance furent fusillés, à l’exception des chefs qui avaient pu filer en Espagne. Après le mois de septembre 1944 et jusqu’en 1945, ce sont 800 personnes dans l’Aude qui furent condamnées à la dégradation nationale et à la confiscation des biens. Pour ce qui concerne les cas les plus graves, la Cour de Justice étudia les dossiers d’au-moins 500 individus. Certains furent exécutés et d’autres, condamnés à des peines de travaux forcés. Au fil des mois et des appels, les peines se réduisirent comme peau de chagrin. Disons qu’un sujet jugé fin 1944, avait moins de chance de s’en sortir qu’un sujet jugé en avril 1945.

    Revenons, si vous le voulez bien, sur le titre de ce journal local… Les collabos ont-ils dénoncé tous les maquis à la Gestapo ? La vérité n’est pas aussi simple. Si l’on prend par exemple, le cas de Trassanel ou de l’arrestation de Jean Bringer. On remarque que certains résistants se sont servis d’agents travaillant pour la Gestapo pour faire arrêter leurs camarades ; ceci pour des raisons diverses et complexes. Au sein des divers groupements de résistants, l’entente à la fin de la guerre n’était plus si cordiale car le temps de la politique reprenait ses droits. Certains d’entre eux avaient été retournés après leur arrestation, pour le compte du renseignement allemand. Agent double et double-jeu faisaient loi. Il en est de même du côté des allemands, où certains renseignaient la Résistance. Sans compter sur les collabos repentis de la dernière heure, cherchant à moyenner leur sort à la Libération. Les Milices patriotiques communistes de Limoux dans lesquelles se sont retrouvés plusieurs voyous et assassins, usant de leurs attributions à faire respecter l’ordre public pour piller et exécuter sans jugement. Si l’on prend tous les autres cas, comme l’attaque contre le maquis de Villebazy à Vignevieille, celui de Chalabre et Belcaire, en effet la collaboration a fait des dégâts. Elle a fait déporter des juifs, des francs-maçons, des syndicalistes, des résistants. A Perpignan, une longue queue attendait devant une administration nazie. L'allemand a son bureau rétribuait les délateurs et on les voyait ressortir avec des billets plus ou moins gros suivant la qualité de l'information.

    Si l’on se replace dans le contexte et sans chercher à excuser l’inexcusable, l’homme est un loup pour l’homme. Dès lors que la volonté de puissance l’anime ou qu’il se trouve dans une situation de survie, il est prêt à toutes les compromissions. Les nazis avaient compris qu’en réussissant à diviser les français, il pourraient régner en maître grâce au concours d’un gouvernement idéologiquement à leur botte. C’était sans compter sur l’esprit de rébellion de quelques-uns obéissant à l’appel que leur fit Charles de Gaulle, le 18 juin 1940 depuis Londres. Ils étaient ouvriers, paysans, employés et citant le général après la guerre s’adressant au patronat : « On ne vous a pas vu beaucoup à Londres ».

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