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  • Ne détruisez pas l'Ecole normale d'instituteurs, avenue H. Gout !!!

    D'après des informations que nous avons reçues, le Conseil départemental aurait pour projet de céder l'ancienne Ecole normale d'instituteurs dont il est le propriétaire, au bailleur social Habitat Audois pour l'euro symbolique. La transaction ainsi conclue aurait pour objet la destruction des bâtiments du XIXe siècle donnant sur l'avenue Henri Gout, afin d'édifier des logements H.L.M et un foyer de jeunes travailleurs. Nous souhaitons vous alerter une nouvelle fois sur la disparition d'une partie du patrimoine historique bâti de notre ville, plutôt que sur sa rénovation. Après l'affreuse verrue qu'Habitat Audois est en train d'édifier sur l'ancienne villa de la Gestapo de la route de Toulouse, c'est une autre avenue qui est dans le viseur du bailleur social aux constructions cubiques. La disparition de ce bâtiment témoin de l'architecture publique de la Troisième République entraînerait également celle du "Monument aux instituteurs, morts pour la patrie". Ce dernier se trouve au centre de la cour entouré par des platanes centenaires.

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    Nous avons réalisé une étude historique, jamais produite à ce jour, sur l'Ecole normale d'instituteurs de Carcassonne et son Monument aux morts. Nous vous proposons d'en prendre connaissance ci-dessous.

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    L'Ecole normale de garçons vers 1910

    Après la construction de l’Ecole normale d’institutrices en bordure de la route de Narbonne, dont le projet dessiné par l’architecte départemental Jules Desmarest avait vu le jour en 1882, le Conseil général de l’Aude envisagea d’édifier une nouvelle Ecole normale de garçons. Le bâtiment  qu’elle occupait était insuffisant et ne répondait plus aux besoins de son temps. En vendant l’immeuble avec le jardin d’expériences qui, en raison de son éloignement, ne présentait plus aucun intérêt, on pourrait acquérir un vaste emplacement sur la route de Limoux.

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    Lors d’une séance du Conseil général en novembre 1886, il fut décidé la construction d’une Ecole normale d’instituteurs sur le terrain Campourcy, situé derrière l’octroi des Quatre chemins. C’est à cet endroit que quelques années plus tôt, la ville de Carcassonne avait pensé à faire bâtir le futur Lycée impérial, avant de finalement se rétracter en raison de l’insalubrité du terrain. D’une surface de 12000 m2 au prix de 2,75 francs le m2, ce lieu présentait sans doute toutes les garanties pour que l’administration départementale votât en août 1886 un emprunt de 371000 francs auprès du Crédit foncier, remboursable sur trente ans. 

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    Promotion 1918-1919

    Jules, Gabriel, Joseph Desmarest, architecte départemental, né le 30 octobre 1833 à Paris fut chargé de dresser les plans et d’organiser l’adjudication des travaux aux entreprises candidates. On doit à Desmarest, l’aménagement des jardins de la préfecture (1891), la construction de la Maison d’arrêt (1904) et de l’asile de Bouttes-Gach, pour ne citer que ces exemples. Sur le plan associatif, l’architecte départemental occupait les fonctions d’archiviste au sein de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne.

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    La route de Montréal, actuelle avenue H. Gout

    La nouvelle Ecole normale d’instituteurs sur l’actuelle avenue Henri Gout entra en fonction dès la rentrée scolaire de 1889, à partir du début du mois d’octobre. Elle fermera en 1969 avant que l’Inspection académique n’y soit hébergée gratuitement par le Conseil général en 1972. Soucieux de ses deniers, ce dernier finira par imposer à l’état un loyer mensuel de 16 000 euros (190 000 euros annuels) en 2010. Le contrat de location se terminant en décembre 2013, l’état se dit prêt à cette époque à acheter le bâtiment. La rénovation et les travaux de mise aux normes s’élevaient en 2013 à près de 2 millions d’euros. Aujourd’hui, ce site inoccupé est toujours la propriété du Conseil départemental.

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    "Le monument aux instituteurs, morts pour la patrie"

    Au centre de l’Ecole normale de garçons se trouve le Monument aux instituteurs de l’Aude, morts pour la patrie ». Il est l’œuvre du sculpteur Paul Ducuing (1867-1949) et de l’architecte Guillaume Vidal. On doit sa réalisation à une souscription publique lancée par un comité présidé par M. Aribaud. Cette pyramide de quatre de mètres de hauteur est constituée de marbre des Pyrénées sur lequel s’appuie un livre en bronze de 95 cm de haut sur 1,10 mètre de large. Sur la façade principale figurent les noms des maîtres tués au champ d’honneur, dont 23 élèves qui ont quitté l’école de 1914 à 1918 pour servir la Nation. A gauche, un bas-relief en bronze montre l’instituteur  en chaire faisant sa leçon aux élèves assis sur les bancs de sa classe. A droite, un autre bas-relief montre l’instituteur en uniforme militaire. Il quitte la classe pour aller rejoindre le régiment que l’on voit, par la fenêtre ouverte, défiler au pied des tours de la Cité, qui découpe sa silhouette sur le ciel. Les élèves suivent du regard l’instituteur vers son destin tragique.

    Ce monument exceptionnel par son symbole et sa qualité artistique fut dévoilé le 14 juillet 1923 au cours d’une cérémonie présidée par Albert Sarraut, ministre des colonies. Assistaient également à cet événement, MM. Renard (Préfet de l’Aude), Maurice Sarraut (Sénateur de l’Aude), Milhet et Castel (députés de l’Aude), Guichard (Directeur de l’Ecole Normale), etc.

    121 noms sont gravés sur le bronze dont 110 pour la Grande guerre et 11 pour la Seconde guerre mondiale. L’Ecole normale servira d’hôpital temporaire lors des deux conflits mondiaux et d’observatoire météorologique.

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    Sur la façade, les armes des quatre villes du département de l'Aude

    Carcassonne, Narbonne, Limoux et Castelnaudary

    Sources

    La Fraternité / 21 juin 1884

    Etat-Civil / Archives de l’Aude

    Délibérations Conseil général / 1886

    Le courrier de l’Aude / 2 septembre 1886

    La lanterne / 15 juillet 1923

    La démocratie / 23 juillet 1923

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Lucien Maury (1915-1988), chef du maquis de Picaussel

    Lucien, Jean, Alexandre Maury naît à Foix dans l’Ariège le 5 janvier 1915. Appelé sous les drapeaux comme tous les jeunes hommes de sa classe d’âge, il sort avec le grade de sergent en 1936 puis poursuit son instruction à l’Ecole des Officiers de réserve à Hyères. Pendant la campagne de France appelée également « la drôle de guerre », Maury alors chef de section de mitrailleuses au 22e Bataillon de Chausseurs Alpins Maury est fait prisonniers à Vitteaux (Côte d’Or) par les troupes allemandes, le 18 juin 1940. Il s’évade du camp d’Abbeville avant d’être démobilisé le 28 août 1940. Après l’armistice, Lucien Maury prend ses fonctions d’instituteur public le 4 septembre 1940 à Saint-Louis de Parahou dans l’Aude, puis à Puivert. Par l’intermédiaire de Raoul de Volontat, instituteur à Quillan et chef de l’Armée Secrète pour la Haute-Vallée de l’Aude, il se range derrière la lutte contre l’occupant à partir du 1er avril 1943. 

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    © La Maitron

    Raoul de Volontat

    (1911-1944)

    Maury organise un service de passage clandestin vers l’Espagne sous le commandement de l’enseigne de vaisseau Le Merlet d’aviateurs de la Royal Air Force, de réfractaires du S.T.O, d’officiers français. Entre le 1er avril 1943 et janvier 1944, il participe à l’opération d’évasion de la prison de Castres d’officiers Belges et Yougoslaves du service de renseignements Belge : capitaine Boulargue dit « Boule » et commandant Doyen. Réception d’un poste radio en liaison avec Alger depuis Puivert. Réception de 30 containers par parachutages et de 4 radios. Le centre d’émission était installé dans une grotte à 1km du hameau de Lescale.

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    © ADA 11

    Emplacement du PC du maquis de Picaussel

    C’est près de ce petit village au milieu de la forêt de Puivert qu’est créé le maquis de Picaussel, dont Maury devient le chef nommé par Jean Bringer le 6 juin 1944. Picaussel regroupe tous les corps francs du secteur sous la bannière M.U.R, F.F.I, A.S, C.F.L. En sa qualité de chef de maquis, Lucien Maury parvient à repousser l’attaque allemande des 6 et 7 août 1944 ; opération au cours de laquelle le hameau de Lescale est incendié par les Allemands. Les hommes de Picaussel participent également à l’anéantissement d’un convoi ennemi à Puyvalador, à la libération de Quillan et de Carcassonne.

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    © ADA 11

    Lucien Maury et Marius Olive à Puivert en 1944

    Les exploits de Lucien Maury en tant que chef de maquis lui vaudront une citation à l’ordre de l’armée, signée par Charles de Gaulle le 1er octobre 1945 :

    "Officier de grande valeur. Organisateur de premier ordre. A réussi à créer avec des moyens très limités, le maquis de Picaussel, le plus important de son département. S’est tout particulièrement distingué à la tête de son unité le 6 août 1944 à Picaussel, lors de l’attaque de son camp par des forces ennemies très supérieures en nombre et en armement. A fait preuve de réelles qualités d’audace et d’énergie en réussissant le décrochage de sa troupe sans laisser un seul homme aux mains de l’ennemi."

    Si le département de l’Aude fut débarrassé des nazis le 25 août 1944, la résistance n’en avait pas fini avec eux. Elle se mit en quête de les pourchasser jusqu’en Allemagne. Le 15 septembre 1944, Maury prend le commandement du 1er bataillon du 81e Régiment d’Infanterie et avec ses hommes, part de Carcassonne en direction de l’Est de la France. Cet épisode lui vaudra deux nouvelles citations, l’une à l’ordre du régiment (13 février 1945) et l’autre, à l’ordre de la division (14 mai 1945). 

    "Stagiaire au 3e bataillon, a fait preuve de réelles qualités de sang-froid, de coup d’œil et de courage personnel au cours de l’engagement du bataillon au nord de Mulhouse les 21,22 et 23 janvier, en particulier le dernier jour où il a rempli dans des conditions difficiles, plusieurs missions de liaisons délicates et périlleuses auprès des compagnies engagées."

     « A fait preuve d’un courage remarquable en assurant plusieurs liaisons importantes sous un tir extrêmement violent au cours des journées des 11 et 12 avril 1945 devant Rastatt. Le 12 avril 1945 au soir, lors de l’attaque de la fabrique, point d’appui important de la défense ennemie, a entraîné par son exemple le premier échelon de l’attaque contribuant ainsi à la reddition de la garnison allemande. »

    Lucien Maury passe le commandement le 23 mars 1945 de son bataillon à du Crest de Villeneuve. Il devient lieutenant d’active le 1er juin 1945 et poursuit une carrière dans l’armée. En Indochine, il passera deux ans en captivité. En Algérie, il sera commandant en second du 14e Régiment de Chasseurs Parachutistes.

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    Dix ans avant sa mort, Lucien Maury rédige les deux tomes de La résistance audoise. Ce livre qui paraîtra en 1980 mériterait une réédition, tant ses témoignages sont précieux. L’ancien chef du maquis de Picaussel qui s’était marié avec Francine Payès le 26 mars 1942, mourra en 1988 et sera inhumé à Quillan. Sa valeur morale, son courage et son patriotisme devraient être montrés en exemple. Hélas, il nous a été impossible de trouver une quelconque biographie sur internet. Fort heureusement, les archives de la défense de Vincennes ont conservé une riche documentation sur Lucien Maury. Nous y avons puisé l’ensemble des renseignements publié dans cet article.

    Chevalier puis Commandeur de la Légion d’honneur

    Croix de guerre avec une palme et trois étoiles

    Médaille de la Résistance

    Silver Star (U.S.A)

    Source

    Service historique de la défense / Vincennes

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  • Les Communards de l'Aude étaient-ils Gilets jaunes ?

    Si en 1830 et en 1848, la capitale française donna le départ de deux Révolutions dont elle fut le principal acteur, l’Occitanie la devança ensuite. Aux sources de cette montée révolutionnaire dans l’Aude, le ras-le-bol fiscal. Après 1848 et la destitution de Louis-Philippe, on espérait que la viticulture échapperait aux taxes. Ce ne fut que de courte durée… Les positions politiques vont alors se radicaliser et les partisans du drapeau tricolore se tournent vers le drapeau rouge de la République sociale. Le centre perd du terrain et deux blocs émergent : celui des rouges et celui des blancs, partisans de l’ordre. Il faut se souvenir de la vive réaction dans le Midi, consécutive au Coup d’état du 2 décembre 1951 de Louis-Napoléon Bonaparte et de l’impitoyable répression qui s’ensuivit. Une vingtaine d’années étaient passées, mais l’oubli ne les avait pas effacées. Le Coup d’Etat du 2 décembre 1851 mena à l’arrestation des agitateurs. 240 opposants furent interpellés dans l’Aude ; le mouvement républicain sera décapité et Louis-Napoléon Bonaparte règnera désormais en maître.

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    Caricature de Napoléon III en chanson

    Aussi, au mois d’août 1870, des manifestations hostiles à l’Empire éclatèrent à Marseille et gagnèrent l’ensemble du Languedoc. Ici plus qu’ailleurs, on se méfiait depuis longtemps du pouvoir parisien et au sein des Ligues, se répandait la contestation. En point de mire, l’émergence d’un gouvernement du peuple par le peuple, la récusation des autorités constituées et la décentralisation. Le gouvernement de défense nationale dont l’Occitan Gambetta s’était fait le chantre ne parvint pas à calmer l’ardeur révolutionnaire, trop entouré par des Conservateurs. Au fur et à mesure, la Ligue du Midi rassemblant treize départements sous sa bannière fixa les contours de ses revendications : impôts exceptionnels sur les riches, séparation de l’église et de l’Etat, confiscation des biens des traitres. Des Comités de Salut public surgirent alors dans plusieurs villes ; ce sont des Comités de patriotes préoccupés autant par la défense nationale que par la défense révolutionnaire. Après avoir été liquidés par le gouvernement, ces mouvements rejoindront la Commune de Paris au printemps 1871 sous l’étendard communaliste.

    Les Communes de province ont précédé celle de Paris et ont instauré un type de gouvernement direct pour le peuple et par le peuple. Paradoxalement, c’est quand Paris s’embrasa au printemps 1871 que l’expérience communarde venait juste d’être brisée dans les villes de province. « Les Communards parisiens ne se présentent pas comme une avant-garde irrémédiablement isolée. Ils sont moins les inventeurs d’une Révolution prolétarienne de type nouveau que les mandataires d’une extrême-gauche urbaine, désireuse de tirer du suffrage universel ses dernières conséquences démocratiques (Jeanne Gaillard). » Au lendemain de la Semaine sanglante, « Les vaincus sont des hommes politiques » désireux de poursuivre le combat sur un autre terrain que celui de l’émeute.

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    © commune1871.org

    Emile Digeon

    Dans l’Aude, le 24 mars 1871 on proclame la Commune de Narbonne depuis l’Hôtel de ville. Le « Club de la Révolution » qui a pris pour siège l’église désaffectée de Notre-Dame de Lamourguier instaure « La Commune centrale de l’arrondissement de Narbonne, unie à celle de Paris ». On cherche à rallier la troupe et Digeon, le chef des insurgés Narbonnais, se proclame « Général en chef des armées de terre et de mer ». Ainsi cherche t-il à s’imposer au 52e régiment de ligne dont une compagnie est passée aux émeutiers avec armes et bagages. Digeon y croit, douze jours avant il s’était adressé en ces termes au Club de la Révolution :

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    Notre-Dame de Lamourguier à Narbonne

    « Si nous sommes obligés encore, malgré nous, de prendre les armes, que ce soit pour l’œuvre de propagande démocratique, pour la guerre des opprimés contre les oppresseurs, des exploités contre les exploiteurs, afin que nous ayons des alliés même parmi les soldats de nos ennemis…

    Paris n’a pas déposé les armes et il assez fort, à lui seul, pour défendre la République… Oui, citoyens, Paris est en armes, et s’il succombait, nous serions écrasés comme lui ; aussi faut-il que nos gardes nationales, soient armées pour aller, au besoin, au secours des républicains de l’héroïque capitale.

    Des armes, des armes ! Tout citoyen a le droit d’en avoir comme seule sanction sérieuse, efficace, de ses droits. Ce n’est pas sans étonnement, que je viens d’apprendre que la Garde nationale de Narbonne ne possède pas un fusil, quand celle de Carcassonne est armée depuis quinze jours, trop tardivement cependant…

    Pour ma part, je le dis hautement, le drapeau rouge est le mien, depuis surtout que l’autre a présidé aux égorgements du 2 décembre et qu’il s’est rendu à Metz et à Sedan.

    Ils vous disent que le drapeau rouge est le drapeau du sang ; oui, c’est le drapeau du sang de nos martyrs, depuis celui que Bailly et La Fayette firent couler au Champ-de-Mars jusqu’à celui qui a été successivement répandu par les Thermidoriens, le Premier Empire, la Restauration, Louis-Philippe, Cavaignac, Napoléon III et le gouvernement de la prétendue Défense nationale pour arrêter le mouvement de grande revendication politique et sociale qui menace les privilèges des oppresseurs et des exploiteurs.

    Le drapeau rouge nous rappelle sans cesse que nous devons tout faire pour empêcher le retour des massacres et des proscriptions. Unissons-nous autour de lui pour empêcher que l’échafaud soit relevé et que les cimetières d’Afrique, déjà si peuplés de républicains par Cavaignac et Bonaparte, en reçoivent de nouveau expédiés par la réaction de 1871.

    Que chaque ville constitue un comité qui sera représenté au Comité central par un délégué.

    Ouvriers, travailleurs de Narbonne, répandez-vous dans les campagnes ; allez dire aux paysans que leurs intérêts sont les mêmes que les vôtres, que la Révolution dont on leur fait peur n’est que l’émancipation de ceux que la misère courbe sous le joug des riches et des intrigants. Dites-leur que la Révolution c’est la paix par l’abolition des armées permanentes ; c’est la suppression de l’impôt pour le petit propriétaire et pour le journalier qui n’a que ses bras, toutes les charges pécuniaires devant être imposées au superflu et aucunement au nécessaire.

    En lui faisant ainsi comprendre l’œuvre que nous poursuivons, ils se rallieront tous. Ne les maudissons pas d’avoir mal voté jusqu’à présent ; accusons du mal qu’ils ont fait sans le savoir les hommes noirs et les hobereaux qui exploitent leur ignorance et leur misère. Pour faire disparaître les ténèbres qui enveloppent les campagnes, il n’y a qu’à y porter la lumière.

    Vous faites bien de venir ici, mères de famille ; vous y apprendrez la vraie morale du Christ, qui n’est en somme que celle de la sublime devise républicaine : Liberté, Egalité, Fraternité. Le Christ, tel que le représentant les Evangiles, s’il revenait sur terre, irait-il demander asile aux évêques et aux prêtres d’aujourd’hui qui vont de préférence avec les riches et les grands de ce monde, tandis qu’il n’allait, lui, qu’avec les pauvres et les malheureux ? 

    Non, il chasserait du temple les marchands de médailles et d’indulgences et maudirait les exploiteurs de miracles… » (La Fraternité / 18 mars 1871)

    Si Carcassonne n’a pas connu de troubles bien que le Conseil municipal ait manifesté l’intention de suivre Narbonne, c’est que la Garde nationale n’a pas voulu bouger. Au contraire, elle participa à l’armée levée pour écraser la révolte narbonnaise. Seule la rumeur d’une proclamation de la Commune à Carcassonne dans la nuit du 28 au 28 mars 1871, mit en branle bas de combat la préfecture et les casernes de la ville en émoi. Ce n’était qu’une fausse alerte…

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    Nulle part, les Communes provinciales réussirent à faire basculer la troupe et les défections au profit des insurgés ne furent que limitées. Digeon se rendit et fut déféré ensuite devant la Cour d’assise de Rodez. Le 18 novembre 1871, lui et seize autres insurgés furent acquittés. Il mourra à Trèbes le 24 mars 1894, jour anniversaire de la proclamation de la Commune de Narbonne.

    Sources

    La commune de Narbonne / Marc César / P.U.P

    Communes de province 1870-1871 / J. Gaillard

    La Fraternité / Journal / Mars 1871

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