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  • Les photos exceptionnelles et inédites du carnaval de 1955

    C'est en 1951 qu'un chef d'entreprise, marchand de matériaux de construction, se lance avec quelques amis dans l'organisation du carnaval de Carcassonne. Lucien Geynes fonde le Comité pour les Fêtes du Carnaval en faisant appel aux commerçants, particuliers et aux villages voisins. Cette entreprise philanthropique est entièrement financée par le mécénat local ; au sortir de la guerre, la ville de Carcassonne n'a pas d'argent à consacrer au carnaval. Hélas, c'est précisément à cause d'un manque d'argent qu'en 1962, les festivités cesseront. Plus exactement, on aurait cherché des poux à M. Geynes, dont la générosité faisait de lui un danger politique pour les échéances électorales à venir. 

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    Carcassus V, Roi fainéant

    Les carnavals d'avant-guerre consacraient une partie de leur recette, au profit des oeuvres de charité de la ville. Malgré leur disparition progressive, le Comité des Fêtes du Carnaval reversait des sommes à l'orphelinat "Le nid joyeux", aux "Petites soeurs des pauvres" et à l'Hospice des vieux. Les boeufs gras prêtés par les bouchers tirent Carcassus. Une promotion commerciale pour leurs produits.

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    Place Davilla, devant le marchand de bois Canavy

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    Les petits lutins

    Le Comité du carnaval invite en 1954 l'ensemble des comités de quartiers, les villages, les groupes, les sociétés de Carcassonne à se joindre à la fête et confectionner des chars. M. Geynes a fait ressortir les groupes de Pandores et Bigophones, typiquement Carcassonnais accompagnés en musique par les fanfares, comme celle du Réveil Carcassonnais.

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    Le char de Chalabre

    Entre 1951 et 1962, jamais le carnaval ne fut financé par la mairie. Ce sont les particuliers qui fabriquaient les chars ; une compétition entre elles pour gagner le prix de la plus belle réalisation. On achète des grosses têtes, des masques... Le Comité passe des contrats avec les plus beaux orchestres du moment : Maravella, Raymond Legrand, Hot-Club de jazz, Jacques Hélian... Tout ceci coûte un prix fou et va pousser l'organisation pour rentabiliser à faire payer les entrées, un grand loto, la décade commerciale en centre ville avec l'Union des commerçants. Tout génère de l'activité et des rentrées d'argent ; en 1960, la ville accueille près de 50 000 personnes. Hôtels, restaurants, cafés, tabacs sont pris d'assaut.

    carnaval 1995

    Les inscriptions au concours de Reine de Carcassonne sont prises "Aux dames de France" chez Ramond, rue de Verdun. Ce magasin habillait la gagnante et profitait de sa réputation pour vendre ses articles. En 1955, les commerçants annoncent qu'ils offriront chacun un lot à la future reine.

    carnaval 1995

    En 1955, Carcassus V est accueilli à St-Gimer dans le quartier de la Barbacane. A la fin du carnaval, il sera jugé par le Vénérable Inquisiteur, l'assesseur-sourd, l'assesseur-poète, le Grand Réquisiteur, le bourreau Ridevaux, le bourreau Dequeur, le bourreau Crassie et le héraut. Carcassus V condamné au bûcher se consume pendant que la foule entonne en occitan

    Adiu paure (bis)

    Adiu paure Carnaval

    Tu t'envas e ieu demori

    Per manjar la sopa a l'oli

    Traduction

    Adieu pauvre 

    Adieu pauvre carnaval

    Tu t'en vas et moi je reste

    Pour manger la soupe à l'huile.

    carnaval 1995

    La fabrication des fleurs en papier prenaient beaucoup de temps. Trois millions dans le corso fleuri en 1960 ! Un seul char pouvait en posséder 70 000 mille.

    carnaval 1995

    Le corsaire

    Le carnaval faisait le tour de tous les boulevards de la ville jusqu'à la place Davilla, en passant par l'allée d'Iéna. C'est dire le nombre de chars et de participants à travers Carcassonne.

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    La Reine du Carnaval 1955

    Tout s'est arrêté en 1962... M. Geynes et ses amis auront beaucoup donné de leur personne et leurs efforts restent encore dans la mémoire collective. 

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    Sources

    Fêtes et Carnaval dans la ville / Jacques Marrot / 1987

    Un grand merci à Pascal Hyvert pour ses photos

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  • Qui a assassiné M. Rouzaud-Roche en septembre 1944 à Carcassonne ?

    Voilà un nouveau sujet non élucidé qui va faire réagir dans les chaumières... Nous sommes au mois de septembre 1944 ; Carcassonne est libérée de l'occupant allemand depuis le 20 août. Jean Bringer et des résistants arrêtés et internés à la prison de Carcassonne ont été exécutés au château de Baudrigues près de Roullens. Nous savons que le dénommé Chiavacci, pseudo résistant FTP et surtout personnage d'une faible probité, a dénoncé le chef de la Résistance audoise à la Gestapo. C'est lui et quelques acolytes qui se faisant passer pour la Résistance, tortureront et voleront une famille de Limoux. A mettre également à leur crédit, la torture et l'assassinat sans jugement du comte Christian de Lorgeril détenu à la prison de Carcassonne depuis la Libération, et dont au moins l'un de ses fils était en fuite après sa participation à la Franc-garde (organe de la Milice). Alain de Lorgeril sera condamné par contumace à la peine de mort en 1945 pour, entre autre, ses faits d'armes contre le maquis des Glières.

    Nous savons également qu'à cette même période, Noël Blanc alias Charpentier, envoyé par Londres pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent parachutée pour la Résistance, sera retrouvé calciné sur la route du Mas-des-cours. Présenté comme traître par Delteil, il a été tué dans la clinique du Bastion d'un coup de révolver par le Dr Cannac. Or, Charpentier n'était pas un traitre mais avait sans doute découvert, qui avait dérobé l'argent du parachutage. Cet argent aurait profité à plusieurs personnes bien informées de Carcassonne, issues de la résistance locale.

    Le Dr Cannac sera retrouvé mort dans la clinique du Dr Delteil au début des années 1950. Ce jour-là après avoir reçu un appel téléphonique des docteurs résistants de Carcassonne, il décidera rapidement de se rendre à Carcassonne. Le Dr Cannac avait été s'établir à Antibes après la Libération. Selon un membre de sa famille, le docteur se serait vivement disputé avec ses interlocuteurs. Il n'était pas dépressif, ajoute ce témoin. Dans la nuit, il couche à la clinique Delteil et est retrouvé agonisant le lendemain matin. Ses "amis" indiquent qu'il s'est suicidé, or il sera démontré que le docteur a été empoisonné. A t-on voulu faire taire le Dr Cannac sur ce qu'il allait révéler au sujet des parachutages ? Il y aura un procès qui mettra en évidence des circonstances troublantes pouvant incriminer le Dr Delteil. La loi d'amnistie le sauvera du bras séculier de la justice.

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    La belle jardinière

    Nous en venons donc à l'affaire Rouzaud-Roche... Ce commerçant tenait depuis des décennies avec son épouse, le magasin de vêtements "La belle jardinière". Ce commerce situé dans un bâtiment Belle époque, se trouvait dans la rue de Verdun. Aujourd'hui, il s'agit du Syndicat d'initiative. M. Rouzaud-Roche appartenait à la Résistance ; le lieutenant FFI Haguenauer lui avait présenté l'envoyé du général de Gaulle à Carcassonne. Selon le témoin, le commerçant Carcassonnais aurait servi de boite à lettres pour la Résistance locale. Homme de bien, humaniste et Franc-maçon, M. Roche aurait même caché des juifs pendant la guerre. Que s'est-il passé ? Toujours selon le témoin dont le père travaillait dans ce commerce, M. Rouzaud-Roche aurait été pris de vomissements terribles au mois de septembre 1944. Son agonie a duré trois jours ; il serait mort empoisonné. Par qui ? Mystère !... Des documents retrouvés aux archives, nous indiquent que M. Haguenauer a réclamé en décembre 1944 à plusieurs commerçants Carcassonnais impliqués dans la résistance locale, ses affaires provenant de la spoliation dont il fut l'objet opérés par Jules Barrière (administrateur des biens juifs) : sa bibliothèque de livres et plusieurs costumes. C'est pour ces derniers qu'il mit Mme Rouzaud-Roche en demeure de les lui rendre.

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    Plus nous avançons dans nos enquêtes historiques et plus nous découvrons qu'une partie de la résistance Carcassonnaise, aurait été impliqué dans des affaires pas très nettes. A t-on livré Bringer, tué Charpentier et empoisonné Cannac et Roche parce qu'il avaient découvert le manège frauduleux de certains ? C'est là, toute la part de l'énigme... On peut s'interroger sur les liens entre l'argent et des pratiques de barbouzes au nom de la Résistance.  

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  • Henry Dupuy-Mazuel (1885-1962), directeur du "Monde Illustré" et maire de Verdun-en -Lauragais

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    Henry Dupuy-Mazuel est né à Perpignan le 17 mai 1885 et décédé à Nice, le 24 avril 1962. Il fréquente en 1900 le collège de Castelnaudary, puis prépare l'Ecole navale. Attiré finalement par le journalisme, il abandonne ses études et débute à "Je sais tout", collabore à "Fémina" et fait sa carrière au "Monde illustré" dont il devient le rédacteur en chef puis le directeur. Officier de la légion d'honneur et Croix de guerre, il est élu maire de Verdun en Lauragais (Aude) du 10 décembre 1919 au 18 mai 1929.

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    Outre ses pièces de théâtre: Alerte (3 actes, théâtre François Coppée), Match de boxe (3 actes, théâtre des variétés), L'intrus (1 acte, théâtre des variétés) en 1912; Les anges gardiens (4 actes, théâtre Marigny) en 1913; Molière (4 actes, théâtre de l'Odéon). Henry Dupuy-Mazuel est surtout connu pour deux de ces romans à succès qui seront portés à l'écran: Le joueur d'échec et Le miracle des loups. Le premier nommé sera l'oeuvre de Raymond Bernard en 1927. A partir du second ont été réalisés deux films tournés à Carcassonne; l'un en 1924 (Raymond Bernard) et l'autre en 1961 (André Hunebelle).

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    L'adaptation du roman est confiée à A.P Antoine et il s'agit du premier film historique muet. La mise en scène est assurée par Raymond Bernard et la musique, composée par Henri Rabaud (Auteur de l'opéra, Marouf savetier du Caire). Les principaux acteurs sont Vanni Marcoux, Charles Dullin et Yvonne Sergyl. Le film a nécessité de nombreux figurants dont un régiment d'infanterie de Carcassonne et des habitants de la ville. Sur cette photo, on voit M. Céréza (habitant de la cité) devant le chateau comtal. Le miracle des loups fut projeté en avant première à l'Opéra Garnier en présence de Gaston Doumergue, alors Président de la République. Puis, au Capitole de Toulouse dont l'orchestre était dirigé par M. Combaux. Il y a une trentaine d'années, le film projeté à nouveau en hommage à Henri Rabaud à l'Opéra Garnier. Aujourd'hui, le film a été restauré et numérisé et l'on peut le voir à la BNF. On attend, une projection dans le théâtre de la cité avec l'orchestre du Capitole.

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    Le miracle des loups dans son adaptation faite par Jean Halain en 1961 et réalisé par André Hunebelle, ne plut pas du tout à Dupuy-Mazuel. Celui-ci considéra que l'on avait soustrait d'une manière fantaisiste la substance de son roman. Le film fut tourné à Carcassonne, au lac de St-Ferréol et sur le vieux pont de Rieux en val avec Jean Marais, Jean-Louis Barrault et Rosanna Schiafinno.

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    Autre contribution au cinéma, mais cette fois comme scénariste: Le tournoi dans la cité. Ce film dont la bobine originale a été perdue dans l'incendie de la cinémathèque de Paris dans les années 1960, a été tourné pendant les fêtes du bimillénaire de la cité en juillet-août 1928. Il a été reconstitué depuis et est projeté parfois à la cinémathèque. Le scénario s'attira la réprobation des historiens locaux en raison d'un prétendu tournoi pour la visite de Charles IX et de Catherine de Médicis en 1545. Un fait imaginaire, mais qui fit polémique.

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    Henry Dupuy-Mazuel a beaucoup apporté au département de l'Aude en qualité d'élu, mais aussi de romancier et scénariste. Il était propriétaire du château de Ferrals sur la commune de Saint-Papoul et avait succédé aux barons de Roquelaure et à leur héritier M. de Virien, ami intime de Lamartine.

    Je remercie vivement Monsieur Armand de Pradier d'Agrain (petit-fils d'Henry Dupuy-Mazuel) pour son aimable collaboration à cet hommage.

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