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  • Ce lourd passé qu'on voudrait taire...

    Je suis convaincu que mes articles sur l'occupation captivent ou agacent, sans jamais laisser indifférent ceux qui les lisent. Le but que je poursuis n'est pas — comme j'ai pu le lire — d'assouvir une quelconque vengence. Au nom de quoi et au bénéfice de qui ? Soyons sérieux ! Je souhaite simplement démontrer grâce aux recherches que je mène, que Carcassonne n'a pas été la ville résistante que l'on voudrait nous vendre. Un article du journal La dépêche paru il y a quelques années, titrait au-dessus d'un article consacré aux commémorations de Baudrigues : "Carcassonne, la résistante". Cela a dû en faire bondir quelques-uns, mais quelques-uns seulement ; les autres, sont morts dans la grotte de Trassanel ou à Baudrigues. Les vrais résistants de la première heure — bien qu'avant l'invasion de la zone sud, on ne puisse pas parler de réseau organisé — ce sont la poignée de courageux meneurs qui sont allés défiler pour la République en chantant la Marseillaise à la statue de Barbès. Ceci au nez et à la barbe du Service d'Ordre Légionnaire, contre l'échange de coup de poings et d'arrestations.

    Bien sûr qu'il y a eu des résistants dans Carcassonne, mais combien au milieu d'une population de 35000 habitants dont 800 faisaient partie des Amis de la Légion ? Une population dans laquelle les commerçants étaient majoritairement impliqués dans les associations maréchalistes. Une épuration à nulle autre pareille à partir d'août 1944 avec des centaines d'arrestations dans tous les milieux, et 600 individus frappés d'une peine d'Indignité Nationale avec confiscation des biens et amendes.

    N'oublions pas également les résistants de la dernière heure, si prompts à tondre de pauvres filles sur l'autel de la rumeur publique. Là, en haut de la rue de la liberté sur le boulevard Jean Jaurès...

    Pourtant, le vendredi 12 juin 1942...

     Le théâtre municipal avait fait le plein

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    Ce jour-là, l'écho de Carcassonne s'énorgueillait de la venue du Dr Grimm au théâtre pour une conférence. Ce grand ami de la France ! Mais de quelle France, parlez-vous ?

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    Friedrich Grimm

    (1888-1959)

    Agent de propagande du régime nazi en France et accessoirement, bras droit de Josef Goebbels. Rien que ça ! Ses conférences rassemblent jusqu'à mille personnes. Il publie des livres et ses discours de propagande sont diffusés sur Radio Paris. Mais si, Radio Paris... la radio sur laquelle parlait Philippe Henriot de sa haine des juifs et de la victoire du Reich, avant qu'il ne se fasse tuer par un groupe de résistants en juillet 1944. D'ailleurs, 400 Carcassonnais ont porté leur signature sur le registre de condoléances placé devant le siège de la Milice.

    Quand je lis certains scores aux élections et que je vois des croix gammées dessinées dans Carcassonne, je me dis que rien n'est vraiment mort dans certaines familles, mais seulement en sommeil...

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La bijouterie Jaurès

    Situé au numéro 59 de la rue Clémenceau, l'horloger-bijoutier

    Jaurès

    était dépositaire des plus grandes marques Françaises et Suisses. On trouve la présence de ce commerce des années 1930 aux années 1960.

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    Il sera ensuite remplacé par le débit de tabac "La régence". Ce dernier ayant cessé son activité voilà deux ans, c'est aujourd'hui un marchand de bonbons en vrac.

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    La Régence en 2010

    (Google maps)

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    My bonbec en 2013

    (Photo : Chroniques de Carcassonne)

    Difficile de comprendre la raison pour laquelle l'ABF n'a pas exigé une devanture en bois, comme c'est l'usage dans la Bastide depuis longtemps.

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  • François Pastour, procureur au procès de René Bach, agent du SD

    Le 13 mai 1948 disparaissait en pleine Cour d'assises de l'Aude, François Pastour, Procureur de la République de Carcassonne. Au moment où il pronoçait ses réquisitions lors d'un procés, le magistrat s'effondrait sur sa chaise sans qu'il fut possible de le ramener à la vie. François Pastour avait succédé à A.E Morelli, procureur de Carcassonne envoyé en déportation et mort à Dachau le 17 février 1945 (le jardin à l'entrée du Palais de justice porte son nom).

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    François Pastour

    naît le 16 avril 1899 à Antibes dans un milieu d'universitaires. Après de brillantes études secondaires, il s'inscrit à la faculté de droit d'Aix en provence. Le 9 mars 1923, il est membre du barreau de Nice puis deux ans plus tard, il est reçu parmi les premiers au concours d'entrée de la magistrature. Il est nommé comme juge suppléant du ressort d'Aix le 10 mai 1925, puis est affecté au tribunal de Tarascon. Substitut à Perpignan le 9 août 1931 et à Bordeaux le 30 mai 1935, il participe ensuite à la guerre avec le grade de Capitaine. Ses faits d'armes lui vaudront deux citations à l'ordre de son régiment. Ce n'est qu'après l'armistice qu'il prendra ses fonctions le 22 janvier 1941, à la cour d'assises de l'Aude comme procureur.

     C'est grâce à lui que furent organisés dans le département des centres pour mineurs, afin que ceux-ci n'aillent pas en prison avec de dangereux malfrats.

    Il est décédé dans l'exercice de ses fonctions le 13 mai 1948. De nombreux hommages lui firent rendus par ses pairs en la cathédrale Saint-Michel. Parmi eux: René Pech (Président la chambre des huissiers de l'Aude), Me Frontil (Bâtonnier de l'ordre des avocats), M. Barradat (Président de la cour d'assises), M. Rouvière (Président du tribunal civil) et M. Hugues (Procureur général). Il est inhumé à Antibes.

     Il y a tout de même une question qui me hante... Pourquoi ce même procureur a t-il honoré de sa présence, la soirée inaugurale de la Milice Française le 28 février 1943 au théâtre municipal ? Pourquoi a t-il signé de son nom le registre de condoléances de Philippe Henriot en juillet 1944 ?

    Procès Bach à Carcassonne 27.07.1945 Archives Pablo Iglesias Núñez .jpg

    Le 27 juillet 1945, c'est pourtant le procureur Pastour qui jugea en qualité de commissaire du gouvernement, l'agent français du SD (Gestapo) René Bach.

    Tout ceci est fort étrange et révèle l'extrème complexité de cette période.

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