Vous avez pu voir dans le documentaire sur la Cité de Carcassonne diffusé sur France 5 dimanche dernier, l'administrateur du château comtal présenter une mosaïque romaine. Une mosaïque de l'époque d'Auguste, et non du IIIe siècle comme dit par erreur dans le commentaire. Monsieur Dedolin, l'administrateur du château, fait part de sa volonté d'ouvrir au public ce merveilleux vestige archéologique. Nous ne pouvons qu'aprouver ce projet pour lequel nous militons depuis longtemps sur ce blog, mais avec la mutation annoncée de M. Dedolin à St-Cloud, il risque fort d'être remis aux calandes grecques.
La mosaïque recoupée par les murs médiévaux
C'est dans la cour du château comtal (ici au premier plan) que l'on a découvert des vestiges archéologies de tout premier plan. Afin de les protéger, on a coulé une dalle de béton soutenue par les piliers.
Sur cet emplacement, on a découvert une maison du Ier siècle de notre ère avec une mosaïque et les fondations de l'église Sainte-Marie du XIIe siècle. Cette dernière fut rasée au XVIIIe siècle.
L'abside de la chapelle sous trouve sous la dalle de béton. Nous voyons à droite l'étayage de chantier pour la soutenir.
Un laboureur, détail de la mosaïque
(Bull. Sesa/ Tome LXVII, 1967)
Mosaïque provenant de la villa Gallo-romaine de Gourgouli à Peyriac-Minervois, installée en 1967 en ce lieu par Claude Journet.
Nous nous sommes procurés une note interne signée de la main Patricia Corbett, l'administratrice qui a précédé M. Dedolin dans ses fonctions au sein du château comtal. Datée du 27 février 2006, voici ce qu'elle indique:
« Le diagnostic réalisé par SOCOTEC [bureau de contrôle] sur la solidité de la dalle de la cour d'honneur couvrant la mosaïque soulève des problèmes d'ordre structurel important qui mettent en cause la solidité générale de cette partie de l'édifice. » En conséquence cette note de service interdit « l’accès au public et au personnel » de cette salle. Elle interdit aussi « l'organisation de toute manifestation ou rassemblement de groupes de visites sur la dalle de la cour d'honneur » et affirme que « la mise en place d'un étaiement est demandée à l'Architecte en chef des monuments historiques »
Aucun étai n'a été posé depuis cette date et la dalle continue à se dégrader. L'eau qui la traverse dépose un voile calcaire sur la mosaïque. Nous apercevons même une fissure sur le soutenement à droite.
En attendant cette reconstruction indispensable nous apprenons qu’une sorte de croissanterie va être installée sur la dalle. Ce choix de cet emplacement a été dicté par des raisons commerciales : il est dans un point de passage obligé, à la fin du circuit sur les remparts donc à un moment de la visite où les touristes risquent d’être assoiffés et affamés. Cette installation va donc contribuer à créer des rassemblements de personnes sur la dalle, particulièrement aux moments de pics de fréquentation. Il est donc surprenant de constater l’autorisation de cette installation alors que la note de service interdit toute manifestation ou rassemblement sur cette dalle pour des raisons de sécurité !
Ainsi va la vie à Carcassonne et que l'enfumage continue!
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