Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Paul Joseph Airolles (1764-1850), maire de Carcassonne sous Louis XVIII

    La famille d’Airolles également orthographiée dans certains manuscrits Ayrolles, s’installe à Carcassonne à partir de 1620 en provenance du Vigan ; une petite ville du Gard, connue à cette époque pour son industrie textile. Joseph Airolles né en 1669, riche manufacturier en draps, marié à Toinette de Ramel avait été désigné 1er Consul de Carcassonne en 1728. Son fils, conseiller et secrétaire du roi, seigneur de Villarlong et de Cavanac fera l’acquisition du château et de la seigneurie de Leuc en 1769.

    Chateau.jpg

    Le château de Leuc, Hôtel de ville depuis 2011

    Il s’était marié en 1761 avec Catherine Pascal dont il avait eu six enfants. L’un d’entre-eux, Paul-Joseph, né le 3 mars 1764 à Carcassonne, suivant les traces de ses aïeuls deviendra maire de Carcassonne. Franc-maçon initié en 1775 dans la loge « La parfaite amitié » , il avait dû quitter sa ville natale pour la Compagnie noble de la gendarmerie, le corps de garde de la Maison du roi. A Lunéville (Meurthe-et-Moselle), il s’affilia à la loge de Saint-Jean à l’Orient de la gendarmerie, le 24 juin 1783 (Bibliothèque Nationale de France). Lorsque survint la Révolution, la famille d’Airolles resta à Carcassonne où ses biens ne furent sans doute pas saisis. En revanche, l’oncle Paul (1744-1815), chanoine de l’église cathédrale de Carcassonne et vicaire général, refusa de prêter le serment et émigra vers l’Espagne grâce à un passeport délivré la municipalité de Belcaire. Il passa ensuite aux îles Madère et au Brésil avant de revenir en France en 1806 comme curé de Saint-Michel (Histoire du clergé de l’Aude de 1789 à 1803 / Chanoine Sabarthès / 1939). Ce que l’on sait moins c’est l’appartenance de ce prêtre à la Franc-maçonnerie depuis le 1er mars 1772, au sein des loges La parfaite amitié et La parfaite Union. De forts liens d’affection entre le neveu et l’oncle, pousseront ce dernier à léguer l’ensemble de sa fortune à Paul-Joseph. Des biens confisqués à la Révolution jusqu’à ce que la loi du 25 octobre 1825 ne les restitue à leurs propriétaires ou à défaut, leurs héritiers. Un peu tard pour Paul-Joseph qui avait été contraint de vendre les propriétés de son père - à l’exception du château de Leuc - pour apurer la succession.

    Gros_-_Louis_XVIII_of_France_in_Coronation_Robes.jpg

    Louis XVIII

    Lorsque Paul-Joseph Airolles accède au fauteuil de maire de Carcassonne par décision royale de Louis XVIII le 11 octobre 1815, il est père de six enfants issus de son mariage contracté en 1808 avec Louise Nicole Viné. Sa situation financière bien qu’installée, a subi les déboires d’une industrie textile en déclin suite aux évènements de 1789. Comme pour beaucoup de familles, enrichies jadis grâce à la fabrication et à l’exportation des draps vers le Levant, les Airolles durent trouver des ressources dans l’exploitation de leurs terres agricoles.

    Beaume_-_Napoléon_Ier_quittant_l'île_d'Elbe_-_1836.jpg

    L'Empereur quitte l'île d'Elbe le 26 février 1815

    Après les Cent jours, des mesures préfectorales furent prises à l’encontre des officiers de l’administration, suspectés d’avoir été infidèles à Louis XVIII. Le commissaire de police Pautry, accusé de n’avoir pas su préserver la sécurité dans Carcassonne, sera remplacé le 9 août 1815. Durant le retour de l’Empereur, le conseil municipal de Pech-Palajanel avait juré fidélité à Napoléon le 22 avril, puis à nouveau au roi le 26 juillet. Il ne s’était pas récusé et le maire décida alors de donner sa démission à Louis XVIII. Son second adjoint, Antoine Anne Cazes qui avait assuré l‘intérim lui emboita le pas peu de temps après. Ils furent respectivement remplacés par Paul Airolles et Dominique Reboulh, puis installés le 3 juillet 1816. 

    « Etranger à toute carrière politique et administration du moins importante, il m’a fallu moins que mon désir de servir le roi pour me livrer à celle que j’entreprends »

    Durant son mandat, Paul Airolles obtint du roi le 4 mai 1816 que la ville de Carcassonne redevint au rang des Bonnes villes du royaume. Il plaida également la cause de l’industrie des manufactures drapières auprès de la Chambre des députés. Comme son prédécesseur, Paul Airolles mit fin à ses fonctions et rentra dans son château de Leuc, où il mourra le 23 décembre 1850.

    Capture d’écran 2019-11-30 à 18.30.05.png

    Cour d'honneur du château de Leuc

    Les armes de la famille d’Airolles 

    « Coupé en chef de gueules à l’aigle éployé de sable et en pointe d’azur à trois quintefeuilles d’argent. »

    Sources

    Etat-civil / ADA 11

    Délibérations du conseil municipal de Carcassonne

    ____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Jean Pech-Palajanel, maire de Carcassonne sous Napoléon 1er

    Issu d’une très riche famille marchands drapiers, Jean Pech naît à Carcassonne le 25 juin 1756 de Jean-Jacques et de Jeanne Lamarque. Il a un frère de quatre ans son cadet qui se prénomme Jean-Batiste, né le 28 juillet 1760 († 22 octobre 1842). A l’image de cette riche bourgeoisie en quête de noblesse, lorsque le père achète le 5 janvier 1775 à la famille Rieux les domaines de Palajanel, Sèverac et Lestagnère pour 25 500 livres près de Palaja, les fils accolent à leur patronyme le nom du lieu où ils vivent. Ainsi, Jean devient Pech-Palajanel et Jean-Baptiste, Pech-Lestagnère. En vérité, il s’agit plutôt de propriétés acquises comme résidences secondaires dans lesquelles un métayer s’occupe des terres agricoles. On y demeure à la belle saison et le reste du temps, on vit à Carcassonne pour les affaires au 31, rue du Séminaire. A la veille de la Révolution française, la société « Pech frères » fondée par Jean-Jacques Pech avec ses deux fils en 1779, semble réussir là où d’autres font faillite (L’industrie textile Carcassonnaise au XVIIIe siècle / Claude Marquié / p.79). C’est d’ailleurs ce qui permet, malgré les troubles insurrectionnels de 1789 et la Terreur qui s’ensuivra, à Jean Pech-Palajanel d’acheter en 1793, l’ancienne Commanderie hospitalière de  Preïssan à Ouveillan, vendue comme Bien National.

    entrée.jpg

    © Jacques Blanco

    L'entrée du château de Palajanel

    En période révolutionnaire, quand on possède une richesse acquise dans le milieu des affaires sous l’Ancien Régime, le meilleur moyen pour la conserver est de bien sentir de quel côté tourne le vent politique. L’attentisme, l’habilité et l’opportunisme ; trois grands principes qui permettront à Pech-Palajanel de se sortir de l’impasse. Ce fils de franc-maçon initié à « La parfaite amitié » de Carcassonne possède les idées politiques du moment et trouve dans ses fréquentations les appuis nécessaires. En 1793, au moment de l’insurrection fédéraliste Girondine contre les Montagnards de la Convention, Jean Pech-Palajanel est membre du Conseil départemental et du Comité civil et militaire de Narbonne. La bourgeoisie audoise d’abord fédéraliste - apprenant le 24 juin que la Convention a traduit à sa barre les chefs de la rébellion de la Haute-Garonne, en a incarcéré dix et que les troupes de la Montagne marchent sur Marseille - change de visée. Le 4 juillet, la commission révoque ses arrêtés, rétracte ses proclamations et rappelle ses députés qu’elle avait envoyé à Nîmes. Le citoyen Pech-Palajanel, député extraordinaire du Comité civil et militaire de Narbonne se rend alors à Paris demander des secours en hommes et en munitions au Comité de Salut public (Congrès des sociétés savantes / Vol. 78 / 1953). Habile homme qui surtout va se rendre compte de la situation politique…

    la-commanderie-de-preissan.jpg

    © commanderiedeshospitaliers.fr

    Le château de la Commanderie de Preïssan

    Reçu en audience par Couthon, Saint-Just, Hérault, Gasparin, Thuriot et Barère, le Carcassonnais obtient par décret du 14 juillet 1793 que « Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ des ordres pour faire passer dans l’armée des Alpes, le régiment de Berchény et envoyer le régiment de Noailles à Perpignan. Surtout, Pech-Palajanel ressort conforté par le Comité de Salut public : « Le ministre de la marine donnera au même député extraordinaire un commission pour passer à Tulle, à l’effet de faire envoyer à Carcassonne et par les voies les promptes, les armes nécessaires pour le 9e bataillon offert par le département de l’Aude. » Par tous les moyens, il faut empêcher la marche des rebelles ; Pech-Palajanel retourne dans l’Aude en « Bon citoyen » d’une Terreur qui ne va alors cesser de se renforcer dans les semaines qui suivront (Recueil des actes du Comité de Salut public / F-A Aulard). A un détail près… Dix jours après l’insurrection, lors des Assemblées primaires du 27 août 1793, Venance Dougados remporte dans sa section la victoire contre Pech-Palajanel de 115 voix contre 106 sur 213 votants (Venance Dougados et son temps / Sylvie Caucanas).

    Girondins.jpg

    © Musée Carnavalet

    Les Sans-culottes menacent les députés Girondins

    Pendant le Premier Empire, on retrouve Pech-Palajanel dans les petits papiers de Sa Majesté Impériale qui le nomme par décret en date du 31 juillet 1811, maire de Carcassonne en remplacement de Degrand, nommé sous-préfet de Castelnaudary. Le conseil municipal se garnit des plus riches bourgeois de la ville : Rolland Trassanel, Vidal Constant, Darles, Griffe, Bénavent-Rhodez, Escudié aîné, Avar père, Germain, Portal-Moux, Fages, Aribaud aîné, Gauzeux, Negre, Naucadéry, Rech Escudié, Alboise.

    « Le maire Pech-Palajanel était le meilleur des hommes, digne administrateur, assez habile, et si Carcassonnais, si attaché à sa ville, à ses administrés, qu’il était impossible de ne pas l’aimer. Que de bien son dévouement civique a fait et qu’on l’en a mal récompensé ! » Ainsi parla de lui, le baron de Lamothe-Langon. Après les Cent jours et le retour de Louis XVIII sur le trône de France, Pech-Palajanel se trouve déchu de son poste de maire en août 1815. Il mourra le 9 mars 1827 à Carcassonne à l’âge de 70 ans.

    Plusieurs de ses enfants, comme Adolphe Hippolyte né le 9 décembre 1793 à Carcassonne, poursuivront l’œuvre entreprise par leur père. En 1866, un descendant obtiendra la charge de procureur du tribunal de Première instance de Montauban, puis à Gaillac en 1871. Napoléon III n’avait pas oublié le nom des Pech-Palajanel et l’adresse à Napoléon 1er du maire de Carcassonne, président de la députation le 8 mai 1812. Du côté de Poitiers, se trouvent encore des descendants d’Adolphe Hippolyte, les Maugis dont Jules Léo s’était marié avec Hippolyte Marie Sidonie Pech-Palajanel, née en 1835 à Carcassonne.

    Sources

    Elle sont insérées dans l'article pour davantage de lisibilité

    Etat-Civil / ADA 11

    Délibérations du Conseil municipal de Carcassonne

    Merci à Madame Aude Viguier pour ses informations sur le château de Palajanel

    __________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Roger Peyrefitte (1907-2000), un romancier pédéraste à Alet-les-bains

    Nous n’allons pas ici rédiger une biographie de cet auteur de romans dont la vie particulière, dirons-nous, fit les beaux jours des journaux à scandale de l’époque. Il existe pour cela des écrits et des spécialistes bien plus renseignés que nous le sommes. Nous avons choisi de porter à la connaissance du lecteur les moments de l’existence de Peyrefitte à Alet-les-bains.

    Peyrefitte_Harcourt_1947.jpg

    Après des études chez les frères lazaristes, à la faculté des lettres de Toulouse et enfin à l’Ecole des Sciences politiques, Roger Peyrefitte embrassa d’abord la carrière de diplomate. Au début à Athènes en 1933, où il sera déchu de son poste cinq années plus tard pour avoir débauché l’amant d’un amiral grec. Grâce aux relations qu’il entretient avec Madame de Barante, proche de Pierre Laval, il est nommé à Paris et travaille aux côtés de Fernand de Brinon, collaborateur notoire des Allemands au sein du gouvernement de Vichy. La libération de la France vaudra à Peyrefitte d’être exclu des postes diplomatiques et d’être alors contraint de se tourner pleinement vers la littérature ; une activité débutée quelques années auparavant.

    Les_Amitiés_particulières_1944.jpg

    En 1940, au moment où Peyrefitte se trouve dans le creux de la vague, il se retire à Alet-les-bains dans la demeure acquise par ses parents. C’est là que sera écrit « Les amours particulières » (Prix Renaudot en 1945), un roman autobiographique exposant les relations amoureuses entre jeunes garçons au sein d’un institut catholique. De ce livre à scandale achevé en 1941 à Toulouse et édité deux ans plus tard, sera tiré un film en 1964 qui ne fera qu’enfler la polémique.

    Peyrefitte 1.jpg

    La maison de Roger Peyrefitte, aujourd'hui Hôtel de ville d'Alet

    Peyrefitte, à l’instar d’André Gide et de son ami Carcassonnais François-Paul Alibert, nourrit une passion dévorante pour les adolescents. Comme Gide qui allait visiter Alibert à Carcassonne - quand ce dernier était directeur du Théâtre de la Cité - avant de partir en safari sexuel tous les deux en Afrique du Nord, Henry de Montherlant s’était rendu à Alet-les-bains en janvier 1941 chez Peyrefitte. Ce dernier possédait à Limoux une meute de jeunes garçons qu’il aimait croquer aux coins de rues et échangeait ses exploits avec l’Académicien, non moins friand de cher fraîche. Les relations épistolaires codifiées entre les deux hommes ont été publiées chez Robert Laffont en 1983. Peyrefitte comme Gide se définit comme pédéraste : « Homophilie, mot épouvantable, qui pue la pharmacie je n’aime pas plus celui de pédophile, et je lui préfère le mot plus franc de pédéraste, qui ne l’est pas moins (Propos secrets). André Gide n’avait-il pas écrit lui-même : « J’appelle pédéraste celui qui, comme le mot l’indique, s’éprend de jeunes garçons (Corydon / 1911).

    Peyrefitte 2.jpg

    Roger Peyrefitte s’était également épris d’un garçon de 13 ans, figurant dans le film de 1964. Alain-Philippe Malagnac d’Argens de Villèle finit par devenir son amant, son fils adoptif, puis son secrétaire particulier. Le compagnon d’Amanda Lear, épousée à Las Vegas, mourra prématurément dans l’incendie de sa maison. Peyrefitte, auteur de grand talent malgré des penchants sexuels contestables qui aujourd’hui lui vaudraient les tribunaux, finira sa vie dans le scandale, la diffamation et l’opprobre. Le dandy de Saint-Germain-de-près, amis du couple Halliday - Vartan et fervent débauché des nuits tropéziennes, se perdra dans des propos antisémites et des phrases dégoulinantes sur les plateaux de télévisions.

    Peyrefitte.jpg

    Peyrefitte est décédé à l’âge de 93 ans de la maladie de Parkinson le 5 novembre 2000 à Paris. La cérémonie religieuse eut lieu en l'église Notre-Dame-de-Grâce de Passy. Son corps repose dans un caveau du cimetière d’Alet-les-bains.

    Capture d’écran 2019-11-26 à 13.15.59.png

    Biographie de Roger Peyrefitte parue en 2011

    Sources

    Henry de Montherlant et Roger Peyrefitte / Correspondance / 1983

    ____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019