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  • Six œuvres d'art cachées sur les ronds-points de Carcassonne...

    En passant par le rond-point du lycée agricole Charlemagne, je fus intrigué par une oeuvre d'art située en bordure de la route de Saint-Hilaire. Je m'arrêtai alors pour en prendre connaissance. Fort heureusement et chose unique dans Carcassonne — nous le verrons plus tard — la sculpture portait non seulement le nom de l'artiste mais également le titre de l'oeuvre. Je pouvais donc en rentrant chez moi, chercher avec la facilité que procure désormais internet, la biographie de Jean Suzanne et de sa sculpture intulée "Le signe méditerranéen". Cela ne me suffit pas, il me fallut connaître le fil de l'histoire qui avait pu l'amener à cet endroit. Je décidai de téléphoner à Jean-Marc Tilcke, galeriste d'art contemporain bien connu à Carcassonne. Il administre "La maison du chevalier" dans la rue Trivalle.

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    © Martial Andrieu

    L'oeuvre de Jean Suzanne

    J'apprends alors que ce sont en fait six oeuvres qui ornent les rond-points de Carcassonne depuis 20 ans. Au début des années 1990 eut lieu dans notre ville un symposium de sculpture, piloté par Jean-Marc Tilcke en collaboration avec la ville de Carcassonne représentée par Raymond Chésa, le ministère de la culture représenté par le préfet et le Conseil régional représenté par Jacques Blanc. D'après J-M Tilcke, la mairie devait à l'issue de la manifestation faire l'acquisition des sculptures. Ce qu'elle ne fit pas. Le directeur de la Maison du chevalier décida alors d'emprunter pour pouvoir les conserver à Carcassonne, pour une somme totale de 20 millions d'anciens francs (30.000 €). Finalement, un arrangement fut trouvé avec Raymond Chésa afin que les six oeuvres prissent place dans Carcassonne. Contractuellement, un commodat ou prêt à usage fut signé entre les parties. Il obligea la ville à assurer, entretenir et protéger les sculptures.

    Les six sculptures

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    © Martial Andrieu

    La nef de pierre d'Ariel Mocovici

    Cette oeuvre se trouvait jusqu'en 2003 dans le square Gambetta. Depuis seize ans, elle est entreposée aux serres municipales et attend désespérément un lieu pour l'accueillir. Notons que dernièrement une sculpture d'Ariel Moscovici a été achetée par Taïwan pour 300.000 dollars.

    http://arielmoscovici.free.fr/

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    La fracture de Jean Suzanne

    Cette oeuvre conçue en acier et inox a été débaptisé sans le consentement de l'artiste. Elle porte sur son socle le titre de "Signe méditerranéen". Elle se trouve sur le rond point de Charlemagne

    http://www.jeansuzanne.com/

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    Tcherban Gabréa

    Cette sculpture se trouve sur le rond-point Maurice Ancely, avant d'arriver à Géant Cité 2. Elle ne porte aucune mention ni sur l'artiste, ni sur l’oeuvre.

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    Bata Marianov

    Cette oeuvre en bois se trouve route de Saint-Hilaire, à l'entrée de la rue Barbacane.

    http://www.marianov.de

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    Nicolae Fleissig

    Cette sculpture se trouve sur le rond-point du Souvenir français, près de Géant Cité 2

    http://nicolaefleissig.blogspot.com/p/symposiums.html

    Michel Argouge

    Elle se trouvait sur le rond point de l'aéroport, mais...

    Quel avenir pour ses sculptures ?

    Il est évident que très très peu de personnes connaissent l'histoire de ces oeuvres et qu'un jour, on pourrait imaginer qu'un inculte en mal artistique se prenne à les repeindre en bleu. On l'a vu ailleurs récemment... Néanmoins, elles semblent plutôt en bon état au milieu d'espaces verts entretenus. Il faudrait qu'elles soient mises en valeur par un éclairage et matérialisées par un panneau explicatif.

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  • Les bâtiments de l'ancienne Franco, comme disaient nos anciens...

    Venus d’Italie, plus exactement de la ville de Monza située dans le nord de la péninsule, les frères Cordara s’installent à Carcassonne après la Première guerre mondiale. Au n°56 de la rue Barbacane, à côté de la boulangerie Rajol, Henri vit avec son épouse Joséphine et à partir de 1928, avec son fils Charles. On donnera au bambino, le prénom du tonton qui comme son père avait sans doute fait en Italie de brillantes études d’ingénieur.

    manufacture franco

    Ils vont alors fonder en 1928 une usine, connue sous le nom de Manufacture Franco-Italienne de cloches de laine, en bordure de l’Aude dans le quartier de La Prade, au pied de la voie de chemin de fer. A l’intérieur de ces bâtiments, des ouvriers fabriquaient les cloches de laine avant leur transformation en feutre à chapeaux pour les usines de Couiza et d’Espéraza. 

    manufacture franco

    © www.museeduchapeau.com

    Cordara frères, constructeurs-mécaniciens

    Sur les bastisseuses et autres sableuses conçues par Cordara frères, constructeurs-mécaniciens, une importante main-d’œuvre dont le savoir faire s’est hélas perdu, confectionnait des cloches de laine de grande qualité. L’activité de cette manufacture perdura jusqu’en 1933, c’est-à-dire cinq années après sa création. Toutefois, les vieux Carcassonnais firent de la Franco, un nom éponyme désignant les bâtiments au fond du boulevard Paul Sabatier.

    manufacture franco

    © www.museeduchapeau.com

    Machine utilisée pour donner au chapeau la forme définitive de ses bords, par pressage sous un sac de sable chaud. Bâti composé de 2 piétements trapézoïdaux, reliés par une traverse en U, sur lesquels repose une plaque chauffante en fonte, alimentée par un tuyau de vapeur. Au-dessus de cette plaque, prend place le système de pressage du feutre ou sache, fait d’un gros sac rempli de sable, en toile épaisse cousue à un disque en feutre de laine écru. Ce sac est fixé par une tige sur une « cuvette » métallique renversée, percée de 2 trous fermés par un bouchon pour le remplissage du sable. Le chapeau de feutre, renversé sur un collier en bois et recouvert d’un tissu humide, est pressé sous cette sache, chauffée au contact de la plaque en fonte. Le déplacement de la sache est assuré, sous le bâti, par une colonne installée sur la traverse en U. Cette colonne est équipée d’un vérin à pression d’air qui, relié à des tiges verticales traversant la plaque de fonte et supportant la sache, entraîne son élévation ou sa descente. Une traverse fixée aux pieds de la sableuse, à l’avant, supporte la pédale quadrillée de commande et le tuyau d’alimentation en air comprimé. Un manomètre est fixé sur le tuyau, à droite de la machine. A l’avant de la plaque, un plateau en bois permet la pose des colliers avant passage sous les sacs de sable. (Atelier-Musée du chapeau / Chazelles-sur-Lyon)

    Deux ans après, le local désaffecté servit aux réfugiés Sarrois chassés de chez eux à la suite du plébiscite du 13 janvier 1935. Ce territoire, protectorat français depuis le traité de Versailles, choisit de s’unifier à l’Allemagne et on estime à près de dix mille, le nombre de personnes réfugiées en France à cette époque. Quand les nazis envahirent la zone sud de notre pays en novembre 1942, l’ancienne Franco devint l’un des garde-mangers de l’armée d’occupation à Carcassonne. Rigoureusement protégé par des plantons vert-de-gris en armes, il fut dès lors impossible aux affamés touchés par les restrictions de nourriture, de s’en approcher. Le 13 août 1944, des lightning’s P.38 du Fighter group américain revenant d’un raid sur Toulouse, mitrailla la Franco et l’aérodrome de Salvaza. Cinq jours plus tard, juste avant de quitter Carcassonne, les Allemands mirent le feu aux dépôts de denrées de la ville et l’ancienne manufacture n’échappa pas à son sort. Autant dire que l’on ne mit pas longtemps à trouver des volontaires pour circonscrire l’incendie ; les F.F.I durent monter la garde pour éviter les pillages au péril de leur vie. Quand le peuple a faim, il est bien difficile de le contenir…

    manufacture franco

    Une fois le second conflit mondial terminé, les hangars servirent de dépôt aux autobus des Courriers Roussillon Languedoc. Ces derniers assuraient la liaison vers les villages autour de Carcassonne à partir de l’autogare, situé boulevard de Varsovie. Après l’explosion d’A.Z.F à Toulouse en 2001, les autobus urbains endommagés furent acheminés sur le site pour y être réparés. Encore de nos jours, une partie de la Franco sert à groupe de transports publics Keolis ; l’autre partie, à l’agence SERPE spécialisée dans les travaux d’élagages.

    Nous espérons que des lecteurs pourront apporter des précisions supplémentaires sur l’ancienne Manufacture Franco-Italienne. 

    Sources

    Archives personnelles d'Alfred Raucoules

    Madame Danièle Cordara, avec la médiation de J. Blanco

    Archives Seconde guerre / M. Andrieu

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  • La papeterie centrale de l'Aude, Eugène Almayrac

    Le nom d’Almayrac se trouve différemment orthographié… Eugène, le fils du marchand de fruits demeurant 8, rue Neuve du Mail, porte sur les registres d’état-civil le patronyme d’Almairac. Comment pourrions-nous donc expliquer qu’il se soit fait appeler ensuite Almayrac ? D’après nos déductions, il semblerait qu’il s’agisse d’une transcription due la prononciation languedocienne et qu’il y aurait eu un tréma sur le i. Ainsi Almaïrac se serait volontairement francisé en Almayrac, bien plus lisible et commode lorsqu’on se lance dans le commerce.

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    Eugène Almairac naît le 17 juin 1872 à Carcassonne. Il exerce d’abord la profession de tapissier, avant d’être employé de bureau à la compagnie Alignon et Fabre des tramways de Béziers à la mer en 1895. Marié trois ans plus tôt à Elise Peille et père d’une fille portant le même prénom que sa mère, Eugène s’associe le 13 juin 1903 avec Marie Chabaud, originaire d’Alzonne. La société « E. Almayrac et M. Chabaud » a pour objet le commerce des papiers de pilage, emballage ou tout autre commerce connexe ; elle est enregistrée chez Me Amigues. Son siège social se trouve au n°14 de la rue de l’Aigle d’or.

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    © Collection Martial Andrieu

    Eugène, son épouse et sa fille

    Un an et demi après, le 25 novembre 1904 les deux associés se séparent d’un commune accord. Marie Chabaud monte une imprimerie et vend ses parts à Eugène Almairac pour la somme de 7825 francs. Ce dernier transfère ensuite l’usine de fabrication de la Papeterie Centrale de l’Aude, à l’angle des rues de Loraine et Fédou.

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    © Collection Martial Andrieu

    Cette activité va perdurer jusque dans les années 1950 au n°13 rue Fédou, avant de cesser faute de repreneur. Eugène Almairac mourra à Barcelone le 27 octobre 1967 à l’âge de 95 ans.

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    © Google maps

    L'emplacement de la papeterie Almayrac, rue de l'Aigle d'or

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