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  • Charles Authier, pépiniériste à l'île, au pied de la cité médiévale

    Fils de Charles Authier et d’Anne Puel, jardiniers à la plaine Mayrevieille, Charles Gabriel Authier naît à Carcassonne le 7 août 1867. A une époque où le département de l’Aude s’est détourné de l’industrie textile - jadis florissante - pour la viticulture, le jeune horticulteur saura prendre le bon virage. Avec son épouse Charlotte Clary, il va exploiter à l’île près du quartier de la Barbacane et au pied de la Cité médiévale, 40 hectares de plans pour la vigne.

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    A l’intérieur de cette pépinière, se trouvent un million de boutures greffables tels que les cépages Couderc et Gaillard. De grandes variétés sont également mises en culture dans un champ d’expériences ; quand les plans américains viendront sauver le midi du Phyllorera, là encore Authier dit Camboulive s’en tirera à bon compte. Non seulement, ses exportations dépassent le département de l’Aude, mais les châteaux de la Gironde viennent se ravitailler chez le pépiniériste Carcassonnais.

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    © Martial Andrieu

    La maison Authier vers 1950

    Les affaires tournent si bien, que la famille fait bâtir une belle demeure dans le style des domaines viticoles du XIXe siècle à deux pas de la manufacture de l’île. A l’arrière du grand corps de bâtiment, on remarque encore les deux tourelles de zinc et d’ardoises. A gauche, les hangars construits en 1912 ont aujourd’hui disparu. L’entreprise familiale employait des ouvriers dont le nombre pouvait varier en fonction de la saison et la la renommée du patron l’avait fait élire au conseil des Prud’hommes de Carcassonne.

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    © Martial Andrieu

    Vue sur la pépinière 

    Après la Première guerre mondiale, le pépiniériste poursuivra ses activités avec son fils Pierre et sa fille Elise, puis l’activité cessera après les années 1950. Charles Authier mourra à Carcassonne le 4 juin 1955 à l’âge de 88 ans.

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    © Google maps

    Une vue de la maison en 2019

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  • Le comblement des fossés médiévaux de la Bastide Saint-Louis

    S’il est avéré dans plusieurs écrits que les anciens fossés bordant les remparts médiévaux de la Ville basse furent comblés par décision de Mgr Armand Bazin de Bezons, la date de ces travaux reste incertaine bien qu’estimée à 1764. On peut légitimement penser que cette entreprise s’étala dans le temps, même si les conditions dans lesquelles elle s’organisa demeuraient jusqu’à aujourd’hui méconnues. Dans la Gazette d’agriculture, commence, art et finances de 1771, nous apprenons le 27 avril de cette année-là, que les ouvriers avait été réduits à la mendicité, en raison du ralentissement économique au sein des manufactures de draps. A cette époque, la ville de Carcassonne était une place forte de la production textile et exportait ses londrins à travers l’Europe. L’industrie drapière faisait ainsi la fortune de nombreux marchands fabricants ; au même instant des familles misérables survivant uniquement grâce à ce secteur d’activité, s’entassaient dans de vieilles masures insalubres bâties dans les lices de la cité médiévale. Sous l’Ancien régime, le droit féodal avait tellement réduit le peuple en esclavage qu’il était considéré comme faire grande œuvre de charité que de lui permettre de ne pas mourir de faim. Ainsi lit-on : « Notre respectable prélat (Armand Bazin de Bezons, NDLR) touché de leur malheur, a sollicité et obtenu, pour son diocèse, sur la remise que le roi fait annuellement à la province, un don à la vérité modique, en comparaison du besoin, mais qui dispensé avec une sage économie, a suffi pour leur procurer les moyens de subsister en travaillant. »

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    © ADA 11

    La Ville basse en 1810, côté Canal royal du Languedoc

    Autrement dit, le roi n’a pas versé un liard de plus qu’à l’accoutumée à la province. Il a seulement autorisé à ce que l’église en prélève une petite partie pour fournir du travail aux ouvriers. Une mesure que notre ministre des finances et du budget ne renierait pas…

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    Armand Bazin de Bezons, évêque de Carcassonne

    Les fonds de ce secours alloués furent employés sous la direction des officiers municipaux a combler les fossés entourant les vieux remparts. La terre acheminée des hauteurs de la ville par les hommes, les femmes et les enfants leur permit de recevoir un salaire proportionnel à leur labeur. « Cette foule d’ouvriers, empressés à profiter d’une ressource que le ciel semblait leur avoir ménagée dans une saison critique, formait un spectacle touchant que nos concitoyens ne sa laissaient pas d’aller considérer. »

    Les travaux semblables entrepris depuis plusieurs années permirent durant l’année 1771 de supprimer les deux tiers des fossés ceinturant la Ville basse. Au fil et à mesure, les arbres qui avaient été plantés en allées sur ordre de Mgr Bazin de Bezons, dessinèrent les boulevards actuels qui entourent la Bastide Saint-Louis.

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    © ADA 11

    La plantation d'arbres en 1780, côté Jardin du Calvaire

    Nous laisserons à votre appréciation la conclusion suivante qui accompagne l’article de cette Gazette du commerce de 1771. L’auteur en est Monsieur de Saint-Lambert : "C’est en inspirant au pauvre le goût du travail qu’on le tire de la misère. Il ne faut être que machinalement sensible à la pitié pour faire l’aumône  ; mais il faut être bon et éclairé pour faire le bien." Un autre personnage célèbre à ajouté : "Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail"

    Source

    Gazette d'agriculture, commerce, arts et finances / Année 1771

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  • Pierre Roques-Salvaza (1793-1871), un député-maire sous le Second Empire

    Pierre Roques dit Paul Auguste Roques-Salvaza, naît le 28 frimaire de l’An II (18 décembre 1793) à Carcassonne, de Guillaume et de Cécile Louise Hippolyte Thomas Dufour. Après des études de droit et fort de ses idées royalistes, à un âge assez précoce pour cette fonction, Louis XVIII le nomme substitut du procureur puis avocat général à Limoges. L’abdication de Charles X suite à l’avènement de la Monarchie de juillet provoque la disgrâce des légitimistes qui, de ce fait, entrent dans l’opposition à Louis-Philippe d’Orléans, le fils du régicide. Pierre Roques rentre alors à Carcassonne et s’occupe de son domaine de Salvaza où il possède un haras, dans lequel on élève des chevaux de grande qualité. Avec Paule Guillemette Sabatier († 1847) épousée à Montréal en 1821, l’avocat vit au n° 16, rue la rue La Fayette (actuelle rue de la République) avec leur fils Marc Marie Roques. Ce dernier qui vit le jour le 22 mars 1822 à Carcassonne, entra à l’Ecole polytechnique en 1854 et fit une brillante carrière dans l’armée. Décoré de la Légion d’honneur et de la médaille de S.M la reine d’Angleterre, le commandant d’artillerie Marc Marie Roques se distingua lors du siège de Soissons en 1870. Après s’être retiré avec son épouse Berthe Emile Blanche Geoffroy de Villeneuve - la fille d’un député et collègue de son père à l’Assemblée nationale - à Fère-en-Tardinois dans l’Aisne, le fils de Roques-Salvaza mourra à l’âge de 53 ans le 3 décembre 1875. Il avait une fille, Suzanne, née en 1863 qui se mariera avec le Comte d’Ivry († en 1916 à Verdun).

    Roques-Salvaza

    © Coll. Martial Andrieu

    Le retour en grâce de Pierre Roques, à l’instar de l’ensemble des partisans des Bourbons, ne s’effectuera qu’à partir du Second Empire. Il reprend son poste d’avocat général au tribunal de Carcassonne et se lance en politique. D’abord élu député du Corps législatif représentant la 1ère circonscription avec Guillaume Peyrusse en 1852, Roques-Salvaza - car c’est ainsi qu’il se fait désormais appeler - est renouvelé par deux fois dans ses fonctions. En 1857, puis en 1863 où il remporte une victoire écrasante contre Mahul avec près de 25 000 voix d’avance ; élection contestée par son adversaire pour des irrégularités supposées. Il s’agit là de son dernier mandat de député, lui qui pendant trois législatures s’était fait remarquer comme le parlementaire le plus assidu de l’Assemblée. Le plus hableur même, aux dires de ses collègues, et surtout l’un des plus compétents. 

    « Cet ancien magistrat suit religieusement toutes les discussions. Les raisonnements qu’il n’approuve pas, les opinions qu’il ne saurait partager, le font même, malgré lui, s’agiter sur son banc ; il se lève, il interrompt, et demande convulsivement la parole. Lorsque M. le président se trouve contraint de la lui refuser, il ne lâche pas pied, et souvent alors il se rend maître du silence de la chambre. Pour tout dire, ajoutons que dans les commissions, ce député du midi apporte le précieux tribut de sa science de légiste, de sa haute logique  et de ses connaissances variées (Quatre ans de règne. Où en sommes-nous ? / L. Véron / 1857) »

    Il fut classé parmi les 180 parlementaires sur 273 comme étant des plus purs, parce que n’ayant jamais voté contre les vues du gouvernement, où a de très rares exceptions (Sentinelles, prenez garde à vous / Pierre Leyssene / 1869). Si l’on devait retenir un projet de lois qu’il a cherché à initier avec Granier de Cassagnac, il faudrait citer l’impôt de 5% sur la rente le 16 juin 1862. Un projet qui ne verra pas le jour, mais qui avait pour objet de créer une taxe sur tous les arrérages, dividendes et intérêts annuels ou revenus provenant des rentes sur l’état. Une loi en avance sur son temps, dénoncée comme un impôt sur le revenu par ses opposants. Dans les souvenirs de la Chambre de députés, Roques-Salvaza laissa l’image d’un homme jovial.

    « A la buvette, il retrouve son air de jeune. Il se montre le plus gai des méridionaux ; il s’attendrit sur les orateurs du gouvernement qu’il s’oublie à appeler « mes enfants », mais restant cordial pour les députés suspects d’indépendance. Bref, c’est un homme d’esprit avec un caractère rageur. »

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    La chambre des députés en 1862

    A Carcassonne, il occupe le fauteuil de maire depuis la démission de Bosc et sa nomination par décret impérial le 3 décembre 1853. Au cours de quatorze années à la tête de la ville, Roques-Salvaza aura mené de grandes transformations pour la commune. On peut citer la construction du lycée impérial, du Palais de justice et du square Sainte-Cécile (Gambetta). Sur un plan plus social, on a oublié qu’il fut le premier à vouloir amener l’eau aux habitants de la cité médiévale. Ce projet sera finalement réalisé une vingtaine d’années plus tard par Marcou. Roques-Salvaza veilla à donner du travail aux ouvriers, frappés par le longues périodes de chômage. C’est également sous son mandat qu’en 1857, le chemin de fer passa par Carcassonne. N’idéalisons pas tout de même… La classe ouvrière qui contribua très largement à l’essor industriel de la France sous le Second Empire, paya un lourd tribu au progrès technique. Et, si Roques-Salvaza fit avancer Carcassonne, il n’hésita à figurer comme président de la commission préfectorale contre la mendicité dans la ville. Toute personne s’en rendant coupable risquait la prison. A l’âge de 74 ans, le maire de Carcassonne démissionna et laissa sa place à son dauphin, M. Birotteau qui sera nommé par décret le 3 avril 1867.

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    © Coll. Martial Andrieu

    Guillaume Peyrusse

    Roques-Salvaza conserva son siège de Conseiller général de Tuchan jusqu’en 1869 et la présidence de l’assemblée départementale qu’il partageait avec Peyrusse. Successivement, Chevalier, Officier (1861) et Commandeur de la Légion d’honneur (1865), le député Roques occupa également la présidence de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne en 1853. Le 11 mai 1871, il s’éteignit chez lui rue La Fayette à l’âge de 77 ans. Son frère Marc Roques, lui survivra quelques années et le domaine de Salvaza sera vendu. Il nous paraissait important de rédiger la biographie de cet homme, au gré des recherches que nous avons entreprises. 

    Sources

    Etat-civil / ADA 11

    Délibérations du conseil municipal

    Presse nationale et locale ancienne

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