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  • Raymond Forges (1925-2000), de la Résistance à l'ASC XIII

    Un mètre quatre-vingt-deux, des épaules de déménageur et un sourire charmeur... Voilà en peu de mot le portrait physique d'un homme qui aura marqué de son empreinte le rugby à XIII français. Né en 1925, Raymond Forges évolue dans son enfance au sein de la concession Motul, que son père Guillaume a créée en 1932 à Trèbes. D'abord livreur, il brûle ensuite les étapes pour accéder au poste d'Inspecteur régional avec 17 représentants sous ses ordres. Ce caractère bien trempé et franc s'engage en 1943 dans les Forces Françaises Libres en Grande-Bretagne. Il devient pilote à l'Ecole Élémentaire de Vol. C'est là en Angleterre qu'il rencontre le général Gallois, attaché à la défense nucléaire et conseiller technique du général de Gaulle. Le Résistant Raymond Forges sera même le garde du corps du Grand Charles. En 1944, il obtient son brevet de pilote de chasse à Perborought et revient en France comme officier interprète au Ministère de l'Air.

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    L'équipe de France XIII Championne du monde 

    Raymond Forges s'occupait également de rugby à XIII. Sa première licence date du 29 octobre 1947 ; il évolue à Trèbes XIII et remporte le Championnat de fédérale en 1949. Comme dirigeant, il devient Vice-Président de la Fédération Française de Jeu à XIII de 1966 à 1975. Il est chargé des relations internationales et s'occupera de la tournée des équipes de l'hémisphère Sud en France. En 1968, il est même choisi par les Australiens comme manager unique de leur tournée. Cela n'empêche pas Raymond Forges de les réprimander, lorsque par exemple, seulement neuf membres de l'équipe des Kangourous se présentent à la réception donnée à la mairie de Marseille.

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    Forges dirige également l'AS Carcassonne XIII de 1955 à 1976. Cette dernière année, se sentant trahi par certains dirigeants du club, il démissionne. Dans son testament, il défiait les dirigeants de suivre son cercueil le moment venu. C'est quand même Forges qui avait récupéré le nom de l'ASC et remonté le club déficient financièrement.

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    Avec Raymond Chésa, il fonda en 1991 le Lion's Club Carcassonne Cité, dans lequel se retrouvaient un bon nombre d'entrepreneurs de l'immobilier et du BTP de la ville. Ramond Forges mourra d'une longue maladie en mars 2000. Il sera inhumé à Trèbes, le 24 mars. Espérons que de là-haut, il ne voit pas ce qu'est devenu l'ASC aujourd'hui.

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  • Bonnafous et fils : Histoire d'une imprimerie depuis 1776

    Bernard Vincent Gardel, fonde en 1776 une imprimerie à Carcassonne. Son gendre, Louis Pomiès après avoir épousé la fille Gardel Marie-Pierrette en 1833, reprendra l'affaire de son défunt beau-père. Louis obtient le Brevet du Roi et son frère François, créé en 1854 le "Courrier de l'Aude". La famille Pomiès n'a pas d'héritier et Victor Bonnafous qui travaille déjà pour l'entreprise depuis 1870, va l'acquérir petit à petit. Le 8 avril 1880, il achète le fond de la librairie. Le 4 février 1899, Mathieu Thomas, le beau-père de Victor devient propriétaire d'un immeuble de l'actuelle rue Aimé Ramond. C'est là que pendant des décennies, la famille Bonnafous fera tourner les rotatives pour l'impression des journaux, livres, affiches et autres brochures. A la mort de Mathieu Thomas, Victor Bonnafous cède l'imprimerie à son fils aîné Joseph, la librairie revenant à Louis. Nous sommes en 1911, à la veille de la Grande guerre. Les deux jeunes hommes mobilisés au front en 1914, il fallait faire tourner l'affaire. Ce sont leurs épouses, leur belle-mère Augustine et Victor Bonnafous (1843-1915) qui reprend du service pour les remplacer. Le 27 septembre 1915, Joseph Bonnafous est tué à l'ennemi dans la Marne. Son frère cadet, seul survivant, devient le propriétaire et fait passer l'imprimerie en Société Anonyme. La maison prend alors le nom de Louis Bonnafous et fils. Il fonde l'Echo de Carcassonne en 1940.

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    Louis décède en 1946, laissant à ses deux fils le soin de faire prospérer l'entreprise familiale. Elle est scindée en deux parties : Joseph s'occupe du magasin de Papeterie-Librairie ; Victor dirige l'imprimerie jusqu'en 1981. Outre ses activités professionnelles, ce dernier occupera le poste de maire de Fontiers-Cabardès de 1945 à 1989 et de Conseiller Général de l'Aude de 1958 à 1976.. Ce ne sont pas là les seules dont la liste serait trop longue à citer : Président du Syndicat des Maîtres imprimeurs, Président de la CPAM de l'Aude (1967-1984), Membre du Syndicat des Journalistes Français, etc. Victor Bonnafous fonde également le Courrier de la Cité en 1950.

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    A gauche, l'imprimerie Bonnafous

    L'atelier de la rue Ramond disparaît, mais le bureau est maintenu pour la clientèle. Les machines sont installées dans un local mieux adapté, 26 rue Fabre d'Eglantine. Victor Bonnafous entraîne ses enfants Louis, Georges et Jean dans l'aventure. Dans les années 2000, Georges décide de partir du quartier de la Digue. Il fait construire un local de plusieurs milliers de mètres carrés sur le plateau de Grazailles. 

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    Les locaux de la rue Fabre d'Eglantine rachetés à l'usine de chaussures Raoul Pidoux

    Hélas, Georges décède subitement à l'hôpital le 17 septembre 2010. Il avait seulement 59 ans... L'entreprise ne s'en relèvera pas faute de repreneur. En 2011, elle est mise en liquidation judiciaire et ses six employés sont licenciés. La SAS Escourrou rachète le site et le fait raser en 2015 pour y installer des bureaux. Ainsi se termine tristement l'histoire d'une imprimerie Carcassonnaise bi-centenaire, après celles de Polère, Fieul, Roudière, Gabelle, etc.

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    Crédit photos

    1. Georges Bonnafous / N. Amen-Vals / Midi-Libre

    3 et 4. Google Maps

    5. Nathalie Amen-Vals / L'Indépendant

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  • Les champions du cyclisme Carcassonnais des années 30

    © Collection J. Blanco

    Carcassonne fut l’une des premières du villes du sud de la France a posséder un vélodrome. Les mordus du vélo réussirent à convaincre le maire Albert Tomey, de la nécessité de construire une piste en dur à la Pépinière. C’est ainsi que s’appelait l’actuel stade Albert Domec. L’équipement sportif permettrait aux grandes compétitions cyclistes d’utiliser notre anneau de ciment et de recevoir dans la ville, les vedettes du Tour de France. Ce projet vit le jour grâce à des athlètes Carcassonnais dont on peut citer les noms : Alfred Barrière, Louis Pédron, Roussel, Paul Barrière, Paul Laplace, Etienne Castan, Cassignol, Andrieu, Blain, Raymond Pujol, Laguerre, Alix Pourhomme, Puel, Jalabert, Clément, Brice Bourrounet, Dupin, Thomas Raynaud, etc.

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    Le Dr Tomey félicite les vainqueurs de la piste en 1937

    Cette piste connut les exploits des champions nationaux, mais aussi régionaux comme Prior, Ramos, Bertola, Cyprien, Chavard, Clément, Nagel…

    Si nous revenons dans le temps, un premier vélodrome avait été déjà construit sur le boulevard Marcou entre la rue Voltaire et le Bastion du Calvaire. C’était en 1920… La piste était établie à trois ou quatre mètres des deux allées de platanes. C’est Cyprien qui remporta la finale de vitesse en 1920.

    Raphael Ramos

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    Né le 20 octobre 1911

    En ce temps là, l’équipe de l’ASC cycliste possédait en son sein plusieurs champions.  Ramos était arrivé à Carcassonne alors qu’il portait les couleurs du Vélo-Club Albigeois en 1932. Débauché par l’ASC cycliste qui eut le nez creux, car Ramos participa ensuite au Tour d’Italie, au Grand Prix de Buenos Aires et bien sûr, au Tour de France.

    En 1937, Raphael Ramos était engagé dans l’équipe espagnole dont le leader était Canardo. Des transactions eurent lieu entre les dirigeants ibériques et le club Carcassonnais. Sur intervention de Desgranges, le patron du Tour de France, Ramos partit pour Paris rejoindre la caravane publicitaire et ses camardes internationaux participant à la Grande Boucle.

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    Sur la piste de Carcassonne

    Arrivé à Paris, il prit contact avec les dirigeants du TDF dans les bureaux de Desgranges, situé à l’époque dans la rue Cadet, à l’intérieur des locaux du journal « L’Auto ». Ramos eut droit à la présentation aux grands du cyclisme international, repas avec la presse, interviews, reportages et photographies. C’est ainsi qu’en juin 1937, que l’Ibérico-Carcassonnais s’élança au départ du Tour devant les locaux de l’Auto. Dans la caravane publicitaire, le prédécesseur d’Yvette Horner, l’accordéoniste Frédo Gardoni, avait donné le top en musique.

    Dans le peloton, Ramos se retrouvait aux côtés des super champions de l’époque : les frères Magne, René Vietto, Maurice Archambaud, Georges Speicher, Guy et Roger Lapébie, Philippe Agut, Charles Pélissier, etc.

    Dans une interview qu’il donna au Midi-Libre en 1984, Ramos loua l’organisation du Tour de France de 1937 : excellents hôtels, meilleures tables, ravitaillement en course, attention des dirigeants. Lors des fins d’étape, de nombreuses personnes sollicitaient des autographes, offraient des cadeaux régionaux.

    C’était également le temps où les coureurs devaient faire suivre un minimum d’outillage, ses boyaux autour des reins et sous la selle et même un casse-croûte contre la fringale. Pas de changement de roues ou de vélo. S’il pleuvait ? Pas d’imperméables. S’il neigeait ? En Juillet 1937 dans le Tourmalet, on pédalait plus vite pour se réchauffer.

    Dans le terrible col du Tourmalet, Ramos brisa un galet de son dérailleur. Il stoppa dans un village perdu à la recherche d’un artisan pouvant le dépanner. N’en trouvant pas, il vit le long d’un mur un vélo abandonné qui possédait un galet du même type que celui qui faisait défaut à sa monture.  Que faire ? Fallait-il emprunter la pièce ? Ramos s’y refusait. Attendre le retour du propriétaire, c’était perdre beaucoup de temps. Par chance, un jeune homme se présenta pour récupérer sa bécane. Ramos saisit alors l’opportunité de lui expliquer sa situation et le jeune homme, lui céda la pièce avec une grande sportivité. Quelques coups de pinces, trois tours de tournevis et voilà le vélo de Ramos en état de marche ! Malgré le temps perdu sur l’avant de la course, le champion monta le Tourmalet et le descendit à telle vitesse qu’il arriva dix-huitième de l’étape à Luchon. Il termina son premier Tour de France à dix-septième place. Une belle performance !

    Les autres champions des années 30

    Parmi les pionniers, citons Ventresque de Preixan, qui sur cycle Alcyon participa au Tour de 1911. Son vélo pesait près de 20 kilos… A la fin des années 1920, apparurent Bertola, Prior, Garcia, Dupin. Tous étaient équipés dans un atelier situé dans la rue d’Alsace.

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    Prior et Ramos, ex-æquo aux Six jour de Buenos Aires

    Le journaliste Géo Villtan écrivit dans Paris-Soir : « Si les Carcassonnais sont fiers de Prior et de Ramos, ils ne le sont pas moins des frères Bertola, dont Antoine, le plus fort, a gagné le Tour d’Algérie, le circuit de Bône et fit troisième au Tour d’Espagne."

    Le responsable de L’ASC ne tarissait pas d’éloge sur ses champions en 1936 : « Nous avons Chavard qui a couru le Wolber en 1936 et prit le départ du Tour de France. Blessé, hélas, accours de l’étape du Galibier, il dut abandonner. Puis c’est Emile Clément, jeune espagnol spécialiste de la piste, très fort en « américaines ». Nos plus sérieux espoirs ? Timoreau, placé seizième au Championnat de France de cross-cyclo pédestre l’an dernier. Maynadier, Dagnac, celui-ci premier du Pas Dunlop de l’Aude et sixième en finale à Paris. Vielmas, les jeunes frères Prior, Pujol un gosse de 17 ans qui enleva le cross-cyclo pédestre de l’Aude. Nous en ferons de vrais champions, vous le verrez. Au total, en fin, nous disposons d’une vingtaine de jeunes qui se prêtent avec foi et courage aux entraînements, tant sur route que sur piste derrière motos. Je dois ajouter que Carcassonne dispose, au stade de la Pépinière, d’une piste en ciment avec virages relevés, qui, sans aucun doute, est l’une des plus belles de province. »

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    Raphael Ramos et Prior

    Les années 1950

    L’effectif de l’ASC cycliste s’étoffe à nouveau avec l’arrivée des Philippe Agut, Dante et Délio Soler, Celebrowsky, Ghylardi, Pujol, Terribile, Lacans, Jesus Martinez, etc.

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    © Collection J. Blanco

    G. Pujol

    En 1957, le premier Tour de l’Aude voit le jour sous l’impulsion de Jean Thomas. Des noms prestigieux participèrent à cette première édition : Van Impe, Danguilhaume, Thévenet, Moser, Anderson, Cantini, Tinazzi. La dernière épreuve sera organisée par l’ASC en 1985 ; s’associant au Midi-Libre, elle devient Grand Prix du Midi-Libre, Tour de l’Aude.

    Les années 80

    Même si Jean Thomas passe la main en 1983 à Georges Bonnafous, il ne reste pas inactif. Avec Charles Anduze, Jean Dousse et Guy Pagès, il organise le Tour de l’Aude féminin. Onze jours de course, 22 nations participantes… Jeanie Longo le remporte en 1989. Hélas, cette épreuve a disparu depuis

    Sources

    Midi-Libre / 1984

    Le courrier de la Cité

    Le cyclisme et ses champions / Bull. SESA / Blanco

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