Il est assez compliqué de trouver des renseignements sur les œuvres d’art réalisées lors de la construction du lycée Paul Sabatier dans le cadre du 1% artistique. Ce sujet nous tenait particulièrement à cœur, mais il fallut s’employer afin de retrouver la trace des artistes ayant participé à ce projet. A commencer par l’architecte qui en dessina les plans à partir de 1958…
© Association Dourgne Patrimoine
Camille Montagné
Il aurait été bien dommage de laisser le nom de Camille Montagné dans les oubliettes de l’histoire de cet établissement, car cet homme fut l’un des plus illustres architectes de sa génération. Né à Dourgne dans le Tarn le 29 janvier 1907, Camille Montagné entra à l’Ecole des Beaux-arts de Toulouse à 17 ans, puis à celle de Paris deux ans plus tard. Diplômé de la prestigieuse école en 1932, il obtint la même année le Grand Prix de Rome. Architecte des bâtiments civils et des Palais nationaux entre 1938 et 1943, Camille Montagné réalisa ensuite plusieurs lycées dans le Sud-Ouest en sa qualité d’architecte en chef coordonnateur du plan d’équipement scolaire.On lui doit également les deux barres d’immeubles de l’avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement de Paris.
157 avenue Daumesnil, Paris (XIIe)
A Carcassonne, il se voit confier la construction du nouveau lycée Paul Sabatier dans le quartier de la Pierre blanche à partir de 1958 pour 1400 élèves et 500 pensionnaires. C’est là sans doute sa dernière œuvre puisqu’il s’éteint le 3 octobre 1961 à Paris et est inhumé dans la cimetière de Dourgne. Les autres bâtiments qui complèteront l’équipement du lycée seront l’œuvre du Carcassonnais Henri Castella. Les travaux du gymnase débuteront le 1er mars 1966 pour un coût total de 682378, 98 francs. Trois ans plus tard, le lycée Paul Sabatier deviendra mixte.
La loi sur le 1% artistique initiée par le sculpteur audois René Iché après la guerre, fit obligation au maître d’ouvrage de consacrer 1% du budget pour la création d’œuvres d’art. Là encore, il ne fut pas aisé de retrouver les artistes, d’autant plus que certaines réalisations ont été détruites au cours de nouveaux aménagements. Ceci sans aucune autre forme de procès, par ignorance et sans bien sûr consulter les artistes. Doit-on trouver cela normal au sein de l’Éducation nationale ? Un professeur de dessin à la retraite m'a avoué que lorsqu'il est arrivé il y a 30 ans, le proviseur ne savait même pas qui était Paul Sabatier.
Jean Augé
La Cité et Dame Carcas par Jean Augé
Statue de femme dans une position lassive
Inconnu
Pierre Saint-Paul
Surnommé le Claudel des laves, Pierre Saint-Paul (1926-2008) était un peintre, céramiste et créateur de tapisserie proche du mouvement surréaliste. Pur produit de l'école de San Vicens près de Perpignan, il possédait un atelier à Canet plage. En 1960, il rencontra Salvador Dali en 1960 juste au moment où il réalisa un panneau de carreaux de céramique émaillée pour le lycée Paul Sabatier. Cette œuvre qui se trouvait sur le mur du réfectoire a été détruite en 2006 lors de la restructuration de l'établissement par le Conseil régional Languedoc-Roussillon. Au lycée de Perpignan où Pierre Saint-Paul avait également exécuté le même style de panneau, on ouvrit des portes dans l'œuvre. En 2015, le biographe de l'artiste vint au secours de la destruction totale.
© L'indépendant
Dans d'autres lycées comme celui de Nérac (Lot-et-Garonne), on a su conservé l'ouvre de Pierre Saint-Paul.
Triste époque que la nôtre d'un point de vue culturel. Tout ce qu'André Malraux avait mis en place dans les années 1960 : Centres culturels, Conservatoires, Orchestres nationaux, œuvres artistiques dans les lycées... Tout cela est progressivement mais sûrement détruit ou remis en cause.
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