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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 372

  • Le blog à l'honneur dans "Le Républicain Lorrain"

    Suite à l'article diffusé par ce blog sur la plaque des réfugiés lorrains, située dans le jardin de la cathédrale Saint-Michel en dessous de la statue de Jeanne d'arc, il m'a semblé important d'essayer de mettre en relation la Lorraine avec Carcassonne.

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    Je suis donc intervenu auprès des journalistes de ce quotidien afin d'essayer d'entretenir ce lien distendu désormais entre l'histoire de nos deux régions. Ils ont aussitôt alerté leurs historiens locaux ; c'est ainsi qu'un article est paru hier dans le Républicain Lorrain au sujet de l'exil des Mosellans à Carcassonne à partir de 1940.

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    Mon voeu serait qu'à l'occasion de l'inauguration du nouveau jardin devant être rénové d'ici l'été 2016, la ville de Carcassonne puisse inviter des familles de ces réfugiés Lorrains à ce joindre à la cérémonie. Une proposition qui ne devrait pas être difficile à mettre en place puisque certaines d'entre-elles sont restées à Carcassonne et dans l'Aude. 

    Ci-dessous la version web de l'article

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Jacques Ourtal (1868-1962), un artiste peintre oublié

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    Jacques Ourtal était né à Carcassonne le 8 octobre 1868, dans la rue Ernest Renan où son père avait un atelier de décorateur. A 18 ans il se fera déjà remarquer au concours de l'école des beaux-arts. Après son service militaire, il ne quittera plus Carcassonne et s'installera au 44 rue des Arts dans un immeuble ayant appartenu à un peintre verrier du nom de Dauriac. Un peintre, rue des Arts ? C'est un choix judicieux tout comme son atelier fixé au second étage baigné par la lumière réfléchie par une immense verrière.

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    L'oeuvre de Jacques Ourtal se reconnaît parmi des milliers en raison d'une personnalité bien affirmée et du choix de ses paysages surtout languedociens. On retrouve sa marque dans la cathédrale St-Michel, l'église St-Vincent, la chapelle de l'école Jeanne d'Arc, la chapelle des Capucins (aujourd'hui démolie). On lui doit les fresques de couvent des Capucins ; entièrement rasé en 2002, les oeuvres d'Oural ont été sauvées miraculeusement par Corinne Calvet et Marie-Chanral Ferriol. Elles partaient à la benne à ordures. D'importants tableaux ornent également depuis 1926 l'hôtel de la cité, mais la collection est aujourd'hui dispersée entre particuliers et hommes célèbres comme J-F Kennedy ou W. Churchill. 

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    Joséphine Terral, seconde épouse du peintre. Portrait de 1921.

    Jacques Ourtal restera une figure emblématique du quartier des capucins ou il laissa le souvenir d'une personne discrète, peu bavarde mais très gentille. Il est décédé le 23 septembre 1962 à 94 ans. La rue des Arts porte désormais son nom.
     
    Les tableaux d'Ourtal sont côtés chez Akoun. Les toiles de l'ancien couvent des Capucins désormais conservées à Notre-Dame de l'abbaye, sont classées. Suite à une vente aux enchères en 1981 à l'hôtel des ventes de Carcassonne de 106 toiles du maître dont "La muse du poète" et "l'intérieur de la Basilique Saint-Nazaire", le catalogue figura dans la Gazette de chez Drouot. Les tableaux furent dispersés en France et à l'étranger, confirmant la qualité artistique des oeuvres d'Ourtal.
     
    Il est regrettable qu'à Carcassonne pour des raisons qui m'échappent on s'obstine chez les élus à ne pas vouloir d'Ourtal dans la collection permanente du Musée des Beaux-arts. Madame la conservatrice a compétence en la matière, mais les Carcassonnais aimeraient que l'on ne regardât pas toujours vers Paris. Ils veulent bien prendre le risque de ne point passer pour des snobs, mais pour des incultes voire des paysans. L'oeuvre d'Ourtal c'est le Languedoc, cette culture tant picturale que musicale que Paris considère comme de la roupie de sansonnet avec l'approbation des édiles du pays. 
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  • Sur les traces de l'ancien domaine de Saint-Jean de Brucafel

    Il suffit parfois d'une mauvaise retranscription de l'administration, pour qu'une seule lettre change l'identité d'un lieu vieux de plusieurs siècles. À Carcassonne, on est sur ce point assez coutumier du fait. Citons pour exemple la Ferrandière qui devient la Ferraudière, le chemin de Malelait à Villalbe qui devient Matelait, le domaine de Moureau qui devient Moreau...etc. Nous allons aujourd'hui nous intéresser au domaine de Saint-Jean de Brucafel - aujourd'hui disparu - sur lequel s'est construit le quartier Saint-Jean de Brucatel par le miracle d'un fonctionnaire atteint de myopie.

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    Situation

    La commanderie de St-Jean - possession de l'Ordre de Malte jusqu'à la Révolution - se trouvait au nord-est de Carcassonne. En 1810, le passage du Canal du midi dans la ville partagea les terres du domaine en deux. Sur le plateau de Grazailles en direction de l'actuelle zone du Pont-rouge, on distinguait à droite les bâtiments de la ferme. Les terres se prolongeait en contre-bas jusqu'à la route minervoise, la SOMECA et l'usine de St-Jean, qui bien entendu tire son nom de l'ancienne commanderie.

    Généalogie

    Propriété de la famille de Murat jusqu'à la Révolution, ce domaine leur est ensuite confisqué. Il est acquis en 1797 par Pierre Paul Bilhard (1752-1807), futur beau-père de Casimir Dupré (1781-1863) qui en héritera ensuite par le biais d'un mariage consenti avec Marguerite Bilhard (1788-1865). Leur fils, Joseph Léo Dupré (1808-1882), avocat général à Bordeaux puis Procureur général à Toulouse sera Député de l'Aude de 1849 à 1851. Il s'installera en 1870 à St-Jean afin d'entretenir le domaine agricole jusqu'à sa mort le 16 juillet 1882. De son mariage avec Marie Miquel, il aura cinq enfants.

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    © Chroniques de Carcassonne

    Casimir Dupré est le fils de Joseph Dupré (1742-1823), fabriquant en draps. Ce dernier est élu à l'Assemblée Nationale entre 1789 et 1791, puis maire de Carcassonne de 1791 à 1792. C'est un partisan très modéré de la Révolution. Considéré comme suspect pendant la terreur, il doit se cacher et devient le 9 thermidor 1793, membre du Conseil supérieur du commerce. Il vit dans un hôtel particulier de la rue de Verdun ; exactement, dans l'actuel Centre Joë Bousquet.

    Les transformations du domaine

    En 1810, les 120 hectares des terres du domaine de St-Jean de Brucafel sont donc coupées en deux parties, pour laisser passer le Canal du midi dans Carcassonne. Si les 50 hectares situés au nord avec les bâtiments sont constitués de terres fertiles, il n'en est pas de même des 75 ha au sud. Ceux-ci représentent un désert stérile, improductif et abandonné aux crues de l'Aude qui ravagent 15, 20 et parfois 30 ha.

    Casimir Dupré obtient en 1836 la concession d'un barrage de 0,85 mètres de longueur sur l'Aude avec deux vannes d'un mètre 33 de largeur chacune. Dupré ouvrit un canal d'un kilomètre 600 dont les eaux après avoir arrosé 50 ha, se jetèrent à 2600 mètres du barrage. Les 20 ha restant ne pouvant être arrosé par ce moyen en raison de l'élévation du terrain, ils le furent grâce à une roue hydraulique à double auget et une noria à manège de deux chevaux, donnant ensemble 2 m3 d'eau par minute. 5 ha sont arrosés grâce àune concession avec le Canal du midi.

    Casimir Dupré, afin de préserver ses nouvelles prairies des caprices du fleuve, a fait ériger 2000 mètres de digues et planter en rivière de nombreux arbres et taillis. Après avoir défoncé et nivelé ces terres, il a remplacé les graviers par des limons et de la vase issues des eaux bourbeuses de l'Aude. Tant et si bien que la partie au sud a supplanté en intérêt agricole celle du nord, devenue accessoire. Casimir Dupré devint ainsi le premier qui à grand échelle, transforma dans l'Aude des terres de sable et de gravier en prairies cultivables. Son investissement financier fut considérable, tout comme les milliers d'arbres qu'il a planté pour lutter pendant quinze ans contre les inondations.

    Que reste t-il de St-Jean de Brucafel ?

    Sur les terres situées au sud, on a construit une minoterie dont l'activité perdura jusqu'en 1925; l'usine de javel de St-Jean jusqu'en 1987 et la SOMECA, construite en 1936. Au nord, les bâtiments du domaine de St-Jean de Brucafel ont été rasés dans les années 2000. Un lotissement donnant naissance à un nouveau quartier de la ville a été construit tout autour. Il ne reste que peu de vestiges et un jardin d'enfants.

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    © IGN

    Le domaine de St-Jean en 1986

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    © IGN

    La même prise de vue en 2015 

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    © Jacques Blanco

    Ce qu'il reste de la Commanderie templière de St-jean de Brucafel

    Sources

    Généanet

    Mémoire de la Société Royale et centrale d'agriculture (1841)

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