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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 161

  • Le retour de la taxe de 1893 sur les vélocipèdes c'est pour très bientôt !

    D'après la presse nationale qui s'en fait l'écho ce matin, le gouvernement prépare pour 2019 dans le cadre de la loi d'Orientation sur les Mobilités (LOM), de rendre obligatoire l'immatriculation des bicyclettes. Selon ce texte, les montures devront donc faire l'objet d'un marquage spécial gravé sur le cadre "sous une forme lisible, indélébile, inamovible et infalsifiable" permettant sa "lecture par capteur optique". Mais ce n'est pas tout. Une fois marqué, le vélo devra être enregistré au "fichier national des propriétaires de cycles", et le propriétaire obtiendra un "certificat de propriété", soit l'équivalent d'une carte grise pour un automobiliste. Le cycliste devra être capable de présenter ce certificat, dont l'authenticité sera vérifiée en ligne. On ne parle pas d'argent pour l'instant, mais il sera question de verbaliser toute bicyclette mal garée sur la voie publique. Autrement dit, fini les antivols accrochés aux réverbères. 

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    Je me suis alors souvenu que je possédais dans mes archives familiales quelques documents à ce sujet... Mon vieil oncle Paul Andrieu né en 1900 possédait une bicyclette, à une époque où les voitures n'étaient accessibles qu'aux plus fortunés. C'était donc son unique moyen de locomotion. Sous la IIIe République, le gouvernement instaura en avril 1893, une taxe annuelle sur les vélocipèdes. Le 1er juin 1893, chaque usager devait s'acquitter d'une redevance de 10 francs. Les possesseurs de bicyclette devaient ainsi se faire enregistrer auprès de la mairie de leur commune. Une plaque métallique mentionnant l’année de perception de la taxe, indiquait que le propriétaire du vélo s’était bien acquitté de l’impôt. En 1943, les plaques furent remplacées par un timbre fiscal. Cet impôt sera supprimé définitivement en 1959.

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    Le vélo était immatriculé

    Le Président de la République serait-il finalement un inconditionnel du XXe siècle ? Celui du retour de la lutte des classes, des taxes inutiles, du prolétariat, des gens précarisés travaillant à la tache, etc. On devait en finir avec l'ancien monde, c'est plutôt son retour dans tout ce qu'il avait de cruel et difficile pour les petites gens.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • Les terribles inondations du 3 mars 1930 dans l'Aude

    A la fin du mois de février 1930, les côtés de la Montagne noire sont sursaturés par un excès de pluies hivernales. Les hauteurs portent encore un manteau de neige bien plus épais que de coutume. En conséquence, les pluies qui vont se déverser arriveront sur un sol gorgé d'eau. Sur le Narbonnais, il est tombé entre octobre 1929 et Février 1950 près de 684 mm au lieu de 280 mm normalement. L'Aude est déjà au mois de février à 2,22 mètres de hauteur, lorsque des pluies diluviennes s'abattent sur le département à partir du 1er mars 1950. Ceci est dû à une zone dépressionnaire venant d'Espagne et s'étirant jusqu'à la Méditerranée occidentale. L'anticyclone se situe au Nord-Est. Au cours de la matinée, le vent se tourne au Nord-Est et Sud-Est sur le golfe du Lion. De violents orages de pluies stationnent au pied de la Montagne noire. Si l'Aude supérieure semblait échapper aux grosses averses, les affluents de l'Aude venus du nord déversaient leurs torrents en aval de Carcassonne. L'Orbiel grossit à vue d'œil et finit par sortir de son lit emportant tout sur son passage. Le plus lourd bilan humain de cette catastrophe qualifiée à l'époque de "Crue du siècle" se concentra sur le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Au final, c'est tout le Sud-Ouest qui fut impacté par ce phénomène climatique.

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    Coursan, le 3 mars 1930

    Dans tous les villages de l'Aude au lendemain des inondations, c'est la désolation

    Carcassonne

    Les rues sont transformées en torrents ; le Canal du midi a débordé devant la gare et le limon épais a envahi la route Minervoise. 

    Trèbes

    Des arbres centenaires ont été déracinés sous la force des eaux et sont couchés sur la route.

    Marseillette

    L'étang est inondé. Avec des barques de fortune on tente de sauver les habitants et on ravitaille les fermes isolées.

    Villegly

    18000 pieds de vigne en espaliers ont été emportés. Ils devront être transformés en plaine. On a trouvé dans les vignes du domaine de la Malvirade, trois cercueils enchevêtrés provenant du cimetière de Cabrespine.

    Villalier

    L'orbiel a coupé la route de Carcassonne à Caunes-Minervois sur une longueur de 70 mètres et une profondeur de 4 à 5 mètres.

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    Lastours

    L'usine de tissage de M. Roger a été complètement emportée par les eaux ; plus bas, la propriété de M. Parot, littéralement saccagée : arbres déracinés, maisons effondrées. La partie du chemin qui contourne le tunnel sous lequel passait le tramway n'est plus qu'un enchevêtrement de câbles au milieu de blocs de rochers. Si le café Perramond a résisté, en revanche la boulangerie a presque totalement disparue. Il n'ya plus de route vers les Ilhes-Cabardès.

    Salsigne

    La mine d'or est inondée et impraticable.

    Lespinassière

    L'église s'est effondrée, le cimetière a raviné et plusieurs cercueils ont été emportés.

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    Mas-Cabardès

    La femme d'un gendarme qui voulait sauver ses animaux a été emportée par les eaux. Elle sera retrouvée accrochée à un arbre. Il y a 1,80 mètres d'eau dans les maisons dont 4 se sont effondrées.

    Conques-sur-Orbiel

    Un véritable torrent en furie a déferlé dans la nuit de dimanche à lundi. Certains fermes se virent isolées en pleine nuit et les travaux de sauvetage devenus plus difficile à cause de l'obscurité, revêtaient un caractère sinistre. Au fond de la prairie des Saptes, un camion tracteur servant à une scierie de bois a été renversé. Après avoir dépassé le château de Vic, les usines exploitées par M. Limousin sont enterrées sous le limon. 25 gros platanes situés en face du château de la Vernède-Haute ont été déracinés par la violence du courant.

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    Lassac

    Un glissement de terrain a complètement obstrué la route aux environs de Lassac et c'est par des sentiers assez praticables que l'on peut rejoindre le village. A la gare de la Caunette, le pont allant de Villeneuve à Salsigne n'existe plus. 

    Cuxac-Cabrdès

    La dure transformée en torrent. L'Arfeuille a emporté une partie du pont et coupé la route. Un mur s'est abattu sur les maisons Roger et Rianc en parties effondrées.

    Caudebronde

    Pont emporté

    Citou

    Eglise effondrée

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    Sallèles d'Aude

    Rieux-Minervois et Azille

    Les ponts menacent de s'écrouler. Le faubourg du Barry a été évacué.

    Lagrasse

    2 maisons effondrées

    Fleury d'Aude

    Pierre Journet dit Favotte (72 ans) s'est noyé en voulant ravitailler les habitants d'une ferme.

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    A 11 heures, l'Aude était à 4 mètres au-dessus de l'étiage. A 17 heures, elle était descendue à 2,80 mètres. Les dégâts sont considérables !

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    Le 9 mars 1930, le président de la République M. Doumergue visite le village de Sallèles d'Aude.

    Sources

    L'express du midi / Mars 1930

    La crue catastrophique de mars 1930 / Maurice Pardé

    Collection Martial Andrieu 

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  • À l'auberge des "Trois-Couronnés"...

    Il vous aura sans doute échappé en regardant cette plaque émaillée, que l'accentuation de la lettre E modifie tout le sens historique de cette rue. Pour tous les Carcassonnais et à fortiori les éditeurs de plans, il s'agit de la rue des trois couronnes. Nous avons ici l'exemple d'une déformation linguistique populaire ayant abouti à la suppression de l'accentuation. Les nouvelles plaques ont finalement adopté cette modification, sans se soucier de l'aspect historique. Pire ! Cette erreur devient aujourd'hui une vérité qu'il convient de battre en brèche. Un peu d'histoire...

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    L'hôtel construit en 1992 dans cette rue

    Probablement à l'emplacement actuel de la Brasserie du Dôme se trouvait l'auberge des Trois-Couronnés. Son existence est rapportée en 1593 sur un acte de Maître Grangis (Index du Dr Cayla). Le 21 juin 1601, le sieur Reich "réclame à la ville une indemnité tant pour les arbres qui avaient été pris chez lui, pour les fortifications de la ville, que pour le logement qu'il avait fourni aux pestiférés, à son logis des Trois-Couronnés" (Cartulaire de Mahul / Tome VI). C'est donc cette auberge qui aurait donné le nom à l'artère qui mène au Pont vieux. Qui étaient donc ces Trois Couronnés ?

    trois-couronnés

    Il s'agit des Rois mages que nous avons retrouvés dans un vieux dictionnaire portant le substantif des "Trois Couronnés". Ceux-là même chargés de présents qui, selon l'Evangile, les ont portés aux pieds de l'enfant Jesus. Dans un poème de Maurice de Guérin (1810-1839), ce doute semble levé :

    Qui mena par des plaines

    lointaines

    Aux pieds du divin enfant

    Je vais marchant avec elle

    Fidèle

    Comme les trois couronnés

    Et comme eux je suis en quête,

    Poète,

    De la crèche où, nouveaux-nés,

    L'auberge des Trois-Couronnés faisait bien référence aux Rois mages. La disparition de l'accent transforme un participe passé en nom commun. Voilà donc comment on efface par là même, l'histoire d'un lieu et sa référence chrétienne. Il serait bon qu'à la lumière de cet article, des modifications soient entreprises pour réparer cette erreur.

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