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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 161

  • La confiserie Georges Larène, rue Clémenceau

    Né en 1874 à Agen, Jean Georges Larène est le fils de Jean Nelson Larène, pâtissier de son état dans la capitale du Lot-et-Garonne. C'est après la Première guerre mondiale qu'il ouvre avec son épouse Elise Emilie née Labourot, une confiserie-chocolaterie de luxe dans la rue de la gare à Carcassonne. Ainsi que nous pouvons le voir sur la photographie ci-dessus, cette boutique avait été réalisée selon les codes architecturaux de l'époque, dans le style Art-Déco. 

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    La confiserie Larène vendait des bonbons, des fantaisies artistiques, des sucreries pour les baptêmes, des liqueurs, des vins fins et du champagne. Elle se trouvait au n°10 de l'actuelle rue Georges Clémenceau. La belle devanture Art-Déco ne résista pas à la modernité, car en 1955 elle fut entièrement refaite. Elle n'a d'ailleurs pas changé depuis. Un souhait sûrement du gendre de M. Larène, Joseph Rivière, qui reprit l'affaire avec Blanche, la fille du fondateur. 

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    Dans les années 1960, sur l'emplacement de la confiserie, le chapelier Alexandre Castel originaire de Lézignan, ouvrira un magasin de chapeaux. L'enseigne s'appellera Alexandra ; elle fera les beaux jours des élégants et élégantes de la ville. Depuis le début des années 2000, le magasin de vêtements pour adolescentes Jennyfer a remplacé la confiserie Larène et le chapelier Alexandra. 

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    La devanture de 1955 n'a pas changé depuis cette époque. Si l'on compare le bas de l'entrée actuelle avec la photographie en tête de cet article, c'est très parlant.

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  • Quatre tonnes de munitions découvertes dans un puits à Alet-les-Bains

    Alertée par M. Ribes, propriétaire du domaine de Bourdichou, la gendarmerie crut d'abord qu'il s'agissait d'une affaire banale lorsqu'il leur signala l'existence d'un dépôt d'armes dans son puits. Deux ans après la Libération en décembre 1947, il n'était pas anormal de retrouver des munitions dans la campagne. Lorsque les militaires arrivèrent sur les lieux ils durent faire intervenir une compagnie du Génie afin d'assécher la citerne. Une fois l'opération effectuée, ils découvrirent un entassement de caisses à l'intérieur de celle-ci. Ce ne fut pas chose commode que de remonter à la surface trois tonnes de cartouches, 400 grenades, détonateurs, chargeurs, bandes de mitrailleuses, baïonnettes. De tous calibres, de tous modèles, ces munitions de marque française, allemande, américaine, russe ou tchèque constituaient un véritable arsenal.

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    Le domaine de Bourdichou surplombant Alet-les-Bains

    L'enquête ne permit pas d'obtenir des renseignements auprès des fermiers de Bourdichou ; ils n'occupaient les bâtiments que depuis la Toussaint. En revanche, leurs prédécesseurs, deux sujets espagnols Pena et Penarver, semblèrent mieux informés. D'après eux, cet arsenal aurait été réuni en 1944 par les guérilleros qui vivait dans le maquis tout proche. Après la Libération, ils avaient rassemblés les munitions à la ferme et les deux espagnols en avaient la garde. Durant l'automne 1947, ils informèrent leur chef qu'ils allaient quitter le domaine. Des hommes sont alors venus, descendirent de nuit les caisses au fond de la citerne et placèrent une tôle sur la margelle. 

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    © memorialgenweb

    Stèle à la gare d'Alet-les-Bains en bordure de la D6118

    Selon les deux fermiers ibériques, Franncisco Merino âgé de 35 ans en savait davantage. Ce dernier entra en France en 1939 et demeura à Carcassonne à partir de 1946. Le chef suprême habitait Toulouse et exerçait son autorité sur tous les anciens "guerrilleros" espagnols du Midi de la France. Cet épisode oublié de l'après-guerre démontre que, si les communistes du maquis FTP Faïta ne recevaient pas d'armes parachutées, d'autres savaient les trouver. Les alliés ne larguaient pas de munitions aux maquis communistes, craignant qu'ils ne prennent le pouvoir par les armes à la Libération. Victor Meyer alias "Jean-Louis", chef du maquis communiste, n'avait pas de terrain homologué. Les FTP devaient donc se débrouiller pour s'approvisionner par tous les moyens, non seulement en armes mais également en vivres et en argent. Les guerrilleros espagnols du Ve bataillon employaient les mêmes méthodes. On peut s'interroger sur les raisons pour lesquelles, ces combattants ont gardé cet arsenal dans ce puits après la Libération. Devaient-ils songer à une éventuelle insurrection pour la mise en mise en œuvre d'un pouvoir communiste en France, ou à libérer l'Espagne de Franco ?

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  • L'histoire de "Charles et Lizon", coiffeur-parfumeur dans la rue Clémenceau

    Dans la rubrique de nos "Chers disparus" qui faisaient la réputation de la rue de la Gare, nous pouvons associer le nom de "Charles et Lizon". Il n'est pas un ancien Carcassonnais qui ne se souvienne de cet artisan coiffeur-parfumeur, qui n'avait pas son pareil pour métamorphoser ces dames en belles de jour. Elles l'aimaient tant leur coiffeur que souvent, en cinq minutes, il leur remettait à l'endroit d'un coup de peigne, une mise en plis emportée par le vent. "Voulez-vous que je vous parfume ?" L'élégante sortait de là, soignée comme la princesse Grace de chez le plus chic des coiffeurs de Monte-Carlo. Il faut dire que Charles Azéma né en 1885, n'était pas n'importe qui dans le métier. Après avoir quitté son village natal de Peyriac-Minervois, le jeune homme s'était fait engager comme coiffeur à l'Hôtel Scribe, situé à deux pas du Palais Garnier. Muni d'une telle carte de visite, Charles Azéma s'installa en 1919 au n°66 de la rue Clémenceau à Carcassonne.

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    La boutique est reprise et transformée selon les codes architecturaux de l'époque : Art Déco. l'enseigne portera le nom de "Charles et Lizon", Lizon étant le diminutif de sa fille Elisabeth née l'année suivante. Avec son épouse Marie, originaire d'Auzat dans l'Ariège, Charles donnera ses lettres de noblesse à la coiffure Carcassonnaise.

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    Coiffeuse chez Charles et Lizon

    C'était l'époque où les femmes commençait à se faire couper leurs cheveux longs. On appelait cela "A la garçonne" ! Une révolution née dans les années folles, après la Grande guerre. Les femmes se sont émancipées - un peu - en changeant leurs codes vestimentaires. Ce rapprochement masculin ne plaisait guère aux hommes, mais ils finirent par s'en accommoder.

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    Joséphine Baker, à la garçonne...

    La féminisation des mots ne date pas d'hier, n'est-ce pas ? Toutefois, les clientes étaient tellement prudes qu'il n'était pas question de les coiffer à la vue de tout le monde. C'est pour cela que Charles Azéma avait créé des boxes en bois.

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    L'intérieur de la boutique

    Au début des années 1940, Pierre Vidal épousa la jolie Lizon. Devenu directeur commercial, il se consacra aux parfums. Ah ! les grands parfums... C'était pas l'eau de toilette d'aujourd'hui, mais de l'extrait de parfum. Cher, certes, mais quelques gouttes tenaient bien plus qu'une journée sur la peau. On vendait entre autres, "Jicky", le parfum de l'amour perdu d'Aimé Guerlain créé en 1889. 

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    Jicky présenté dans son flacon et sa boite d'origine

    Dans les années 60, la rue de la gare, pavée, était ouverte à la circulation dans les deux sens. La gare des autobus située au café Continental  de Pierre Pavanetto amenait de la vie dans le quartier. Il y avait aussi de l'animation avec le rugby à XIII, les voyageurs de la gare. L'hôtel Terminus accueillait dans ses salons, le marché aux vins.

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    De l'union de Pierre avec Lizon naîtront trois enfants : Jean-Pierre (1943), Michel (1944) et Charlette (1949). On changea la numérotation des rues ; le 66 devint le 76/78 mais le magasin resta au même endroit. Signalons également une domestique nommée Rose Cathary. Après la mort du fondateur en 1968, son fils Jean-Pierre reprit les ciseaux jusqu'à la fermeture définitive en 2004. La boutique fut vendue et l'on vit d'abord s'implanter "Les délices du fournil", puis un joli magasin de chaussures pour enfants.

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    © Chroniques de Carcassonne 

    C'est la pharmacie qui se trouvait à droite qui racheta "Charles et Lizon" à gauche pour en faire un seul commerce. La devanture a été heureusement conservée ; nous ignorons si ce bâtiment Art Déco est classé. Aujourd'hui, le marchand de chaussures a plié boutique et le local vide se cherche un locataire. 

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    De l'histoire de "Charles et Lizon", il ne reste plus que sa petite-fille Véronique dont la parfumerie résiste aux grandes enseignes nationales qui l'entourent. En face de Monoprix dans la rue Clémenceau, c'est la garantie d'un sourire, du conseil et de l'expérience. Cela n'a pas de prix...

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