Ce jeune homme courageux était né le 15 septembre 1918 à Orléans d'un père, André, médecin de son état et de Allegra Aline Aghion. Etudiant titulaire d'une licence de droit, il combat au début de la guerre dans l'armée française avec le grade de sous-lieutenant au sein du 8e Zouave. Sa vaillance lui vaut la Croix de guerre et une belle blessure durant les hostilités. Il est fait prisonnier, mais s'évade et adhère aux Compagnons de France ; organisme fondé par le gouvernement de Vichy pour la jeunesse française. A partir de 1942, Jean-Paul Léri s'écarte de l'idée nationale incarnée par Pétain et rejoint la Résistance au sein du réseau Alliance.
L'objectif de Léri et de ses camarades était "de favoriser le départ par mer, à partir de Saint-Pierre (commune de Fleury) de personnalités, mais surtout de recueillir le maximum de renseignements sur l'armée allemande et de les transmettre à Londres, soit par radio, soit en les acheminant à Lyon. Leurs lieux de ralliement étaient Rouvenac, près d'Espéraza, village assez isolé à 300 m d'altitude qui comptait 259 habitants en 1936, où vivait Louis Jean, et à Carcassonne dans un immeuble de l'allée d'Iéna, les déplacements entre ces deux points se faisant par le chemin de fer ou à vélo." (Claude Marquié)
Grâce à nos investigations dans plusieurs archives françaises, nous connaissons maintenant les circonstances de l'arrestation de Jean-Paul Léri. Depuis près d'un mois, Léri se sent suivi et surveillé ; il en avait fait part à ses amis. L'agent de la Gestapo René Bach se trouve sur sa trace, renseigné par un "bon français". Le 21 septembre 1943, une perquisition nocturne a lieu à l'Hôtel des voyageurs, situé sur l'allée d'Iéna. C'est là que réside le jeune résistant, hébergé par Camille Dubousset, co-propriétaire de l'établissement. Dans ses papiers, la Gestapo découvre un plan de l'aérodrome allemand de Lézignan. Jean-Paul Léri est alors appréhendé le lendemain au siège des Compagnons de France, 47 allée d'Iéna. L'enquête et l'interrogatoire menés d'abord par la Police Allemande Carcassonne, passent ensuite entre les mains de l'Abwerstelle (Contre-espionnage) dirigé par le capitaine Georg Reinhard, à la Kommandantur (Grand Hôtel Terminus). Camille Dubousset est également arrêtée et tous les deux sont transférés à Montpellier, puis à Lyon le 27 octobre 1943. Jean-Paul Léri d'abord torturé à la prison de Montluc puis jugé sera condamné à mort pour espionnage avec sa logeuse. Cette dernière bénéficiera d'une grâce après une tentative de suicide ; elle sera déportée à Mathausen.
"En tout cas, j'ai conscience de n'avoir pas été inutile et d'avoir fourni tout mon effort avec mes compagnons au service de l'unité française. Vous pourrez ainsi, je crois, ne pas avoir à rougir de moi. Je sens un grand besoin de paix et d'amour que je crois être le fond même de la vie." (Lettre d'adieu de J-P Léri)
Léri est fusillé le 5 novembre 1943 à l'âge de 25 ans
Madame Dubousset née le 17 mai 1900 sera déportée et mourra après son retour du camp de Mathausen, le 5 mai 1945. Elle était originaire de de St-Eloy-les-mines (63) et est inhumée au cimetière Saint-Michel de Carcassonne.
Depuis le 30 novembre 1954, une rue de Carcassonne porte son nom dans le quartier Pasteur.
Sources
Archives de victimes civiles
Archives de justice militaire
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Commentaires
Toujours aussi intéressant et passionnant,
Merci pour toutes ces histoires ,
La phrase d'adieu, que tu cites, est d'une grande profondeur et si belle!
Je suis d'ailleurs très souvent étonné par le sens des mots et leur beauté, par la maturité de ces personnes qui se savaient à l'aube de leur exécution , personnes si jeunes bien souvent...c'est très impressionnant!
Oui !Je suis la fille d'un" compagnon" qui a œuvré aux côtés de Jean Paul Léri .Ces récits étaient pleins de courage et d'authenticité ,lorsque je relis les infos qui circulent sur Jean Paul ,vraiment c'étaient des actes héroïques ,et difficiles à accomplir ,ces hommes là sont restés dans la clandestinité ,c'est vraiment dommage ,car nous aurions pu apprendre beaucoup de choses sur ces moments très difficiles qu'ils ont vécu .Durant le parcours de sa vie ; mon Père relatait cette terrible période qui a tourmenté sa jeunesse .Il n'a jamais regrette d'avoir accompli cette tâche ,et je voudrais lui rendre hommage ,car son courage et celui d'autres compagnons a contribué à nous rendre la liberté et à rester Français .