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Portraits de carcassonnais - Page 39

  • Jean-François Bousquet, ce curé de l'Aude massacré pendant la Révolution Française

    Voilà encore une histoire dont on ne vous parlera pas dans les livres de catéchèse historique du département de l'Aude... La vie de Jean-François Bousquet, né à Ginestas le 8 juin 1751 de Jean Bousquet (ménager) et de Marie Thomas, ne fut pas singulière. Il n'y a pas dans cette histoire de Happy end, mais je vous garde pour la fin une belle surprise à terroriser tous les sans-culottes de la rue de Verdun. Je plaisante, bien sûr...

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    Statue de Jean-François Bousquet à Ginestas

    Docteur en théologie et licencié en droit canonique et civil, J-F Bousquet devint un des canonistes les plus réputés de l'époque. Sous les yeux de Mgr l'archevêque de Toulouse, Charles DE LOMÉNIE DE BRIENNE et de ses grands vicaires, il fouilla les documents du parlement ide Toulouse et commença son grand travail en deux volumes in-4° : Droit ecclésiastique français, où il traite des questions relatives aux collateurs ecclésiastiques dans la dispensation des bénéfices, indique les abus qui s'y sont introduits et trace le plan de réforme dont la jurisprudence sur ce point est susceptible.

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    Eglise St-Saturnin de Pouzols-Minervois

    Clerc-tonsuré en 1770, il est ordonné prêtre le 15 mars 1777 et prend en charge la cure de Pourzols-Minervois. Vers 1786, il alla se fixer à Paris et établit sa résidence chez les Eudistes. Il y vint attiré par le cardinal DE BRIENNE, afin de confronter les arrêts de Toulouse avec ceux du Grand Conseil et du Parlement de la capitale. Là, il se mit en relations avec BARRÈRE, qui deviendra membre influent de la Constituante, puis de la Convention et du Comité de salut public. Ces relations étroites avec LOMÉNIE DE BRIENNE et BARRÈRE pourraient faire soupçonner son orthodoxie. Il n'en fut rien. Successivement, Mgr DU LAU, archevêque d'Arles, à l'assemblée générale du Clergé le 21 août 1786, et Mgr DE DILLON, archevêque de Narbonne, ainsi que TALLEYRAND-PERIGORD, archevêque de Reims, à l'assemblée de 1788, firent de lui le plus bel éloge, et obtinrent en sa faveur une subvention de 4.000 livres d'abord et de 6.000 livres ensuite. Les ressources de l'abbé BOUSQUET étaient modiques. Aussi demanda-t-il au P. HÉBERT l'hospitalité aux Tourettes. Sa réputation s'étendit au-delà de la petite communauté et pour lui témoigner leur estime les prêtres de la paroisse Saint-Etienne-du-Mont, le choisirent le 21 avril 1789, en compagnie du P. HÉBERT, pour être l'un des 9 députés, chargés de la rédaction des cahiers du Clergé.

    Ne remplissant pas de fonctions publiques ou paroissiales, l'abbé Bousquet ne fut pas tenu à prêter le serment constitutionnel. Mais quand la loi du 27 mai 1792 de déportation des prêtres fut proclamée, ils furent tous recherchés et le serment civique leur fut réclamé. Il fut l'un des premiers arrêté aux Tourettes et conduit à la section du Luxembourg. Là, Jean-François Bousquet refusa le serment et déclara :

    "Je refuse tout serment, contraire à ma conscience et suis prêt à tout endurer même le martyre".

    Deux jours avant le massacre, il songea à son ami BARRÈRE, et lui écrivit d'intervenir en sa faveur auprès de DANTON, ministre de la Justice. Danton promit bien à BARRÈRE et par deux fois la liberté, pour le lendemain même, de l'abbé BOUSQUET; mais la promesse ne fut pas tenue. Détenu dans l'église des Carmes, rue de Vaugirard, il fut le 2 septembre 1792 mis à mort avec 94 autres ecclésiastiques.

    La tuerie des Carmes

    Vers 16 heures, un groupe armé se rend à la prison des Carmes, où 150 prêtres insermentés ont été enfermés après le 10 août. Une heure auparavant, était passé le juge de paix Joachim Ceyra qui avait procédé avec célérité à l’appel des prisonniers, puis s’était tout aussi prestement retiré. Les prêtres sont alors poussés vers le jardin.

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    Le perron d'où sortirent des prêtres

    Aussitôt la tuerie débute par une fusillade, puis à coups de piques et de sabres ; certains religieux cherchent refuge à la chapelle, mais sont entraînés de force et exécutés dans le jardin ; certains toutefois réussissent à s’échapper. L’arrivée du Commissaire de la section du Luxembourg Jean-Denis Violette suspend pour un instant les massacres. Celui-ci établit une procédure en faisant office de juge occasionnel et fait comparaître les prêtres survivants. Les jugements consistent en une rapide vérification d’identité et un verdict rapide. Peu avant six heures tout est terminé, après 115 exécutions. Les quelques prêtres rescapés sont conduits au siège de la section du Luxembourg.

     Certains corps sont transportés au cimetière de Vaugirard et entassés dans une fosse commune ; d’autres sont jetés dans un puits du jardin, redécouvert, en 1867, lors du percement de la rue de Rennes, dont le tracé passe au travers du jardin des Carmes. Quelque temps après le massacre, les sœurs de J-F Bousquet - Marie et Rose - donnèrent procuration au citoyen Michel AZÉMA, député à la Convention, pour procéder à la levée des scellés apposés sur les meubles de leur frère, et le citoyen BONNARD, ancien réfectorier des Tourettes, vint au nom de ce dernier réclamer la montre que le martyr portait sur lui au jour de sa mort.

    Le Bienheureux

    Le 17 octobre 1926, le pape Pie XI a inscrit l'abbé Bousquet au nombre des bienheureux de l'église.

    La surprise et la recherche du blog

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    Jean-François Bousquet, curé de Ginestas béatifié par Pie XI, n'est autre que le grand oncle en ligne directe, du poète Joë Bousquet. Ce dernier n'a jamais caché ses convictions et son éducation religieuse. Sa famille a même hébergé l'évêque de Carcassonne, lorsqu'il fut expulsé au moment de la loi de séparation de l'église et de l'état. La soeur Henriette Bousquet épouse Patau, le raconte fort bien dans un manuscrit de ses mémoires. Quant à son frère, l'abbé Gabriel Sarraute fut son confesseur et lui administra l'extrême onction la veille de sa mort.

    Sources

    Histoire du clergé de l'Aude / Chanoine Sabarthès / 1939

    Les martyrs Eudistes massacrés aux carmes / 1926

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Marcel Itard-Longueville (1898-1993), maire de Carcassonne injustement oublié

    Faudrait-il que l'on s'étonne que dans Carcassonne, d'anciens maires du XXe siècle aient bénéficié d'un véritable culte et que d'autres n'aient même pas un nom de rue ou de bâtiment public en leur mémoire ? Parmi les heureux élus, on peut citer Albert Tomey, Henri Gout, Jules Fil, Antoine Gayraud, Raymond Chésa. Dans la liste des "oubliés" figurent Philippe Soum, Marcel Itard-Longueville et Fernand Ancely. Tout pourrait paraître étrange à celui qui ne connaît pas l'histoire de la vie politique de la capitale audoise ; sur ce point, les rancoeurs et les vengeances ont été souvent l'objet d'alliances de circonstances et cela perdure encore de nos jours. Après avoir retracé la biographie de Philippe Soum, nous nous sommes intéressés à son successeur. Comme il était inutile et vain d'aller rechercher des informations les concernant dans ouvrages dans lesquels ils sont volontairement absents, nous avons frappé à la porte de leur famille et des archives départementales. Quelles en soient remerciées.

    Marcel Itard-Longueville

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    Marcel Itard-Longueville à son bureau

    Avocat inscrit au barreau de Carcassonne et ayant son cabinet au numéro 7 de la rue du Palais, Marcel Itard-Longueville avait obtenu sur les champs de bataille, la Croix de guerre 14-18 et la légion d'honneur.  Filleul d'Albert Sarraut - sénateur de l'Aude -, ses opinions politiques appartiennent au courant Radical-Socialiste. Comme lui, il sera déporté au camp de Neuengamme en 1944. A Carcassonne, Marcel-Itard Longueville est marié à la fille du brasseur Fritz Lauer.

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    Sa maison, 7 rue du Palais

    Un juste parmi les Nations

    La discrétion et l'humilité des Français qui ont caché et sauvé au péril de leur vie des familles juives, laissent penser à tort qu'il n'y avait que des salauds. Or, ceci est absolument inexact. A Carcassonne comme ailleurs, des gens participèrent à l'exfiltration des juifs via des réseaux de passeurs vers l'Espagne ou la Suisse. Si on le sait pas, c'est parce que ces humanistes ne sont jamais vantés de ce qu'il ont fait, considérant cela comme naturel. Encore aujourd'hui, leurs héritiers découvrent un passé dont il n'ont jamais parlé, emportant leur secret dans la tombe. Claude Itard-Longueville a ainsi découvert que son père avait sauvé la vie de deux ou trois familles, pourchassées dans un Carcassonne aux mains de la Milice et de la Gestapo. C'est dans son cabinet, situé à deux pas de la Feldkommandantur qu'il cacha ainsi la famille de M.Seidenberger. Ce négociant en houblon était régulièrement en affaire avec la brasserie Fritz Lauer ; il se réfugia à Carcassonne en fuyant la zone occupée. Quand le sud de la France passa à partir du 11 novembre 1942 entre les mains des Allemands, l'avenir de la famille Seidenberger s'assombrit. Voici comment, selon Claude Itard-Longueville, elle fut mise en sécurité.

    L'assureur Arnal leur fit avoir des faux papiers d'identité, puis on les conduisit aux Martys où le boulanger Ernst Cousiné - le maire de Caudebronde - les mit entre les mains d'un réseau de passeurs. Cette famille émigra ensuite aux Etats-Unis. Peu de temps avant la mort de Marcel Itard-Longueville, une rencontre eut lieu à Carcassonne entre lui et une fille juive qu'il avait sauvée durant cette triste période, grâce à Raymond Satgé. Selon son fils, un article de journal relata l'évènement - nous ne désespérons pas de le retrouver.

    Déporté à Neuengamme

    Dans les dossiers laissés par René Bach (Interprète du S.D), Marcel Itard-Longueville est désigné par Otto Krebs (agent de la Gestapo) comme une personne à arrêter pour opinions anti-allemandes. Le 8 juin 1944, ce même Krebs procède à son interpellation, à 6 heures du matin à son cabinet de la rue du Palais. Il est d'abord arrêté avec six ou sept autres personnes, officiers de réserves comme lui. A t-il été dénoncé ? Envoyé au camp de Compiègne, il est déporté le 15 juillet 1944 vers le camp de concentration de Neuengamme et tatoué avec le matricule 36249. Après la libération du camp en mai 1945, il revint à Carcassonne et reprit ses activités d'avocat.

    Maire de Carcassonne

    Au mois de mai 1950, Marcel Itard-Longueville est désigné par les Radicaux comme candidat à la fonction de maire de Carcassonne. Elu grâce à une coalition de centristes et de sept conseillers de la S.F.I.O, son mandat ne durera que trois ans au bout desquels il sera mis en minorité. Cet homme qui dut affronter les difficultés budgétaires liées à la reconstruction du pays, fut lâché par la S.F.I.O qui s'allia avec les communistes. Jules Fil prit ainsi la mairie de Carcassonne, le 26 avril 1953.

    Pendant trois années Marcel Itard-Longueville mena à bien - malgré un contexte perturbé - plusieurs réalisations. Bien entendu, on n'en parle jamais... Parmi elles : la création du jardin et des abords de la cathédrale Saint-Michel, l'édification du nouveau lycée Paul Sabatier, la restructuration de la bibliothèque municipale, la création de la colonie de vacances à Labastide-de-Sérou, l'agrandissement de l'école de Villalbe, etc...

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    © Chroniques de Carcassonne

    Marcel Itard-Longueville est décédé le 19 février 1993. Il est inhumé au cimetière Saint-Vincent. Jean-Claude Pérez - Député-maire de Carcassonne - fit ériger en janvier 2013 à la demande de Claude Itard-Longueville, une plaque commémorative en sa mémoire sur la façade du 7 rue du Palais.

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    © La dépêche / Sylvie Leclercq

    Sources

    Claude Itard-Longueville

    Archives de l'Aude

    DDM / Février 1993

    Histoire de Carcassonne / Privat

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  • La chanson "Frou-Frou" a été composée par un Carcassonnais en 1898

    Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer que la chanson "Frou-Frou" que chantait toutes nos grand-mères est l'oeuvre d'un carcassonnais. Mais oui ! Il s'agit de Joseph Rieunier plus connu sous le nom de scène d'Hector Monréal. Il naît à Carcassonne le 17 juillet 1839 dans le quartier de la Barbacane et monte à Paris où il fait d'abord une courte carrière de dessinateur au ministère de la guerre qu'il quitte en 1862 pour le théâtre Montmartre ; il y joue la comédie pendant deux ans. Il réalise ensuite des pancartes-sommaires que le directeur du Petit journal affiche chaque jour à la porte et qui attire la foule par leur originalité. Son esprit des plus droles, n'allait pas le laisser trop longtemps dans l'anonymat. Il devient acteur et abandonne la scène pour l'écriture. Il se lance comme auteur de revues, opérettes et autres pièces de théâtre avec son ami Henri Blondeau. Pendant 40 ans, ces deux là ne cesseront d'être liés comme des frères et enchaîneront succès sur succès dans tous les théâtres parisiens: les variétés, le château d'eau, l'Eldorado, Folies dramatiques... Puis à l'Olympia en 1903. Monréal est également chansonnier et fait des dessins humoristiques dans divers journaux.

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    Henri Blondeau (gauche) et Hector Monréal (droite)

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    La chanson Frou-Frou est tirée d'une revue de Blondeau et Monréal

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    Hector Monréal est mort dans les bras de son ami Blondeau en 1910. Ils sont tous deux inhumés au cimetière d'Asnières dans les Hauts de Seine. Aucun nom de rue à Carcassonne pour Hector Monréal, qui avait écrit pourtant un pièce "Le rempart de Carcassonne" jouée à Paris en 1868. Gageons qu'avec cet article cette injustice soit réparée...

    Quelques oeuvres d'Hector Monréal et d'Henri Blondeau

    musique

    1868 : Le rempart de Carcassonne
    1871 : Qui veut voir la lune
    1876 : L'ami Fritz-Poulet
    1875: Pif-Paf
    1885: Au clair de la lune
    1891: Paris port de mer
    1892 : Les variétés de l'année
    1896 : Une semaine à Paris
    1898 : Frou-Frou
    1901 : Le cirque Ponger's
     
    Quelques oeuvres d'Hector Montréal seul
     
    11 avril 1868 : Mlle Clochette
    1er janvier 1871 :Une garde aux remparts
    30 septembre 1873 : Voilà le programme
     
    Hector Monréal est totalement inconnu à Carcassonne, tant et si bien qu'il serait bon que la ville lui attribue enfin un nom de rue.
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