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Maires - Page 5

  • George Degrand (1751-1816), un maire de Carcassonne natif de Barbaira

    Né le 15 juin 1751, George Degrand passe son enfance à Barbaira où son père exerce la profession de ménager avec son épouse Claire Espérou. Sous l’Ancien régime, posséder des terres labourables et des bâtiments avec du matériel agricole permet de nourrir convenablement sa famille, à une époque où la moitié des français vit sous le seuil de pauvreté. D’après le dictionnaire des familles bourgeoises de Chaix d’Est-Ange (Tome 13 / 1914), la famille Degrand appartenait au XVIIIe siècle à la haute bourgeoisie du Languedoc. Ceci explique sans doute que George ait suivi des études de droit à la faculté et, qu’avant son mariage en 1778, il obtint la charge de Procureur au Sénéchal et Présidial de Carcassonne. Sa première épouse, Catherine Rigaud, fille d’un maître boulanger, lui donnera huit enfants dont Jacques (1783-1857) qui suivra brillamment une carrière de juriste. Après son décès prématuré en 1796, d’un second mariage avec Angelique Théron (1766-1827), fille du maître de la Poste aux chevaux de Moux, naîtront trois autres enfants dans la maison du couple, située à côté du Présidial dans l’actuelle rue de Verdun (n°3).

    degrand george

    La Révolution n’ébranla pas les biens de la famille Degrand qui, comme beaucoup de bourgeois, finiront pas acquérir les possessions spoliées aux nobles, vendues aux enchères publiques comme Bien national. Nommé agent national par Chaudront-Rousseau en avril 1794, ce parfait fonctionnaire, administrateur du département de l’Aude deux ans plus tard, échappera à l’accusation de terrorisme (Du Directoire au Consulat / Laurence Anecet / 2018). Sous le Premier Empire, ses relations fraternelles au sein de la loge « La parfaite amitié » à l’Orient de Carcassonne, lui permettront d’accéder avec l’appui de Fabre de l’Aude, pair de France, au poste de maire. La bienveillance des frères Pierre Thoron de Lamée, son prédécesseur dont il fut le premier adjoint, et du préfet Claude-Joseph Trouvé, ne semble pas être étrangère à cette nomination. Par décret impérial du 13 Nivôse An XIII (3 janvier 1805), le citoyen Degrand accède aux fonctions de premier magistrat de la commune. Le 20 nivôse suivant, le conseil municipal est ainsi désigné : Rolland-Trassanel Jean-Baptiste, Vidal-Constant Bernard, Thoron Jean-Baptiste, Darles Bernard, Laperrine Dominique, Griffe Marc Antoine, Gélis Dominique, Escudié Pierre, Pinel Jean, Monerie Antoine, Avar Jean, Cazanou Antoine, Boyer Charles, Germain Bernard et Talamas Antoine.

    degrand george

    Le 31 juillet 1811, Pech-Palajanel prit possession du fauteuil de maire par décret impérial, suite à la nomination quatre jours plus tôt de Degrand en qualité de sous-préfet de Castelnaudary, Ce dernier restera trois ans dans la cité chaurienne, au cours desquelles il sera anobli avec le titre de Baron de l’Empire, par lettres patentes de Napoléon 1er le 12 avril 1813 (Annuaire de la noblesse de France / 1928).  George Degrand qui possédait alors « Le Beauvoir », un domaine près de Marseillette choisira d’ajouter à la particule le nom de cette propriété et se fera désormais appeler Degrand de Beauvoir. 

    « Ecartelé aux un et quatre d’azur à un dé d’argent, montrant cinq points de sable ; au deux de gueules à une branche de chêne d’argent, mise en bande ; au trois de sable à un soleil rayonnant d’argent. »

    degrand george

    © Google maps

    Le Beauvoir, à Marseillette (route de Barbaira)

    Monsieur le baron Degrand de Beauvoir, qui acheva son mandat de sous-préfet le 26 juillet 1814, vendit sa propriété le 26 janvier de l’année suivante pour 80 000 francs à Basile Barbès, père d’Armand Barbès (ADA 11 / 3E6259). Après être tombé en disgrâce sous le règne de Louis XVIII, l’ancien maire de Carcassonne s’éteignit chez lui, rue Royale à Carcassonne, le 15 octobre 1816 à l’âge de 66 ans. Sa seconde épouse lui survivra onze années. 

    Sources

    ADA 11 / Etat-Civil

    Délibérations du Conseil municipal

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Arnaud Coumes (1772-1863), maire de Carcassonne sous la Monarchie de juillet

    © Chroniques de Carcassonne

    Arnaud Guillaume Roch Coumes naît à Carcassonne le 16 août 1772, de François et Catherine Lagarde. Membre de la Congrégation des Pères de la doctrine chrétienne depuis octobre 1787 jusqu’à sa suppression, le jeune Coumes se destine à l’enseignement. A Paris, il entre à l’Ecole normale en 1795 puis retourne à Carcassonne, où il est nommé professeur de grammaire à l’Ecole centrale le 19 prairial de l’an IV (7 juin 1796). C’est au sein de cet établissement qu’il se liera d’amitié avec le peintre Jacques Gamelin, qui comme lui, avait fréquenté l’école des pères de la doctrine chrétienne ; il prononcera son éloge funèbre lors de ses obsèques le 23 octobre 1803.

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    Jacques Gamelin

    Arnaud Coumes est alors le directeur de l’école secondaire qu’il quittera ensuite pour fonder une institution qui portera son nom. Dans les premiers temps, les élèves de la pension Coumes suivaient les cours d’humanités - c’est ainsi qu’on appelait la philosophie - au Collège. Auteur de plusieurs ouvrages sur la grammaire, l’ancien normalien fermera son institution en octobre 1833 et quittera l’enseignement public. Les anciens locaux de la pension Coumes situés dans la rue des Etudes seront acquis par le préfet et transformés en Ecole normale d’instituteurs. Une nouvelle institution du même type ouvrira en 1846 sous l’impulsion de M. Montès, professeur au collège.

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    © Droits réservés

    L'Ecole normale, ancienne Institution Coumes

    Le 27 novembre 1834, Arnaud Coumes fait son entrée au conseil municipal par désignation, suite au tirage au sort de la Section B. Après la démission du baron Guillaume Peyrusse du fauteuil de maire de la ville, Coumes est appelé à le remplacer par Ordonnance royale de Louis-Philippe 1er, le 22 août 1837. Dès lors et pendant onze années, l’ancien enseignant veillera avec bienveillance à la destinée de Carcassonne qu’il s’efforcera de moderniser. Parmi les réalisations les plus notables, citons la construction de l’immeuble à l’Ouest de la place aux herbes (place Carnot). Sa façade dans un style propre d’époque Louis-Philippe, demeure encore aujourd’hui la plus remarquable de cette place. Regrettons peut-être qu’il n’en fut pas fait de même pour les côtés, Nord, Sud et Ouest. La municipalité Coumes agrandira l’ancienne place aux charbons avant qu’elle ne devienne le square Sainte-Cécile (actuel square Gambetta) et plantera les arbres le long de l’allée d’Iéna.

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    Eugène Delacroix

    La Révolution de 1848 viendra mettre un terme au mandat d’Arnaud Coumes suite à l’abdication de Louis-Philippe. A l’en-tête de la délibération du conseil municipal du 24 février 1848, est inscrite la devise Liberté-Egalité-Fraternité et M. Bausil, maire provisoire, remplit la fonction par intérim. La Monarchie de Juillet a vécu, la deuxième république s’installe pour peu de temps… Après une période où se succèderont plusieurs mairies provisoires, Bausil, Jouy, Sicre et Bosc, ce dernier est finalement autorisé par le préfet à remplir de plein droit ces fonctions le 25 juillet 1849.

    Arnaud Coumes mourra le 15 avril 1863 à son domicile, 28 rue Etudes à Carcassonne. Ses trois enfants, issus du mariage avec Anne Lazare Gros native de Peyriac, sortiront tous de polytechnique. Antoine Nathanael (1809-1893) y avait fait son entrée en 1826, puis choisit l’Ecole des Ponts et chaussées. Affecté en 1832 comme ingénieur à Strasbourg où il se marie en 1840, il prend part ensuite à la construction du grand port d’Alger pendant quatre ans. Après un séjour dans la Nièvre, le fils Coumes s’installe comme ingénieur en chef de la Haute-Loire. Le Puy-en-Velay lui doit notamment la distribution d’eau. Il s’éteindra dans cette ville le 14 janvier 1893, non sans avoir légué une partie de sa fortune aux hospices de Carcassonne. Il repose dans le caveau familial au cimetière Saint-Vincent aux côtés de son père.

    Sources

    Etat-Civil / ADA 11

    Délibérations conseil municipal de Carcassonne

    Histoire de Carcassonne / Louis Fédié

    Politique et administration dans le Bas-Rhin / 1993

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Paul Joseph Airolles (1764-1850), maire de Carcassonne sous Louis XVIII

    La famille d’Airolles également orthographiée dans certains manuscrits Ayrolles, s’installe à Carcassonne à partir de 1620 en provenance du Vigan ; une petite ville du Gard, connue à cette époque pour son industrie textile. Joseph Airolles né en 1669, riche manufacturier en draps, marié à Toinette de Ramel avait été désigné 1er Consul de Carcassonne en 1728. Son fils, conseiller et secrétaire du roi, seigneur de Villarlong et de Cavanac fera l’acquisition du château et de la seigneurie de Leuc en 1769.

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    Le château de Leuc, Hôtel de ville depuis 2011

    Il s’était marié en 1761 avec Catherine Pascal dont il avait eu six enfants. L’un d’entre-eux, Paul-Joseph, né le 3 mars 1764 à Carcassonne, suivant les traces de ses aïeuls deviendra maire de Carcassonne. Franc-maçon initié en 1775 dans la loge « La parfaite amitié » , il avait dû quitter sa ville natale pour la Compagnie noble de la gendarmerie, le corps de garde de la Maison du roi. A Lunéville (Meurthe-et-Moselle), il s’affilia à la loge de Saint-Jean à l’Orient de la gendarmerie, le 24 juin 1783 (Bibliothèque Nationale de France). Lorsque survint la Révolution, la famille d’Airolles resta à Carcassonne où ses biens ne furent sans doute pas saisis. En revanche, l’oncle Paul (1744-1815), chanoine de l’église cathédrale de Carcassonne et vicaire général, refusa de prêter le serment et émigra vers l’Espagne grâce à un passeport délivré la municipalité de Belcaire. Il passa ensuite aux îles Madère et au Brésil avant de revenir en France en 1806 comme curé de Saint-Michel (Histoire du clergé de l’Aude de 1789 à 1803 / Chanoine Sabarthès / 1939). Ce que l’on sait moins c’est l’appartenance de ce prêtre à la Franc-maçonnerie depuis le 1er mars 1772, au sein des loges La parfaite amitié et La parfaite Union. De forts liens d’affection entre le neveu et l’oncle, pousseront ce dernier à léguer l’ensemble de sa fortune à Paul-Joseph. Des biens confisqués à la Révolution jusqu’à ce que la loi du 25 octobre 1825 ne les restitue à leurs propriétaires ou à défaut, leurs héritiers. Un peu tard pour Paul-Joseph qui avait été contraint de vendre les propriétés de son père - à l’exception du château de Leuc - pour apurer la succession.

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    Louis XVIII

    Lorsque Paul-Joseph Airolles accède au fauteuil de maire de Carcassonne par décision royale de Louis XVIII le 11 octobre 1815, il est père de six enfants issus de son mariage contracté en 1808 avec Louise Nicole Viné. Sa situation financière bien qu’installée, a subi les déboires d’une industrie textile en déclin suite aux évènements de 1789. Comme pour beaucoup de familles, enrichies jadis grâce à la fabrication et à l’exportation des draps vers le Levant, les Airolles durent trouver des ressources dans l’exploitation de leurs terres agricoles.

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    L'Empereur quitte l'île d'Elbe le 26 février 1815

    Après les Cent jours, des mesures préfectorales furent prises à l’encontre des officiers de l’administration, suspectés d’avoir été infidèles à Louis XVIII. Le commissaire de police Pautry, accusé de n’avoir pas su préserver la sécurité dans Carcassonne, sera remplacé le 9 août 1815. Durant le retour de l’Empereur, le conseil municipal de Pech-Palajanel avait juré fidélité à Napoléon le 22 avril, puis à nouveau au roi le 26 juillet. Il ne s’était pas récusé et le maire décida alors de donner sa démission à Louis XVIII. Son second adjoint, Antoine Anne Cazes qui avait assuré l‘intérim lui emboita le pas peu de temps après. Ils furent respectivement remplacés par Paul Airolles et Dominique Reboulh, puis installés le 3 juillet 1816. 

    « Etranger à toute carrière politique et administration du moins importante, il m’a fallu moins que mon désir de servir le roi pour me livrer à celle que j’entreprends »

    Durant son mandat, Paul Airolles obtint du roi le 4 mai 1816 que la ville de Carcassonne redevint au rang des Bonnes villes du royaume. Il plaida également la cause de l’industrie des manufactures drapières auprès de la Chambre des députés. Comme son prédécesseur, Paul Airolles mit fin à ses fonctions et rentra dans son château de Leuc, où il mourra le 23 décembre 1850.

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    Cour d'honneur du château de Leuc

    Les armes de la famille d’Airolles 

    « Coupé en chef de gueules à l’aigle éployé de sable et en pointe d’azur à trois quintefeuilles d’argent. »

    Sources

    Etat-civil / ADA 11

    Délibérations du conseil municipal de Carcassonne

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019