Né le 15 juin 1751, George Degrand passe son enfance à Barbaira où son père exerce la profession de ménager avec son épouse Claire Espérou. Sous l’Ancien régime, posséder des terres labourables et des bâtiments avec du matériel agricole permet de nourrir convenablement sa famille, à une époque où la moitié des français vit sous le seuil de pauvreté. D’après le dictionnaire des familles bourgeoises de Chaix d’Est-Ange (Tome 13 / 1914), la famille Degrand appartenait au XVIIIe siècle à la haute bourgeoisie du Languedoc. Ceci explique sans doute que George ait suivi des études de droit à la faculté et, qu’avant son mariage en 1778, il obtint la charge de Procureur au Sénéchal et Présidial de Carcassonne. Sa première épouse, Catherine Rigaud, fille d’un maître boulanger, lui donnera huit enfants dont Jacques (1783-1857) qui suivra brillamment une carrière de juriste. Après son décès prématuré en 1796, d’un second mariage avec Angelique Théron (1766-1827), fille du maître de la Poste aux chevaux de Moux, naîtront trois autres enfants dans la maison du couple, située à côté du Présidial dans l’actuelle rue de Verdun (n°3).
La Révolution n’ébranla pas les biens de la famille Degrand qui, comme beaucoup de bourgeois, finiront pas acquérir les possessions spoliées aux nobles, vendues aux enchères publiques comme Bien national. Nommé agent national par Chaudront-Rousseau en avril 1794, ce parfait fonctionnaire, administrateur du département de l’Aude deux ans plus tard, échappera à l’accusation de terrorisme (Du Directoire au Consulat / Laurence Anecet / 2018). Sous le Premier Empire, ses relations fraternelles au sein de la loge « La parfaite amitié » à l’Orient de Carcassonne, lui permettront d’accéder avec l’appui de Fabre de l’Aude, pair de France, au poste de maire. La bienveillance des frères Pierre Thoron de Lamée, son prédécesseur dont il fut le premier adjoint, et du préfet Claude-Joseph Trouvé, ne semble pas être étrangère à cette nomination. Par décret impérial du 13 Nivôse An XIII (3 janvier 1805), le citoyen Degrand accède aux fonctions de premier magistrat de la commune. Le 20 nivôse suivant, le conseil municipal est ainsi désigné : Rolland-Trassanel Jean-Baptiste, Vidal-Constant Bernard, Thoron Jean-Baptiste, Darles Bernard, Laperrine Dominique, Griffe Marc Antoine, Gélis Dominique, Escudié Pierre, Pinel Jean, Monerie Antoine, Avar Jean, Cazanou Antoine, Boyer Charles, Germain Bernard et Talamas Antoine.
Le 31 juillet 1811, Pech-Palajanel prit possession du fauteuil de maire par décret impérial, suite à la nomination quatre jours plus tôt de Degrand en qualité de sous-préfet de Castelnaudary, Ce dernier restera trois ans dans la cité chaurienne, au cours desquelles il sera anobli avec le titre de Baron de l’Empire, par lettres patentes de Napoléon 1er le 12 avril 1813 (Annuaire de la noblesse de France / 1928). George Degrand qui possédait alors « Le Beauvoir », un domaine près de Marseillette choisira d’ajouter à la particule le nom de cette propriété et se fera désormais appeler Degrand de Beauvoir.
« Ecartelé aux un et quatre d’azur à un dé d’argent, montrant cinq points de sable ; au deux de gueules à une branche de chêne d’argent, mise en bande ; au trois de sable à un soleil rayonnant d’argent. »
© Google maps
Le Beauvoir, à Marseillette (route de Barbaira)
Monsieur le baron Degrand de Beauvoir, qui acheva son mandat de sous-préfet le 26 juillet 1814, vendit sa propriété le 26 janvier de l’année suivante pour 80 000 francs à Basile Barbès, père d’Armand Barbès (ADA 11 / 3E6259). Après être tombé en disgrâce sous le règne de Louis XVIII, l’ancien maire de Carcassonne s’éteignit chez lui, rue Royale à Carcassonne, le 15 octobre 1816 à l’âge de 66 ans. Sa seconde épouse lui survivra onze années.
Sources
ADA 11 / Etat-Civil
Délibérations du Conseil municipal
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Commentaires
merci pour cet article. Moi qui suis barbairanaise depuis tout juste 5 ans, c'est sympa d'apprendre des choses intéressantes. J'en collerai certains......
Un grand merci pour ce récit toujours très intéressant
Bien écrite, bien documentée, cette sélection de maires de Carcassonne dépasse largement l'anecdote.
Jacques Degrand à qui l'on attribue le poème comique "Le Répaïch campestré ou l'empousounoment dal barréou de carcassouno" vers 1823, était-il le fils de Georges Degrand ? Ou un proche de la famille ?
Vous enrichissez nos connaissances sur les diverses gouvernances municipales
Et nous vous lisons avec un grand intérêt . Bien amicalement
Pierre-Baptiste