Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Maires - Page 9

  • La mémoire d'Henri Gout passée sous silence à Carcassonne...

    C'est parce qu'aucun responsable politique de l'Aude - à fortiori de gauche - et qu'aucun journal local ne l'a évoqué dans ses colonnes, qu'ici nous vous rendons compte d'une célébration qui est curieusement passée sous silence à Carcassonne. Le 10 juillet dernier, la mémoire du député Henri Gout - futur maire de Carcassonne - a été honorée par le Président de l'Assemblée Nationale à Vichy. Capture d’écran 2019-08-03 à 14.41.02.png

    © Droits réservés / Assemblée nationale

    Richard Ferrand rendit hommage aux 80 parlementaires réunis en Congrès à l'opéra de Vichy qui, le 1er juillet 1940, refusèrent courageusement de voter les Pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Seuls deux parlementaires de l'Aude s'y opposèrent tandis que six s'associèrent à la majorité favorable à la nouvelle constitution : Jean Bousgarbiès, Léon Castel, Jean Guilhem, Jean Mistler, Clément Raynaud, Albert Sarraut. A l'occasion du 79e anniversaire, une plaque a été dévoilée sur la façade de l'opéra de Vichy. Elle porte les noms d'Henri Gout et de Léon Blum (Député de Narbonne).

    Capture d’écran 2019-08-03 à 14.48.09.png

    Le vote des Pleins pouvoirs dans un contexte particulier lié à l'armistice, sonna la fin de la République et du régime parlementaire. La gouvernance était remise entre les mains d'un seul homme, avec les conséquences que nous connaissons. L'acte des 80 courageux sera ensuite réprimé par le gouvernement de Vichy, à tel point que certains finiront emprisonnés ou déportés.

    petain-a-vichy-vote-des-parlementaires-du-10-juillet-1940-a-_4410656.jpg

    Le Congrès à Vichy le 1er juillet 1940

    A La Libération, alors que les anciens parlementaires ayant voté les Pleins pouvoirs seront rendus inéligibles et frappés d'Indignité nationale, le Dr Henri Gout deviendra maire de Carcassonne.

    Capture d’écran 2019-08-03 à 15.32.05.png

    Henri Gout

    (1876-1953)

    _____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Marcel Itard-Longueville (1898-1993), maire de Carcassonne injustement oublié

    Faudrait-il que l'on s'étonne que dans Carcassonne, d'anciens maires du XXe siècle aient bénéficié d'un véritable culte et que d'autres n'aient même pas un nom de rue ou de bâtiment public en leur mémoire ? Parmi les heureux élus, on peut citer Albert Tomey, Henri Gout, Jules Fil, Antoine Gayraud, Raymond Chésa. Dans la liste des "oubliés" figurent Philippe Soum, Marcel Itard-Longueville et Fernand Ancely. Tout pourrait paraître étrange à celui qui ne connaît pas l'histoire de la vie politique de la capitale audoise ; sur ce point, les rancoeurs et les vengeances ont été souvent l'objet d'alliances de circonstances et cela perdure encore de nos jours. Après avoir retracé la biographie de Philippe Soum, nous nous sommes intéressés à son successeur. Comme il était inutile et vain d'aller rechercher des informations les concernant dans ouvrages dans lesquels ils sont volontairement absents, nous avons frappé à la porte de leur famille et des archives départementales. Quelles en soient remerciées.

    Marcel Itard-Longueville

    Itard copie.jpg

    Marcel Itard-Longueville à son bureau

    Avocat inscrit au barreau de Carcassonne et ayant son cabinet au numéro 7 de la rue du Palais, Marcel Itard-Longueville avait obtenu sur les champs de bataille, la Croix de guerre 14-18 et la légion d'honneur.  Filleul d'Albert Sarraut - sénateur de l'Aude -, ses opinions politiques appartiennent au courant Radical-Socialiste. Comme lui, il sera déporté au camp de Neuengamme en 1944. A Carcassonne, Marcel-Itard Longueville est marié à la fille du brasseur Fritz Lauer.

    Capture d’écran 2016-10-16 à 10.02.57.png

    Sa maison, 7 rue du Palais

    Un juste parmi les Nations

    La discrétion et l'humilité des Français qui ont caché et sauvé au péril de leur vie des familles juives, laissent penser à tort qu'il n'y avait que des salauds. Or, ceci est absolument inexact. A Carcassonne comme ailleurs, des gens participèrent à l'exfiltration des juifs via des réseaux de passeurs vers l'Espagne ou la Suisse. Si on le sait pas, c'est parce que ces humanistes ne sont jamais vantés de ce qu'il ont fait, considérant cela comme naturel. Encore aujourd'hui, leurs héritiers découvrent un passé dont il n'ont jamais parlé, emportant leur secret dans la tombe. Claude Itard-Longueville a ainsi découvert que son père avait sauvé la vie de deux ou trois familles, pourchassées dans un Carcassonne aux mains de la Milice et de la Gestapo. C'est dans son cabinet, situé à deux pas de la Feldkommandantur qu'il cacha ainsi la famille de M.Seidenberger. Ce négociant en houblon était régulièrement en affaire avec la brasserie Fritz Lauer ; il se réfugia à Carcassonne en fuyant la zone occupée. Quand le sud de la France passa à partir du 11 novembre 1942 entre les mains des Allemands, l'avenir de la famille Seidenberger s'assombrit. Voici comment, selon Claude Itard-Longueville, elle fut mise en sécurité.

    L'assureur Arnal leur fit avoir des faux papiers d'identité, puis on les conduisit aux Martys où le boulanger Ernst Cousiné - le maire de Caudebronde - les mit entre les mains d'un réseau de passeurs. Cette famille émigra ensuite aux Etats-Unis. Peu de temps avant la mort de Marcel Itard-Longueville, une rencontre eut lieu à Carcassonne entre lui et une fille juive qu'il avait sauvée durant cette triste période, grâce à Raymond Satgé. Selon son fils, un article de journal relata l'évènement - nous ne désespérons pas de le retrouver.

    Déporté à Neuengamme

    Dans les dossiers laissés par René Bach (Interprète du S.D), Marcel Itard-Longueville est désigné par Otto Krebs (agent de la Gestapo) comme une personne à arrêter pour opinions anti-allemandes. Le 8 juin 1944, ce même Krebs procède à son interpellation, à 6 heures du matin à son cabinet de la rue du Palais. Il est d'abord arrêté avec six ou sept autres personnes, officiers de réserves comme lui. A t-il été dénoncé ? Envoyé au camp de Compiègne, il est déporté le 15 juillet 1944 vers le camp de concentration de Neuengamme et tatoué avec le matricule 36249. Après la libération du camp en mai 1945, il revint à Carcassonne et reprit ses activités d'avocat.

    Maire de Carcassonne

    Au mois de mai 1950, Marcel Itard-Longueville est désigné par les Radicaux comme candidat à la fonction de maire de Carcassonne. Elu grâce à une coalition de centristes et de sept conseillers de la S.F.I.O, son mandat ne durera que trois ans au bout desquels il sera mis en minorité. Cet homme qui dut affronter les difficultés budgétaires liées à la reconstruction du pays, fut lâché par la S.F.I.O qui s'allia avec les communistes. Jules Fil prit ainsi la mairie de Carcassonne, le 26 avril 1953.

    Pendant trois années Marcel Itard-Longueville mena à bien - malgré un contexte perturbé - plusieurs réalisations. Bien entendu, on n'en parle jamais... Parmi elles : la création du jardin et des abords de la cathédrale Saint-Michel, l'édification du nouveau lycée Paul Sabatier, la restructuration de la bibliothèque municipale, la création de la colonie de vacances à Labastide-de-Sérou, l'agrandissement de l'école de Villalbe, etc...

    239089373.jpg

    © Chroniques de Carcassonne

    Marcel Itard-Longueville est décédé le 19 février 1993. Il est inhumé au cimetière Saint-Vincent. Jean-Claude Pérez - Député-maire de Carcassonne - fit ériger en janvier 2013 à la demande de Claude Itard-Longueville, une plaque commémorative en sa mémoire sur la façade du 7 rue du Palais.

    Capture d’écran 2016-10-16 à 11.08.56.png

    © La dépêche / Sylvie Leclercq

    Sources

    Claude Itard-Longueville

    Archives de l'Aude

    DDM / Février 1993

    Histoire de Carcassonne / Privat

    _____________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016