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Écoles - Page 6

  • Charles Ingalls, Mlle Beadle et le révérend Alden étaient aussi à Villalbe...

    Laura Ingalls Wilder a écrit en 1932 un roman intitulé "Little house in the big woods". Ce livre a été scénarisé ensuite avec quelques libertés et adapté à la télévision américaine par Michael Landon au début des années 1970. Inutile de vous présenter "La petite maison dans la prairie" - histoire quelque peu puritaine d'un village du Minnesota - qui nous a arraché bien souvent des larmes. Nous avons été touchés par les bons sentiments et la morale de ces villageois rassemblés autour du maire, de l'institutrice et du révérend. 

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    Charles et Caroline Ingalls, les parents de la vraie Laura Ingalls

    Loin de tout sentimentalisme puritain et moraliste, je voudrais vous faire connaître mon enfance dans mon petit village à 5 km de Carcassonne. En fait, il s'agit d'un hameau qui comptait au moment de mon arrivée avec mes parents en 1973, quelques 500 âmes. Des gens simples et sans histoires qui se connaissaient tous, qui s'avaient s'entr'aider et se réunir autour des valeurs essentielles de la famille, de l'école et des associations. Certains allaient à la messe, d'autres n'y allaient jamais. Il y avait un club de football, un comité des fêtes, un club de pétanque, un club des aînés. Toutes les générations se fréquentaient et se respectaient, car on nous avait appris à saluer les personnes âgées. On se disait bonjour et on prenait des nouvelles du voisin. Tout ceci n'avait rien de puritain, c'était la vie de ce village, il y a encore 30 ans.

    Charles Ingalls

    (Louis Andrieu)

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    Faisant office de maire, malgré sa fonction de conseiller municipal, il était la caution d'officier d'état civil dans le hameau. Combien de fois, il a mangé froid et rentré tard le soir pour arranger tel villalbois ou telle famille en difficulté. Faire remettre l'électricité ou l'eau, les dossiers de surendettement, trouver un logement à une famille de marocains mis à la rue, exercer ses pouvoirs de police...etc. Un vrai sacerdoce pendant 12 ans. C'est également grâce à lui que l'école de Villalbe, n'a pas fermé faute d'un quota assez important d'élèves ; qu'on a construit ensuite la maternelle. Son honnêteté et sa droiture étaient appréciées de tous, au-delà des idées politiques. Il n'a jamais touché un centime pour sa fonction et aucun membre de sa famille n'a été embauché comme employé de mairie. 

    Mlle Beadle

    (Andrée Denat)

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    Mon premier souvenir de l'école de Villalbe, c'est la rentrée en Cp ; j'avais cinq ans en 1976. J'étais impressionné car dans la classe, il y a fait des très grands. Madame Denat avait des élèves du Cp au CM2 dans une classe unique, dans laquelle les bureaux en bois portaient encore les encriers en porcelaine avec de l'encre violette. Nous apprenions à former les belles lettres au porte plume ; les pleins et les déliés. Madame Denat écrivait au tableau noir les exercices ; elle le retournait pour que nous puissions voir les corrections. Les parents participaient au conseil d'école, ce qui réglait bien des problèmes sans heurts. Quand la classe s'achevait, elle n'avait pas besoin de montre, il lui suffisait de pencher sa tête vers la fenêtre pour regarder l'horloge de l'église. Vous pouvez y aller, disait-elle, sauf ceux qui restent en étude surveillée jusqu'à six heures. Cette grande dame, fervente défenseur de l'école publique laïque, ne donnait pas de devoir à la maison. Elle jugeait que les enfants devaient consacrer les heures après la classe, à se divertir.

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    Fête de l'école en 1980

    Dans mes souvenirs, notre institutrice nous faisait écouter France culture et les chansons de Jean Ferrat. Pour cela, elle avait un vieux poste radio dont l'antenne était cassée ; pour ne pas que l'écoute soit brouillée, elle posait son doigt sur le trou laissé par l'antenne. Pour les fêtes de fin d'année, la famille Denat (Jean Denat était maître à Maquens) organisait la fête de l'école. Dans le préau, la mairie avait installé une estrade sur laquelle nous jouions une pièce de théâtre : Jofroi de la Maussan (Jean Giono). Au préalable, les rôles ayant été distribués, nous allions dans le logement de fonction de l'institutrice pour répéter avec sa mère Madame Moulin ; elle-même maîtresse en retraite à Lanet. Les décors sur une toile en papier avaient été peints par Jean Denat et ses fils. Le jour de la représentation, tout le hameau était là, même ceux qui n'avaient pas d'enfants scolarisés. A la fin, mon père qui avait récolté des sous auprès des parents, offrait en leur nom un livre sur la peinture à Madame Denat ; elle aimait tellement cela. Quand je vois qu'aujourd'hui - après ce qu'ont fait les époux Denat pour notre éducation - l'école du hameau a été baptisé du nom de Pierre-Paul Riquet, cela me fait mal de tant d'ignorance.

    Révérend Alden

    Abbé Maurice Vidal

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    Voilà un vrai ! Pas de ceux qui vous jouent de la guitare autour d'un feu de camp, mais qui vous ouvrent le coeur et l'âme, peu importe si vous y croyez ou pas à l'éternel. Il enseignait le grec et le latin au lycée Saint-Stanislas ; son frère était général. Sans s'en vanter, il a porté de sa poche des secours en pièce sonnantes et trébuchantes à des familles dans le besoin, même athées. Il a donné l'extrême onction, visité les malades, accompagné les défunts au cimetière. Vous en connaissez aujourd'hui qui font cela ? Maintenant, on a des laïcs pour les enterrements... Si demain je venais à trépasser, je veux un rabbin ou un pasteur s'il n'y a pas de curé ; les bigotes, je les ai assez fréquentées de près. D'abord au cathéchisme dans la maison la plus fortunée du village, ensuite comme enfant de choeur. Je me souviens de Madame Verdier qui jouait l'harmonium de l'église ; on aurait dit qu'elle montait le Tourmalet quand elle poussait sur les pédales. Je ne vous parle même pas du choeur de chant ; il a souvent plu à Villalbe les jours de messe. Tous les dimanches, ma mère nous habillait pour l'office avec interdiction de traîner ensuite. Il fallait de suite enlever les beaux habits... Gare, si nous revenions avec des tâches. À la messe, nous n'y apprenions qu'à aimer notre prochain ; à cette époque, on ne cassait pas les abribus, ni les poubelles, ni les fleurs dans les bacs. Nos parents avaient la main trop leste...

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    Pélerinage occitan à Lourdes en 1981

    L'abbé Vidal organisait des pèlerinages à Lourdes et le bus était plein. Bien sûr, il y avait des réfractaires à la vierge Marie dans le village... Je devais avoir huit ans... le curé au moment du repas dans le restaurant, passe voir ses ouailles aux différentes tables. Là, il me vient une phrase malheureuse qui n'a pas fait rigoler mes parents de suite :

    - Monsieur l'abbé, vous empoisonnez !

    - Mais enfin, mon petit je n'empoisonne personne, répondit-il avec embarras.

    En fait, mon père qui avait toujours le sens de la dérision, m'avait dit un jour :

    - Le curé d'Alzonne quand il pète, il empoisonne.

    Il n'en fallut pas davantage pour faire la relation fort à propos.

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    Repas du foot : MM. Ricard et Tisseyre en 1979

     Voilà donc ma petite maison dans la prairie telle que je l'ai connue à Villalbe. À ce trio de personnalités du village, on peut ajouter : MM. Dominé Michel (Boulanger), Madame Ormières (Journaux), René Tisseyre (Club de foot), M. Ricard (aînés du village), Bernard Tisseyre et Bernard Rougé (Comité des fêtes) et tant d'autres... distingués comme faisant partie de cette communauté de gens simples et bien élevés.

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  • Le Centre de séjour du Pont-vieux est une coquille vide

    L'ancien hospice devenu Centre de séjour du Pont vieux est actuellement fermé, depuis l'ouverture d'une nouvelle structure d'accueil des personnes agées, située en bordure de la route de Limoux. On s'est longuement interrogé sur le devenir des bâtiments, offrant une vue panoramique sur la Cité médiévale. Qui allait s'en porter acquéreur ? Plusieurs groupes hôteliers pouvaient prétendre emporter l'affaire, mais le député-maire de Carcassonne indiquait d'emblée qu'il souhaiterait plutôt que la ville gardât l'ancien hospice pour y réaliser un Centre des congrès. Ceci a t-il refroidit les investisseurs ? En tout état de cause, la mairie ne disposant pas des sommes nécessaires, abandonna peu à peu le projet du premier magistrat. Après trois ans, le Centre de séjour du Pont vieux n'a toujours pas trouvé d'acquéreur, malgré une situation immobilière de premier ordre.

    Carcassonne voit double

    L'administration Carcassonnaise a une particularité dont les contribuables se passeraient bien. C'est peut-être une des rares villes de France a construire de nouvelles structures, sans avoir auparavent pris soin de vendre ce qui les précédait. Ainsi avons-nous : deux mairies (rue A. Ramond), deux hôpitaux (Gayraud et Montredon), deux EHPAD (Pont vieux et Prat Mary), deux Agglo (Pierre Germain et la Roseraie)... Sans compter bien d'autres bureaux ou annexes qui pourraient être vendues et constituent des doublons administratifs. Y avait-il urgence à faire bâtir un nouvel hôpital et un nouveau Centre de séjour ? Le premier datait de 1976 et le second de 1986...

    L'ancien hospice

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    Sur la rive gauche de l'Aude, l'hôpital est construit en 1686. Une statue de Saint-Vincent de Paul orne sa façade dont l'entrée s'ouvre sur la chapelle, bénie en 1783. Elle a été rasée lors des travaux de construction du Centre de séjour du Pont vieux vers 1985. Seule la façade sera conservée...

    Plans

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    Rez-de-chaussée en 1963

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    L'ancien hospice était pour ainsi dire une espèce de mouroir où les vieux Carcassonnais pas très fortunés, finissaient leurs jours dans conditions d'hygiène indignes. Cette annexe de l'hôpital général Antoine Gayraud manquait de lits, si bien que les pensionnaires étaient également logés dans l'ancienne maternité. Celle-ci se trouvait sur l'emplacement actuel du parking de l'hôtel des trois couronnes.

    La réfection

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    La réfection et l'humanisation de l'hospice, futur Centre de séjour du Pont-vieux sera réalisée en trois tranches successives mises en chantier en juin 1982, mars 1983 et juillet 1986. Ce programme avait été arrêté par le préfet de l'Aude, le 8 novembre 1978. Il faudra donc attendre sept ans et une subvention de 7 500 000 francs du Ministère des Affaires sociales pour financer la 3e tranche à hauteur de 40% des travaux estimés à 18.750.000 francs. Par délibération du Conseil municipal en date du 10 juillet 1986, la ville de Carcassonne se porte garant de l'emprunt de 1.680.000 contracté par le Centre hospitalier Antoine Gayraud.

    La capacité totale des lits était fixée à 288 : 90 en 1982, 105 en 1983 et 90 en 1986. Toutefois, lors de la dernière tranche le nombre passa de 90 à 66. En effet, le directeur de la DDASS fit savoir qu'il convenait de faire passer les lits de long séjour en lits de Maison de retraite. La mesure fut ainsi enterrinée par le maire avec l'édification de services médico-techniques (balnéothérapie, cabinet dentaire, salle de radiologie, kinésithérapie).

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    Les nouveaux bâtiments sont l'oeuvre de deux architectes : Mlle Cailhau et Monsieur Tran Huy Loc. On peut largement s'interroger sur l'étude menée par ce cabinet en matière d'harmonisation architecturale dans un périmètre historique avec vue sur la Cité médiévale.

    Quel avenir ?

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    © Roger Garcia

    Opération "qui n'en veut" ? Avec 10.000 m2, on pourrait en faire des choses... Tiens, à commencer par loger des familles en attente de logements à loyer modéré. Au lieu de cela, Habitat Audois poursuit à grand renfort de subventions provenant de nos impôts son programme de constructions de logements sociaux. Pourtant, il y en a plus de 4000 dans Carcassonne qui ne sont toujours pas pourvus. A qui donc profite cette manne financière dans une cité minée par les impôts ? Le centre hospitalier propriétaire de l'ancien Centre de séjour aimerait bien le vendre pour apurer les dettes contractées lors de la construction du nouvel hôpital. Sans compter que plus le temps passe, plus le bâtiment décline faute d'entretien et sa valeur immobilière se déprécie. Mais on est riche dans la capitale audoise, n'est-ce pas ?

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  • Les archives de l'ancien Lycée Impérial de Carcassonne jetées aux ordures

    Comme nous vous l'annoncions vendredi, l'administration du lycée Paul Sabatier placée sous la responsabilité de Monsieur Mercadal — proviseur de l'établissement — avait jeté jeudi à la benne à ordures, un grand nombre d'archives et d'anciens manuels scolaires. Ce dépotoir de la mémoire collective se trouvait devant les bureaux du proviseur situés à l'entrée du lycée à la vue des futurs universitaires. Un beau symbole, en somme ! Sans la curiosité et la présence d'esprit de Julien Llamas — élève à Sabatier et excellent jeune citoyen Carcassonnais — cet évènement serait passé aux oubliettes. Julien a d'abord demandé l'autorisation à M. Mercadal de pouvoir fouiller et prendre des photographies de la benne. Ce qu'il fit. Ensuite, s'apercevant que les documents constitués par des listes d'appels, des fiches, des croquis de travaux dataient pour les plus anciens de 1884, il entreprit d'en sauver le plus qu'il pourrait à pied emporter chez lui. Aujourd'hui, ce sont autant de preuves visant à démontrer la faute de ces fonctionnaires de l'Éducation nationale.

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    Alerté par l'élève qui avait posté la photo ci-dessus sur Facebook en expliquant le problème, je décidais de rendre publique ce désherbage sauvage des archives du lycée. Jusqu'à présent, je m'en remettais aux dires de Julien quant à la qualité des archives vouées au pilon, considérant le fait comme grave. On imagine aisément l'effet produit sur la toile et les répercutions dans la ville. Aussi, le vendredi matin Julien vit deux hommes de l'administration descendre dans la benne pour d'après lui, en extraire les documents les plus anciens sous les yeux d'un proviseur faisant l'étonné. La benne fut ensuite bâchée, ce qu'elle n'était pas la veille. Il semblerait que l'on ait pris conscience des conséquences, en tentant de réparer l'erreur. Enfin, il faut l'espérer.

    Le vendredi à 14 heures, je décidais d'appeler la directrice des archives départementales. Elle m'indiqua ne pas avoir été mise au courant de ce déserherbage par le proviseur du lycée. La procédure veut qu'en pareil cas, les archivistes procèdent au tri des documents en vue de leur conservation. La directrice m'assura alors qu'elle allait dépêcher sur place ses agents. À 16 heures, elle me confirma qu'ils s'y étaient rendus en me remerciant vivement pour ma démarche. Nous savons que l'on tentera par tous les moyens de minimiser les responsabilités en racontant qu'il n'y avait rien dans cette benne de bien important. Aussi, avons-nous rassemblé les preuves du contraire, grâce aux documents récupérés par Julien.

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    Il s'agit purement et simplement des archives du Lycée Impérial de Carcassonne qui fonctionna jusque dans les années 1960, avant la construction du lycée Paul Sabatier. Notons que l'historien Claude Marquié faute d'archives pour réaliser une conférence à la SESA, pensait qu'elles avaient été détruites lors du déménagement. En fait, elles ont transité par le lycée Sabatier qui les détient depuis 50 ans, avant de les jeter aux ordures dernièrement. Il me semble que les administrations ont l'obligation passé un certain délai, de verser leurs papiers aux archives départementales.

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    L'ancien Lycée Impérial de Carcassonne, rue de Verdun

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    Une liste d'appel des élèves pour l'année 1891

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    Les réparations effectuées au lycée en 1902

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    Une liste des fonctionnaires du Lycée Impérial

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    Les professeurs de années 50-60 dont René Nelli

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    Les services et émoluments du personnel pour 1947, mais également les provisions pour la cantine en période de guerre et la comptabilité.

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    Un dossier du XIXe siècle

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    Exposés au regard des élèves, les fiches individuelles des anciens avec leurs noms, adresses, téléphone et filiation. Ici les années 1970...

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    Là, l'année scolaire 2003-2004. Nous avons masqué les renseignements confidentiels, mais ils ne l'étaient pas. Certaines fiches contiennent même l'exclusion et le parcours disciplinaire.

    Nous espérons que les Archives départementales auront pu récupérer l'ensemble de ces dossiers, car Julien n'en a sauvé que 5%. Sur mes conseils, il déposera aux Archives de l'Aude ce qu'il a pu extraire de la benne. L'administration du lycée n'admettra jamais sa faute ; au moins, donnera t-elle en secret ce qu'elle a récupéré à l'intérieur de la benne le vendredi matin... Je remercie beaucoup Julien Llamas et tous les historiens devraient en faire de même. Pour ma part, je désespère chaque jour de voir cette ville aux mains de gens si peu concernés par le patrimoine.

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