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Commerces d'autrefois

  • Michel Raynaud (1852-1952), quincailler

    Mourir centenaire en 1952, ce n'était pas courant comme aujourd'hui. C'est pourtant ce qu'il advint de Michel Raynaud, né le 25 novembre 1852 à Leuc. D'abord capitaine d'infanterie, il fut employé ensuite chez Léon Peyraudel avant de prendre sa succession comme quincailler à l'angle de la place Carnot. La présidence de la Société Carcassonnaise de tir lui valut la légion d'honneur en 1907. Michel Raynaud s'était marié le 20 avril 1880 à Carcassonne avec Elisabeth Cabrié avec laquelle il avait deux enfants. Il tint son commerce jusqu'à sa mort en novembre 1952.

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    Les plus anciens doivent encore se souvenir du marchand d'ameublement Embry : Le décor intérieur de la maison. Il demeura dans ce local jusqu'à la fin des années 1990.

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    Sous le balcon, on aperçoit encore le nom de Peyraudel inscrit depuis le XIXe siècle. Le local est actuellement occupé par le restaurant L'artichaut. 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2024

  • L'Oasis, le café des lycéens de Paul Sabatier jusqu'en 1982

    Après la Première guerre mondiale, le limonadier Paul Loustau transforma un ancien affenage en café, à l'angle de l'allée d'Iéna et de la route de Toulouse. Sa situation géographique à proximité de la Nationale 113 et de la gare de l'Estagnol, lui procurait une importante clientèle. En 1927, il vendit son établissement à Paul Hugonnet et s'en alla créer un nouveau café dans le quartier des Capucins. Nous en parlerons à la fin de cet article.

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    Le café Hugonnet en 1940

    Paul Hugonnet (1889-1965), bourrelier de son état, et son épouse Ida disposent toujours de la clientèle des cheminots de la gare de l'Estagnol et des habitants du quartier du Pont d'Artigues. C'est le lieu de rendez-vous festif et accueillant d'une société d'après-guerre prompte à fraterniser. Paul Hugonnet n'est pas en reste lorsqu'il s'agit de faire des blagues. Un jour, un cheval entra même à l'intérieur du café ; cela ne manqua pas de susciter un certain émoi parmi la population du quartier. Il faut dire qu'à cette époque, la télévision n'avait pas encore cloué les gens chez eux. A quelques pas de là, près de l'actuelle rue de Barcelone, se trouvait un terrain vague. Propriété de M. Auzias, on y faisait les fêtes du quartier avec un grand bal animé par René Cadrès.

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    Paul Hugonnet en 1930. 

    A partir de 1963, le nouveau lycée Paul Sabatier fait son ouverture sur les anciens terrains de La Reille. Nouvelle manne de clients pour les époux Hugonnet dont le café devient le QG des lycéens. La mort de Paul Hugonnet oblige son épouse et sa fille, Lucienne (1920-2012) épouse Bigou, à diriger les affaires. 

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    Lucienne Bigou, Ida Hugonnet, M. Combes (client), Paul Hugonnet, M. Llari (client) et le jeune Daniel Bigou en 1955

    Changement radical de nom et de formule en 1976. L'établissement se met au diapason de la modernité et prend le nom de l'Oasis, snack-bar. On y sert de la soupe au fromage et du cassoulet. Le club de rugby de Saint-Jacques XIII y installe son siège au premier étage. Gilbert, le cuisinier de la maison, ne rate aucune sortie des joueurs sur le terrain.

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    Actuel emplacement de l'Oasis, allée d'Iéna

    En 1982, Lucienne Bigou décide de mettre en vente son café. Duralex sed lex : La loi est dure, mais c'est la loi. Une maison de retraite a été bâtie en 1965 à soixante-dix mètres du café. La loi en impose cent... L'Oasis, malgré son antériorité, a vécu. Il sera remplacé par une agence du Crédit Agricole. 

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    La famille Loustau devant le Café de l'Industrie

    Revenons désormais au premier propriétaire du café du Pont d'Artigues. Paul Loustau (1888-1967), après s'être dessaisi de son établissement au profit de Paul Hugonnet, alla s'établir aux Capucins. Il fonda le Café de l'Industrie dans la rue de la rivière et résida avec sa famille, 43 rue des Amidonniers. 

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    L'ancien "Café de l'Industrie", aujourd'hui. 

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023

  • La teinturerie Sicre, 34 rue de Verdun

    Dans l’une de ses chroniques, publiées dans La dépêche, Claude Marquié a évoqué en 1999 l’histoire de la teinturerie Sicre. Tout en reprenant ses informations, nous avons procédé à de nouvelles recherches documentaires et généalogiques. Elles ont abouti à enrichir d’une manière significative l’article rédigé par l’historien Carcassonnais.

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    Le magasin de la teinturerie Sicre en 2023

    Louis Antoine Sicre (1901-1977), fils d’un homme de peine du quartier des Capucins, entra au service de la teinturerie Patau à l’âge de treize ans. François Lucien Antoine Patau, né à Limoux le 2 septembre 1861, avait fondé en 1830 une teinturerie au fond de la rue d’Alsace. Il possédait une succursale à Limoux, 43 rue de la Trinité. Son père (1814-1893), lui-même teinturier, était originaire de Villagilhenc. La famille vivait 32 rue de la gare à Carcassonne.

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    © C. Marquié

    Usine de la teinturerie Sicre, rue de la Tour d'Auvergne

    Louis Sicre reprit le terrain et les bâtiments de la Blanchisserie moderne située 28 rue Pasteur, appartenant à Justin Gaubert Raynis. En garnison dans plusieurs ville de France, ce militaire était venu s’installer à Carcassonne au début de la Grande guerre. Au numéro 13 rue Chartrand, il réalisait comme tailleur d’habit des effets militaires. On suppose qu’il monta sa blanchisserie après l’armistice de 1918. Louis Sicre épousa sa fille Suzanne (1897-1964) le 12 février 1926 et installa sa teinturerie dans les locaux du 28 rue Pasteur, communiquant avec la rue de la Tour d’Auvergne.

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    Le magasin (34 rue de Verdun) avant son agrandissement

    La teinturerie installa son dépôt au numéro 34 de la rue de Verdun (actuel n°32), dans l’ancien atelier du relieur Jules Bertrand (1851-1918). Sa veuve, Philomène Malet, en conserva une partie pour son logement après la mort de son mari. Lorsqu’à son tour elle décéda, Louis Sicre fit l’acquisition du logement pour agrandir son magasin au début des années 1930. Ceci explique le caractère Art-Déco de la façade actuelle. L’usine de la rue Pasteur employait quatorze ouvriers avant la Seconde guerre mondiale. Elle doubla ses effectifs après la fermeture de la teinturerie Patau dont elle récupéra le local, 34 rue Clémenceau. 

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    © JP Serres

    Une ancienne ouvrière, Madame Paule Salangueda, se souvient : « Ce fut très dur. Les fers à repasser pesaient plus de deux kilos. Ils chauffaient autour du poêle à charbon. Il y en avait huit. On les tenait avec d’épaisses poignées, car le dessus était en fer. Pour mes petites mains, c’était très dur. Je serrais les dents… Le soir, je rentrais fatiguée car chez Lamourelle je travaillais assise. A la teinturerie j’étais debout et ce diable de fer qui était si lourd… Louis Sicre sortit une enveloppe de sa poche, qu'il me tendit. Je ne l'ouvris pas car elle devait être donnée intacte aux parents». Quand sa mère l'ouvre enfin : «J'en eus le souffle coupé, je ne m'attendais pas à plus que chez Lamourelle, des 40 francs qu'il me donnait, Louis m'en donnait 56, j'étais un peu fière, à 17-ans et demi, je gagnais plus que les femmes qui travaillaient aux chiffons depuis plus de vingt ans. Au bout d'un an, je gagnais 11 francs par jour, je faisais autant de travail que je pouvais, je fus proclamée ouvrière. »

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    © JP Serres

    La société Sicre et fils dut changer ses statuts au moment de la mort de son fondateur. Le 30 mai 1977, Albert Henri Lucien Sicre (1931-2005) poursuivit seul l’exploitation qu’il détenait en association avec son père. La teinturerie seule n’étant plus rentable, le travail s’étendit au nettoyage et à la blanchisserie. Comme le souligne Claude Marquié, « cette évolution signa la mort de l’usine, détruite en 1981, puis remplacée par un building. Quant aux magasins, ils disparurent quelques années plus tard, à l’exception de la celui de la rue Aimé Ramond.

    teinturerie sicre

    Sources

    C. Marquié / La dépêche / 1999

    A. Raucoules / La rue de Verdun

    Archives de l'Aude, Tarn, Hautes-Pyrénées

    Annuaires de l'Aude (1911, 1921, 1939)

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2023