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Art dramatique - Page 6

  • Hommage à J-C Brisville, auteur dramatique et Carcassonnais d'adoption

    C'est dans le cadre de mes recherches biographiques sur Paul Lacombe que j'étais entré en contact avec J-C Brisville, célèbre et talentueux auteur dramatique. Quel rapport, me direz-vous ? L'auteur de la pièce "Le souper" et le scénariste du film "Beaumarchais l'insolent" était le neveu de Gabrielle Saulnier (1872-1964), professeur de piano 33 rue du marché (rue Tomey). Cette dernière était la fille d'Emile Saulnier, architecte de l'Aude à qui l'on doit de nombreuses réalisations comme la Caisse d'épargne et qui collabora avec Viollet le duc à la restauration de la cité. Mais alors ? Eh bien! Gabrielle Saulnier qui avait été l'élève du pianiste Francis Planté à qui Lacombe dédia ses études pour piano, connaissait fort bien notre compositeur carcassonnais. Elle participa souvent avec lui aux concerts donnés au kiosque du Square Gambetta, aux soirées du lundi à l'Hôtel de Rolland avec madame Germa de Nugon. A un point où Lacombe lui dédia une de ses oeuvres. On peut dire que Mlle Saulnier faisait partie des cénacles musicaux Carcassonnais et que la bourgeoisie prenait ses cours de piano chez elle. Elle donnait aussi des leçons gratuites à certains élèves doués qui n'avait pas le sou, comme ma tante et recevait bon nombre de personnalités de la musique et de la littérature. Ainsi par exemple le philosophe Julien Benda qui, pendant la guerre, en raison de sa religion avait fui la zone occupée pour se réfugier à Carcassonne. Pendant cette triste période notre ville s'est enrichie intellectuellement grâce à tous ses exilés.

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    Je savais que Jean-Claude Brisville était venu à plusieurs reprises à Carcassonne rendre visite à sa tante à l'époque où elle était encore en vie et qu'elle lui avait légué sa maison de la rue du Plô à la cité. Au moment de l'appeler sur les recommandations de son fils, c'était je pense un bon argument pour gagner sa confiance. Comme toujours, on se fait un monde des "hauts esprits" mais ce sont souvent les plus abordables. J'ai eu droit à un entretien d'une heure malgré son grand âge (91 ans) mais qui aurait pu durer plus longtemps, tant l'homme lettré était passionnant. Si ne n'ai pas appris grand chose sur les relations musicales de sa tante, en revanche... j'ai eu droit à quelques révélations.

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    "Le souper" qui met en scène Talleyrand et Fouché, est l'oeuvre de J-C Brisville la plus connue du grand public. La première version a été écrite en 3 jours et 4 nuits pour ne pas rompre le fil de l'écriture. "Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours su écrire dans la langue du XVIIIe siècle" me confie t-il. Cela sous entend avoir une excellente connaissance de la vie des protagonistes ? "Après la lecture du portrait de Fouché par Stéphan Sweig, j'ai été pris par une espèce de frénésie". Il rencontre ensuite Claude Rich à Biarritz chez un ami commun, continue l'écriture de la pièce et finalement envoie le manuscrit au comédien. En tournage au Maroc ce dernier lui téléphone:" A la fin de la lecture, j'ai salué..." Restait à trouver un Fouché, plusieurs refusèrent le rôle dont Jean Rochefort et Bruno Crémer. C'est Claude Rich qui trouva son Fouché en la personne de Claude Brasseur. Pas grand monde croyait au succès d'une pièce dont l'action se situait au début de la restauration, même le metteur en scène J-P Miquel était assez frileux. Au bout du compte, elle tint l'affiche pendant 3 ans et va être bientôt reprise.

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    J-C Brisville a commencé dans l'édition chez Julliard puis il devenu un ami personnel d'Albert Camus, lecteur alors chez Gallimard. C'est dans cette maison d'édition qu'il publie en 1972 "La petite Marie" sous le pseudonyme de Sylvain Saulnier. Il s'agit d'un roman d'un genre érotique commandé par Lemarchand, membre du comité de lecture. Parmi ses connaissances, il y a notamment René Char et quand je lui parle de notre Joe Bousquet... il s'émeut quelque peu: "Je n'ai jamais rencontré un causeur aussi prodigieux. Bousquet qui recevait le tout Paris dans sa chambre à Carcassonne fumait de l'opium. Cela le transcendait et il dissertait à haute voix devant son auditoire. J'ai connu Cocteau mais c'était chez lui trop parisien, trop convenu. Chez Joe Bousquet c'était profond, philosophique."

     
    "Si j'avais du génie, j'aurais créé ma langue, comme Claudel et Beckett. N'ayant que du talent, j'essaie d'être fidèle à l'héritage"
    (Jean-Claude Brisville / Souvenirs / 2004)
     
    Jean-Claude Brisville est décédé le 11 août 2014 à l'âge de 92 ans.
     
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  • Le Président : Une création nationale au Festival de Carcassonne 1976

    Le Président est une pièce créée pour le Festival de Carcassonne et jouée par leurs auteurs - Charles Charras et André Gille - du 5 au 17 juillet 1976. A cette époque, la programmation du Festival était assurée par le comédien Jacques Echantillon.

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    Mise en scène par Charles Charras et André Gille avec une décoration et une illustration sonore de Louis Amiel, la pièce compte à ce jour plus de 3000 représentations en France. Cette oeuvre théâtrale d'une durée d'une heure fut jouée pendant huit ans au café-théâtre "Le Fanal" et "Au Bec-Fin" à Paris. Bien qu'écrite sous la présidence de Georges Pompidou, elle égratigne Valéry Giscard d'Estaing sous le pseudonyme d'Edgar. Il possède un stand au marché aux puces tenu en son absence par son ami Mimile.

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    Charles Charras en 1976

    Voilà une époque où notre festival avait une ligne thématique - le théâtre de création. Une manière plus intelligente pour faire parler de lui sur la scène nationale française...

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  • Jean-Marie Besset triomphe dans Le banquet d'Auteuil... à Paris.

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    © Christophe Barreau

    Jean-Marie Besset 

    Ignorez-vous qu'il est en notre bonne ville de Carcassonne, un de ses enfants parmi les plus remarqués, les plus talentueux du monde théâtral ? Si, par un populiste concours de circonstances, on vous a préféré la fête d'un taureau ensanglanté au centre de l'arène, vous n'avez aucune excuse à ne pas connaître l'auteur au milieu de sa scène. Vous, gens de culture et autres bienfaiteurs des usages verbaux de cet ivre village claudiquant sur des pas immoraux, que faites-vous donc pour tirer le vrai vers le beau ? Vous restez pétrifiés au bord de l'abîme, sans aucun élan pour gagner l'autre rive. Côté jardin, un spectacle subventionné commence grâce à un protecteur de la bienséance ; la pièce est triste et souvent mal éclairée. Qu'importe la lumière, aux illuminés ! Côté cour, on compte ses deniers et sur une cour de fidèles, on se doit d'espérer. Le libertinage y est toléré, encouragé sans être dévoyé par une espèce pudique, qui fornique d'ordinaire dans l'ombre des cabinets. Amis de la morale et d'ailleurs, le rideau c'est Besset. Au moment des trois coups, levez-le ! Vous verrez, l'Élysée.

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    Lassé des infidélités de sa femme, Molière s'est installé dans une maison à Auteuil. Là, vivent à demeure son jeune protégé, l'acteur prodige Michel Baron, et l'ami de toujours, l'écrivain Chapelle. Ce dernier, aimable fêtard, a invité une turbulente troupe à dîner, les musiciens Lully, Dassoucy et Pierrotin, les hommes de cour Jonsac et Nantouillet, bientôt rejoints par leur ami disparu, Cyrano de Bergerac. Ces libertins-là vont moquer (ou envier) la passion jalouse de l'auteur du Misanthrope pour Michel Baron. L'art et l'amitié peuvent-ils nous sauver de l'absurdité de la vie ?

    Le Banquet d’Auteuil est une pièce originale écrite en 2011 à partir de personnages et d’évènements du XVIIe siècle français. Elle présente des personnages historiques – des artistes –, dans une langue réinventée, mais avec des thèmes que seule l’époque actuelle (et la réapparition de textes d’archives) peut aborder de front : la rivalité d’hommes mariés pour l’amour, le désir, la beauté et le talent de jeunes gens.

    La pièce oppose au principal la passion, cette fixation amoureuse sur un seul objet (Molière- Baron) au libertinage débridé des amis de Molière (Chapelle, Lully, Dassoucy, Bergerac) dans leurs jeux avec des jeunes hommes (Nantouillet, Jonsac, Osman, Pierrotin).

    En respectant les unités classiques (l’action se déroule en 24 heures chez Molière dans sa maison d’Auteuil), la pièce est résolument moderne dans la sincérité, l’âpreté et la cruauté des rapports, qu’ils soient de désir ou d’ambition, pour ne pas dire d’argent et de carrière.

    Dans la tradition du genre littéraire du banquet tel qu'il est inventé par les classiques gréco- latins (de Platon à Pétrone en passant par Xénophon, Plutarque, Lucien, Epicure...), c'est-à-dire d'une assemblée d'hommes savants qui discourent, en mangeant, d'éthique et d'esthétique, j'ai essayé de réinventer ce genre pour aujourd'hui, à partir d'évènements d'il y a plus de trois siècles. La fin de ce Dix Septième siècle français posait, pour la première fois en Occident me semble-t-il, l'hypothèse d'un groupe d'hommes assez hardis pour défier Dieu et les bonnes mœurs. On n'en attendait pas moins de l'auteur de Tartuffe et de Don Juan, mais cette réunion de libertins, où l'onréhabilite et redécouvre des artistesou despenseurs considérables (Cyrano, Dassoucy, Chapelle, Baron, Nantouillet), ouvre la voie aux hérétiques en matière de religion et de mœurs des siècles qui suivront: Encyclopédistes, Sade, Fourier, Wilde, Groupe de Bloomsbury, Gide, Foucault, Pasolini... 

    (Jean-Marie Besset)

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    © Le vingtième théâtre

    L'express

    « Jean-Marie Besset a rédigé un texte passionnant pour les historiens … et troublant pour les spectateurs ! »

    Le Monde

    "Provocateur avec élégance"

    Café astral

    « Les amateurs de spectacles (dé)culottés y trouveront leur compte, ce n’est pas tous les jours qu’on peut apprécier une telle liberté, ni pareille érudition, au théâtre. »

    Jean-Marie Besset a assité dernièrement à New-York à une lecture de sa pièce en version américaine. Nul n'est prophète en son pays... un de plus.

    http://www.vingtiemetheatre.com/spectacle/le-banquet-dauteuil/

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