Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Art dramatique - Page 3

  • "Simon de Montfort" et "Le sol commandé", deux œuvres du patrimoine théâtral Languedocien

    "Il faut que la ville de Carcassonne concède son théâtre pour un nouveau bail, non point à quelque vague impresario parisien ou belge, à l'homme de paille de quelque obscure coterie, à quelque littérateur en chambre, solitaire et aigri, - mais à un méridional, connaissant son pays et sa race, croyant en eux, et désireux beaucoup plus de faire de belles choses que d'amasser de gros sous." Cet extrait d'un article de presse aurait sans doute pu être écrit hier ; il le fut de la main d'Armand Praviel en 1928, à l'issue de la représentation de deux pièces d'auteurs régionaux données en dehors des fêtes du bi-millanire de la Cité.

    Public théâtre de la cité 2.jpg

    © Martial Andrieu / Plaque de verre

    Le public au Théâtre de la Cité

    C'est grâce à l'intervention de Maurice Sarraut, sénateur de l'Aude, et au désintéressement de Romuald Joubé et de ses camarades de la Comédie française, que l'on put monter deux pièces méridionales.

    "Le sol commandé"

    Camp.jpg

    © La France libre

    Jean Camp

    (1891-1968)

    Auteur dramatique et poète, Jean Camp était né à Salles d'Aude. Il fut professeur au lycée Louis le grand à Paris et s'engagea dans la France libre en février 1943. A ce titre, il reçut la Médaille de la Résistance et fut élevé au grande d'Officier de la légion d'honneur. On lui doit un grand nombre de pièces dont "Le sol commandé", drame paysan en vers, créé en 1927 sur la scène du théâtre de la nature de Coursan. Ce lieu de spectacle en plein air fut fondé par Louis Izard, le directeur du théâtre du Capitole de Toulouse.  Romuald Joubé deviendra le directeur artistique de cette scène estivale, appréciée de Joseph Delteil et de François-Paul Alibert.

    Théâtre de la cité1.jpg

    © Martial Andrieu / Plaque de verre

    L'œuvre de Jean Camp porte la dédicace suivante : "Aux vignes de la plaine Audoise, née des efforts têtus de ma race, en filial hommage."

    Lors de la représentation à Carcassonne, la musique du compositeur Catalan Josep Fontbernat y Verdaguer était interprétée par la cobla "L'art Gironi". Parmi les interprètes de la pièce, ont peut citer : Romuald Joubé (Simon), Fanny Robiane (Jeune paysan), Mme Ritter (Bernilde), Gauthier-Sylla (Jacques), André Méric (Paul), Pierre Sentès (Valet de ferme), Juliette Peine.

    "Simon de Montfort"

    Jean Suberville.png

    © Maison Saint-Prix

    Jean Suberville

    (1887-1953)

    Né à Saint-Médard dans la Haute-Garonne, Jean Suberville fut un discipline et ami d'Edmond Rostand. Caporal au sein du 94e RI durant la Grande guerre, il fit jouer "Cyrano de Bergerac aux tranchées". Une pièce en 1 acte et en vers de sa composition. On lui doit également un grand nombre de pièces, parmi lesquelles La passion de Don Juan, La nouvelle Sapho, Perdigal, Bertrand de Comminges, etc. Grand prix de poésie de l'Académie française.

    Théâtre cité.jpg

    © Martial Andrieu / Plaque de verre

    Simon de Montfort est une pièce en vers en 4 actes et 1 tableau. Créée d'abord aux arènes de Saintes (Charente Maritime) en 1926, puis le 15 février 1927 au Trocadéro à Paris, elle fut jouée à Carcassonne les 28 et 29 juillet 1928. Elle sera reprise en 1937, lors de l'exposition nationale devant le pavillon du Languedoc. Au milieu de l'histoire de la conquête de Simon de Montfort, l'intrigue se noue autour de Saucie d'Aragon, proie disputée par Raymond de Toulouse et Simon de Montfort. A tel point, qu'elle devient la cause involontaire du conflit.

    Joubé.png

    © Bernon

    Romuald Joubé

     "A neuf heures du soir, devant l'immense amphithéâtre grouillant de spectateurs, devant la nuit pure qui s'assombrit peu à peu, une voix s'élève, jaillissant des remparts obscurs : celle de Romuald Joubé, qui adjure l'ombre de Montfort, jadis inhumé en face, sous les voûtes romanes de la cathédrale Saint-Nazaire. Elle proclame l'apaisement des anciennes querelles, dans la fidélité et le respect du passé le plus douloureux.

    Car nous aimons toujours la France

    En chantant notre terre d'Oc !

    Aussitôt, les trompettes sonnent, la scène s'éclaire, et nous voyons descendre de la tour du Moulin du Midi, le comte Raymond VI et la comtesse Eléonore : le drame est commencé."

    Aldebert.png

    © Maison Saint-Prix

    La mise-en scène réglée par Pierre Aldebert secondé par Pierre Sentès, fut des plus grandioses. On utilisa toutes le décor naturel des remparts, des tours et des portes séculaires de l'antique Cité. Parmi les 100 figurants, l'Orphéon de Castelnaudary interprétait des chants Languedociens. La distribution de la Comédie française n'en fut pas des moins prestigieuse : Romuald Joubé, Colonna Romano, Juliette Verneuil (Comtesse de Toulouse), Albert Reval (Raymond VI), Jean Forment (Simon de Montfort), André Méric (Roi d'Aragon), Gauthier-Sylla (Arnaut Amalric), etc.

    Colonna Romano.png

    Colonna Romana par Raymond Lheureux

    Le succès fut tel que l'on réclama une seconde représentation et ceux qui n'avaient pas pu obtenir de billets à la première, se rendirent à l'hôtel de la Cité où logeait Romuald Joubé. Celui-ci sortit au devant de la foule et indiqua qu'on allait lui donner satisfaction. A la fin de la représentation, il s'adressa au public de cette manière :

    "La pièce que nous venons de représenter a été écrite pour la Cité de Carcassonne, c'est ce soir une véritable création... Aussi, suis-je heureux de vous dire le nom de son auteur. C'est notre compatriote Jean Subervile."

    Romuald Joubé était né à Mazères dans l'Ariège... Un enfant du pays, sans doute. En 1930, François-Paul Alibert, natif de Carcassonne, prenait la direction du théâtre. Avait-on écouté la supplique du journaliste Armand Praviel ?

     

    _____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Sarah Bernhardt au théâtre municipal de Carcassonne

    Ce blog n'a d'intérêt à mes yeux que s'il apporte à la connaissance, des sujets inédits ou complémentaires, à ce qui a été déjà évoqué par nos historiens locaux. C'est peut-être là sa vraie utilité et ce qui, en quelque sorte, fait son succès. L'histoire du théâtre municipal en elle-même est connue ; il suffit de lire les anciens bulletins de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude ou de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. En revanche, il semble que personne ne se soit attardé sur les témoins de cette époque. Or, dans de vieux articles de la presse locale, il est possible de retrouver cette mémoire. Il suffit parfois de vouloir s'en donner la peine, mais au final c'est loin d'être inintéressant.

    Sarah_Bernhardt,_par_Nadar,_1864.jpg

    La comédienne Sarah Bernhardt par Nadar

    Sous l'Ancien régime, l'emplacement de l'actuel théâtre Jean Alary était occupé par le Couvent des Jacobins. Aliéné à l'Etat après pendant la Révolution française pour la somme de 30 200 livres. Une première partie comprenant l'église, le cloître, le grand escalier, l'entrée et la sacristie fut adjugée à M. Jean Aubry, plâtrier, à la date du 13 germinal An III (2 avril 1795). Le même jour l'acquéreur céda les 3/4 de l'ancien couvent à M. Jean-François Loup, Silfrein et Philippe Marrel, François Sébastien et Antoine Fourès. Le même mois, Marrel et Fourès se désistèrent à leur tour. Ambry et Loup demeurèrent le propriétaire d'une partie des bâtiments. Le reste du couvent représentant une superficie de 950 m2 fut adjugé à Ambry le 23 juin 1796, puis revendue à Loup le 9 décembre 1795.

    Vestiges_couvent_Jacobins_3.jpg

    Un négociant d'Alzonne, Benoît Faral, acheta les droits de Loup et Ambry dans le but de faire de l'église, une salle de spectacle, les bâtiments extérieurs devant servir à la location. Pour réaliser ces travaux, il s'adressa à l'architecte Champagne qui dressa les plans. La salle dont le coût des travaux s'éleva à la somme de 141 946 livres 11 sols et 5 deniers, fut prête le 1er octobre 1796. Faral prit M. Hertz pour associé ; il versa 750 000 francs en assignats et 50 000 francs en numéraire. La salle fut affermée au sieur Désormaux, artiste de Toulouse, qui dut s'acquitter de 6000 francs pour le semestre représentant la saison théâtrale. Par la suite, Hertz devint l'unique propriétaire de la salle de spectacle qui fut vendue à Casimir Courtejaire le 3 novembre 1843. Il la légua en héritage à la commune de Carcassonne, par acte du 10 octobre 1874 (Me Mouton), avec cette clause testamentaire :

    "Comme il importe au donateur de laisser à sa ville natale un souvenir durable du don qui lui est fait, la ville, en acceptant cette donation, s'oblige à conserver à l'objet donné sa destination de salle de spectacle. En conséquence, la ville devra s'assurer contre l'incendie, l'entretenir convenablement, même l'embellir, autant que le lui permettra sa situation financière. Elle ne pourra pas utiliser les décors ou tout autre partie du matériel pour une autre salle de spectacle. Toutes ces clauses ne sont pas purement comminatoires, mais de rigueur, de telle sorte que leur inexécution entraînerait la révocation de la donation."

    Les artistes de passage

    L'art lyrique vit passer des artistes aux voix merveilleuses : Martin, Lafeuillade, Sireau, Duluc, Serda, les dames Boulanger, Prévost, Pothier, Vizentinin Bardou, etc. On y entendu l'opéra du Bizet "Les pêcheurs de perles" en 1890. La première de Lohengrin de Richard Wagner se déroula en 1904. Des créations comme Messaline de Isidor de Lara en 1905, Hannibal de Joseph Baichère - compositeur et organiste de l'église St-Vincent - sur un livret de Victor Gastilleur, autre Carcassonnais. On entendit Sapho de Massenet en 1921 et Gismonda d'Henri Ferrier en 1924. La vie de Bohème de Puccini en 1901.

    L'art dramatique permit aux spectateurs d'apprécier MM. Talma et Ligier, Mmes Georges, Duchenois, Rochel, etc. Dans ses mémoires, Edmond Got, de la Comédie française, parle du théâtre en ces termes :

    "1er juillet 1966... Quant au théâtre de Carcassonne, impayable ; dans une vieille église démantelée, pire qu'à Tours, je m'habille, pour l'exemple, dans les anciennes latrines de la sacristie. Mais avant Marseille et Montpellier, j'ai tenu à jouer dans ce trou..."

    Sarah_Bernhardt_as_Theodora_by_Nadar.jpg

    Au cours de la saison de 1889, Sarah Bernhardt vint jouer "Hernani" de Victor Hugo. Afin de ne pas salir la longue robe de satin blanc qu'elle portait au cinquième acte, la grande comédienne fit mettre un tapis partant de sa loge jusque dans les coulisses. La salle de spectacle était dans un état déplorable et les artistes ne considéraient comme un honneur de jouer à Carcassonne.

    "Lors de son passage, cette tragédienne crut devoir nous traiter de sauvages ;parce que les loges n'étaient pas à sa convenance ; parce qu'il y avait des courants d'air dans les coulisses ; parce que le public ne lui avait pas fait un triomphe dans Hernani, cette pièce ayant été choisi pour son caractère politique plutôt que la Dame aux camélias qu'avait proposé l'imprésario ; parce que les musiciens de l'orchestre ne voulurent pas céder leurs fauteuils pour qu'elle puisse louer une cinquantaine de chaises à 10 francs." (L'éclair / 22 septembre 1895)

    Ancien théâtre.jpg

    © H. Alaux

    A gauche, l'entrée de l'ancien théâtre en 1905

    Notons que cette clause n'a pas empêché la ville de Carcassonne du temps de la municipalité Chésa, d'envoyer à la benne à ordures l'ensemble des toiles et des décors. Elle aurait pu acheter l'immeuble mitoyen pour en faire un magasin à décors, mais préféra le laisser à la Banque de France. Elle y réalisa un parking privé. Les glaces des loges furent vendues par des employés de mairie à une brocante de la zone de la Bourriette. Les chaises et autres objets, pris par d'autres employés pour chez eux...

    courtejaire.jpg

    © Musée des Beaux-arts de Carcassonne

    Casimir Courtejaire en 1843 par J-P Montseret

    Le 9 juillet 1929, le Conseil municipal prit une délibération relative à la reconstruction du bâtiment, à cause de sa vétusté. Les héritiers de Courtejaire donnèrent leur consentement le 2 décembre 1931. On démolit l'ensemble de l'ancien couvent des Jacobins avec son cloître en 1933. 

    Vestiges_couvent_Jacobins_1.jpg.jpg

    Le cloître lors de sa démolition

    Deux architectes, MM. Raymond Esparseil (1876-1966) et Marcel Oudin (1884-1936), établirent les plans des travaux qui furent effectués par M. Fioriom. Commencés le 19 juillet 1933, ils ne furent achevés que le 27 décembre 1935. Entre-temps, une partie de l'immeuble Peyronnet fut acheté suivant l'acte du 8 janvier 1935. 

    Raymond Esparseil évoque le souvenir du théâtre

    L'ancien théâtre était constitué par l'église du couvent des Jacobins. Ce couvent en 1229, fut tout d'abord installé à la Cité. Il fut transféré à la Barbacane, en 1247, dans la rue Longue : détruit par l'inondation de 1255, on l'installa sur la rive gauche de l'Aude, sur la carrière du quartier de cavalerie (Caserne Laperrine, NDLR) en 1347. Nous avons retrouvé ses fondations lors de la dernière guerre en faisant des tranchées. Il fut détruit en 1355 par le Prince noir et reconstruit dans la ville, à l'emplacement du théâtre actuel.  

    En 1932, la ville institua entre les architectes de France, pour la construction du théâtre, un concours auquel j'ai pris part. A ma grande surprise, j'ai eu le prix et l'exécution. J'avais en effet, dessiné le projet par plaisir, et sans arrière-pensée, pendant le chômage, dans un moment de crise de nos exploitations minières (Raymond Esparseil était le fils de Marius, inventeur de la mine de Salsigne, NDLR). Depuis mon entrée en loge pour le concours des Beaux-arts, en 1900, j'avais complètement abandonné l'architecture, pour me consacrer à mon métier de mineur, au cours duquel, cependant, j'avais eu l'occasion de construire des usines, des logements et des cités ouvrières, de telle sorte que je n'avais pas perdu l'habitude de la construction. C'est ainsi que le nouveau théâtre fut construit sous ma direction, malgré une mauvaise Kabbale, tellement bien montée au bénéfice de mon associé de Paris, que mon nom avait été effacé des constructeurs du théâtre.

    1594950770.jpg

    © Martial Andrieu

    J'avais donc complètement perdu de vue à Paris, les relations artistiques d'autrefois et je n'avais aucun moyen de chercher seul les nombreux sous-traitants qu'une construction de cet ordre exige, tant dans le domaine artistique que de l'embellissement et de la construction. C'est pourquoi je me suis associé à Paris, avec un architecte qui s'occuperait de tout cela dans la capitale, pendant que je surveillerais les travaux de la construction sur place. Ce qui fut fait. Nous avions pris cependant à frais communs, pour les dessins d'exécution d'après mon plan à l'échelle exigée, un jeune architecte qui s'est révélé dans la suite architecte de valeur, ce qui nous a permis de transformer la façade originale que j'avais dessinée, parce que le prix en était hors de question. C'était avec cet architecte que je discutais sur place, ce qu'il y avait à faire et qu'il mettait en ordre en rentrant à Paris avec mon associé.

    Celui-ci venait rarement à Carcassonne et s'est tellement mal conduit avec moi et notre employé que celui-ci nous a quittés, rompant avec lui, tout en conservant d'excellentes relations avec moi. Mon associé est mort peu après (Marcel Oudin, NDLR), me laissant la responsabilité des erreurs qu'il avait faites en dehors de moi et de la terminaison de la construction dont je n'ai pas voulu signer la réception des travaux, mon associé, malgré moi, ayant accepté de la part d'un sous-traitant, et en dehors bien entendu de l'entrepreneur général, qui n'y était pour rien, une malfaçon.

    Les vestiges

    Capture d’écran 2017-08-16 à 15.19.16.png

    © Google

    Un domaine situé sur la commune de Palaja fut la propriété de Casimir Courtejaire. Après la mort du mécène et lors de la destruction de l'ancien couvent servant de théâtre, les héritiers ont récupéré un très grand nombre de vestiges. Presque l'ensemble des colonnes en marbre de Caunes-Minervois qui devaient constituer le cloître sont dans ce domaine, mais pas seulement... D'autres objets sont visibles dans le musée lapidaire Pierre Embry à la Cité.

    Vestiges_couvent_Jacobins_2.jpg

    Dans le coulisses du nouveau théâtre, on aperçoit dans le mur une ancienne voûte ogivale. Sous la scène, il y a encore l'emplacement du chœur de l'église du couvent.

    couvent.jpg

    © Martial Andrieu

    La destruction de la maison attenante dans les années 1990 a mis au jour les vestiges de l'ancien couvent. C'est ce dont je me suis aperçu, lorsque par hasard, le parking de la Banque de France étant ouvert, j'ai pu prendre cette photo.

    Sources

    Midi-Libre / 1960

    L'éclair / 1895 

    Notes et synthèse / Martial Andrieu

    ______________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Pierre Fresnay fit ses débuts de comédien au Grand théâtre de la Cité en 1920

    L'acteur Pierre Fresnay (1897-1975) alias Pierre Laudenbach, connu du grand public au cinéma pour son rôle de Marius dans la trilogie Marseillaise de Marcel Pagnol mais également dans la Grande illusion de Jean Renoir, fit ses débuts à Carcassonne. Au mois de juillet 1920, Victor Magnat, le directeur du Théâtre de la Cité, avait inscrit au programme plusieurs œuvres dont : "Les Erinnyes" de Leconte de Lisle, "Pour la couronne" et "Le passant" de François Coppée. Le rôle principal de cette dernière pièce, celui d'un jeune troubadour énamouré, était tenu par Pierre Fresnay. Les journaux de l'époque mettent en avant l'ingénuité charmante et la diction impeccable de ce comédien de 23 ans, encore inconnu. Cinq mille spectateurs lui firent une ovation et le critique toulousain Jean Azaïs écrivit à son propos :

    Un éloge tout spécial doit être décerné à Pierre Fresnay. Grâce, pureté, bon goût, physique et voix des plus agréables, il fut en Zanetto parfait de légèreté, d'animation et de sensibilité."

    Fresnay.jpg

    Pierre Fresnay en 1920 à Carcassonne

    Ce tendre Zanetto, qui égrenait une sérénade préparée par Jules Massenet "Mignonne, voici l'avril" en attendant Sylvia, avait en Jeanne Delvoir la plus ravissante des partenaires. Jeanne Delvoir, sociétaire de la Comédie Française descendit le grand escalier de pierre de la Tour du Moulin, enveloppée de voiles argentés. Le duo poétique de Sylvia et de Zanetto fut d'un charme incomparable.

    "Ce rôle de Zanetto qui révéla Fresnay aux Carcassonnais, avait en 1869 révélé Sarah Bernardt aux Français. Son interprétation fut d'une telle perfection qu'elle acquit à la célébrité François Coppée en même temps qu'elle."

    pierre-fresnay-marius-1931.jpg

    Pierre Fresnay dans Marius de Marcel Pagnol

    Les comédien n'eut plus jamais l'occasion de revenir jouer au Théâtre de la Cité. Cependant, Victor Magnat songea à monter une pièce de F. Porche "Le chevalier de Colomb" avec Jeanne Delvoir et Pierre Fresnay. Les circonstances ne s'y prêtèrent pas, car le principal rôle était tenu par Berthe Bovy qui devait être la première épouse de Fresnay. 

    _____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017