La famille d’Airolles également orthographiée dans certains manuscrits Ayrolles, s’installe à Carcassonne à partir de 1620 en provenance du Vigan ; une petite ville du Gard, connue à cette époque pour son industrie textile. Joseph Airolles né en 1669, riche manufacturier en draps, marié à Toinette de Ramel avait été désigné 1er Consul de Carcassonne en 1728. Son fils, conseiller et secrétaire du roi, seigneur de Villarlong et de Cavanac fera l’acquisition du château et de la seigneurie de Leuc en 1769.
Le château de Leuc, Hôtel de ville depuis 2011
Il s’était marié en 1761 avec Catherine Pascal dont il avait eu six enfants. L’un d’entre-eux, Paul-Joseph, né le 3 mars 1764 à Carcassonne, suivant les traces de ses aïeuls deviendra maire de Carcassonne. Franc-maçon initié en 1775 dans la loge « La parfaite amitié » , il avait dû quitter sa ville natale pour la Compagnie noble de la gendarmerie, le corps de garde de la Maison du roi. A Lunéville (Meurthe-et-Moselle), il s’affilia à la loge de Saint-Jean à l’Orient de la gendarmerie, le 24 juin 1783 (Bibliothèque Nationale de France). Lorsque survint la Révolution, la famille d’Airolles resta à Carcassonne où ses biens ne furent sans doute pas saisis. En revanche, l’oncle Paul (1744-1815), chanoine de l’église cathédrale de Carcassonne et vicaire général, refusa de prêter le serment et émigra vers l’Espagne grâce à un passeport délivré la municipalité de Belcaire. Il passa ensuite aux îles Madère et au Brésil avant de revenir en France en 1806 comme curé de Saint-Michel (Histoire du clergé de l’Aude de 1789 à 1803 / Chanoine Sabarthès / 1939). Ce que l’on sait moins c’est l’appartenance de ce prêtre à la Franc-maçonnerie depuis le 1er mars 1772, au sein des loges La parfaite amitié et La parfaite Union. De forts liens d’affection entre le neveu et l’oncle, pousseront ce dernier à léguer l’ensemble de sa fortune à Paul-Joseph. Des biens confisqués à la Révolution jusqu’à ce que la loi du 25 octobre 1825 ne les restitue à leurs propriétaires ou à défaut, leurs héritiers. Un peu tard pour Paul-Joseph qui avait été contraint de vendre les propriétés de son père - à l’exception du château de Leuc - pour apurer la succession.
Louis XVIII
Lorsque Paul-Joseph Airolles accède au fauteuil de maire de Carcassonne par décision royale de Louis XVIII le 11 octobre 1815, il est père de six enfants issus de son mariage contracté en 1808 avec Louise Nicole Viné. Sa situation financière bien qu’installée, a subi les déboires d’une industrie textile en déclin suite aux évènements de 1789. Comme pour beaucoup de familles, enrichies jadis grâce à la fabrication et à l’exportation des draps vers le Levant, les Airolles durent trouver des ressources dans l’exploitation de leurs terres agricoles.
L'Empereur quitte l'île d'Elbe le 26 février 1815
Après les Cent jours, des mesures préfectorales furent prises à l’encontre des officiers de l’administration, suspectés d’avoir été infidèles à Louis XVIII. Le commissaire de police Pautry, accusé de n’avoir pas su préserver la sécurité dans Carcassonne, sera remplacé le 9 août 1815. Durant le retour de l’Empereur, le conseil municipal de Pech-Palajanel avait juré fidélité à Napoléon le 22 avril, puis à nouveau au roi le 26 juillet. Il ne s’était pas récusé et le maire décida alors de donner sa démission à Louis XVIII. Son second adjoint, Antoine Anne Cazes qui avait assuré l‘intérim lui emboita le pas peu de temps après. Ils furent respectivement remplacés par Paul Airolles et Dominique Reboulh, puis installés le 3 juillet 1816.
« Etranger à toute carrière politique et administration du moins importante, il m’a fallu moins que mon désir de servir le roi pour me livrer à celle que j’entreprends »
Durant son mandat, Paul Airolles obtint du roi le 4 mai 1816 que la ville de Carcassonne redevint au rang des Bonnes villes du royaume. Il plaida également la cause de l’industrie des manufactures drapières auprès de la Chambre des députés. Comme son prédécesseur, Paul Airolles mit fin à ses fonctions et rentra dans son château de Leuc, où il mourra le 23 décembre 1850.
Cour d'honneur du château de Leuc
Les armes de la famille d’Airolles
« Coupé en chef de gueules à l’aigle éployé de sable et en pointe d’azur à trois quintefeuilles d’argent. »
Sources
Etat-civil / ADA 11
Délibérations du conseil municipal de Carcassonne
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