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  • Les petits métiers de Carcassonne : Les balayeuses.

    Dans les années 1930, tous les commerces de la place Carnot étaient ouverts le dimanche matin pratiquement jusqu'à 13 heures. Une belle ambiance régnait dans le centre-ville, pratiquement égale à celle du samedi. Les magasins recevaient de nombreux clients et les pâtisseries débitaient, à la pelle, petits fours ou marrons d'Inde. A la sortie de la messe, les Carcassonnais prenaient d'assaut "les marchands de douceurs". Chacun avait son paquet, délicatement cerné de rubans. Tout négoce tournait à plein.

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    Les balayeuses en 1952

    Sous la flèche, Mme Justice Labarre

    Dès le marché quotidien fermé, elles prenaient possession de la place Carnot. L'arroseuse municipale précédait le "corps de balais" et inondait les lieux de longs jets puissants, que les enfants affectionnaient particulièrement. Les balayeuses, munies de longs balais de bruyère, nettoyaient avec ardeur et conscience la place, mettant en tas détritus et papiers. Manches retroussées aux beaux jours ou vêtues de capuches en sac de jute en temps pluvieux, elles accomplissaient dans une bruyante cacophonie, leur tâche. Toutes ces travailleuses étaient appréciées des Carcassonnais, tant par leur bonne humeur que par les services rendus. Certaines étaient munies d'un sac, vite rempli de feuilles de choux ou de salades invendues. Il fallait bien que les lapins mangent ! Quand la besogne sur la place était achevée, elles poursuivaient leur office sous le Halles à la volaille. 

    Source

    M-Y Toulzet

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  • Le quartier des Capucins où la petite Russie de Carcassonne

    Pendant des décennies après la Seconde guerre mondiale, le quartier des Capucins fut le fief politique du Parti Communiste Français à Carcassonne. Ce n'est donc pas un hasard si le 6 juillet 1950, plus de trois cents habitants du quartier (Source : La patriote / Journal communiste) assistent à une réunion en faveur de l'Appel de Stockholm. Le Mouvement mondial des partisans de la paix - d'inspiration communiste - avait lancé une pétition contre l'armement nucléaire. Il prend une dimension exceptionnelle avec le Conseil mondial de la paix réuni à Stockholm, qui exige l'interdiction absolue de l'arme atomique. Nous sommes dans un contexte international fragile après la riposte atomique contre le Japon en 1945, l'obtention de l'arme nucléaire par l'U.R.S.S en 1949, la guerre de Corée qui se déclenche le 25 juin 1945. Déjà à cette époque, on craint que les Etats-Unis ne fasse encore usage de la bombe atomique, cette fois, contre la Corée du Nord.

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    APPEL
    Nous exigeons l'interdiction absolue de l'arme atomique, arme d'épouvante et d'extermination massive des populations. Nous exigeons l'établissement d'un rigoureux contrôle international pour assurer l'application de cette mesure d'interdiction. Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait, contre n'importe quel pays, l'arme atomique, commettrait un crime contre l'humanité et serait à traiter comme criminel de guerre.
    Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel. 

    Plusieurs intellectuels de gauche seront signataires de l'Appel. Jacques Chirac avouera lui-même avoir distribué des tracts et fait signer la pétition ; il avait dix-huit ans.

    Dans le quartier des Capucins, il est donc organisé une réunion  par le Conseil communal des combattants de la paix et de la liberté. Elle a lieu, place Joseph Poux. M. André Saunières, le président de l'association, est entourée de M. Gimenez - conseiller municipal - et de Madame Pujol. De son côté, M. Bonnemaison pour la C.G.T et Madame Avizou, font l'historique dru mouvement tandis que l'ancien résistant M. Villa, fait une autre demande. Celui-ci à l'instar des camarades, exige la mise en liberté provisoire des résistants de Limoux. De qui s'agit-il ? D'anciens F.T.P.F, membres des Milice patriotiques chargées de la police politique à la Libération, qui sont accusés de tortures et d'assassinats. Monsieur Llante, Député de l'Aude, rappelle "la périlleuse entreprise des fauteurs de guerre en Corée, au cours de laquelle certains d'entre eux demandent que soit jetée la bombe atomique sur la Corée du Nord."  Sur ce point le P.C.F semble à nouveau suivre la ligne de Moscou qui, avec la Chine, soutiennent la sédition de la péninsule en armant la Corée du Nord. La Corée du Sud était soutenue par les Nations Unies. La guerre débuta lorsque les troupes du nord envahirent le sud. Sur ce point encore, les pyromanes eurent beau jeu de se faire passer pour des pacifistes. Finalement la position des Communistes français avant le pacte Germano-Soviétique se retrouvait au moment de la guerre de Corée : Alignement politique sur l'Union Soviétique et son grand démocrate Josef Staline.

    A l'issue de la réunion des Capucins, une résolution fut adoptée à l'unanimité à l'instar des Soviets de 1917 :

    "La population du quartier des Capucins, réunie à l'appel des Combattants de la paix et de la liberté, approuve l'appel de Stockholm. Elle réclame la mise en liberté provisoire, ou leur jugement immédiat des résistants de Limoux emprisonnés depuis plus de trente mois et la cessation de poursuites contre Michel Bruguier, que tous les Carcassonnais connaissent bien, et de tous les partisans de la paix. Elle réclame la constitution d'un gouvernement démocratique qui sera au service du peuple, de la paix et de la République."

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    Affiche contre l'Appel de Stockholm

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  • Les crimes du fascisme rouge dans la Haute-Vallée de l'Aude

    En enquêtant sur les auteurs d’un hold-up dont fut victime un encaisseur de la B.N.C.I (Banque Nationale de Crédit Industriel) de Quillan en 1951, les policiers de la 14e brigade mobile de Montpellier furent informés de l’assassinat de plusieurs espagnols fin 1944, début 1945. Les investigations menèrent à l’identification et à l’arrestation de sept des assassins ou compliques, présumés coupables d’avoir exécuté au moins treize personnes. Ces suspects, tous membres de l’U.N.E (Union Nacional Española), se nommaient : 

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    Juan Fernandez, dit "El Chato"

    • Fernandez Juan alias « El chato », domicilié 37, rue Trivalle à Carcassonne
    • Tena Jose de Chalabre
    • Castella Hyacinthe de Chalabre
    • Amor Fortunato de Grésaque (Bouches-du-Rhône)
    • Soleil Ramon de Nice
    • Figueras Casimir de Crapone (Rhône)
    • Reyna Antonio de Salsigne

    Parmi les personnes assassinées par ce groupe, des opposants politiques à l’U.N.E. Cette organisation - sous-marin du Parti Communiste Espagnol - avait été fondée dans les mois précédent la Libération de la France, soit-disant pour regrouper les anti-fascistes ibériques sous une même bannière. Il se trouve que parmi les guérilleros, nombreux furent ceux qui refusèrent d’être sous la coupe des Staliniens et d’obéir à leurs méthodes. Ce fut le cas des anarchistes-syndicalistes de la C.N.T, du P.OU.M et du P.S.O.E (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol). Usant des bonnes vieilles recettes éprouvées pour dominer le mouvement ouvrier, les communistes n’hésitèrent pas intimider et même à se débarrasser des gêneurs - même à l’intérieur de son propre mouvement. En France, Gabriel Péri en fit notamment les frais ; dénoncé qu’il fut à la Gestapo par ses camarades avec la bénédiction des chefs du parti. Pourquoi ? Il avait tout simplement manifesté sa désapprobation du pacte Germano-Soviétique, signé par Staline. Les Thorez, Cachin n’étaient pas très résistants à Hitler, puisque Josef avait parlé. Le Parti Communiste étalait sa propagande jusqu’à dénoncer l’impérialisme Britannique, les faiseurs de guerre du gouvernement français. Après l’entrée des troupes Allemandes à Paris, ils sollicitèrent les nazis afin que l’Humanité puisse continuer à paraître. Le 17 juin 1940, l’Humanité avait invité la population à manifester en faveur de l’armistice avec un sous-tire en langue allemande : « Proletarier alles länder, vereinigt euch ! » (Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !). Aucun journal collaborationniste, n’osera jamais mettre un titre en Allemand. Mise à part quelques sympathisants, l’appareil communiste français ne deviendra résistant qu’au moment de l’opération Barbarossa contre l’U.R.S.S.

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    Ceux qui, une fois enrôlés dans les bandes guérilleros désiraient en sortir, étaient exécutés. ce fut, le cas de San Miguel (P.O.U.M), de Pujadas et de Martinez. Ce fut également le cas du docteur Georgakopoulos, secrétaire particulier de Négrin, ancien chef du gouvernement espagnol en exil et dirigeant du P.S.O.E, de son amie Marija et de Garcia (C.N.T). Ces victimes se trouvaient dans l’ancienne brigade des guérilleros cantonnée à Mérial, Camurac puis Formiguères sous le commandement de Jose Diaz.

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    Luis Garcia

    Les premiers arrêtés furent San Miguel et Pujadas, le 27 septembre 1944. Informés et redoutant le sort qui les attendait, les chefs de la Junta Española de Libération fit intervenir le Comité de Libération de l’Aude. La Junta regroupait les guérilleros, non membre de l’U.N.E. 

    Voyant que le Comité de Libération demandait leur élargissement, les guérilleros de l’U.N.E s’emparèrent du docteur Henri Georgeakopoulos, de son amie Marija et de Garcia. Ils furent lâchement exécutés par « El chato » dans la forêt de Picaussel. Georgeakopoulos était venu s’établir à Mérial près d’Axat, rejoint peu après par sa maîtresse Marija. Le couple s’était lié d’amitié avec Luis Garcia. Ce dernier fut le premier abattu. Georgeakopoulos voyant cela s’enfuit dans les bois avec une balle dans la jambe. Rattrapé par « El Chato », il sera assassiné derrière un talus. Sa compagne subira le même sort. Après leur crime, les tueurs se rendirent chez le docteur et s’emparèrent de 300 000 francs en billets de banque, de pièces d’or et de bijoux. Une autre équipe vint le lendemain ensevelir les trois victimes.

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    Pujadas

    Le 7 octobre 1944, la brigade quittait Mérial pour se rendre à Camurac emmenant les trois prisonniers restant : San Miguel, Pujadas et Martinez Avelino. Dix jour après, ce dernier était exécuté près de Brénac au-dessus de Couiza. Martinez était domicilié à Rodome ; il fut arrêté en septembre 44 à Quillan alors qu’il sortait du café Signoles. 

    A Formiguères, San Miguel et Pujadas passaient devant le tribunal de la brigade et dans un simulacre de procès, étaient condamnés à mort. Tandis qu’on les jugeait, un bal organisé par les guérilleros se déroulait tout à côté. On les vit traverser la salle de bal en pleurant, conduits vers le lieu d’exécution. Le lendemain, un officier de la 5e brigade de guérilleros se rendit à Carcassonne et déclara à la Junta Española qu’il se retirait de la brigade, écœuré par ses crimes. Quant le Comité de Libération de l’Aude voulut connaître le sort des prisonniers, il leur fut répondu qu’ils se trouvaient en Espagne.

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    © Gimenoogues.org

    Ramon Mialet

    Le 13 avril 1946, deux cadavres étaient découverts au lieu-dit « Borde del Jo » près d’Escouloubre-les-Bains. L’autopsie pratiquée par le Dr Philippe Soum conclut que les deux victimes avaient reçu une balle chacune dans le crâne. Ce n’est que bien plus tard que l’on découvrit qu’il s’agissait de deux guérilleros : Mialet et Folch Ramon. Arrêtés en novembre 44 à Quillan chez Raymond Rousset, ils furent conduits à la mairie et dans l’après-midi un groupe de guérilleros vint les prendre pour les amener à Formiguères. En cours de route alors que le convoi se trouvait à Escouloubre, on simula une panne. Les deux hommes reçurent l’ordre de pousser la voiture. C’est à ce moment-là qu’El Chato exécuta l’un d’eux d’une balle dans la nuque. L’autre qui s’enfuit fut rattrapé et subit le même sort. Fernandez, Castella alias ‘Ancantaria » et Amor Fortunato s’emparèrent de tous ce que les cadavres portaient sur eux.

    Le 5 novembre 1944, aux premières heures de la matinée, quatre espagnols sont arrêtés par toujours les mêmes guérilleros. Il s’agit de Michel Gonzalez, Antonio Rodriguez (CNT), Pédro Pérez (PSOE) et Jose Ibanez (PSOE). Ces hommes habitent tous à Montfort-sur-Boulzanne près d’Axat. Chargés sur une camionnette à l’entrée du village, enchaînés et ficelés, ils sont amenés au lieu-dit « La rivièrette » à 300 mètres de la route et tués d’une balle dans la tête. Quelques heures plus tard, ce sont des bûcherons qui découvriront leurs cadavres. Le Dr Beille d’Axat procéda à l’autopsie. Les restes des victimes sont inhumés au cimetière de Montfort. Sur leur tombe, l’inscription suivante : « Aqui reposan M. Gonzalez, V. Vonilla, P. Pérez, J. Ibanez. Fallecieron el 5-11-44 par un piquete fascista. » On oublia sans doute de rajouter à la suite le mot « rouge ».Il y a eu bien d’autres morts suspectes d’espagnols…

    La 5e brigade de guérilleros dépendant de la direction de la U.N.E de l’Aude, installée rue Voltaire à Carcassonne. Elle avait pour filiale, le centre de Quillan au Café de la gare, commandé par Guillermo. La direction générale était à Toulouse et avait pour siège le Café des Arcades, place du Capitole. Après la Libération, le gouvernement français prononça la dissolution des brigades de guérilleros ; la U.N.E les transforma en groupes de « Travailleurs d’exploitations forestières ». Ces groupes tenaient des réunions et faisaient de la préparation militaire.

    Nous tenons à indiquer que l’ensemble des réfugiés républicains espagnols ne se sont pas compromis avec ces crimes. Ils furent pourchassés par les nazis et connurent une fin tragique. Certains sont revenus des bagnes d’Hitler comme Tomas Martin, Mercedes Nunez-Targa. Il faut simplement rappeler et regarder l’histoire en face. Les forfaits de bandits ne sont pas imputables à l’ensemble des patriotes qui se battirent pour la liberté.

    Sources

    l'Humanité / 17 juin 1940

    Les dossiers noirs d'une certaine résistance / 1984

    L'Indépendant / Oct et Nov 1953

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