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Les crimes du fascisme rouge dans la Haute-Vallée de l'Aude

En enquêtant sur les auteurs d’un hold-up dont fut victime un encaisseur de la B.N.C.I (Banque Nationale de Crédit Industriel) de Quillan en 1951, les policiers de la 14e brigade mobile de Montpellier furent informés de l’assassinat de plusieurs espagnols fin 1944, début 1945. Les investigations menèrent à l’identification et à l’arrestation de sept des assassins ou compliques, présumés coupables d’avoir exécuté au moins treize personnes. Ces suspects, tous membres de l’U.N.E (Union Nacional Española), se nommaient : 

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Juan Fernandez, dit "El Chato"

  • Fernandez Juan alias « El chato », domicilié 37, rue Trivalle à Carcassonne
  • Tena Jose de Chalabre
  • Castella Hyacinthe de Chalabre
  • Amor Fortunato de Grésaque (Bouches-du-Rhône)
  • Soleil Ramon de Nice
  • Figueras Casimir de Crapone (Rhône)
  • Reyna Antonio de Salsigne

Parmi les personnes assassinées par ce groupe, des opposants politiques à l’U.N.E. Cette organisation - sous-marin du Parti Communiste Espagnol - avait été fondée dans les mois précédent la Libération de la France, soit-disant pour regrouper les anti-fascistes ibériques sous une même bannière. Il se trouve que parmi les guérilleros, nombreux furent ceux qui refusèrent d’être sous la coupe des Staliniens et d’obéir à leurs méthodes. Ce fut le cas des anarchistes-syndicalistes de la C.N.T, du P.OU.M et du P.S.O.E (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol). Usant des bonnes vieilles recettes éprouvées pour dominer le mouvement ouvrier, les communistes n’hésitèrent pas intimider et même à se débarrasser des gêneurs - même à l’intérieur de son propre mouvement. En France, Gabriel Péri en fit notamment les frais ; dénoncé qu’il fut à la Gestapo par ses camarades avec la bénédiction des chefs du parti. Pourquoi ? Il avait tout simplement manifesté sa désapprobation du pacte Germano-Soviétique, signé par Staline. Les Thorez, Cachin n’étaient pas très résistants à Hitler, puisque Josef avait parlé. Le Parti Communiste étalait sa propagande jusqu’à dénoncer l’impérialisme Britannique, les faiseurs de guerre du gouvernement français. Après l’entrée des troupes Allemandes à Paris, ils sollicitèrent les nazis afin que l’Humanité puisse continuer à paraître. Le 17 juin 1940, l’Humanité avait invité la population à manifester en faveur de l’armistice avec un sous-tire en langue allemande : « Proletarier alles länder, vereinigt euch ! » (Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !). Aucun journal collaborationniste, n’osera jamais mettre un titre en Allemand. Mise à part quelques sympathisants, l’appareil communiste français ne deviendra résistant qu’au moment de l’opération Barbarossa contre l’U.R.S.S.

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Ceux qui, une fois enrôlés dans les bandes guérilleros désiraient en sortir, étaient exécutés. ce fut, le cas de San Miguel (P.O.U.M), de Pujadas et de Martinez. Ce fut également le cas du docteur Georgakopoulos, secrétaire particulier de Négrin, ancien chef du gouvernement espagnol en exil et dirigeant du P.S.O.E, de son amie Marija et de Garcia (C.N.T). Ces victimes se trouvaient dans l’ancienne brigade des guérilleros cantonnée à Mérial, Camurac puis Formiguères sous le commandement de Jose Diaz.

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Luis Garcia

Les premiers arrêtés furent San Miguel et Pujadas, le 27 septembre 1944. Informés et redoutant le sort qui les attendait, les chefs de la Junta Española de Libération fit intervenir le Comité de Libération de l’Aude. La Junta regroupait les guérilleros, non membre de l’U.N.E. 

Voyant que le Comité de Libération demandait leur élargissement, les guérilleros de l’U.N.E s’emparèrent du docteur Henri Georgeakopoulos, de son amie Marija et de Garcia. Ils furent lâchement exécutés par « El chato » dans la forêt de Picaussel. Georgeakopoulos était venu s’établir à Mérial près d’Axat, rejoint peu après par sa maîtresse Marija. Le couple s’était lié d’amitié avec Luis Garcia. Ce dernier fut le premier abattu. Georgeakopoulos voyant cela s’enfuit dans les bois avec une balle dans la jambe. Rattrapé par « El Chato », il sera assassiné derrière un talus. Sa compagne subira le même sort. Après leur crime, les tueurs se rendirent chez le docteur et s’emparèrent de 300 000 francs en billets de banque, de pièces d’or et de bijoux. Une autre équipe vint le lendemain ensevelir les trois victimes.

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Pujadas

Le 7 octobre 1944, la brigade quittait Mérial pour se rendre à Camurac emmenant les trois prisonniers restant : San Miguel, Pujadas et Martinez Avelino. Dix jour après, ce dernier était exécuté près de Brénac au-dessus de Couiza. Martinez était domicilié à Rodome ; il fut arrêté en septembre 44 à Quillan alors qu’il sortait du café Signoles. 

A Formiguères, San Miguel et Pujadas passaient devant le tribunal de la brigade et dans un simulacre de procès, étaient condamnés à mort. Tandis qu’on les jugeait, un bal organisé par les guérilleros se déroulait tout à côté. On les vit traverser la salle de bal en pleurant, conduits vers le lieu d’exécution. Le lendemain, un officier de la 5e brigade de guérilleros se rendit à Carcassonne et déclara à la Junta Española qu’il se retirait de la brigade, écœuré par ses crimes. Quant le Comité de Libération de l’Aude voulut connaître le sort des prisonniers, il leur fut répondu qu’ils se trouvaient en Espagne.

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© Gimenoogues.org

Ramon Mialet

Le 13 avril 1946, deux cadavres étaient découverts au lieu-dit « Borde del Jo » près d’Escouloubre-les-Bains. L’autopsie pratiquée par le Dr Philippe Soum conclut que les deux victimes avaient reçu une balle chacune dans le crâne. Ce n’est que bien plus tard que l’on découvrit qu’il s’agissait de deux guérilleros : Mialet et Folch Ramon. Arrêtés en novembre 44 à Quillan chez Raymond Rousset, ils furent conduits à la mairie et dans l’après-midi un groupe de guérilleros vint les prendre pour les amener à Formiguères. En cours de route alors que le convoi se trouvait à Escouloubre, on simula une panne. Les deux hommes reçurent l’ordre de pousser la voiture. C’est à ce moment-là qu’El Chato exécuta l’un d’eux d’une balle dans la nuque. L’autre qui s’enfuit fut rattrapé et subit le même sort. Fernandez, Castella alias ‘Ancantaria » et Amor Fortunato s’emparèrent de tous ce que les cadavres portaient sur eux.

Le 5 novembre 1944, aux premières heures de la matinée, quatre espagnols sont arrêtés par toujours les mêmes guérilleros. Il s’agit de Michel Gonzalez, Antonio Rodriguez (CNT), Pédro Pérez (PSOE) et Jose Ibanez (PSOE). Ces hommes habitent tous à Montfort-sur-Boulzanne près d’Axat. Chargés sur une camionnette à l’entrée du village, enchaînés et ficelés, ils sont amenés au lieu-dit « La rivièrette » à 300 mètres de la route et tués d’une balle dans la tête. Quelques heures plus tard, ce sont des bûcherons qui découvriront leurs cadavres. Le Dr Beille d’Axat procéda à l’autopsie. Les restes des victimes sont inhumés au cimetière de Montfort. Sur leur tombe, l’inscription suivante : « Aqui reposan M. Gonzalez, V. Vonilla, P. Pérez, J. Ibanez. Fallecieron el 5-11-44 par un piquete fascista. » On oublia sans doute de rajouter à la suite le mot « rouge ».Il y a eu bien d’autres morts suspectes d’espagnols…

La 5e brigade de guérilleros dépendant de la direction de la U.N.E de l’Aude, installée rue Voltaire à Carcassonne. Elle avait pour filiale, le centre de Quillan au Café de la gare, commandé par Guillermo. La direction générale était à Toulouse et avait pour siège le Café des Arcades, place du Capitole. Après la Libération, le gouvernement français prononça la dissolution des brigades de guérilleros ; la U.N.E les transforma en groupes de « Travailleurs d’exploitations forestières ». Ces groupes tenaient des réunions et faisaient de la préparation militaire.

Nous tenons à indiquer que l’ensemble des réfugiés républicains espagnols ne se sont pas compromis avec ces crimes. Ils furent pourchassés par les nazis et connurent une fin tragique. Certains sont revenus des bagnes d’Hitler comme Tomas Martin, Mercedes Nunez-Targa. Il faut simplement rappeler et regarder l’histoire en face. Les forfaits de bandits ne sont pas imputables à l’ensemble des patriotes qui se battirent pour la liberté.

Sources

l'Humanité / 17 juin 1940

Les dossiers noirs d'une certaine résistance / 1984

L'Indépendant / Oct et Nov 1953

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Commentaires

  • bonjour, je ne retrouve plus la référence mais je pense qu'il s'agit d'un transfuge qui à copié les archives du KGB pendant 10 ans, il signale que les staliniens ont traqué les troskistes pendant la guerre d'espagne et ont construit des fours crématoires pour qu'on ne retrouvent pas leurs forfaits et cela bien avant les nazis !!!

  • C 'est le travail des historiens de dire la réalité des faits , même et surtout quand elle dérange !! bravo donc pour ces recherches

  • Ce n'est pas Ancantaria, mais Cantarille, qui a été un bon guérilleros, un bon combattant de l'ombre,
    Ils ont été défendu par maitre Cartier qui les cites dans son livre sur les grands procès.
    Je vous ferai parvenir une photo ou il est avec peut être les autres
    Merci

  • Le dernier geste d'humanité à l'égard de Maruja, de son compagnon le docteur Georgeakopoolos et de leur ami Garcia. Ce passage est extrait de ''Guérilla antifranquiste du Levant/Crimes et falsifications'', page 50:
    Juan Delicado s’absentait souvent de Camurac. Les préparatifs pour aller lutter en Espagne s’accéléraient et il n’avait pas le temps de se consacrer à sa famille. Une fois, alors qu’il était parti depuis plusieurs jours, il appela Fifi au téléphone et lui promit de venir la voir le soir même. En fin d’après midi, ma mère, poussant mon landau, se promenait dans le cantonnement en guettant son arrivée. Tout à coup elle entendit un appel qui venait de la lucarne d’un petit local gardé par une sentinelle. Surprise elle s’approcha et aperçut Maruja, aussitôt elle lui demanda : « Mais que faites vous là dedans ? » La jeune femme qui était en compagnie de deux hommes lui répondit visiblement affolée: « Nous sommes emprisonnés, ils disent que nous sommes des traîtres et qu’ils vont nous juger. Nous avons froid et n’avons rien à manger. S’il vous plaît, quand vous verrez votre mari dites-lui que nous voudrions le voir d’urgence ». Fifi, profondément émue par la détresse de ces personnes, leur promit d’en parler à Juan dès qu’il arriverait.
    Quand mon père fut informé de cette situation, il se rendit à la prison improvisée. Après avoir parlé avec les détenus il leur fit apporter de la nourriture, un brasero et des couvertures. Ensuite il alla trouver José Diaz, le nouveau chef de Brigade, pour lui demander des explications. Celui-ci affirma que l’ordre d’arrêter ces personnes venait du haut commandement, lequel devait incessamment lui fournir d’autres consignes à ce sujet. Juan s’efforça de rassurer Fifi en lui promettant de passer au Quartier Général afin d’en savoir davantage sur cette affaire. Voyant que ma mère s’inquiétait du sort réservé à ses protégés, il lui donna ce conseil : « Fifi, si tu veux aider les gens ne montre pas tes sentiments, il y a autour de nous des personnes intolérantes et malfaisantes ».
    Juan n’a pas réussi à sauver les trois prisonniers. Cette même nuit, le docteur Henri Georgeakopoolos, ex secrétaire particulier de Juan Négrin (ancien chef du gouvernement républicain espagnol), sa compagne Maruja et leur ami Garcia furent assassinés secrètement. Fifi avait établi des rapports amicaux avec Maruja du fait que celle-ci m'avait soigné lors de notre arrivée dans la 5e Brigade. Ma mère ne pouvait évoquer cette tragédie sans éclater en sanglots.
    Cordialement Ivan Delicado

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