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  • Jean Osmont: le roi du swing Audois s'en est allé

    Jean Osmont à 95 ans était le doyen des jazzmen audois ; il est décédé cette semaine. Né un 10 janvier 1921 à Paris, il descend à l'été 1939 chez son oncle et parrain à Brugairolles dans l'Aude pour faire ses études au lycée de Carcassonne. Puis, c'est la guerre et grâce à un père qui "avait du nez", il resta au pays occitan. Là, il est l'élève de M. Roubaud (prof de philosophie) et cotoie René Nelli qui sera plus tard son parrain à "la société des gens de lettres". A cette époque, il a pour camarade de classe Dominique Orlanducci aussi dingue de jazz que lui. Ils vont monter ainsi une petite formation qui animera les "surboums" des copains et copines de Carcassonne. Mais Osmont ne s'arrête pas là, car en pleine guerre il part à Montauban pour rencontrer Hugues Panassié. Ce dernier est le pape du jazz français, fondateur du Hot club de France. Grâce à Jean Osmont va naître en 1941, le Hot club de jazz de Carcassonne.

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    Le quintette du Hot club de Carcassonne

    En 1943, il est constitué par Dominique Orlanducci (guitare), René Miquel (clarinette), Pierre Palau (Batterie), Big Boyer (Contrebasse) et Jean Osmont (trompette). Cette formation fut plusieurs fois primée au concours Pleyel, grâce au concours de Pierre Louise (Père du célèbre organiste Eddy Louiss). Eh! oui, Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne comme bon nombre d'artistes et d'intellectuels. Voilà ce qui explique bien des choses... Le Hot club était hébergé par M. Miailhe, patron du Café des colonies, qui prenait des risques. L'occupant n'appréciant guère cette musique de "Nègre", il fallut prendre des précautions.

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    A la libération, tout alla nettement mieux et le Hot club sortit de la clandestinité. En 1948, il défile lors d'une parade sur les boulevards (On y retrouve Jean Pidoux, André Malacan, Claude Alay...).

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    Au début des années 1950, la ville organisait comme chaque année un bal très chic et c'est Osmont qui fut mis sur les rangs. Sur cette photo au "Congo" de Carcassonne en 1949, de gauche à droite: James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maïoli, Jean Osmont, patron du Congo, Raymond Buisan et Marcel Zanini.

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    Un concert du Hot club au théâtre municipal de Carcassonne vers 1950 avec Loulou Boyer (piano), Jean Osmont (trompette), Philippe Brun (trompette) et raymond Buisan (Batterie).

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    Jean osmont va laisser les clés du Hot club à la jeune génération des 50's: Alay, Grente, Malacan, Buisan. Il va rester président d'honneur, mais va cotoyer les plus grands noms du jazz: Bille Coleman, Django, Montagne, Benny Waters, Chet Baker, Oscar Peterson... et surtout son grand ami, Guy Lafitte (photo).

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    © Kitz/AREP

    Le "papy" continuera malgré son âge à souffler dans le biniou comme ici en 1991 à Toulouse: Gérard Frémeau, Jean Osmont, Charles Barrié, Paul Chéron, Michel Olive, Didier Jeannel et Claude Egéa. Jean Osmont vivait à Narbonne et croyez-moi sa passion était toujours intacte.

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    Jazz classique lui consacra en avril 2006 un beau portrait dans ce Hors-serie. Voilà donc le dernier des mohicans de cette génération de pionniers du jazz Français.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016 

  • Jean Osmont: le roi du swing Audois s'en est allé

    Jean Osmont

    à 95 ans était le doyen des jazzmen audois ; il est décédé cette semaine. Né un 10 janvier 1921 à Paris, il descend à l'été 1939 chez son oncle et parrain à Brugairolles dans l'Aude pour faire ses études au lycée de Carcassonne. Puis, c'est la guerre et grâce à un père qui "avait du nez", il resta au pays occitan. Là, il est l'élève de M. Roubaud (prof de philosophie) et cotoie René Nelli qui sera plus tard son parrain à "la société des gens de lettres". A cette époque, il a pour camarade de classe Dominique Orlanducci aussi dingue de jazz que lui. Ils vont monter ainsi une petite formation qui animera les "surboums" des copains et copines de Carcassonne. Mais Osmont ne s'arrête pas là, car en pleine guerre il part à Montauban pour rencontrer Hugues Panassié. Ce dernier est le pape du jazz français, fondateur du Hot club de France. Grâce à Jean Osmont va naître en 1941, le Hot club de jazz de Carcassonne.

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    Le quintette du Hot club de Carcassonne

    En 1943, il est constitué par Dominique Orlanducci (guitare), René Miquel (clarinette), Pierre Palau (Batterie), Big Boyer (Contrebasse) et Jean Osmont (trompette). Cette formation fut plusieurs fois primée au concours Pleyel, grâce au concours de Pierre Louise (Père du célèbre organiste Eddy Louiss). Eh! oui, Les Louise étaient réfugiés pendant la guerre à Carcassonne comme bon nombre d'artistes et d'intellectuels. Voilà ce qui explique bien des choses... Le Hot club était hébergé par M. Miailhe, patron du Café des colonies, qui prenait des risques. L'occupant n'appréciant guère cette musique de "Nègre", il fallut prendre des précautions.

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    A la libération, tout alla nettement mieux et le Hot club sortit de la clandestinité. En 1948, il défile lors d'une parade sur les boulevards (On y retrouve Jean Pidoux, André Malacan, Claude Alay...).

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    Au début des années 1950, la ville organisait comme chaque année un bal très chic et c'est Osmont qui fut mis sur les rangs. Sur cette photo au "Congo" de Carcassonne en 1949, de gauche à droite: James Moody, Georges Arvanitas, Albert Maïoli, Jean Osmont, patron du Congo, Raymond Buisan et Marcel Zanini.

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    Un concert du Hot club au théâtre municipal de Carcassonne vers 1950 avec Loulou Boyer (piano), Jean Osmont (trompette), Philippe Brun (trompette) et raymond Buisan (Batterie).

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    Jean osmont va laisser les clés du Hot club à la jeune génération des 50's: Alay, Grente, Malacan, Buisan. Il va rester président d'honneur, mais va cotoyer les plus grands noms du jazz: Bille Coleman, Django, Montagne, Benny Waters, Chet Baker, Oscar Peterson... et surtout son grand ami, Guy Lafitte (photo).

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    © Kitz/AREP

    Le "papy" continuera malgré son âge à souffler dans le biniou comme ici en 1991 à Toulouse: Gérard Frémeau, Jean Osmont, Charles Barrié, Paul Chéron, Michel Olive, Didier Jeannel et Claude Egéa. Jean Osmont vivait à Narbonne et croyez-moi sa passion était toujours intacte.osmont7.jpg

    Jazz classique lui consacra en avril 2006 un beau portrait dans ce Hors-serie. Voilà donc le dernier des mohicans de cette génération de pionniers du jazz Français.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016 

  • De quoi les Carcassonnais ont-ils eu peur ?

    Voici donc l'épilogue d'un long combat.

    La mémoire de la villa de la Gestapo de Carcassonne rasée sur décision municipale en février 2015 pour la construction de logements sociaux, a été réduite en une plaque commémorative. Celle-ci a été dévoilée et inaugurée hier à 17h30 par l'A.N.A.C.R (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) en présence de Michel Molhérat (Conseiller Général), Gérard Larrat (Maire de Carcassonne) et Robert Alric (Habitat Audois). On notait également dans l'assistance quelques porte-drapeaux dont un des Guérilleros espagnols, David Scagliola (Centre culturel de la mémoire combattante) et Jean-Louis Bonnet. Ah ! Le devoir de mémoire a bon dos désormais ; il n'est plus hélas qu'un slogan politique - comme tant d'autres : pacte Républicain, laïcité, solidarité nationale, etc.  Ce leitmotiv répété à loisir ne sert plus qu'à sortir étendards et Marseillaise, devant le péril électoral d'un nationalisme décomplexé. Qui est dupe de tout cela ? Pas un jour ne passe sans commémorations, alors que tant de Français confondent 14 juillet et 11 novembre. Ce serait un peu comme fêter Jules Ferry tous les mois et supprimer le latin et le grec. Mince, c'est déjà fait...

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    Hier soir, devant le 67 avenue Roosevelt

    En voyant cette photo que l'on m'a communiquée - car je me suis refusé à participer à cette mascarade - une question m'est de suite venue à l'esprit :

    Où étaient tous ces gens quand j'avais besoin d'eux pour défendre ce lieu ?

    Partout ailleurs - nous le verrons - l'A.N.A.C.R aurait apporté son soutien et son assistance à la défense de ce lieu tragique qui vit tant de patriotes crier sous les coups des tortionnaires de la Gestapo. À Carcassonne, les plus courageux se sont tus ; les hypocrites se sont rangés derrière la parole politique. Ma conviction est qu'il y a eu dès le départ une volonté délibérée d'écraser cette maison, avec discrétion et à n'importe quel prix. Dans quels buts ? Certes, on peut évoquer l'aspect financier mais ce n'est pas selon moi le vecteur le plus important ; Habitat Audois construit du logement social subventionné par les collectivités locales. Celles-ci ont donc toute latitude pour arrêter ses projets. 

    Il fallait absolument éviter un droit d'inventaire sur ce lieu. A son procès en avril 1945, le tortionnaire de la Gestapo Carcassonnaise - l'Alsacien René Bach - lança en plein prétoire cette phrase lourde de sens :

    "Toutes les affaires n'auraient pas été faites, si les Carcassonnais ne s'étaient pas dénoncés entre-eux."

    Même au sein de la Résistance audoise, il y eut des dénonciations. C'est mon intime conviction, notamment concernant l'arrestation de Jean Bringer. Les vengeances personnelles et la cupidité de certains auront eu raison du chef départemental des F.F.I. La Gestapo disposait d'énormes sommes d'argent liquide pour payer ses informateurs. En juin 1944, les maquisards jusque-là peu soutenus par les Carcassonnais virent arriver un flot discontinu de candidats à la lutte armée. Deux mois avant la fin de la guerre, ils ne pouvaient pas tous les équiper. Ces héros de la dernière heure, ce sont ceux qui firent du zèle en tondant les femmes soupçonnées de Collaboration horizontale. 

    Dans la sphère politique et économique locale, on peut supposer qu'il y a eu des héritiers d'un passé familial peu avouable. Dans un soucis de concorde et d'apaisement, il était souhaitable de ne pas remuer la boue. On peut comprendre les craintes de certains. Dans ce contexte, il n'était pas pensable de me retrouver avec de nombreux soutiens. Carcassonne n'a pas été une ville Résistante ; ce n'est faire injure à personne que de l'affirmer. En 1940, c'est une cité bourgeoise et très conservatrice composée essentiellement de petits commerçants, de fonctionnaires et propriétaires viticoles. On est bien loin de Salsigne, qui fournira un grand contingent d'hommes au Corps franc de la Montagne noire.

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    L'histoire locale retiendra le nom de l'organisme gravé dans le marbre

    Dans ce texte, plusieurs choses m'interpellent...

    D'abord, on distingue les résistants et les maquisards. Si  l'on prend la définition du Larousse un maquisard est un "Résistant à l'occupation allemande entre 1940 et 1945, membre d'un maquis." Ce serait donc un pléonasme ? Quand on sait que ce sont les guérilleros espagnols qui ont payé le plus lourd tribu dans cette maison : Thomas Martin, Miguel Amantegui, Mercedes Nunez Targa, Michel Karner, etc. On s'interroge sur le fait que le mot "Guérilleros" ne figure pas dans le texte. 

    Ensuite, la période évoquée ne correspond pas à l'occupation par la Gestapo de cette maison. En effet, elle ne l'a réquisitionné qu'à partir d'avril 1943 jusqu'en août 1944. C'est peut-être un détail...

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    Dans le fond de la parcelle, on a construit une résidence à loyers modérés. Oui, car la maison de la Gestapo a été rasée pour un parking. On ne vous l'avait pas dit ? Habitat Audois a nommé cet immeuble "21 août 1944". Carcassonne a été libérée le 20 août ; que s'est-il donc passé le lendemain ?

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    Le projet de l'architecte

    L'exemple de Foix dans l'Ariège

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    L'ancienne Villa de la Gestapo de Foix

    Grâce à l'opiniâtreté de M. Nadouce et avec le soutien de la section locale de l'A.N.A.C.R, l'ancien siège de la Gestapo de l'Ariège a été réhabilité - il était aussi ruiné que celui de Carcassonne. Dans ce département - comme c'est bizarre - les anciens combattants se sont mobilisés en soutenant le défenseur de ce lieu de mémoire.

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    Il faut croire qu'à Foix, on n'a pas eu peur de regarder l'histoire en face. Le département de l'Ariège a fait de cette maison l'Agence de Développement Touristique d'Ariège Pyrénées en juin 2012. Ce qui ne gâche rien, l'arrière du bâtiment est occupé par l'internat d'un collège. Chaque jour les élèves prennent une leçon d'histoire avec cette plaque rappelant le sacrifice des patriotes.

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