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  • La société de produits chimiques Docor-Grazaille, fondée par Georges Hyvert

    Il est très compliqué de retracer l'historique des industries dès lors qu'il n'existe que peu ou pas de documents d'archives. Très souvent, ils ont été détruits ou perdus après la cessation de leur activité. La société Docor-Grazaille fondée par G.Hyvert, ingénieur des mines, ne déroge pas à cette douloureuse constatation. Le fait est d'autant plus criant quand, dans ce cas précis, l'ensemble des bureaux et bâtiments a été victime d'un incendie en juillet 1944. Il n'existe alors pas trente-six solutions ; il faut soit retrouver les héritiers, soit orienter ses recherches vers la brocante, les vide-greniers, les collectionneurs, la presse locale. C'est vers ces dernières sources de renseignements que nous avons axé nos recherches afin de vous proposer l'article suivant.

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    Georges Hyvert dans son laboratoire

    Georges Simon Hyvert est un ingénieur civil, né à Paris (Ve arrondissement) le 29 janvier 1868. Il vit avec ses parents - Paul Hyvert et Marguerite Fradin - à Carcassonne, au moment de son mariage avec  Marie-Madeleine Faye en juin 1900 à Saint-Junien (Haute-Vienne). C'est d'ailleurs de ce département qu'est originaire l'ensemble de sa famille.

    A la fin du XIXe siècle, Georges Hyvert est passé maître dans les domaines touchant à l'hygiène. Il rédige notamment un livre sur la contamination par les vieux papiers. Rien d'étonnant à cela, puisque son beau-père occupe les fonctions d'administrateur de la Société générale des papeteries du Limousin.

    L'exploitation minière connaît un vrai essor avec la découverte par Marius Esparseil en 1877 de la mine d'or de Salsigne. C'est vers ce domaine d'étude que s'oriente Georges Hyvert en véritable passionné de géologie. Il possède d'ailleurs une extraordinaire collection de minerais. Durant sa vie, il ne cessera d'écrire des livres et de rédiger des articles pour la Société d'Etudes Scientifique de l'Aude, dont il devient un des membres en 1892. Il entre également en politique aux côtés du maire Gaston Faucillon ; il sera élu Conseiller municipal et se présentera sans succès aux élections cantonales de Carcassonne en 1910, comme candidat indépendant d'Union Républicaine, Radicale, Socialiste. Georges Hyvert - Chevalier du mérite agricole et Officer de l'instruction publique - décède en 1939 à l'âge de 71 ans, non sans laisser à la postérité un énorme travail documentaire sur la géologie.

    La société Docor-Grazaille

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    L'usine du Moulin Rabaud à Limoges

    Georges Hyvert possède au début du XXe siècle, deux sociétés avec des actionnaires. La manufacture des spécialités Docor, société anonyme au capital de 600.000 francs se trouve à Limoges, au Moulin Rabaud. D'après un dossier conservé aux archives de la Haute-Vienne, il semblerait que cette usine ait été acquise en 1911 et vendue en 1924. 

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    Les bâtiments de l'usine Docor-Grazailles

    A Carcassonne -1, chemin de Grazailles- est situé l'Etablissement de produits chimiques de Grazailles au capital de 250.000 francs. En 1918, il y a amodiation à la manufacture Docor de Limoges, dans l'attente de la fusion des deux sociétés. C'est vraisemblablement après la vente de l'usine de Limoges que la société devient Manufacture Docor-Grazaille. Le siège social - 61, rue de la gare à Carcassonne - s'établit alors à Bordeaux ; l'administration reste dans la capitale audoise.

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    Le Docor

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    Le bouillon Docor est, selon une publicité de l'époque diffusée pendant la Grande guerre :

    Un potage familial qui a remplacé les exotiques. Docor est le meilleur produit français qui est absolument invincible a tué les similaires boches. C'est défendre la France que de ne consommer que des produits français. Envoyez du Docor à nos chers prisonniers. En vente dans toutes les bonnes épiceries, 0,50 centimes la boite.

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    Une lettre de 1915 adressée au maire de La Rochelle fait état de la livraison de plusieurs tablettes de Docor pour l'assistance publique. Nous pouvons donc penser que le marché s'étendait sur le territoire national.

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    L'atelier de fabrication

    Le Pyralt

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    En 1910, Georges Hyvert découvre un gisement de phosphate de Chaux aux environs d'Alet dans le dévonien supérieur. C'est une excellente matière pour la fabrication du superphosphate (Société Nationale d'agriculture de France / 12 janvier 1910). Grâce à la concession de mines, comme celle de la Bousole dans les Corbières obtenue le 10 octobre 1938 jusqu'en 1982, la société Docor-Grazaille développe un certain nombre d'engrais pour la viticulture.

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    Engrais chimiques appropriés aux cultures et à la nature des sols. Phospho-Guano provenant de la chair et des os d'animaux d'équarrissage. Superphosphate d'os, gelatine, sang desséché, graisse de cheval, engrais humain, sulfate de cuivre, eau céleste et ammoniurie de cuivre concentrés. M. Hyvert reçoit à son usine de Grazailles tous les animaux morts ou à abattre. Payés selon le poids.

    Les inventions de G. Hyvert

    Après le conflit viticole de 1907, Georges Hyvert invente un procédé permettant de révéler la présence d'eau sucrée dans le vin, communément appelée "mouillage". Le vin examiné est d'abord décoloré avec du noir ranimal puis soumis dans le Fraudoscope. En quelques minutes, il prend une coloration bleue plus ou moins intense, suivant qu'il a été additionné à une faible ou grande quantité d'eau. Le résultat probant de ce procédé fut le fruit de sept ans de travaux.

    En 1912, il fait part de ses recherches sur les insecticides. Il a remarqué l'action lente des arséniates de plomb sur les insectes ampélophages. Leur emploi intoxique l'animal et gêne ses facultés de reproduction. L'addition de sels arsenic à la glycérine provoquent la mort de l'insecte. 

    L'incendie de juillet 1944

    Le 20 août 1944, les allemands assassinent une vingtaine de personnes au Quai Riquet. Les bâtiments situés en bordure du Canal du midi sont incendiés. Parmi eux, il y a des établissements Embry et l'usine Docor-Grazaille. Au début des années 1950, les ruines seront rasées et remplacées par des immeubles d'habitation. Roger Hyvert, le fils du fondateur de la société Docor, prendra la succession. Ce dernier, également ingénieur civil des manufactures, se distinguera par ses très nombreuses études sur le patrimoine historique du département de l'Aude. Dans les pas de son illustre père, il prendra la présidence de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude en 1937.

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    © SESA

    Roger Hyvert

    (1901-1988)

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  • Les fêtes des cadets de Gascogne et du Languedoc, à Carcassonne en 1898

    En août 1898, une troupe composée de personnalités de la littérature, de l'art et de la politique entreprit un voyage dans le Midi de la France. "Les cadets de Gascogne" ainsi nommés, honorèrent de leur présence la ville de Carcassonne pendant quatre jours de fêtes à vocation culturelle, du 12 au 15 août.

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    © Bibliothèque municipale de Lyon

    12 août 1898

    Les Cadets de Gascogne arrivent le 12 août à 9h20 en gare de Carcassonne et sont accueillis par le membres du Comité des fêtes avec à sa tête le général de la Sougeole. Parmi eux : MM. Maure, de Bordas et Jourdanne (Vice-présidents) ; MM. Auboise, Doinel, le colonel Grillières, Larrousse, Michel Sabatier (présidents des commissions) ; MM. Ambry, Chosset, Esparseil, le commandant Maillé (adjoints) ; M. Dusseau (trésorier) ; MM. Philibert et Jordy (secrétaires). Après un bref discours de M. Faucilhon (1er adjoint au maire), les Cadets placés dans des landaus prirent la direction des boulevards, précédés des musiques du 15e et 100e régiment.

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    Une fois arrivés à l'hôtel de ville, Maurice Sarraut fit remarquer que la grande salle de la mairie datant de 1618, tombait presque en ruine et fut remise rapidement dans un état presque convenable pour les accueillir. Dans l'assistance, on remarquait MM. Jules Sauzède (Maire), Georges Leygues (président du Comité des Cadets), Goujon (directeur des Beaux-arts), le général Mansuy (commandant la brigade de cavalerie).

    13 août 1898

    A 10 heures du matin, on procède dans le péristyle du musée des Beaux-arts à l'inauguration du buste de Jacques Gamelin posé sur son piédestal. M. Alboize - directeur du journal "L'artiste" - remet le monument  à la ville au nom du Comité. Le voile qui couvre l'oeuvre tombe et dévoile la magnifique sculpture. Un tonnerre d'applaudissement se fait entendre accompagné de "Vive Falguière". 

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    Ce buste en bronze dessiné par Alexandre Falguière (Premier Grand prix de Rome en 1859) a été fondu par Thiébaut frères, fondeurs à Paris. Cet été il se trouvait encore dans un coin sombre du péristyle du Musée des Beaux-arts de Carcassonne, noyé sous la poussière et les toiles d'araignées. Gageons qu'un meilleur sort lui a été réservé depuis... Il n'est après tout que recensé dans le catalogue des biens nationaux.

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    © Wikipedia 

    M. Roujon retrace alors la carrière du célèbre peintre Carcassonnais 

    "Gamelin passa sa vie loin de Paris. A part un rapide séjour qu'il y fit au temps de sa jeunesse, il partagea son existence entre Rome, qu'il habita plusieurs années, et quelques villes du Midi. Or, au siècle dernier déjà, comme de nos jours, vous le savez, il n'était pas de renommées que celles que Paris avait consacrées. Cette consécration manque à Gamelin. Près d'un siècle s'est écoulé depuis sa mort, et sa notoriété ne s'est point élargie ; elle n'a pas dépassé les limites restreintes de la région où il a vécu, où ses oeuvres cependant son disséminées à profusion dans les églises, les musées, les collections privées - sans y être, faut-il l'avouer ? toujours estimées à leur mérite. Par-delà nos provinces méridionales on ignore jusqu'à son nom !

    Et pourtant Gamelin fut un peintre de race, un artiste dont l'originalité, par ses côtés caractéristiques, défie tout rapprochement, toute comparaison avec aucun autre artiste de son époque. Non pas que son art ne soit bien de son temps, qu'il répudie aucune des formules, qu'il s'affranchisse de toute tradition, mais à mesure que sa personnalité va se dégageant, un don d'observation très sagace, une imagination ardente, un tempérament fougueux se révèlent en lui ; un maître s'affirme fièrement." 

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    © Coll. Mario Ferrisi

    A. Rouquet, A. Laugé, J. Auboise et A. Astre

    La cérémonie s'acheva par la déclamation d'un poème d'Armand Silvestre par Mounet-Sully, intitulé "Ô terre de Gascogne" et la remise de décorations. M. Roujon décerna au nom de M. Bourgeois - Ministre de l'instruction publique - les Palmes d'officier d'Académie à MM. Journet (Membre de la Société des Arts de Limoux), Achille Mir (Félibre) et Achille Rouquet (Directeur de la Revue Méridionale). Le peintre Achille Laugé les reçut des mains de son professeur, M. Jean-Paul Laurens.

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    © Bibliothèque municipale de Toulouse

    Dans un écrin-photo en guise d'album souvenir des fêtes de Gascogne et du Languedoc, se trouve la reproduction d'un tableau d'Achille Laugé et une ode de Maurice Sarraut à la Cité.

    Les Cadets se rendirent ensuite à l'intérieur du musée afin de visiter l'exposition de tableaux de Jacques Gamelin.

    A la cité 

    A 5 heures de l'après-midi à la Basilique Saint-Nazaire, le chanoine Gasc souhaita la bienvenue aux Cadets. Jane Ediat interpréta l'Ave Maria de Cherubini et l'air du Messie de Haendel accompagné à l'orgue par M. Baichère. La Maîtrise paroissiale, dirigée par l'abbé Falcou chanta des airs languedociens.

    Tout le long de la journée de nombreux concerts se succédèrent dans la ville. Une retraite aux flambeaux amena les Cadets jusqu'au square Gambetta, où l'on entendit "Le Miéjoun".

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    Paul Vidal

    (1863-1931)

    Il s'agit d'une cantate composée par Paul Vidal, chef d'orchestre de l'opéra de Paris. Une rue de Toulouse près de la place St-Georges porte le nom de ce musicien oublié. L'oeuvre fut dirigée par M. Escaffre - maître de chapelle de l'église Saint-Vincent - et jouée par l'Harmonie vocale et l'orchestre de Carcassonne. 

    14 août 1898

    Au milieu d'une grande foule d'étrangers, près de 200 convives participèrent au banquet dressé dans le jardin de l'ancien évêché à la Cité. 

    Menu

    Beurre des vacheries de Messire

    Sardines des mers narbonnaises.

    Hachis de porc des Cévennes

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    Loup marin de la grande mer de Taprobane

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    Cassoulet féodal de la Cioutat

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    Alésions au cresson de la Barbacane

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    Bombe Grégeoise Trencavel

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    Poires albigeoises

    Biscuits en fouaces Roger Bernard

    Châteaux en pâtisserie de Gascogne

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    Limons du bon pays de Razès

    Grand hydromel mousseux du messire Michel Sabatier

    Elixir noir. Fine champagne des Trouvères

    Liqueurs de la vicomtesse Michelinede l'antique Cité

     

    Le Banquet s'acheva à 2h12 de l'après-midi par un cortège historique dans les rues de la Ville basse. Cette reconstitution historique n'aurait pas été possible sans le concours de M. Doinel, archiviste départemental.

    15 août 1898

    La dernière soirée de ces fêtes fut consacrée au tout premier feu d'artifice lancé depuis les remparts de la  vieille ville.

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    Après une nouvelle retraite aux flambeaux, à 9h34 du soir l'embrasement de la Cité enthousiasma les 2000 personnes qui s'était massées pour l'apercevoir, suivant l'ordre suivant :

    1. Salve de 25 marrons d'air

    2. Embrasement de l'enceinte extérieure

    3. Tir de 50 bombes et de 210 fusées diverses

    4. Salve de 25 marrons d'air

    5. Embrasement des deux enceintes et de St-Nazaire

    6. Grand bouquet de 300 chandelles romaines lançant 4000 globes de couleurs variées

    7. Tir de 300 marrons d'air

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    Les Cadets et les invités purent y assister depuis l'emplacement réservé à l'extrémité de la rue du 24 février, près du cimetière St-Michel. La réussite totale du spectacle pyrotechnique est due à la Maison Floutier de Toulouse. La difficulté de l'opération consistait surtout dans le développement de plus d'un kilomètre des parties embrasées.

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    © Bibliothèque municipale de Lyon

    Lithographie de J-P Laurens

    "La ville de Carcassonne en a retiré déjà et en retirera encore dans l'avenir un bénéfice sérieux, non seulement au point de vue matériel, mais encore à un point de vue plus élevé, car elle aura désormais toute dans toute la France le renom d'une cité accueillante et hospitalière, éprise d'art et de poésie, possédant dans son sein ce monument unique en son genre, cet inestimable joyau, qui faisait hier dire à Chincholle : "Le monde entier pourrait venir ici y apprendre quelque chose, puisque l'antique cité est la seule ville du moyen-âge restée complète, intacte entre ses murs si caractéristiques."

    (L'express du Midi)

    Comme vous ne l'ignorez pas, à Carcassonne tout se finit avec des polémiques. Les années passent, les moeurs demeurent...

    "M. Esparseil, à propos du fascicule de la Revue Méridionale consacré aux fêtes de gascogne, s'élève avec vigueur contre une assertion de cette revue qui, nous dit-il, attribue à M. Rouquet, son directeur, le mérite d'avoir imaginé, ou, comme on l'a dit, "enfanté" le bel embrasement de la Cité, triomphale clôture de ce réjouissances artistiques. Il revendique cet honneur pour notre confrère, M. le colonel Grillières. Ce dernier associe à son propre nom celui de M. Esparseil son collaborateur laborieux et méritant."

    (Revue des Pyrénées et de la France méridionale / 1898)

    "Au sujet de l'embrasement de la Cité, M. Poux demande quel en a été le promoteur ? M. Sivade rappelant ses souvenirs relatifs aux fêtes des Cadets de Gascogne qui eurent lieu en 1898 et auxquelles il prit une part active, dit que M. Bouffet alors ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et le colonel de génie en retraite, Grillières, alors président des la Société des Arts et des Sciences, doivent être regardés comme étant les promoteurs du premier embrasement qui eut un succès des plus retentissants. M. Sivade ajoute qu'il y assista avec la Comité des fêtes.

    (Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne)

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  • L'exécution par la Résistance d'Albert Kromer, chef de la Milice à Carcassonne

    Albert Kromer né le 12 juin 1905 à Belfort, commerçant 21 rue Georges Clémenceau, est exécuté avec Elise Journet née le 17 février 1903 à Carcassonne - son épouse - au second étage de son appartement situé rue Tranquille.

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    Le Midi Socialiste / 25 février 1944

    Le chef de centaine Kromer fut avec René Bach - l'interprète de la Gestapo - la figure la plus redoutée de la collaboration Carcassonnaise. Marié à une Carcassonnaise depuis le 23 octobre 1929, il tenait un magasin de jouet dans la rue de la gare depuis plusieurs années. En représailles après l'affaire de Belcaire dont nous allons parler plus bas, la Résistance commença par lui adresser un courrier le 8 décembre 1943, puis un cercueil miniature pour lui souhaiter une Bonne année 1944.

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    L'exécution de Kromer

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    Le magasin de jouet Kromer et leur appartement

    © Google maps

    Les chefs de la Résistance, ayant décidé d'éliminer Kromer, demandent aux dirigeants de la Région R3 de leur fournir des volontaires pour l'abattre. On leur envoie deux jeunes gens appartenant aux groupes francs. Il s'agit de Louis Bonfils alias "Paulo" né le 12 août 1920 à Nice et de Mathieu alias "Fracasse". Le premier sera fusillé à Montpellier pour avoir ensuite tenté d'assassiner le chef du groupe Collaboration de Narbonne, le 7 avril 1944. Le second, fit partie du commando qui assassina Philippe Henriot le 28 juin 1944 à Paris ; il sera tué pendant la Libération de la capitale en août de la même année.

    Mathieu se présente donc le 24 février 1944 à la porte du domicile des époux Kromer, rue Tranquille à Carcassonne. Il tire trois balles de pistolet 7,65 ; deux atteignent Kromer qui est tué sur le coup, la troisième atteint sa femme qui s'était portée à son secours. Blessée au visage, elle est transportée à la clinique Cathala (route de Toulouse) où elle décèdera le lendemain.

    Aux obsèques des époux Kromer, tout ce que Carcassonne compte de collaborateurs et miliciens est là, dont 120 francs-gardes en uniforme avec leurs armes. Les allemands offrent deux couronnes et sont représentés par quatre officiers dont un colonel. L'enquête confiée à deux inspecteurs du Service régional de police judiciaire de Montpellier ne donnera rien.

    Après l'exécution, les deux Résistants furent pris en charge par l'abbé Courtessole. L'équipe resta à Carcassonne, tantôt hébergée par madame Fournier, tantôt à l'hôtel.

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    Albert Kromer est inhumé à Villemoustaussou dans le caveau de sa belle famille.

    L'affaire de Belcaire

    Au début du mois de novembre 1943, les allemands avaient eu connaissance que des réfractaires du S.T.O (Service du Travail Obligatoire) se cachaient à Belcaire et Camurac, où ils recevaient de l'aide. Ils exigèrent de la police française qu'elle mène une enquête. Les commissaires Pierre Escudey et Gabriel Creupelandt furent chargés de la mission. Ils étaient Résistants et dressèrent, bien entendu, un rapport négatif. Celui-ci n'ayant pas convaincu la Gestapo, c'est là qu'entre scène Albert Kromer - membre du P.P.F et chef de la Milice sous le numéro MO-221. Accompagné par l'inspecteur de la Gestapo Hoffman, ils font une descendante à l'hôtel Bayle de Belcaire. Ils y recueillent des renseignements en se faisant passer pour des résistants. Ils apprennent que L'hôtel Bayle héberge des clandestins et que le menuisier Julien Toustou, emploie en cachette des réfractaires du S.T.O.

     Le 29 novembre au cours d'une opération menée au petit matin par 60 soldats du 71e régiment de l'Air, cantonné à la caserne Laperrine de Carcassonne, des policiers allemands, de René Bach et de miliciens avec Albert Kromer, plusieurs personnes sont arrêtées. Elles sont amenées dans les geôles de la caserne pour y être interrogées. Seront déportés en Allemagne : Jacques Vacquié (Maire de Camurac), René Bayle (Hôtelier), Julien Toutou (Menuisier), René Fournet, Raymond Demarchi, Baptiste Arnaud et Raymond Dieuzère.

    Témoignage de Reine Bayle en 1989

    "J'avais flairé un piège quelques jours auparavant en voyant dans l'hôtel deux hommes, un chef de la Gestapo et un marchand de jouet nommé Kromer. Le 29, lors des arrestations elle aperçoit que les allemands arrachent du registre de l'hôtel la page où est inscrit le nom du commerçant. Le lendemain, raconte Reine, je suis allée à Carcassonne, à la préfecture et au commissariat pour avoir des renseignements sur l'arrestation de mon frère René, puis dans une rue du centre ville j'ai reconnu ce Kromer dans son magasin. Grâce à une cousine, on m'avait indiqué le marchand de jouets. Revenue à Belcaire, il y avait le sous-préfet, on faisait semblant de ne pas croire mes explications. Par chance, les allemands ne m'ont jamais interrogé. Je n'ai pas été inquiétée."

    Le 10 janvier 1944, une perquisition a lieu dans le bureau du commissaire Escudey et au domicile de son adjoint, Gabriel Creupelandt. Ils sont envoyés en déportation. Pierre Escudey, né à Toulenne le 24 novembre 1909, mourra à Neuengamme le 6 janvier 1945.

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    Gabriel Creupelandt, né à Roubaix le 31 décembre 1910, mourra le 28 février 1945 à Vaihingen. Ce dernier a son nom gravé au Monument aux morts de Bram.

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    Leurs noms figurent sur une plaque en hommage aux "Morts pour la France" dans la cour du commissariat de Carcassonne.

    Sources

    La 2e guerre mondiale dans l'Aude / J. Allaux

    La Résistance audoise / Lucien Maury

    Archives de l'Aude

    Généanet

    Merci à Sylvain le Noach pour ses renseignements sur G. Creupelandt

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