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  • Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi...

    Nous nous satisfaisons d'avoir appris il y a trois jours dans la presse locale que l'Association des Amis de la Ville et de la Cité, allait faire poser une plaque sur la maison du cinéaste André Cayatte, située rue Pinel. L'entreprise ne s'arrête pas là puisque il est également question de faire la même chose sur le 24, route minervoise à l'endroit où à séjourné le poète Louis Aragon pendant la guerre - nous avons rédigé récemment un article à ce sujet. Voilà donc une heureuse initiative qui trouve pour une modeste partie son origine, dans les nombreux articles de ce blog qui, depuis cinq années, sollicite les élus pour rendre cet hommage à André Cayatte et à d'autres, sans succès. Monsieur Noël Pagé, ancien professeur et féru de cinéma, avait rédigé un courrier il y a trois ans au maire de Carcassonne afin de relayer cette demande officiellement. La ville ne semblait pas disposée à accéder à la requête quand, avant les élections, on apprit qu'une demande avait été faite auprès du propriétaire actuel de l'immeuble. Après le scrutin, les mouches ayant changé d'âne on ne parlait plus de Cayatte, jusqu'à aujourd'hui.

    Faisant nôtre l'adage selon lequel "il n'est jamais bon d'avoir raison trop tôt", nous saluons la perspicacité et l'entreprise de cette illustre association oeuvrant avec intelligence et efficacité sur le terrain. Nous regrettons simplement que le journal ait oublié dans ce concert de louange de citer le blog "Musique et patrimoine", qui est sinon un bouillon de culture, tout du moins, un laboratoire des bonnes idées... 

    Dans un autre registre, l'urne contenant de la terre du camp de Buchenwald et déposée en 1948 au pied du monument à la Résistance, va être prochainement remise au square Gambetta. Le Conseil général de l'Aude a fait refaire l'objet disparu sous la pioche des engins de chantier en 2003. Les élèves de Carcassonne en déplacement dernièrement en Allemagne on ramené de la terre des camps de concentration. Nous avions signalé cette disparition il y a trois ans ; nous avons fourni des photos aux services du Conseil général afin de refaire l'objet à l'identique. 

    Dans tous les cas, nous espérons au moins recevoir un petit bristol d'invitation à ces mémorables journées d'inauguration.

                                               Le Chevalier de Lagardère

  • Carcassonne entre la calotte et le maillet

    Après l'affaire Dreyfus qui déchaîna les passions à travers le pays, la France se retrouve fortement divisée en deux camps politiques : le premier, anti-dreyfusard, catholique et antisémite est représenté par les droites ; le second, dreyfusard, anticlérical et franc-maçon s'incarne plutôt au sein des partis de gauche. C'est dans ce contexte que se constitue en 1899 le bloc des gauches ralliant radicaux, progressistes modérés et socialistes afin de contrer une droite nationale, sortie tout de même affaiblie de l'affaire Dreyfus. Pierre Waldeck-Rousseau à la tête du gouvernement de Défense républicaine depuis le 22 juin 1899, mène une politique de chasse aux sorcières contre les nationalistes au sein de l'administration française et plus particulièrement de l'armée. Son élection comme président du Conseil arrive juste après que la condamnation du capitaine Dreyfus ait été abrogée par la cour de cassation.

    Le ministère Combes

    Le 11 mai 1902, le Bloc des gauches obtient la majorité absolue à la chambre des députés. Waldeck-Rousseau est reconduit à la tête du gouvernement, mais atteint d'un cancer du pancréas, il ne finira pas son mandat. Sur ces conseils, le Président de la République Émile Louvet nomme Émile Combes comme successeur le 7 juin 1902.

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    Émile Combes

    (1835-1921)

    La personnalité et le parcours de ce Tarnais, membre du Parti Radical, est assez particulière dans le contexte politique agité de ce début de XXe siècle. Celui qui au sein du Grand séminaire d'Albi porta la soutane et fut tonsuré, devint le ensuite le défenseur acharné de la laïcité et d'un anticléricalisme d'état. C'est par exemple sous sa mandature que sont rédigées les grandes lignes de la future loi de 1905 sur la séparation de l'église et de l'état. On compte que sous sa mandature 2500 congrégations religieuses d'enseignement privé seront fermées. Elles résistent parfois avec force avec l'appui de la population, comme à Carcassonne dans le quartier des Capucins où les moines sont chassés et mis en prison. En conflit avec le Vatican sur le Concordat de 1801, la France retire son ambassade à Rome avec l'arrivée de Pie X. Combes s'oppose à la pratique des langues régionales dans les églises, où le message de l'homélie pourrait cacher des pensées subversives à l'encontre des valeurs de la République. Que dirait-on aujourd'hui, si l'on interdisait les prêches en langue arabe dans les mosquées ? La circulaire Combes provoque la condamnation de 110 prêtres pour délit de langue bretonne.

    Le président du Conseil à Carcassonne

    Après un passage à Castelnaudary, Émile Combes se rend dans la capitale audoise par le train. Il y est accueilli le 24 juillet 1904 sur le quai de la gare à 9 heures et demi par son ministre de la guerre, le général André. Le député-maire Jules Sauzède ainsi que les autres parlementaires de l'Aude du Bloc des gauches l'attendent en compagnie du général Blanc, commandant le 16e corps d'armée. Les officiels montent avec le président du Conseil dans une voiture ; elle passe sous un arc de triomphe dressé pour l'occasion au carrefour de l'actuel boulevard Omer Sarraut. Il porte la mention suivante :

    "Honneur au ministère Combes"

    Ministère combes..JPG

    © Martial Andrieu

    Ses partisans politiques saluent le cortège sur son passage. Ces adversaires de droite sifflent celui que la presse catholique nomme "le défroqué". De petites cartes à son effigie ont été affichées sur les murs de la ville. Elles le représentent en curé avec un chapeau espagnol ; sur son ventre figurent le triangle et les trois points maçonniques. Au-dessus, la devise Liberté-Égalité-Fraternité. Au-dessous, l'article 10 de la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen :

    "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses"

    pour copie conforme, signé E. Combes.

    anti maçon.jpg

    Ils ont oublié le reste de la phrase

    "pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par loi."

    À ce propos, une rumeur circule en ville selon laquelle des catholiques vont huer Combes devant la préfecture, pour protester contre la fermeture à Carcassonne de deux établissements privés et du couvent Notre-Dame. Des mesures sont immédiatement prises pour contrer la manifestation. Rien de tel ne se passa, le président du Conseil reçut à 10 heures l'ensemble des cours constitués. 

    Le général Blanc avec ses officiers généraux rappellera son attachement à la République.

    combes

    Mgr de Beauséjour dont la nomination à l'évêché ne se fera pas sans difficultés avec le Saint-siège - en raison du nobis nominavit - présentera son clergé. Le maire Jules Sauzède se félicite d'avoir laïcisé les hôpitaux et les bureaux de bienfaisance ; en retour le président du Conseil l'invite à créer davantage d'écoles d'infirmières. Ce sont les soeurs qui ont tenu très longtemps les hôpitaux. Le pasteur indique quand à lui : "Que nos églises restent ou non unies à l'état, nous ne cesseront de préparer à la patrie des hommes de foi, de conscience et de dévouement."

    Le vénérable de la loge maçonnique de Carcassonne s'exprima ainsi :

    "Nous vous remercions des services inoubliables que vous rendez à notre France, à notre République en nous débarrassant des congrégations de toute nature, de toute robe, protégeant l'enfant en laïcisant l'école, préparant de bons citoyens pour la grande cité future.

    Le président du Conseil répondit :

    "L'idéal de la maçonnerie est trop connu pour qu'il soit nécessaire de la venger des calomnies dont elle a été l'objet. On sait maintenant que la maçonnerie est synonyme de libre pensée ; ce n'est pas une secte puisqu'elle poursuit au contraire l'affranchissement des sectes, et à ce titre, je m'honore d'appartenir à la maçonnerie." 

    Il poursuit son long discours par une phrase sans équivoque sur ce point :

    "On ne transforme pas en deux ans un esprit public empoisonné pendant un siècle."

    Le président du Conseil termine sur son programme de réformes sociales avec notamment l'abaissement de la durée du service militaire, l'instauration de retraites ouvrières et d'une loi créant l'impôt sur le revenu, comme correctif des inégalités et des injustices. Celle-ci ne sera finalement pas votée avant 1914.

    Après un dîner à la préfecture, M. Combes repart de Carcassonne et quitte Carcassonne à 9h45 du soir en direction de son village de Pons.

    L'affaire des fiches

    Le 28 octobre 1904, le ministère Combes tombe à cause de l'affaire des fiches. À l'initiative du ministre de la guerre, le général André, une majorité des loges maçonniques du Grand Orient de France avaient constitué des fiches sur les opinions politiques et confessionnelles des militaires. Les plus modérées ne donnèrent pas de suite à cette demande du conseil de l'ordre, considérant qu'il s'agissait de pratiques de basse politique. L'affaire éclate au grand jour à l'Assemblée nationale mettant fin à la présidence d'Émile Combes au sein du conseil des ministres.

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  • La caserne de gendarmerie s'effondre : trois morts !

    Au mois de juillet 1899, l'adjudication pour les travaux de la future caserne de gendarmerie de Carcassonne est attribuée à plusieurs entreprises : Lucien Bonnet (plomberie et zingueriez), Joseph Baptiste (Menuiserie), Baby (peinture, vitrerie, tentures), Rouzaud (plâtrerie), Targuat (ferronnerie), Laffon (Charpente) et Blavet (terrassement et pavage). Le coût du devis s'élève à 247 000 francs, plus 2000 francs de travaux divers.

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    © Martial Andrieu

    Le chantier de la caserne 

    Le 27 octobre 1900, un évènement tragique sur le chantier va endeuiller Carcassonne. Vers trois heures de l'après-midi, tandis que les ouvriers étaient occupés au garnissage de la tuile mouillée eau faite des murs de la nouvelle caserne, route de Narbonne, un craquement s'est fait entendre à l'angle nord-est de l'aile droite du bâtiment. Il s'écroule alors avec fracas. Les murailles hautes de neuf mètres ont cédé sur une hauteur de trois mètres au-dessus du sol. 

    Aidés par les ouvriers, les pompiers et les soldats du 15e de ligne et du 17e dragons ont commencé à déblayer les gravats pour retrouver des victimes. Ils ont été rejoints sur place par MM. Marraud (préfet de l'Aude), Vézinhet (président du tribunal civil), Cros-Mayrevieille (président du tribunal civil de Narbonne), Leroy (juge d'instruction), Sauzède (Maire), Faucilhon (premier adjoint au maire), etc... On installe des lampes pour permettre d'éclairer le site. À cinq heures, on dégageait le corps mutilé de M. Rigaud. Les recherches durèrent toute la nuit pour sortir celui de MM. Bissard - espagnol demeurant rue des Rames. Le cadavre de Gaston Longratte, ouvrier Agenais, ne sera relevé que le lendemain à huit heures du matin.

    L'enquête a été confiée à M. Delorme ; elle devra déterminer les causes du sinistre. C'est M. Desmarets -architecte départemental - qui avait dressé les plan et surveillé les travaux. 

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    La caserne de gendarmerie sera rasée en 1985

    Voilà un évènement tragique que nous avons exhumé grâce à une photographie et des recherches sur les journaux locaux de cette époque.

    Sources

    L'express du midi

    11 juillet 1899 et 27 octobre 1900

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