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  • Honneur à Jacques Charpentier !

    Vendredi dernier 15 janvier 2016 avait lieu à l'hôtel de la Cité, la remise de la cravate de commandeur de la légion d'honneur à Jacques Charpentier. Ce grand compositeur, élève d'Olivier Messiaen et ancien directeur de la musique sous le ministère d'André Malraux, a choisi depuis les années 1960 d'être citoyen Carcassonnais. Son oeuvre musicale est immense ; des Études  karnatiques inspirées par ses voyages en Inde, à son unique opéra - Béatrice de Planisolas - dont le livret en occitan est d'un certain René Nelli. Jacques Charpentier a également composé de la musique pour le Festival d'art dramatique de Carcassonne, dirigé jusqu'à la fin des années 1960 par son ami Jean Deschamps.

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    © La dépêche

    Aussi, ai-je bondi sur ma chaise lorsque je vis en photographie dans la presse, ce cortège d'élus s'incliner les uns après les autres devant lui, comme une procession ferait la génuflexion devant un reliquaire. Ils ont tous le pouvoir - ou l'ont eu - de faire jouer son opéra en langue occitane au Festival de la Cité. Qu'attendent-ils, son jubilé ? Les promesses rendent les enfants joyeux, mais cet homme de 88 ans n'a plus l'âge de l'enfance. N'est-il pas honteux d'avoir entendu cette oeuvre au Festival d'Aix-en-provence ou au Théâtre du Capitole, quand Carcassonne reste sourd à cette histoire dans l'action se passe en Pays cathare. Oui, je sais, vous allez me dire... celui de l'agneau Cathare, du miel cathare et du pain cathare ! 

    Que pense t-il Jacques Charpentier du massacre chaque été du mur antique du Grand théâtre de la Cité, avec une structure en aluminium supportant des ventilateurs pour refroidir les gélatines des éclairages ? On ne peut plus jouer phèdre ni Britannicus, ni même un concert symphonique... Que pense t-il du soi-disant anniversaire des 10 ans d'un festival, qui a été créé par son ami Jean Deschamps voilà 60 ans, tirant ainsi un trait sur toute l'histoire dramatique du lieu ? Que pense t-il de l'abandon pur et simple de la tradition de la musique française, au profit de l'abêtissement général des masses ? Lui, qui avec Malraux ont inventé les Centres culturels, promu les conservatoires régionaux et démocratisé la musique classique au sein de formations comme les Jeunesses musicales de France ?

    Qu'à fait Carcassonne pour Jacques Charpentier ? Rien du tout, elle tire partie d'une situation valorisante pour elle, au travers de cet illustre musicien qu'elle ne mérite pas. Depuis 80 ans, elle fait la même chose avec Paul Lacombe ; à une différence près, c'est que lui est déjà mort.

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    J'ai l'honneur à titre privé de connaître ce maître de la musique depuis cinq ans ; il a même accepté d'écrire la préface de mon livre sur le compositeur Paul Lacombe. C'est dire si cet homme d'un grand savoir devant lequel on se tait lorsqu'il parle de culture, aime à échanger avec des petits musiciens comme moi. Je le remercie de m'avoir personnellement invité à cette réception ; mes obligations à l'opéra ne m'auront pas permis d'y assister. Je le regrette vivement car j'ai beaucoup appris à son côté.

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  • Le logis de Trencavel, route de Narbonne

    Parmi les très bonnes tables de Carcassonne des années 50-60, nous avons cité "La rôtisserie périgourdine" et "La croque sel", nous allons ajouter aujourd'hui un hôtel-restaurant dont il ne reste hélas plus rien, sinon le souvenir de son cassoulet.

    Le logis de Trencavel

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    Le logis de Trencavel est construit dans la seconde moitié des années 1950 à la sortie de la ville, en direction de Narbonne. C'est à cette époque une véritable gageure que d'aller s'installer si loin du centre-ville, à l'autre bout de l'avenue du général Leclerc. Comme nous pouvons l'observer sur la photo ci-dessus, la route est bordée de platanes ; il n'en reste plus aucun de nos jours. À gauche, la cité Ozanam n'est pas encore sortie de terre ; à droite, le champ dans lequel on bâtira Cité 2 en 1972.

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    L'établissement vers 1955

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    Sur la RN 113, le logis de Trencavel avec son hôtel affilié au Logis de France, se retrouvait recommandé dans les nombreux guides routiers. C'est l'époque où les sorties dominicales en voiture s'accompagnaient d'une halte dans les bonnes adresses de la région. La réputation du propriétaire M. Aymeric, traiteur de son état, dépassait largement les frontières du département.

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    La rusticité du salon avec ses meubles de style Renaissance, sa cheminée et ses poutres à la Française.

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    La grande salle à manger avec ses nombreux couverts. C'est dans cet établissement que deux de nos fameux cuisiniers actuels ont épluché les pommes de terres en tant qu'apprentis : André Pachon et Jean-Claude Rodriguez. Ce dernier reprendra même le logis de Trancavel en gérance. Ces deux ambassadeurs du cassoulet commencèrent donc à le cuisiner chez M. Aymeric. 

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    Le logis de Trencavel a été rasé ; sur son emplacement on a bâti l'Hôtel 111. Hélas, la vie de cet établissement cinq étoiles n'aura pas duré plus de deux ans. Cet hôtel flambant neuf ouvert en mai 2011, est fermé depuis 2013. C'est bien dommage pour Carcassonne, incapable désormais d'offrir des prestations de luxe à des clients très fortunés. Pour rêver d'un palace avec la Cité, il faudrait déjà vouloir attirer une clientèle à qui l'on n'offrirait pas que des épées en plastique en souvenir... Or, la tendance est plutôt à la quantité des visiteurs qu'à la qualité de leur portefeuille. 

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  • Le 3 juin 1944, la police rafle 200 jeunes sur ordre des nazis dans Carcassonne.

    Nous sommes le samedi 3 juin et le dimanche 4 juin 1944 à Carcassonne. C'est jour de foire... Des agents français accrédités par l'Office du placement Allemand par un service dont le siège est à Marseille, investissent l'ensemble des cafés, la gare, les stations d'autobus et les maisons de tolérance. Sur ordre du service du placement allemand, situé 22 rue Strasbourg, elle appréhende et rafle plus de 200 jeunes français suspectés d'être réfractaires au S.T.O (Service du Travail Obligatoire). Une quarantaine de ces personnes sont retenues et confiées à la garde de la police urbaine de Carcassonne. Elles sont destinées à partir travailler de force en Allemagne pour alimenter l'effort de guerre des nazis. 

    Dans un courrier du 5 juin 1944 adressé au Chef du gouvernement de Vichy, le préfet de l'Aude indique :

    "Je suis immédiatement intervenu auprès de la Feldkommandantur pour demander qu'un fonctionnaire français qualifié assiste aux opérations de criblage. Le colonel, commandant la Feldkommandantur, a accepté la désignation de M. Bousquet, délégué départemental du Commissariat général à la main d'oeuvre."

    Selon le préfet, sa réclamation auprès des services allemands contre l'arrestation de jeunes gens à peine âgés de 18 ans et en situation régulière, a permis finalement de ne retenir que 27 individus sur 40.

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    © Musée de la résistance

     

    Personnes partant pour l'Allemagne. Prévenir au plus vite la famille pour porte les bagages à l'Office de placement Allemand, 15 place Carnot.

    Bourgeois Jean / 29.2.1920 à Aulnay sous bois / Rue de la mairie. Carcassonne 

    Domenech François / 29.5.1923 à Barcelone / Névian

    Armerio Joseph / 19.5.1925 à Béziers / Rue Capeau. Béziers

    Farran René / 9.6.1922 à Sérignan / 10, rue faïence. Béziers

    Gilbert Robert / 5.9. 1918 à Béziers / 5, rue Viennet Béziers

    Guardia Julien / 13.11.1915 à Barbastro / 10, rue Dugommier. Carcassonne

    Jeanjean Gustave / 18.7.1920 à Montjeaux / 39, av Gambetta. Béziers

    Miquel Yvon / 10.3.1912 à Aspiran / 10, rue Subleyras. Montpellier

    Ferrer Joseph / 8.3. 1917 à Narbonne / 21, rue dupleix. Narbonne

    Sylvestre François / 18.1.1919 à Quillan / 28, rue du port. Carcassonne

    Soules Émile / 2.1.1913 à Carcassonne / 59, rte de Limoux. Carcassonne

    Tricarico Jacques / 26.3.1925 à Béziers / 27, rue Corneillan. Béziers

    Taparel Roger / 31.7.1925 à Villassavary / Bassan (34)

    Viseux René / 18.7.1924 à Paris / 46, bd Pétain. Carcassonne

    Vidoni Gianino / 17.8.1916 à Trasaghis (Italie) / 37, rue de l'hôpital. Avignon

    Bertholio Henri / 25.6.1915 à Florensac / Cussac (24)

    Pages Étienne / 26.12.1919 à Argeliers / La digne d'aval

    De Madaillan François / 14.6.1925 / La loubatière

    Denat Émile / 4.7.1922 à Villalier / Villalier

    Garrigues Raoul / 24.4.1926 à Prédelles / Trèbes

     

    Source

    ADA 107W145

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