Je vous parle d'un temps où les consoles de jeux video n'existaient pas. De toute façon, personne dans ce quartier populaire de Carcassonne dans lequel cohabitaient plusieurs familles issues de nationalités différentes, n'aurait eu la somme pour s'en procurer. Car, si maintenant le jeu video se pratique presque uniquement en solitaire ou avec un adversaire du bout du monde, les jeux traditionnels ont fondé des amitiés de jeunesse qui perdurent encore. Outre les classiques tels que marelle, corde à sauter, billes ou ballon, les petits débrouillards des Capucins s'amusaient avec presque rien...
Claude Marty un ancien du quartier, aujourd'hui exilé dans le Nord — comprenez chez nous tout ce qui se situe au-dessus de Castres — nous a transmis quelques souvenirs de ces instants joyeux.
Claude Marty
D'autres jeux étaient plus périodiques sans que l'on sache comment ils arrivaient à la mode. Quoique, après analyse, le temps y était pour quelque chose. Lorsqu'il faisait mauvais dehors — c'est-à-dire trop chaud — les jeux calmes prenaient le dessus. On y jouait sur les trottoirs, à l'ombre ou mieux, dans la fraîcheur des couloirs. Par exemple, les osselets...
Au printemps et au début de l'été, pendant la période où les agneaux étaient petits — car ce jeu avant l'arrivée du plastique se faisait avec de vrais os du métatarse d'agneau donnés par un boucher compatissant. Ces os (deux par animal) sont les astragales. Il fallait cinq osselets pour jouer et cela facilitait l'agilité des enfants.
Lorsque les billes de verre étaient trop chères, on jouait avec des noyaux d'abricot. Le jeu consitait à bloquer un noyau dans la paume de la main, de frapper les doigts sur la bordure du trottoir et de lâcher le noyau. Le joueur suivant faisait de même et s'il touchait un noyau, il emportait le tout sinon la partie continuait. Quand on avait perdu trop de noyau... il fallait manger des abricots.
Avec les noyaux d'abricots, une occupation courante était d'user les deux côtés convexes sur un mur jusqu'à l'obtention de deux trous — on évide l'intérieur avec une épingle à nourrice. Lorsque cela est terminé, on met le noyau sous les lèvres et devant les incisives et on soufle... Avec de la chance, cela faisait un sifflet.
Pour les garçons... Le rugby "à toucher" avec un bout de tissu roulé (un peillot, en occitan). Et on faisait même des transformations ! Comment ? Voir la dessin ci-dessus...
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