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Souvenirs de carcassonnais - Page 17

  • L'école de piano de Mademoiselle Alay

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    Isabelle Alay ou Mlle Alay — comme l'appelaient ses élèves — est un professeur de piano qui a formé pendant plus de trente ans à Carcassonne, un nombre impressionnant de jeunes musiciens. Née en 1927 dans une famille émigrée de la catalogne espagnole, elle perd son père dans un accident de moto en août 1931 ; elle n'a alors que quatre ans. Sa mère devra élever ses quatre enfants dans un pays dont elle ne maîtrise pas tout à fait la langue, en faisant le dur métier de couturière. À cette époque, point d'allocations familiales, d'allocation logement ou de Revenu de Solidarité Active... Quand on n'a pas le sou, difficile d'accéder aux loisirs de l'apprentissage musical comme l'ensemble de la bourgeoisie Carcassonnaise. Pourtant... Il est dans la rue du marché (Rue Tomey) une dame d'une grande générosité — Gabrielle Saulnier — qui va lui enseigner le piano gratuitement. Cette personne qui fut amie de Gabriel Fauré et de Paul Lacombe, tante de l'auteur Jean-Claude Brisville, dispense des cours aux familles bien nées de la ville. Ironie du sort, c'est à leurs enfants qu'Isabelle Alay enseignera le piano, plus tard...

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    Après une rencontre avec le futur pianiste concertiste Michel Briguet — alors sous-lieutenant à la caserne Lapérine — Isabelle Alay fonde son école de musique en 1968 au 22, rue de la digue. Précisément dans l'ancien local d'une épicerie de l'Étoile du midi. Elle débute avec peu d'élèves, mais bientôt, la réputation de cette école va faire grossir les effectifs. Parmi ses tout premiers élèves, on retiendra les noms d'Anne-Marie Mazières, Brigitte et Sylvie Bochard, Isabelle de Rochette, Martine Laure...

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    Dès l'année 1971, elle organise une audition de piano de ses élèves, au théâtre municipal de Carcassonne. Ce gala sera reconduit chaque année jusqu'au milieu des années 1990. Il ne s'agissait pas d'un simple récital, mais d'une représentation costumée dans laquelle les enfants évoluaient autour d'une histoire préalablement écrite. Isabelle Alay passait des nuits à dactylographier sur sa machine à écrire, le texte narratif de l'histoire et les dialogues que chaque élève devait apprendre. Ceci afin de présenter le morceau qu'il allait interpréter.

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    Cette année-là, ce fut les musiques du monde. Les élèves, le drapeau d'un pays différent à la main, incarnaient un compositeur. Les auditions étaient enregistrées sur disque vynil par Georges Savi et chaque élève pouvait ainsi garder un souvenir de son passage.

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    Ses élèves participaient également au concours national du Royaume de la musique, fondé en 1947 par Mme Raynaud-Zurfluh. Il passait chaque année par Carcassonne. Les meilleurs d'entre-eux étaient envoyés chez Mme Perrier à Toulouse où ils jouaient devant le concertiste Pierre Sancan. Isabelle Alay organisait également pour ses élèves des déplacements à l'opéra de Montpellier, aux ateliers de fabrication des pianos Rameau à Alès... Tout un univers musical dans une ambiance familiale et amicale.

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    Dans cette école, les élèves évoluaient au milieu des chats — compagnons fidèles des artistes. Sur cette photo, on reconnaît Marion Charles et Sophie d'Arzac.

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    Nous avons tenté de dresser la liste non-exhaustive des enfants qui furent élèves d'Isabelle Alay. Pensez-donc sur une période de trente ans, c'est quasi impossible...

    Bruno Ferrisi, Michel Plasse, Michel Martin, Serge Portella, Frédéric Portella, Bernard de Rochette, Gérard de Rochette, Philippe Berger, Christian Berger, Olivier Martheleur, Arnaud Martheleur, Aude Martheleur, Philippe Cruchandeau, Sénagas, Georges Rives, Marie Rives, Olivier Roux, Jacques Martin, Philippe Dardier, Eric Garcia, Quentin Jaussan, Laurent Monnier, Benjamin Charles, Marion Charles, Brigitte et Sylvie Bochard, Isabelle de Rochette, Evelyne Berger, Catherine Pagès, Patricia Meyrous, Sandrine Lafitte, Laetitia Jollet, Martine Laure, Fanny Virelizier, Aude Buxeda, Elisabeth Morin, Laurence barrou, Laurence Cornet, Gersende Journet, Florence Gianesini, Joelle Loriot, Pascale Pous, Caroline Sawas, Géraldine Calmet, Evelyne Calmet, Brigitte Mauleau, Anne Masson, Laurence Zamith, Gilberte Olive, Hélène Bel, Sylvie Bel, Agnès le Corron, Mireille lestrade, François Luis, Sophie Merau, Sophie Denjean, Marie Parayre, Nathalie Parayre, Isabelle Coll, Véronique Diaz, Barbara Gatin, Bernard Roques, Josiane Barbe, Marie-Aude Dariscon, Cécile Roumiguières, Anouck Abadie, Françoise Gorroz, Cécile de Grenier, Brigitte Labécède, Bernadette Horcholle, C. Authier, Christine Pédron, M. Bisauta, R. Allard, Cathy Fages, Jean-Marie Lezcano, Arielle Thibout, Audrey Laraury, Cathy Subreville, Lionnel Andrieu, Martial Andrieu...

    Aujourd'hui, Isabelle Alay vit encore au milieu de ses chats, de ses souvenirs et de son piano... Elle a 87 ans !

    Mise à jour

    I. Alay vit à la maison de retraite Béthanie, rue E. Renan à Carcassonne.

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  • Jeux et gamineries au quartier des Capucins dans les années 50

    Je vous parle d'un temps où les consoles de jeux video n'existaient pas. De toute façon, personne dans ce quartier populaire de Carcassonne dans lequel cohabitaient plusieurs familles issues de nationalités différentes, n'aurait eu la somme pour s'en procurer. Car, si maintenant le jeu video se pratique presque uniquement en solitaire ou avec un adversaire du bout du monde, les jeux traditionnels ont fondé des amitiés de jeunesse qui perdurent encore. Outre les classiques tels que marelle, corde à sauter, billes ou ballon, les petits débrouillards des Capucins s'amusaient avec presque rien...

    Claude Marty un ancien du quartier, aujourd'hui exilé dans le Nord — comprenez chez nous tout ce qui se situe au-dessus de Castres — nous a transmis quelques souvenirs de ces instants joyeux.

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    Claude Marty

    D'autres jeux étaient plus périodiques sans que l'on sache comment ils arrivaient à la mode. Quoique, après analyse, le temps y était pour quelque chose. Lorsqu'il faisait mauvais dehors — c'est-à-dire trop chaud — les jeux calmes prenaient le dessus. On y jouait sur les trottoirs, à l'ombre ou mieux, dans la fraîcheur des couloirs. Par exemple, les osselets...

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    Au printemps et au début de l'été, pendant la période où les agneaux étaient petits — car ce jeu avant l'arrivée du plastique se faisait avec de vrais os du métatarse d'agneau donnés par un boucher compatissant. Ces os (deux par animal) sont les astragales. Il fallait cinq osselets pour jouer et cela facilitait l'agilité des enfants.

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    Lorsque les billes de verre étaient trop chères, on jouait avec des noyaux d'abricot. Le jeu consitait à bloquer un noyau dans la paume de la main, de frapper les doigts sur la bordure du trottoir et de lâcher le noyau. Le joueur suivant faisait de même et s'il touchait un noyau, il emportait le tout sinon la partie continuait. Quand on avait perdu trop de noyau... il fallait manger des abricots.

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    Avec les noyaux d'abricots, une occupation courante était d'user les deux côtés convexes sur un mur jusqu'à l'obtention de deux trous — on évide l'intérieur avec une épingle à nourrice. Lorsque cela est terminé, on met le noyau sous les lèvres et devant les incisives et on soufle... Avec de la chance, cela faisait un sifflet.

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    Pour les garçons... Le rugby "à toucher" avec un bout de tissu roulé (un peillot, en occitan). Et on faisait même des transformations ! Comment ? Voir la dessin ci-dessus...

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  • Les évènements de Mai 68 à Carcassonne

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     Lundi 13 mai 1968,

    près de 3000 manifestants sont dans la rue. Après un meeting sous les halles, les militants syndicalistes et politiques, les ouvriers et surtout un grand nombre de jeunes étudiants font face aux CRS.

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    Le texte d'une résolution condamnant la répression au quartier latin à Paris, est lu et approuvé par l'assistance.

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    Un mouvement de grève sans précédent paralyse alors la ville dans tous les secteurs publics. Plus d'électricté, de trains, d'école, de poste... Dans le privé, les ouvriers ont cessé le travail chez Huard, Someca, jean de Bru. Bientôt on va manquer de pain et d'essence! Les stocks de l'étoile du midi sont épuisés, car on se rue sur les denrées de base.

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    Dans la rue Jean Bringer devant la droguerie Garric, ça chauffe! Les étudiants sont aux prises avec les CRS qui défendent la Préfecture. Les lycéens vont s'organiser et tiendront des réunions au théâtre municipal. leurs revendications sont d'ordre sclaire mais aussi en soutien au monde ouvrier contre le diktat du patronat. A la tribune se trouvent: Pierre-Yves Boisboissel, A. Tarrius, A. Mortès, J. Durand, J. Vaquer, Yves Tarlier, Yves Lamarin, René Piniès et bien d'autres...

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    Les CRS tiennent la rue J. Bringer et malgré la tension, on ne comptera qu'un petit incident. Au moment de la dislocation de la manifestation sur la place Davilla, à 19h20 un fourgon de police arriva. Une dizaine de policier interpellèrent alors le représentant de l'UNEF, Roger Petit. Une fois dans le panier à salade, les forces de l'ordre consentirent à le libérer pourvu qu'on libère la place. Ainsi, tout le monde rentra chez lui et l'incident fut clos.

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    Les viticulteurs audois soutiennent le mouvement le révolte de mai 68. Sur le boulevard Barbès, ils sont des milliers à brandir des pancartes hostiles au pouvoir. On connaît l'apprêté du combat chez les vignerons depuis 1907 et certains slogans sont de retour comme "Vaincre ou mourir". Le leader vigneron André Castéra sera t-il nouveau Marcellin Albert?

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    Une contre manifestation favorable au Général de Gaulle s'organise sur la place Davilla. Les anciens combattants de la France libre vont déposer une gerbe au monument aux morts et chanter la marseillaise. Ils veulent s'opposer au désordre causé par les manifestants et tenter de retourner l'opinion en faveur du pouvoir. Le Général de Gaulle a quitté l'Elysée en hélicoptère avec toute sa famille pour Baden Baden en Allemagne. Il va s'assurer auprès du Général Massu (Compagnon de la libération et commandant des forces françaises en Allemagne) du soutien de l'armée. De Gaulle est fatigué, il a quitté Paris comme Louis XVI avait quitté Varennes. Lors d'une réusion qui fera date, Massu expose ses conditions: "Libérez les prisonniers!". De Gaulle consent à amnistier les responsables du coup d'état d'Alger: Salan, Challe et Jouhaud. De Gaulle inquiet dit à Massu: "il va falloir recommencer Juin 1940". Massu répond alors: "Allez vous reposer mon général. Tout va rentrer dans l'ordre". Voilà comment s'est déroulé l'entretien de Baden Baden entre Massu et De Gaulle, selon un officier qui se trouvait là et qui me l'a rapporté. Massu et De Gaulle entretenaient des relations tendues: "Alors Massu, toujours aussi con?", "Toujours Gaulliste, mon général"

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