S’il est avéré dans plusieurs écrits que les anciens fossés bordant les remparts médiévaux de la Ville basse furent comblés par décision de Mgr Armand Bazin de Bezons, la date de ces travaux reste incertaine bien qu’estimée à 1764. On peut légitimement penser que cette entreprise s’étala dans le temps, même si les conditions dans lesquelles elle s’organisa demeuraient jusqu’à aujourd’hui méconnues. Dans la Gazette d’agriculture, commence, art et finances de 1771, nous apprenons le 27 avril de cette année-là, que les ouvriers avait été réduits à la mendicité, en raison du ralentissement économique au sein des manufactures de draps. A cette époque, la ville de Carcassonne était une place forte de la production textile et exportait ses londrins à travers l’Europe. L’industrie drapière faisait ainsi la fortune de nombreux marchands fabricants ; au même instant des familles misérables survivant uniquement grâce à ce secteur d’activité, s’entassaient dans de vieilles masures insalubres bâties dans les lices de la cité médiévale. Sous l’Ancien régime, le droit féodal avait tellement réduit le peuple en esclavage qu’il était considéré comme faire grande œuvre de charité que de lui permettre de ne pas mourir de faim. Ainsi lit-on : « Notre respectable prélat (Armand Bazin de Bezons, NDLR) touché de leur malheur, a sollicité et obtenu, pour son diocèse, sur la remise que le roi fait annuellement à la province, un don à la vérité modique, en comparaison du besoin, mais qui dispensé avec une sage économie, a suffi pour leur procurer les moyens de subsister en travaillant. »
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La Ville basse en 1810, côté Canal royal du Languedoc
Autrement dit, le roi n’a pas versé un liard de plus qu’à l’accoutumée à la province. Il a seulement autorisé à ce que l’église en prélève une petite partie pour fournir du travail aux ouvriers. Une mesure que notre ministre des finances et du budget ne renierait pas…
Armand Bazin de Bezons, évêque de Carcassonne
Les fonds de ce secours alloués furent employés sous la direction des officiers municipaux a combler les fossés entourant les vieux remparts. La terre acheminée des hauteurs de la ville par les hommes, les femmes et les enfants leur permit de recevoir un salaire proportionnel à leur labeur. « Cette foule d’ouvriers, empressés à profiter d’une ressource que le ciel semblait leur avoir ménagée dans une saison critique, formait un spectacle touchant que nos concitoyens ne sa laissaient pas d’aller considérer. »
Les travaux semblables entrepris depuis plusieurs années permirent durant l’année 1771 de supprimer les deux tiers des fossés ceinturant la Ville basse. Au fil et à mesure, les arbres qui avaient été plantés en allées sur ordre de Mgr Bazin de Bezons, dessinèrent les boulevards actuels qui entourent la Bastide Saint-Louis.
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La plantation d'arbres en 1780, côté Jardin du Calvaire
Nous laisserons à votre appréciation la conclusion suivante qui accompagne l’article de cette Gazette du commerce de 1771. L’auteur en est Monsieur de Saint-Lambert : "C’est en inspirant au pauvre le goût du travail qu’on le tire de la misère. Il ne faut être que machinalement sensible à la pitié pour faire l’aumône ; mais il faut être bon et éclairé pour faire le bien." Un autre personnage célèbre à ajouté : "Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail"
Source
Gazette d'agriculture, commerce, arts et finances / Année 1771
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Commentaires
Un autre personnage célèbre à ajouté : "Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail"... Evidemment on sait à qui penser, de nos jours !!!
Phrase historique.!!!! Si c’était la solution, je pense qu’il n.y aurait plus de chômeurs !