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Actualités - Page 4

  • Archéologie : notre histoire mise à mal ?

    Des tranchées ont été creusées récemment dans le parking de Notre-Dame-de-l'Abbaye par l'INRAP. Elles ont mis au jour un certain nombre d'informations sur la valeur historique de ce site antique. C'est par ailleurs ici que passait la Via Aquitania, depuis la rue Trivalle jusqu'à Berriac. On en voyait encore les traces au XVIIe siècle. Un cimetière se trouve également au nord du terrain, confrontant avec l'avenue du général Leclerc.

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    Ce n'est pas un hasard si l'évêché a entrepris de faire appel à l'INRAP. Il en a l'obligation avant toute cession du terrain qu'il pourrait vendre prochainement à un promoteur. Nous prions pour que ces vestiges puissent être valorisés ; ils sont d'une grande importance pour l'histoire de notre ville. Pour l'instant, le silence de l'autorité épiscopale laisse penser qu'en matière de finance, on n'en a rien à faire d'un site antique. La ville de Carcassonne ne s'inquiète guère.

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    À un kilomètre de là, le bailleur social ALOGEA avec le concours des collectivités territoriales, va faire bâtir une Maison de santé et des logements HLM dans la rue du Palais. C'est curieux qu'à 100 mètres des anciens remparts de la Ville Basse, aucun fouille préventive n'ait été prévue. Les engins de chantier retournent la terre et creusent pour les prochains terrassements. A priori, aucune prescription archéologique.

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    Ils ont excavé du sol un énorme bloc de roche, sans que l'on puisse dire d'où il provient. Est-ce un vulgaire roc de pierre, ou bien un vestige gallo-romain ? A Carcassonne, déjà assassinée par le passé du point de vue archéologique, le massacre de notre histoire se poursuit dans la lâcheté la plus complète.

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    Voici donc le bâtiment qui sortira de terre entre une école classée Art-Déco (Jean Jaurès) et un Palais de Justice de style néo-classique. Ne parlons même pas de l'architecture du quartier du Palais, milieu XIXe siècle. Au bord de la mer, ce bâtiment aurait été parfait.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2024

  • Nous sommes la risée de la France entière !

    Ils nous avaient presque tout fait... Enfin ! Nous étions en droit de le penser avec Jacques Offenback, La rue des Pyrénnées, Paul Vaillant (couturier), Hyacinthe Chartran ou encore Pierre Germain (Orfèvre). Ils avaient laissé, malgré nos signalements, les erreurs à la rue du Marquis de Lafayette ; certainement un noble des Galeries parisiennes. Jusqu'ici nous avions tellement pris l'habitude que nous avions ri entre Carcassonnais. On ne s'attendait pas à ce qu'ils deviennent champion de France de la spécialité, même s'ils s'étaient beaucoup entraînés.

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    Or, hier... Un carcassonnais a eu la vista, comme on dit. La ville venait de placer des panneaux tous neufs dans sa rue pour changer les anciens : Le célèbre physicien Pierre Curry, ainsi orthographié. Dépêchés sur place, les journalistes de France 3 Occitanie ne manquèrent pas de relever l'erreur. A 16h, le cabinet du maire indiquait qu'il allait vérifier. Mais vérifier, quoi ? En fin de journée les quatre panneaux étaient enlevés.

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    Le Figaro, 25 février 2024

    Depuis ce matin, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Le Figaro, BFM TV, France Info, La dépêche, Le Parisien, Sud Ouest. Tous ces journaux font une belle publicité à notre Carcassonne, patrimoine mondial UNESCO. Ville d'Art et d'Histoire !

    Qui vérifie la pose des plaques dans cette ville ?

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  • "Shayt iz toyt" : "Le silence, c'est la mort, en yiddish.

    Communiqué de l'Agence France Presse, repris par de nombreuses rédactions en France et à l'étranger, à l'issue de la cérémonie en mémoire des mineurs juifs raflés le 31 janvier 1944 à Salsigne.

    France 24, Orange Actu, France Inter, France 3 Occitane, Times of Israel, Le Monde.

    Ces mineurs, venus de Roumanie, de Hongrie, d'Allemagne et de Pologne pour fuir le nazisme, avaient été arrêtés le 31 janvier 1944 par des soldats allemands guidés par un interprète français. Douze d'entre eux mourront au camp d'Auschwitz, où ils sont déportés quelques jours plus tard. Puis, plus rien. Le silence pendant des décennies. Jusqu'à septembre 2016, lorsque Martial Andrieu raconte leur histoire sur son blog. Après un décret ordonnant l'ouverture d'archives, ce chanteur lyrique et historien amateur de 52 ans s'intéresse au procès en juillet 1945 de René Bach, un Alsacien accusé de collaboration. C'est lui qui, travaillant avec la Gestapo, se trouve avec les militaires allemands lors de la rafle de Salsigne.

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    © Lionel Bonaventure / AFP

    Martial Andrieu, né à Carcassonne, à une quinzaine de kilomètres de la mine d'or, déniche dans ces archives plusieurs témoignages, dont ceux du seul survivant et d'un autre mineur juif ayant réussi à se cacher, qui lui permettent de reconstituer le drame.

    Roses jaunes

    Mais il faut attendre encore deux ans pour que son récit attire l'attention d'un habitant des environs, Frédéric Ogé, 72 ans, ancien chercheur au CNRS, qui alerte l'un de ses amis ayant travaillé à la mine, la plus grande d'Europe, jusqu'à sa fermeture en 2004.

    Ce dernier, Robert Montané, 70 ans, n'est pas juif, mais veut rendre hommage à ces camarades ouvriers dont il ignorait l'existence. Il dépose un bouquet de roses - jaunes comme l'étoile de David - devant le monument "à la mémoire des mineurs et métallos de la montagne Noire" le 4 décembre 2018, jour de la Sainte-Barbe, patronne des mineurs, puis chaque année après ça.

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    © Lionel Bonaventure / AFP

    Frédéric Ogé (d), ancien chercheur au CNRS, et Robert Montané, ancien mineur, devant le mémorial des mineurs de Salsigne pour honorer la rafle oubliée de treize mineurs juifs en janvier 1944, le 31 janvier 2024 dans l'Aude

    Ce 31 janvier 2024, il n'est plus seul à se tenir là. Il remercie, ému, une petite foule d'habitants, d'élus et de membres de communautés juives des alentours, avant de donner la parole à Yossy Alves, secrétaire général de l'association Culture et patrimoine juifs de Narbonne.

    C'est cette association qui, sous l'impulsion de MM. Ogé et Montané, a organisé la commémoration de la rafle de Salsigne, 80 ans jour pour jour après le drame.

    Les deux septuagénaires et Martial Andrieu - absent pour cause de concert à Limoges - "ont lutté contre l'oubli du temps et de la honte", salue Yossy Alves.

    "Shayt iz toyt", dit-il encore. "Le silence, c'est la mort, en yiddish."

    "Frères en humanité"

    "On le leur devait", déclare à l'AFP M. Montané. "Ils sont morts par la barbarie et la connerie humaine de ceux qui les ont dénoncés."

    "Le malheur, c'est que certains ont été envoyés à la mort parce que c'étaient des êtres humains de confession israélite, et ils ont été oubliés", regrette quant à lui M. Ogé.

    Derrière un champ de panneaux solaires, on aperçoit au loin le chevalement rouillé du puits Castan, vestige de l'époque où les hommes fouillaient encore les profondeurs en quête d'or.

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    © Lionel Bonaventure / AFP

    "Robert, Frédéric, Martial, je me permets de vous appeler par vos prénoms car pour moi, aujourd'hui, vous êtes des frères de mémoire", lance la rabbin Ann-Gaëlle Attias, avant de prononcer le kaddich.

    "Rien ne vous obligeait à honorer (...) la mémoire de ces treize ouvriers qui n'étaient ni de votre religion, ni de la même nationalité que vous. Vous avez su voir en eux vos frères en humanité."

    A la fin de la cérémonie, la foule s'avance pour déposer, une à une, les roses jaunes distribuées par Frédéric Ogé.

    Robert Montané n'en est pas. Rejoint dans le devoir de mémoire par ces dizaines de personnes, il se tient fièrement sur le côté, parmi les quatre porte-drapeaux.

    © AFP / 2024

    Il n'est pas de plus belle émotion pour un passionné d'histoire comme moi, que de voir son travail bénévole récompensé de la sorte. Tous mes remerciements à Frédéric et à Robert car, sans leur opiniâtreté, il n'y aurait jamais eu d'hommage et encore moins cette audience nationale.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2024