© Guy Anduze
Né le 24 mars 1927 à Narbonne, Fernand Ancely avait eu la douleur de perdre son frère aîné dans un camp de concentration pendant la Seconde guerre mondiale. Maurice et son ami André Saura s’étaient fait arrêter par la police allemande à la frontière espagnole, alors qu’ils menaient des actions en lien avec la Résistance audoise. A Carcassonne, Fernand entra très tôt comme employé de banque à la Société Bordelaise et gravit progressivement tous les échelons jusqu’au poste de directeur d’agence en 1976. Après la Libération, il fut des premiers à militer au sein des jeunesses socialistes, nouvellement créées dans l’Aude par Georges Guille et Francis Vals. Peu à peu, la S.F.I.O mit un terme à la domination sans partage du parti Radical-Socialiste qui s’était compromis en 1940 en votant les pleins pouvoirs à Pétain. Seule la capitale audoise conserva un maire radical jusqu’en 1965 où Jules Fil parvint au poste de premier magistrat de la ville. C’est à cette époque que Fernand Ancely devint conseiller municipal. Après la mort de Fil auquel succéda Antoine Gayraud, il occupa successivement le poste d’adjoint chargé du personnel puis celui de Premier adjoint au maire.
Pendant la maladie d’Antoine Gayraud, il assura l’intérim et après son décès, fut désigné par sa majorité au conseil municipal pour le remplacer. Il fut élu maire de Carcassonne le 26 mai 1981 par 28 voix sur 33 votants, composés par 17 socialistes et 16 communistes. L’opposition n’ayant pas pris part au vote, on peut légitimement penser que les alliés du Parti communistes français ne se sont pas tous ralliés à sa candidature. Jusqu’aux élections du mois de mars 1983, Fernand Ancely poursuivra l’œuvre de son prédécesseur et mènera à bien le projet d’une salle de congrès sur l’emplacement de l’ancien hôpital général. C’est aujourd’hui la salle du Dôme, inaugurée par son successeur en 1985. On peut également mettre le programme d’amélioration de l’habitat, le Conseil communal de la culture, le C.A.R.T (autobus de la ville) aux crédits de Fernand Ancely.
La salle du Dôme
Au moment de la désignation de la tête de liste socialiste pour les élections municipales de 1983, deux candidats déposèrent leur candidature : le maire sortant et le député Joseph Vidal. Avec deux voix de majorité, Fernand Ancely emporta l’adhésion du vote militant sur son concurrent. C’était sans compter sur l’intervention du bureau national du Parti socialiste qui sous l’égide de Jean Poperen, refusa de reconnaître la victoire d’Ancely en validant la candidature de Vidal. Dès lors, ce déni de démocratie interne favorisa l’émergence de deux clans au sein de la section locale, bientôt rivaux. Les ancelistes, forts de leur légitimité dans les urnes, montèrent une liste dissidente avec le maire sortant. De leur côté, les partisans de Joseph Vidal présentèrent leur candidat sous la bannière de l’union de la gauche avec les alliés communistes. Au soir du premier tour, l’ensemble des voix de gauche réunissait près de 60% des suffrages en comptant la liste "Le Cap" de Peytavi (8,6%) et la liste Faye (2%). Arrivé derrière Joseph Vidal (34,18%), Fernand Ancely (15,51%) ne se maintint pas au second tour mais ne donna pas de consigne de vote. La liste d’union de la droite (RPR et UDF) « Carcassonne avenir » menée par Raymond Chésa qui n’avait aucune chance de remporter l’élection, fut élue à la surprise générale le soir du second tour avec 53% contre 47% à Joseph Vidal. « La gauche la plus bête du monde » comme le titre du livre de Georges Guille, venait de se faire hara-kiri à Carcassonne.
Profession de foi du candidat investi par le PS
S’il est vrai que des électeurs de Fernand Ancely portèrent leurs voix sur Raymond Chésa ou, dans le meilleur des cas, votèrent blanc, toute la défaite ne peut pas leur être imputée. Si le bureau national ne s’était pas mêlé du vote légitime des militants, la ville de Carcassonne serait restée dans leur giron. Loin de se réconcilier, les socialistes carcassonnais mangèrent leur pain noir jusqu’en 2009, soit vingt-six de purgatoire. L’embellie de la victoire de J-C Pérez fut de courte durée en raison de dissension, d’alliés communistes jouant leur propre partition car maris d’être considérés comme la variable d’ajustement électoral.
La vie politique de Fernand Ancely s’acheva avec la défaite de Jacques Arino qui, dans un élan de réconciliation, avait pris l’ancien maire sur sa liste comme possible premier adjoint en 1995. Il s’éloigna définitivement de la vie publique et mourut presque dans l’indifférence générale le 8 février 2005. Il fut inhumé civilement trois jours plus tard au cimetière La conte.
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