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  • La Milice de l'Aude attaque le village de Gaja-la-Selve en juillet 1944

     © Un village français / Laurent Denis

    La Milice de l'Aude, formée en février 1943 à Carcassonne et obéissant aux ordres de Joseph Darnand, fut jusqu'à la Libération un supplétif aux opérations meurtrières menées par les nazis. Sans cette organisation d'extrême-droite fidèle à l'idéal de la Révolution Nationale prônée par le maréchal Pétain, les Allemands n'auraient sans doute pas fait le quart de ce qu'ils ont produit contre les maquis. Il est sans doute facilement compréhensible que ces français possédaient une meilleure connaissance des lieux, qu'un étranger venu de Germanie. Si la Milice éprouvait une haine viscérale contre la République, ses adversaires privilégiés et qui le lui rendaient bien, étaient communistes. Contrairement à ce que l'on peut croire, ce groupe à l'insigne gamma, fort mal équipé et entraîné, ne se risquait pas à attaquer les maquisards de front. Il pratiquait plutôt des campagnes d'intimidation, de délation, de renseignement et de pillage. Dans la caserne de Bouttes-Gach à Carcassonne, sous la torture plusieurs patriotes furent interrogés parfois jusqu'à la mort, comme le maquisard Edouard Fabre de Villebazy.

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    L'existence d'un maquis à Gaja-la-Selve constitué au printemps 1944 est connue. Il s'agit d'un groupe clandestin Franc-Tireurs et Partisans d'obédience communiste. Au début du mois de juillet, les inspecteurs Leleu et Bouchet viennent dans le village et interrogent les habitants sur la situation exacte du maquis. Ils font courir la rumeur que la Milice va venir exterminer ces "terroristes" et que leurs complices seront arrêtés. Le lendemain, une colonne d'une centaine de miliciens de Carcassonne en armes et placés sous les ordres de Prax investit l'ensemble du secteur. A Cahuzac, ils intiment l'ordre aux habitants de rester chez eux pendant qu'ils perquisitionnent toutes les maisons et les campagnes du coin. Certains sont placés au croisement de la ferme "Las coutines" et empêchent la circulation. Pendant ce temps, à Gaja-la-Selve le chef Renoux (Condamné à mort par la Cour martiale de Carcassonne en septembre 1944) et ses hommes procédent sous la menace à l'interrogatoire de la femme du chef du maquis, le lieutenant F.T.P Raoul Cambours. L'appartement est entièrement pillé par les sbires de Darnand. Quatre otages dont Madame Cambours, sont gardés. Au cas où le maquis interviendrait, ils seraient immédiatement abattus car Prax a donné l'ordre de tirer à vue. Leur forfait achevé et sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré, les miliciens se sont retirés vers la caserne de Bouttes-Gach à Carcassonne. 

    Sources

    Procès de la Cour de justice de Carcassonne / ADA 11

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  • Ce chanteur qui réhabilita tout le village de Fajac-en-Val dans l'Aude

    Né en 1938 à Puteaux, le neveu du comédien et Sociétaire de la Comédie française Jean Davy est né sous une bonne étoile. A seize ans, il quitte le domicile parental et devient l'administrateur d'un cabaret parisien. Il fait alors la connaissance  de tout ce que la capitale compte d'artistes : Patachou, Edith Piaf, Alex Métayer, Barbara, etc. Le 17 août 1951, il avait déjà assisté au mariage du jazzman Sydney Bechet à Juan-le-Pins, où se trouvait Mistinguet. Plus jeune créateur de chansons de la SACEM, Jean-Pierre Tutin signe dans une maison de disques et passe à la télévision en 1957. Au début des années 60, il pose ses valises à Carcassonne avec son épouse Catherine Claire et ses enfants. Cette dernière chantait dans le groupe "Les trois ménestrels". Ils se produisaient dans les cabarets parisiens: La lapin agile à Montmartre, par exemple. Tutin était accompagné à la clarinette par Alex Métayer, qui deviendra humoriste; mais aussi, par Serge Gainsbourg au piano chez "Milord l'Arsouille", le cabaret de Michelle Arnaud. Catherine Claire vit aujourd'hui à Montlaur... Le couple achète l'ancien café du Midi, situé sur le boulevard Barbès. Transformé en caf'conç, l'établissement prend le nom de "Fiacre" et attire la jeunesse yé-yé. Lors de son passage à Carcassonne, Johnny Hallyday y passera la nuit à boire avec le patron. Nous n'avons pas hélas de photographie de ce lieu qui a été détruit depuis pour un immeuble d'habitation.

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    L'emplacement du Fiacre, à gauche

     Outre les occupations dans son cabaret Carcassonnais, J-P Tutin fonde à cette époque le R.A.C (Racing Athlétic Carcassonnais). Ce club de football est l'ancêtre de l'actuel F.A.C. 

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    J-P Tutin au piano avec Marius Laffargue à la contrebasse, à Carcassonne

    Lorsqu'en 1961 la famille Tutin s'installe à Fajac-en-Val, le village est entièrement ruiné et dépourvu d'habitants. L'homme de spectacle achète d'abord une maison qui flambe en une nuit. Il se remet à l'ouvrage et fait l'acquisition des onze maisons du village qu'il réhabilite les unes après les autres, sauf la mairie et l'école. Il devient le maire de la commune et un instituteur est missionné pour faire l'école à ses enfants. Pendant ces années bohèmes, J-P Tutin reçoit Gaston Bonheur et son fils adoptif, Daniel Riva. Il y vient avec Charles Trenet qui pousse la chansonnette. On y voit le violoniste Casadessus et Henri Gougaud. Deux émissions de télévisions de "l'Invité du dimanche" y seront même tournées. C'est en 1978 que la famille Tutin vendra Fajac-en-Val pour de nouvelles aventures.

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    Fajac-en-Val dans l'Aude

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  • "Le Païchérou et son lac", une ode musicale de Jacques Sabatier

    Nous avons trouvé dans un vieux grenier une vieille chanson oubliée, composée par Jacques Sabatier. Il s'agit d'une ode au Païchérou, lieu de rendez-vous en tous genres des Carcassonnais. Ce site magnifique inspira bien des poètes, comme par exemple les deux Achille : Mir et Rouquet. C'est dans la guinguette tenue par Madame Brémond, qu'à la fin du XIXe siècle on venait admirer l'embrasement de la Cité tout en dégustant une friture de goujons pêchée dans l'Aude. On y sirotait également les apéritifs de la distillerie de Michel Sabatier comme l'Or-Kina. Cet ingénieux industriel originaire de Limoux était passé maître dans la publicité, car il n'avait son pareil pour mettre en avant ses produits. Il finançait grâce à ses œuvres de mécénat la vie culturelle de la ville et possédait même à l'intérieur de son usine, un orchestre dans lequel jouaient ses ouvriers. Son fils Jacques, composait de la musique et pratiquait le violoncelle. C'est lui qui dirigeait l'harmonie de la Micheline. La Micheline étant cette liqueur dont la légende prétend que la recette ancestrale aurait été trouvée dans une des tours de la Cité. 

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    Au-delà de cette bluette musicale dont l'intérêt mélodique s'arrête à l'esprit des fêtes de cette époque, c'est le texte qu'il nous faut retenir. Il incarne bien fort l'ambiance de Païchérou, une païchère en occitan. C'est-à-dire une retenue d'eau sur une rivière. A Carcassonne, un lieu où l'on venait se rafraîchir l'été, se baigner, pêcher et se divertir.

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     Poésie sur le Païchérou

    Qu’il fait bon le matin, devant l’aube vermeille,
    L’amour de la nature, en notre cœur s’éveille ;
    Le silence troublant inspire le poète
    Pour de sublime chants, sa lyre est déjà prête

    C’est bien là, le séjour, le site, le rivage
    Dont notre âme rêveuse, évoque les images
    Et font, pendant les nuits, nos songes les plus beaux
    Pour enchanter nos yeux, composent les tableaux.

    La Paix, la Liberté, ces deux trésors du monde !
    Voilà, ce que l’on a, dans ce beau paradis
    Loin du bruit de l’acier, fruit de la guerre immonde
    Dans le calme profond, comme une belle nuit…

    L’hiver on y patine, et l’été on y danse
    Agréable pays, l’un des plus beaux de France
    Jusqu’aux oiseaux chanteurs, les hôtes de ces bois
    Se plaisent à charmer, par leur très douce voix

    Voici, ce qu’il vous faut, pour séjour, pour demeure,
    C’est ici qu’on s’amuse, que l’on rit, que l’on pleure
    Les yeux sur les enfants, que l’on voit sommeiller
    Entendre les oiseaux, près de nous, gazouiller…

    Lorsque le Barde ailé, commence ses roulades
    L’on aime à écouter, ses trilles, ses cascades
    Dans une haie fleurie, charmant endroit béni
    C’est là, qu’il a construit, son gentil petit nid

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    Voyez l’étroit sentier, du café du Bosquet
    Qui mène au pavillon, confortable et coquet,
    Et la place, où, parfois, la musique divine,
    Donnait de beaux concerts, c’est « la Micheline »

    Les savants, les artistes et les gloires françaises
    Ont honoré ces lieux d’amour et d’allégresses
    Mais les ans ont passé et pour tout souvenir
    Nous ont recommandé, très souvent d’y venir

    Dans ce lieu de plaisir, sous de riants ombrages,
    Le pêcheur, à sa ligne, les musicien ses chants ;
    Le danseur, peut rêver, au pas des rythmes lents ;
    Le peintre, peut brosser d’intéressants mirages.

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    Sous les jolis palmiers des repas sont servis,
    Et comme à Robinson, l’on y va en amis
    L’accueil en est charmant, l’on vous met à votre aise
    Sans être chez Auter, on tâche que tout plaise.

    Les jolies mariées, comme en pèlerinage
    Viennent dans notre Eden, fleurs blanches au corsage
    Escortées d’invités, la mine guillerette
    Offrir à Cupidon, leur frais bouquet de fête.

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    Les passeurs font glisser leurs légères nacelles
    Sur les flots argentés, formant des étincelles;
    Au loin, le beau décor offert par la Cité
    Spectacle ravissant, l’hiver comme l’été.

    La pêche a ses fervents, car les poissons nombreux
    Font des bonds étonnants et même aventureux
    Le roseau est lancé, mais surprise inouïe
    Un gros poisson est pris et souvent par l’ouïe.

    Les mignonnes, vénus, font aussi leur trempette
    Chefs-d’œuvres d’art vivant, sans tube ni houpette
    Leurs jolis bras en l’air, jetant des cris au vent
    S’ébattent à plaisir, tout en se poursuivant.

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    Voyez en plein été, de gais sportifs s’abattent
    Brassent avec vigueur, l’onde striée d’agate
    Leurs prouesses nautiq’ vous donnent le frisson
    Puis, chacun sort de l’eau, sifflant comme un pinson

    Source

    Le Païchérou et son lac / J. Sabatier / Juillet 1939

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