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  • Ce Carcassonnais, fondateur de la loterie nationale...

    La loi du 31 mai 1933, promulguée au Journal Officiel de la République française, constitue l'acte fondateur de la loterie nationale. Ce que beaucoup d'entre-vous ignorent, c'est que le créateur de ce jeu de hasard fut un enfant de Carcassonne. Né le 30 novembre 1873, Henri Mouton fait d'abord ses études au lycée de la ville, avant de devenir ensuite un grand avocat attaché au barreau de Toulouse. Outre ses fonctions de juge d'instruction et de procureur dans différentes villes, il entre en 1912 au cabinet du préfet de police de Paris, Louis Lépine. Il fonde la police judiciaire dont il deviendra le directeur. 

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    © Société française d'histoire de la police

    Paul, Henri Mouton

    En 1930, le Carcassonnais devient Conseiller d'état. Le ministère des finances qui recherche des moyens afin de financer la caisse des calamités agricoles, demande à Henri Mouton de se pencher sur le problème. Déjà à cette époque, il existe en Europe des loteries nationales sous diverses formes. C'est cette idée que va prendre à son compte le Conseiller d'état. Dans sa forme et son organisation, la loterie espagnole inspirera la future loterie nationale française. Les gains qu'elle rapporte au trésor, ne sont pas négligeables. Dès lors, Henri Mouton devient le Président du comité chargé de l'organisation technique.

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    © gueules-cassées.asso.fr

    La loterie au capital d'un milliard de francs est répartie de la sorte : 60% versés en lots et 40% au bénéfice de l'opération. Plusieurs séries de billets sont éditées avec pour chacune d'elles, un certain nombre de lots. Ces billets sont exclusivement au porteur et les gains, exempts de l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières. Le décret du 23 juillet 1933 fixe les objectifs... Sur les 400 millions qui théoriquement reviendront à l'état, 100 millions seront attribués à la caisse des calamités agricoles. Les 300 millions qui restent seront affectés au budget de l'état.

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    © gueules-cassées.asso.fr

     Le premier gagnant fut M. Bonhoure, coiffeur à Tarascon. Il empocha 7 millions de francs le 7 novembre 1933. Le gouvernement de Vichy révoqua Henri Mouton en raison de ses convictions républicaines. Réfugié dans l'Aude, il participa à un réseau de Résistance. Nous avons notamment évoqué la réunion qui se tint en juin 1944 dans sa propriété de Carcassonne, en présence de tous les chefs de la Résistance régionale. Paul Henri Mouton mourra à Paris le 17 décembre 1962. 

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    La sépulture d'Henri Mouton au cimetière Saint-Michel de Carcassonne.

    Dans la zone de la Ferrandière, une avenue porte le nom de cet illustre Carcassonnais. Ceci, sans toutefois mentionner qu'elle fut sa qualité ; une lacune préjudiciable pour l'histoire locale et plus largement, pour celle de notre pays.

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  • Le voyage de l'agronome anglais Arthur Young à Carcassonne en 1787

    Ce n'est pas n'importe quel sujet de la couronne britannique qui effectue durant l'été 1787, un voyage d'étude en notre Languedoc. La renommée d'Arthur Young (1741-1820) en matière d'agronomie et d'agriculture dépasse les frontières. De son passage dans la région, il nous a légué en 1794 un ouvrage en langue anglaise intitulé : Travels during the years 1787, 1788 et 1789 of the Kingdom of France. 

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    © National Gallery

    Arthur Young par John Russel

    Venant de Béziers, Arthur Young se dirige vers Carcassonne le 31 juillet 1787 et l'atteindra le lendemain.

    "Traverser une montagne par une route misérable, et atteindre Beg de Rieux, qui partage avec Carcassonne, le tissu de Londrins, pour le commerce du Levant. Traverser beaucoup de déchets à Béziers. J'ai rencontré aujourd'hui un exemple d'ignorance chez un marchand français bien habillé, cela m'a surpris. Il m'avait affligé de nombreuses questions insensées, puis il m'avait demandé pour la troisième ou la quatrième fois de quel pays j’étais. Je lui ai dit que j'étais un Chinois. À quelle distance se trouve ce pays ? J'ai répondu, 200 lieux. "Dieu cents lieues ! Diable ! C'est un grand chemin !" L'autre jour, un Français m'a demandé, après lui avoir dit que j'étais Anglais, si nous avions des arbres en Angleterre ? J'ai répondu, que nous en avions quelques-uns. Avions-nous des rivières ? Oh, pas du tout. "Ah, ma foi c'est bien triste !" Cette incroyable ignorance, comparée à la connaissance universellement disséminée en Angleterre, doit être attribuée, comme tout le reste, au gouvernement."

    La perfide Albion ne s'est-elle jamais positionnée au-dessus des Français ? Deux années après le début de la Révolution française, il tombe à-propos de critiquer le changement de régime dans un pays que l'on tient pour ennemi héréditaire depuis le Moyen-âge. Le 1er août 1787, Young arrive enfin à Carcassonne.

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    "Quitter Béziers, pour aller à Capestang par la montagne percée. Traverser le canal du Languedoc plusieurs fois; et sur beaucoup de déchets à Pleraville. Les Pyrénées maintenant à gauche, et leurs racines à quelques lieues. A Carcassonne ils m'ont porté à une fontaine d'eau boueuse, et à une porte de la caserne; mais j'étais plus heureux de voir plusieurs grandes maisons de fabricants, qui montraient la richesse.

     A cette époque, la renommée de l'actuelle capitale audoise dépasse les frontières grâce à son production de draps qu'elle exporte vers le Levant. En 1698, l'Intendant Lamoignon de Basville indique que "La ville de Carcassonne n'est à proprement parler qu'une Manufacture. Tous les habitants sont occupés les uns à filer, les autres à carder, ceux-là à faire des étoffes. Demurat en 1731 précise que "Dans la ville de Carcassonne et dans toutes les paroisses du diocèse, on ne fait autre chose que de donner les façons nécessaires aux draps, ce qui occupe même le peuple dans quatre ou cinq diocèses voisins. Déjà avant la Révolution, Young avait écrit que "Carcassonne est une des places manufacturières les plus considérables en France." 

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    Carcassonne au XVIIIe siècle

    Quand il est admis que cet endroit est l'une des plus importantes villes manufacturières de France, contenant 15 000 personnes, pourtant pas une voiture d'aucune sorte, comment un Anglais dont les commodités universelles sont répandues dans son propre pays, où je crois qu'il n'y a pas une ville de 1500 personnes dans le royaume dans laquelle les chaises de poste et les chevaux ne doivent pas être pris lorsqu'on les sollicite ! Quel contraste ! Ceci confirme le fait déductible du peu de circulation sur les routes même autour de Paris. La circulation est flagrante en France. La chaleur était si grande que je laissai Mirepoix en désordre: c'était de loin le jour le plus chaud que j'aie jamais quitté. L'hémisphère semblait presque dans une flamme avec des rayons brûlants qui rendaient impossible de tourner les yeux à plusieurs degrés de l'orbe radieux qui flambait maintenant dans le ciel.

    En effet, après avoir quitté Carcassonne, Young se rendit à Mirepoix en passant par Fanjeaux et Notre-Dame de Prouille.

    "A Mirepoix, il y a un magnifique pont de sept arches plates de 64 travées, qui coûtent 1 800 000 livres; il a été douze années érigeant, et sera fini dans deux autres. Le temps pendant plusieurs jours a été aussi beau que possible, mais très chaud; aujourd'hui la chaleur était si désagréable, que je me reposai de midi à trois heures à Mirepoix; et l'a trouvé si brûlant, que c'était un effort d'aller un demi-quart de mile pour voir le pont. Les myriades de mouches étaient prêtes à me dévorer, et je pouvais difficilement supporter la moindre lumière dans la pièce."

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    Le Président de la Chambre des Communes profite également de son séjour pour faire un certain nombre d'observations sur l'agriculture de notre région. A Carcassonne, la luzerne est coupée 4 à 6 fois, selon la pluie.

    "Le sétier de blé est de 150 livres et ils ont une bonne terre six par setterée. le setterée étant ici 1024 de huit pavés, cela fait 25000 pieds; Le produit est donc de 23 boisseaux. Les récoltes extraordinaires s'élèvent à dix sétiers. La province a un caractère beaucoup plus grand pour la fertilité qu'elle ne le mérite. Monsieur Astruc en dit: «Je ne prétends point parler de blé ou de laine: ces articles sont portés dans le Languedoc à peu près au plus haut point où ils se dirigeaient. Une jolie raison pour que l'historien naturel d'une province n'en dise plus rien! A Narbonne, il y a de la bonne laine, mais la culture du blé a peu de mérite. Un autre écrivain est proche de la vérité lorsqu'il dit: «Si l'on excepte ce qu'on appelle la plaine du Languedoc, les terres basses et les basses cévenoles, le reft, qui fait la moitié de la province, est, de tous les pays que je connais, le plus ingrat et le moins fertile."

    Sources

    Notes, synthèse et recherches / Martial Andrieu

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  • Ce général controversé qui libéra Carcassonne le 21 août 1944...

    Le 16 août 1944, Paul Aussaresses (Soual)est parachuté avec le sous-lieutenant Marcel Bigeard (Aube) dans l'Ariège près de Rieucros. Les deux futurs généraux surtout connus pour leurs faits d'armes en Indochine et en Algérie, vont se distinguer sur le sol Audois. Engagés au sein des Jedburgh du S.O.E (Special Organisation Executive), ils appartiennent à l'équipe Chrysler chargée de coordonner les maquis, mener des actions de sabotages et couper la route des troupes allemandes remontant vers la Normandie. Aussaresses avait appris dans les techniques de la guérilla, le maniement des explosifs et le close-combat en Angleterre. Pour maîtriser la peur, il dut se familiariser avec la façon de pétrir un pain de plastic à la main et de placer ensuite un détonateur les yeux bandés. Tous les exercices se déroulèrent à balles réelles. Dans l'ordre de mission de l'Opération "Massingham Bilda" figure également la note suivante : "Assurez-vous que les Résistants respectent la Convention de Genève". 

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    Le capitaine Paul Aussaresses en 1944

    Bigeard et Aussaresses se retrouvent au milieu des bois de Vira (Ariège) dans le maquis de la F.A.I (Forces Anarchistes Internationales). L’Etat-major d’Alger décida d’homologuer ce groupes de résistants. Comme il était important, l’équipe chargée de cette tâche devait comporter deux officiers supérieurs. Faute de trouver un commandant qui fasse l’affaire, le sous-lieutenant Bigeard avait été choisi à l’Ecole des Pins (Centre d’instruction des élèves agents du Spécial Organisation Executive) sur sa bonne mine et nommé commandant à titre provisoire. Bigeard se distinguera par un coup d'éclat en tentant de faire libérer les détenus de la prison de Foix. Malgré l'échec, il en sortira grandi auprès des guérilleros qui iront jusqu'à lui proposer de continuer la lutte en Espagne. Au moins Bigeard aura essayé, contrairement à la Résistance audoise qui ne tentera aucune action militaire pour faire libérer Bringer, Ramond, Roquefort et les autres. Là, n'est pas le sujet...

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    Avec les deux agents des Forces spéciales avaient été parachutés Sell et Chatten. Ce dernier transportait des quartz, des pads et un million que l'équipe devait remettre à un major anglais. C'était très souvent le cas pour les troupes aéroportées chargées de financer les maquis. 

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    "Au cours du saut, la lanière avait cédé et Chatten avait reçu la lourde besace en pleine figure. Il avait eu le nez cassé et des blessures assez sérieuses au visage. Il s’était évanoui et était tombé dans les bois sans avoir repris connaissance. A son réveil, il ne comprenait pas où il était. Il vit un chemin et se mit à marcher. Il entendit des hommes parler en Espagnol. C’étaient des maquisards. Hello ! dit tranquillement Chatten avant de s’écrouler. Son visage était complètement ensanglanté. Les Espagnols se précipitèrent. Ne pouvant le soigner, ils l’avaient confié au chef du maquis français voisin. Celui-ci l’avait fait transporter dans une clinique de Carcassonne dirigée par un médecin favorable à la Résistance (Chez Delteil. Notons qu'il était détenu à la prison avec Bringer à cette époque. NDLR). C’était risqué, puisque Carcassonne était toujours occupée."

    Nous sommes le 21 août 1944, les Américains tendent une embuscade sur la route d'Alet-les-Bains mais se heurtent à des blindés Allemands. Le lieutenant Paul Swank qui commandait l'OG est tué avec son radio. Aussaresses laisse Bigeard avec ses Espagnols de la FAI et arrive à Limoux

    "Lorsque je suis arrivé à Limoux, laissant Bigeard s’occuper du maquis de la FAI, j’ai vu 2000 hommes qui attendaient pendant que leurs chefs palabraient. Il y avait eu en effet une grande discussion entre le chef du maquis d’infanterie alpine, le commandant Allaux (Maurice Allaux. NDLR), les rescapés de l’OG et un chef FTP. La question était de savoir s’il fallait attaquer Carcassonne ou attendre qu’elle se libère d’elle-même. J’ai dit à Sell que de telles hésitations étaient dangereuses. Les Allemands risquaient de se ressaisir. La 11e division à propos de laquelle nous devions obtenir des renseignements pouvait se retrancher dans la ville. J’ai pressé Allaux de se mettre en route sans attendre les FTP. Il a accepté."

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    Lucien Maury (Frank), chef du maquis de Picaussel. Il s'engagea ensuite en Indochine

    Dans la Résistance Audoise de Lucien Maury, il est dit que Guy David s'embarqua vers Carcassonne avec l'avant-garde du maquis de Picaussel composée de deux détachements : une petite escorte dotée d'un fusil-mitrailleur et une section amenée par Maurice Allaux. Guy David raconte qu'il avait pour mission d'installer le Comité de Libération à la Préfecture et d'écarter les menaces Allemandes sur la ville. Lucien Maury (Frank) lui aurait alors présenté le capitaine Soual (Aussaresses) : "Un grand garçon, mince, qui porte avec élégance une tenue d'officier anglais." Il lui est sympathique d'emblée. Soual lui propose de les accompagner pour renseigner le commandement allié sur la situation à Carcassonne. Apparement, ils ont des objectifs communs. Toutefois, la détermination du FFI Guy David d'en découdre, se retrouve nuancée par Aussaresses, au sujet des moyens dont dispose la Résistance pour empêcher les Allemands de traverser Carcassonne. Il faut éviter de nouveaux massacres, comme celui du Quai Riquet la veille. Dans les mémoires d'Aussaresses, la version Guy David se trouve contredite :

    "Je suis parti en reconnaissance avec Sell, une dizaine d’hommes et un radio que m’avait affecté Bigeard. Allaux m’avait dit que des policiers pourraient nous aider. Nous sommes entrés dans Carcassonne au culot. Je me suis rendu au commissariat. J’ai demandé au commissaire (Fra. NDLR) d’occuper tous les points importants de la ville (la mairie, la préfecture, la poste) et les défendre du mieux qu’il pouvait en attendant l’arrivée du maquis. Bien sûr, nous avons foncé à la clinique où était Chatten. Après 24 heures d’une attente angoissante, l’infanterie alpine est arrivée."

    Guy David raconte sa prise la préfecture en mettant Aussaresses au second plan. Difficile de dire qui a raison, mais chacun essaie de s'en attribuer le bénéfice. Qui délivra Carcassonne : Londres ou Picaussel ?

    "Nous entrons déjà dans les faubourgs de Carcassonne. Les passants, regardent, surpris, ces soldats bizarrement accoutrés qui foncent vers le cœur de la ville. Le temps de comprendre, d'esquisser un geste, nous sommes déjà passés... La préfecture... Je saute de la voiture et je demande au capitaine Talon de m'attendre là avec son équipe. Soual (Aussaresses) désire m'accompagner. A mon tour d'hésiter... Après tout, il représente les Forces Françaises Libres... Je préfère aussi ne pas me trouver seul devant tous ces gens que je connais pas. Et puis, dans son uniforme anglais tout neuf, il fera bonne impression, meilleure que moi sans doute. Je m'aperçois pour la première fois que ma tenue donne des signes très évidents de fatigue."

    Avec subtilité, Guy David expose le ressentiment des maquisards envers Londres. Les uns sont propres et fraîchement parachutés, les autres épuisés par trois années de clandestinité. Les maquis de l'Aude, surtout communistes, se plaignirent du peu d'armes parachutées par Londres. En effet, les alliés craignaient que les communistes ne s'en servent ensuite pour prendre le pouvoir. Faut-il en vouloir aux résistants de terrain d'avoir un peu gonflé leurs récits d'une trop grande gloire ? Notre travail d'historien consiste à tenter de s'approcher de la vérité. Guy David poursuit son récit en mettant en avant les craintes qu'une colonne Allemande ne traverse Carcassonne. Personne ne serait alors en mesure de la stopper ; ces objections avaient été relevées par Aussaresses au départ de Limoux. Fort heureusement, celle que l'on signala aux portes de Carcassonne se dérouta vers le Nord, et ne traversa pas la ville.

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    La clinique du Dr Delteil en 1944

    "Nous avions eu de la chance : les Allemands ne nous avaient pas attaqués, préférant filer vers le nord. Il me fallait maintenant tendre des embuscades pour obtenir les renseignements dont j’avais besoin à propos de la 11e division allemande. Un de mes groupes, disposé à l’Ouest de Carcassonne et constitué de résistants locaux, était commandé par un réserviste de la coloniale. Il accrocha un groupe allemand qui contre-attaqua et les résistants - une trentaine - furent capturés. Ceux qui étaient en uniforme furent désarmés et libérés, mais six combattants en civil furent exécutés."

    Aussaresses évoque ici un évènement qui n'est jamais mis en avant pas la Résistance audoise. Selon lui, les officiers de la Wehrmacht respectaient la Convention de Génève. Bien entendu, pas les Waffen-SS ni la Gestapo. Ils fusillaient les combattants en civils considérés comme terroristes, mais respectaient l'uniforme. Attention, ceci n'engage que lui. Venant d'un officier d'active, on peut cependant le croire.

    "Je me tenais au nord de Carcassonne où j’avais constitué une section avec des mitrailleuses Hotchkiss. Nous avons ouvert le feu pour couper la route aux convois d’infanterie mécanisée qui montaient au Nord. L’accrochage fut très sérieux. Mon objectif était de les clouer sur place et de bloquer la route, mais ils étaient nombreux et se défendaient désespérément. J’ai dû appeler l’aviation et six chasseurs Spitfire d’Alger sont arrivés in extremis pour nous appuyer. Du coup, les Allemands n’ont pas été en mesure de contre-attaquer mais ont finalement réussi à se dégager en emportant leurs morts et leurs blessés. Nous avons fait des prisonniers."

    Il doit s'agir de l'attaque de Pennautier au cours de laquelle l'avion de James Millard Ashton est allé s'écraser sur le domaine de Gougens. Le 24 août 1944, Guy David raconte que l'avant-garde de Picaussel amenée par Allaux et René Brun, renforcée du capitaine Aussaresses et du détachement Gayraud, attaqua une colonne Allemande près du carrefour de Villegailhenc. Le bilan fut de cinq tués et deux blessés dans les rangs des FFI. L'Aude était définitivement libérée.

    "Le régiment de l’infanterie alpine du commandant Allaux avait rejoint la première armée et la ville était sous le contrôle des FTP qui avaient déjà exécuté une dizaine de collaborateurs. Il fallait éviter les excès et arbitrer entre résistants authentiques et collaborateurs déguisés. Ce fut un autre aspect de ma mission. Je retrouvai finalement le major auquel nous devions remettre les quartz, les pads et le million. Mais il était en civil et nous parut suspect."

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    Noël Blanc alias Charpentier

    Aussaresses resta deux semaines à Carcassonne et fit la connaissance "d'un garçon sympathique nommé Charpentier, un Vosgien. Le BCRA l’avait envoyé pour préparer les parachutages, notamment en balisant les terrains. Charpentier connaissait bien la clinique où Chatten avait été soigné. Son directeur, le docteur D (Delteil), était un patriote et Charpentier avait remarqué les deux jolies infirmières qui l’assistaient." Il fut ensuite envoyé par le Comité de Libération enquêter sur un maquis installé du côté de la mine d'or de Salsigne. Son existence était suspecte car il se trouvait dans ses rangs d'anciens miliciens passés à la Résistance pour se blanchir de leurs crimes. Finalement, le chef se disculpa en arguant qu'il avait fait des actions contre les Allemands. "J’appris plus tard que son chef (de ce maquis) avait trouvé la mort dans un accident d’automobile. Quant aux miliciens qu’il avait enrôlés, ils eurent sans doute l’astuce, comme bien d’autres, de s’enrôler dans l’armée de libération pour finir de se blanchir. Je suppose qu’ils ont été décorés." Ces miliciens s'enrôlèrent ensuite dans la légion étrangère ; ils constituèrent le bataillon des réprouvés. Il est exact parmi ceux qui revinrent, certains furent décorés. Quand Aussaresses revint à Carcassonne, il chercha Charpentier. On lui apprit qu'il avait été assassiné (le 4 septembre 1944. NDLR). Il alla s'informer auprès du commissaire de police Fra qui "resta évasif, évoquant une rivalité entre Londres et les FTP."

    L’équipe Chrysler repartit dans une superbe voiture américaine pilotée par Ronald Chatten, tout à fait remis de son accident. L’automobile avait été mis à disposition par le Comité de Libération de Carcassonne : c’était une Graham-Paige blanche confisquée à un collaborateur. Leur débriefing eut lieu au début du mois d’octobre à la Special Force Unit number 4 installée à Villeneuve-lez-Avignon. Ils rendirent longuement compte de leur mission devant les officiers anglais et américains et rédigèrent leur rapport. Le million destiné au major fut restitué à un officier qui jeta le sac dans un coin de la pièce sans même vérifier son contenu. Ainsi s'acheva l'aventure des Forces Spéciales Jedburgh dans l'Aude.

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    Le général Paul Aussaresses défraya la chronique dans les années 90, lorsqu'il se justifia sur l'usage de la torture pendant de la guerre d'Algérie. Le Président de la République, Jacques Chirac, obtint que l'on lui retirât son légion d'honneur. Cet article n'a pas pour objet de prendre position sur l'attitude de Paul Aussaresses après la Seconde guerre mondiale.

    Sources

    Mémoires de P. Aussaresses

    La Résistance audoise / Lucien Maury

    Notes, recherches et synthèses / Martial Andrieu

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