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  • Pourquoi le gymnase et l'école des Serres portent-ils ce nom ?

    En 1972, la municipalité Gayraud entreprend la construction de plusieurs établissements scolaires et sportifs. Considérant qu'il faut offrir à la jeunesse des infrastructures modernes dans lesquelles pourront s'exprimer les clubs tels que le HBCC (Handball) ou le SOC (Basket) mais aussi les élèves des écoles, il est recherché dans le centre-ville un terrain capable d'offrir ce potentiel. Il existe à cette époque, l'ancien jardin du Grand Séminaire transformé en Serres municipales à partir de 1924 dans la rue des Études. La ville va donc faire procéder à la destruction de plus de moitié d'un ancien carron de la Bastide, afin d'édifier à la place le futur gymnase. Celui-ci prendra naturellement le nom des Serres, comme l'école primaire qui lui sera ensuite adossée quelques mois après.

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    © CAUE

    Le gymnase des Serres

    Un ouvrage important construit sur ordre du duc de Montmorency se trouvait là autrefois. C'était le ravelin de la Mercy, sa construction au temps des guerres de la Ligue s'était effectuée en démolissant tout un carron de maisons. Les restes de ce ravelin sont dans le parc de la maison Satgé.

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    © IGN

    Vue aérienne des Serres en 1954

    Sans fouilles préalables, la municipalité va raser les Serres municipales sous lesquelles on aurait sans doute retrouvé bien des vestiges archéologiques. Les travaux débutèrent le 10 mai 1972 avec l'entreprise Bonnery qui fut obligée de creuser en profondeur, afin de mettre de niveau à cet endroit les rues des Études et du 4 septembre. Où passèrent les remblais ou passèrent les vestiges ? Mystère...

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    © Midi Libre / Carlos Recio

    Financé en intégralité par la mairie, la construction du gymnase coûta la bagatelle d'un million sept cent vingt cinq mille francs. Son architecture fut confiée aux urbanistes Carcassonnais Pierre et Christine Tarbouriech, dans un style faisant la part belle au béton armé.

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    Plan des architectes Tarbouriech

    La particularité de ce bâtiment est de posséder un sous-sol comprenant une salle de gymnastique, des douches, quatre vestiaires, une salle de réunion, une infirmerie. L'entrée du gymnase de 800 m2 se fait par la rue des Études. L'inauguration aura lieu le 17 février 1973. Quant à l'école primaire des Serres qui jouxte le gymnase, elle fera son ouverture pour Pâques de la même année.

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    © CAUE

    Si vous vous mettez en quête de savoir ce qu'il reste des anciennes Serres municipales, longez la rue des Études et descendez par la rue de République.

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    Il reste ce mur de clôture de l'ancien jardin du Grand séminaire. Quant aux nouvelles serres, elles furent édifiées le long du Canal du midi dans le quartier de l'Estagnol. 

    Sources

    Journaux locaux / Mai 1972

    Bulletin municipal / Février 1973

    Léon Riba / Historique des propriétés de la ville / 1949

    Géoportail IGN

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • La reconstruction du Quai Riquet après le massacre et l'incendie du 20 août 1944

    Après le passage des hordes teutoniques composée en majorité de soldats caucasiens enrôlés dans la Wehrmacht, il ne reste plus rien des immeubles logeant le Quai Riquet. Le bilan humain fait état d'une vingtaine de victimes civiles assassinées et de nombreux bâtiments incendiés par jets de grenade. La cause de cette déferlante de haine animée par une armée ennemie aux abois et sur le recul reste floue. Les troupes d'occupation remontant vers la vallée du Rhône ne cessent d'être harcelées et décimées par l'aviation alliée. Ce 20 août 1944, un appareil américain est abattu au-dessus de Grazailles, finit sa chute dans le domaine de Gougens ; son pilote s'éjecte avec son parachute. Il tombera au milieu d'un champ du côté de Pennautier. Les convois Allemands, échaudés par des routes nationales peu sûres, s'aventurent désormais par les départementales. Ce 20 août 1944, jour de la libération de Carcassonne, les troupes nazies passent sous le pont de chemin de fer de la route minervoise, lorsque paraît-il un coup de feu retentit provenant du Quai Riquet. Le convoi s'arrête, les boches tirent sur tout ce qui bouge et franchissent la passerelle du Canal du midi. Ils recherchent l'auteur de l'escarmouche. Sans aucune distinction de sexe, ils abattront ceux qui auront le malheur de se trouver là au mauvais moment. A la suite de la fusillade, l'ensemble des bâtiments logeant le Quai Riquet sera incendié.

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    © ADA 11

    Les maison Hyvert et Embry après l'incendie

    La famille Hyvert s'était retirée à la campagne au-dessus de Grazailles avant le massacre. Au Quai Riquet, elle possédait l'usine de fertilisants Docor-Grazailles (4, rue Buffon) et sa maison d'habitation (11, quai Riquet).

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    Les deux bâtiments furent visés par des grenades incendiaires et entièrement détruits avec tout ce qui s'y trouvait à l'intérieur. Seul le grand bâtiment de logements, rue Buffon fut sévèrement endommagé mais pas détruit, Roger Hyvert n'ayant pas les fonds nécessaires pour le réparer l'a vendu a un mécano originaire de Trèbes, il y a installé un atelier de réparation de freins de camions.

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    Les bâtiments Docor-Grazailles, 4 rue Buffon

    Rue Buffon, il s'agissait à l'origine d'un hangar avec chais pour le commerce du vin.
    Sur la façade coté Quai Riquet, il était peint "VINS DU MINERVOIS A LA COMMISSION". Pierre Hyvert avait fait construire vers 1893 cette usine, contre un immeuble d'habitations modestes contenant 21 appartements. Un ami de la famille avait racheté les immeubles aux enchères après la faillite de Pierre Hyvert, consécutive à la crue de l'Orbiel inondant les mines de la Caunette. Georges Hyvert rachetera les immeubles de son père, alors l'ami leur en avait laissé la jouissance contre un très modeste loyer.

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    Plan du Quai Riquet avant l'incendie

    Le 22 août 1944, un état des lieux est dressé par M. Rimailho, ingénieur des T.P.E. En entrant au rez-de-chaussée, se trouvaient le laboratoire et le bureau. Au milieu de ce cloac, M. Hyvert tente de reconnaître ce qu'il possédait. Des vitrines exposaient une collection de minéraux, roches-types et fossiles-types. Une armoire vitrée contenait des produits chimiques. Parmi les appareils du laboratoire, on devine encore un microscope, un ébullioscope Maligan, un alambic de Salbron, un Alcidi-gypsomètre Belot, un chalumeau de Berzielium, un polarimètre à tourmalines, un pantographe en laiton, un compas "maître de danse" et des balances d'essai. Au coin de la pièce, gisent les restes d'un four de coupelles en briques réfractaires, composé d'un four de fusion pour l'attaque des minerais par voie sèche, et d'un four de coupellation à moufle.

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    Dans le garage, il ne reste que les ferrures de scellement d'un meuble ayant contenu le classement des échantillons de la mine de la Boussole. Pareil pour ce buffet, dans lequel étaient conservées les collections de revues scientifiques (Echo des mines, bulletin de l'Industrie minérale, Revue pétrolière, Revue chimique analytique, Mining magazine). Vers le milieu du magasin, un important matériel provenant d'un atelier de fabrication de cannetilles en perles qu'il avait dû stocker là pour libérer un local en avril 1944, lors des évacuations de la Cité.

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    La famille Hyvert devant chez elle au Quai Riquet

    A la Libération, les Hyvert ont perdu leur outil de travail et leur logement. On réquisitionne un appartement au numéro 4 de la place Carnot chez Mlle Mary, où ils habiteront jusqu'au 31 août 1952. Le 22 décembre 1944, le Service des sinistrés de la mairie, dirigé par M. Caverivière, leur livre une chambre complète avec literie. Ils sont ensuite invités à se présenter à ce bureau afin pour y percevoir un béret, un complet, des pardessus, des robes ainsi que des bons en vêtements. La propriétaire souhaitant récupérer son bien en juin 1945, reçoit une lettre de Maître Tiffou, huissier de justice, lui indiquant qu'il était impossible de satisfaire sa demande. Pour subvenir aux besoins de la famille, Roger Hyvert deviendra inspecteur du permis de conduire et s'occupera du recensement des monuments historiques.

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     Le 16 mars 1946, le Parti Communiste Français tente de récupérer à sa cause les mécontents du quartier de l'Olivette et de Grazailles. Des tracts sont distribués auprès des sinistrés au nom de la cellule Danielle Casanova. Dénonçant les atermoiements et les promesses non tenues du ministre Dautry, les communistes de Carcassonne appellent les sinistrés à se ranger derrière les camarades Thorez et Billoux, Ministre de la reconstruction. 

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    Vue aérienne du Quai Riquet en 1947

    Après l'incendie la mairie refuse les reconstructions sur place et préférerait un jardin public. Les petits propriétaires seront indemnisés et iront construire ailleurs. Après une longue période et l'abandon du projet de jardin, l'ensemble des terrains est partagé entre la veuve Embry et Hyvert (Roger et sa mère). Les moellons issus de la destruction restent longtemps sur place et sont la propriété de l'état. Or, le tas diminue sensiblement de jour en jour... Ce n'est qu'au mois de mai 1951 que la reconstruction de l'immeuble Hyvert est portée en priorité, par le Ministère de la reconstruction et de l'urbanisme. A partir de cette autorisation, le propriétaire dispose d'un délai de trois mois pour rebâtir le 1er novembre 1951.

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    Plan dressé par l'architecte Bourely, le 25 novembre 1950

    Roger Hyvert reconstruit rue Buffon une maison avec 4 petits appartements et 5 garages. Au bord du canal il fera bâtir une maison avec deux appartements : un pour Roger et un pour sa mère (décédée avant la fin de la construction). Ceci se fit avec l'argent de la vente des terrains qu'il possédait et les indemnités. Ces dernières étant insuffisantes...

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    Les travaux en cours d'achèvement le 31 octobre 1952

     La famille Hyvert pourra prendre possession de ses locaux à la fin de l'année 1952. Roger aurait voulu tout reprendre et poursuivre le travail de son père après l'incendie, mais s'il a pu reconstituer un petit laboratoire avec les indemnités, en revanche il renonça à acheter un four capable de fondre le minerai. Trop cher et pas pris en compte dans les indemnités car celui qui avait été détruit était impossible à évaluer.

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    Roger Hyvert dans son nouveau jardin en 1952

    Comme pour le massacre et l'incendie d'Oradour-sur-Glane, on s'aperçoit des grandes difficultés que rencontrèrent les sinistrés après la guerre. En Haute-Vienne, ils durent habiter dans des pré-fabriqués pendant plusieurs années avant la reconstruction du nouveau village. Quant aux dommages de guerre et à la punition des coupables... 

    Sources 

    ADA 11

    Archives de Pascal Hyvert

    Presse locale

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  • Les vieux marchands de bonbons de Carcassonne

    Il est loin le temps où les jeunes carcassonnais se ravitaillaient à la bonbonnerie Marseillaise de M. Raynaud sur le boulevard des tilleuls (Commandant Roumens). C'était au début du siècle dernier, à côté du Bazar du Bon marché et du café du Helder (café des platanes). Jusqu'à la libération et à la destruction du square gambetta par l'occupant, deux kiosques en pierres se tenaient parallèlement au jardin. Le premier, en face du musée était tenu par M. Andrieu. Le second, celui de Mlle Delphine, lui faisait concurrence en face de la maison Lacombe. Faut dire qu'il fallait du stock en réglisses, guimauves et autres sucettes pour les écoliers du groupe scolaire Jean Jaurès, inauguré en 1928. Ces kiosques ont été détruits comme celui qui à l'identique est resté quelques temps après place Davilla.

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    Comme elles étaient délicieuses les sucreries de madame Bourrel... Juste après la guerre, la marchande de bonbons avait posé son étal dans la rue de la gare en face du Continental, pour la grande joie des enfants. Elle vendait des cocos, des bonbons acidulés en forme d'ostie, de la croquande, des sucres d'orge et des cacahouettes qu'elle faisait griller chez le boulanger M. Deveze, 33 rue de Lorraine.

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    Le kiosque du boulevard Marcou face à l'école Ste-Marie auxiliatrice

    Ce kiosque fut construit grâce à une délibération du conseil municipal en date du 9 novembre 1928, avec jouissance pour une période de 20 ans à M. Cros, résidant rue Clémenceau. Le 30 novembre 1948, il devint la propriété de la ville.

    A partir du boulevard Barbès, en face le café du Midi (détruit), il y avait l'étal de madame Gillot surnommée "la japonaise" par les enfants, en raison de sa coupe de cheveux.

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    Le vieux kiosque du Palais de justice qui sera rasé en 1959. On construira à l'opposé celui que nous connaissons aujourd'hui, dans un style plus moderne.

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    Le kiosque de Mariano Ramon contre le mur du portail des Jacobins fut construit en 1909 pour M. Roucairos. On y vendait des journaux et des friandises pour déguster à la sortie de l'école. Il cessa son activité en 1985 et la transmit à Chantal Julien, habitant à Cazilhac. Au début des années 1990, le kiosque sera rasé lors de l'aménagement en surface du parking Jacobins. Il y avait également un kiosque du même style contre le mur du boulevard Marcou, à gauche en haut de la rue de Verdun. 

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    Le marchand ambulant Almazor

    Antonio ALMAZOR, exilé espagnol de Catalogne, arrivé en France dans les années 30 en traversant les Pyrénées à pied, engagé à la Légion étrangère au Barcarès, prisonnier en Allemagne lors de la seconde Guerre Mondiale puis libéré, il s'installa à Carcassonne. Avec son épouse, ils montèrent cette confiserie ambulante. De Castelnaudary, au stade Domairon, à la foire près du portail des Jacobins, ils étaient présents avec leur étal de bonbons de la Pie qui chante... ils faisaient de la Croquande. Présents lors des fêtes foraines, des marchés et sur des points stratrégiques, tous deux ont arrêté cette activité pour sillonner les routes de l'Aude, des Pyrénées Orientales et de l'Hérault avec un "tube" transformé en magazin de quincaillerie...

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    Antoine ALMAZOR, naturalisé français, retourna en Espagne au milieu des années 70 en tant que touriste après la mort de Franco. Certains carcassonnais fréquentant les stades les jours de match se souviennent peut-être de cet étal de confiserie où l'on vendait aussi des sandwichs. Aujourd'hui décédé, Monsieur ALMAZOR est enterré au cimetière de la Conte

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    Coma-Pérez

    Plus bas, en face du portail des jacobins, qui n'a pas connu les bonbons de M. Coma puis de son beau-fils, M. Perez? Monsieur Pérez, ici avec son épouse faisaient aussi des crêpes et de la croquande (nougat caramélisé rougeâtre) pour les foires de la Sainte-Catherine (novembre) ou des comportes (mars). Avec son camion, on retrouvait aussi M. Perez pour les fêtes de la cité sur le jardin du Prado près de la porte narbonnaise. A sa suite, c'est leur employé depuis 23 ans, madame Quirant qui a repris l'affaire.

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    Madame Quirant et sa fille Nicole, ont installé leur camion plus haut en tournant le dos à la caserne Laperrine. Elles ont étoffé leur stock en vendant des frites, Hot-dog, sandwiches Américains... La plus grande partie de leurs clients étaient les militaires du 3e RPIMA. Ils laissaient leurs listes et venaient ensuite se ravitailler chez madame Quirant. Une affaire florissante à cette époque. Puis après la guerre du Golfe, les militaires ont obtenu le droit d'avoir un appartement en ville. L'arrivée des fast-food et des pizzerias à Carcassonne au début des années 1990, a sérieusement fait chuter le chiffre d'affaire de ce commerce ambulant. La construction du parking souterrain a achevé tout espoir de reprise. On a d'abord voulu exclure ce commerce de son emplacement, puis on l'a mis dans une guérite dont l'exiguité ne permettait pas la poursuite de l'activité. Madame Quirant a jeté l'éponge et ainsi disparut le dernier et emblèmatique marchand de bonbons de Carcassonne.

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    L'ancien camion de Mme Quirant ; la cantinière du 3e RPIMA

    On pourra également citer Joséphine qui vers 1955 avait son étal de bonbons et de caramels en face de la clinique St-Vincent, sur le boulevard Jean Jaurès. En haut du boulevard Barbès, les glaces du couple Soler qui habitait rue du Cherche Midi. A côté du collège André Chénier, un marchand de bonbons. Mme Arcas fabriquait des sucres d'orge filants aux belles couleurs pastel. Elle les faisait dans sa cuisine au 9 ou 11 rue fortuné. Vers 13 h 30 les jours d'école, elle allait se mettre à côté de Mme Soler sur le boulevard de Varsovie derrière le monument aux morts.

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