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  • Barbès : Ce fondu de liberté(s) qui a fondu sous l'occupation

    Armand Barbès

    (1809-1870)

    dont le père natif de Capendu est chirurgien militaire à Carcassonne, n'aura cessé durant toute sa vie de porter les valeurs de la République. Ceci au prix d'une débauche d'énergie qui lui vaudra le surnom de "Bayard de la démocratie". Il luttera contre Louis-Philippe (Roi des Français) qu'il réussira à faire renverser, la deuxième République et le Second Empire. À chaque fois il sera condamné, au mieux, à de la prison ; au pire, à la peine capitale. Pour cette dernière, il devra son salut à une intervention de Victor Hugo en sa faveur. En1848, il représentera le département de l'Aude à l'Assemblée constituante où il siègera à l'extrême gauche. Après s'être volontairement exilé à La Haye suite à sa libération en 1854, il mourra là-bas le 26 juin 1870 ; seulement quelques semaines avant l'avènement de la République en France pour laquelle il n'a cessé de militer.

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    © Martial Andrieu

    Le 26 septembre 1886, une statue à son effigie est dressée sur un socle portant la mention "Vivre libre ou mourir" sur le boulevard Saint-Michel. Elle est l'oeuvre du sculpteur toulousain Alexandre Falguières (1831-1900).

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    © ADA 11

    Le socle sans la statue, remplacée par un buste de Marianne en août 1944

    Le 20 mars 1942, la mairie de Carcassonne, aux ordres du gouvernement de Vichy, enlève la statue de Barbès de son piédestal. La loi du 11 octobre 1941 promulguée par Vichy contraint l'administration municipale au démontage des statues et de leurs socles en vue de leur fonte. Ceci à l'exception des oeuvres présentant un caractère historique et esthétique. Notion assez vague voulue par l'amiral Darlan (Vice-président du conseil) afin que ne soient épargnées que celles à la gloire de Jeanne d'arc, Henri IV, Louis XIV et Napoléon 1er. L'enlèvement de Barbès à Carcassonne - on s'en serait douté - n'eut qu'un but politique qui n'empêchera pas la tenue d'une manifestation Républicaine au pied de son socle le 14 juillet 1942. L'occupant n'investira la zone sud et Carcassonne qu'en novembre 1942, mais il y a fort à parier que le métal a servi aux nazis pour tuer des Français et leurs alliés.

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    © Martial Andrieu

    Barbès retrouve son socle en 1952

    Une partie des statues françaises destinées à la fonte a été moulée en plâtre. Suite une proposition du sculpteur Carcassonnais Paul Manaut en date du 20 novembre 1951, la municipalité de Marcel-Itard Longueville décide de lui confier en février 1952 la reconstruction de la statue. Le coût s'élève à 1 400 000 francs, dont une partie provient de la "souscription au Monument Barbès" levée en 1951. Cette copie présente toutefois quelques différences.

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    La nouvelle statue de Barbès n'a plus son fusil entre les jambes...

    Source

    Délibération Conseil Municipal / 27 février 1952

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2017

  • Dans l'Aude, les royalistes tentent de (re)mettre le nez dehors...

    Une messe en la mémoire du roi Louis XVI, exécuté le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution, a été dite pour la première fois à Carcassonne en 2017, en la Basilique St-Nazaire et St-Celse. Mgr de la Soujeole avait accepté de répondre favorablement à la requête d'un monarchiste de coeur, partisan de Monseigneur le Duc d'Anjou, l'un des prétendants au trône de France. Or, Louis le vingtième se voit disputer sa couronne par le prince Jean d'Orléans, descendant de Louis-Philippe d'Orléans dit "Philippe Egalité" qui vota la mort de son cousin. Le vote qui décida du sort du roi souverain ne s'étant joué qu'à une voix de majorité, ceci fit dire à Robespierre : " Il était le seul membre de l’Assemblée qui pût se récuser." Le régicide - membre de la loge du Grand-Orient depuis 1771 - finira lui-même sur l'échafaud onze mois plus tard. 

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    Armes du Royaume de France

    Dans le département de l'Aude, il n'est pas très bien vu d'afficher ses idées monarchistes. N'oublions pas que cette terre Républicaine vit l'arrivée de milliers de réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste. Or, il n'est pas sûr que le futur Louis XX, dont la mère était la petite-fille du général Franco, soit le bienvenu dans l'Aude. Ceci explique en partie, les raisons pour lesquelles on n'a pas célébré le 800e anniversaire de Saint-Louis à Carcassonne, mais à Aigues-mortes en présence du Duc d'Anjou. C'est pourtant Louis IX qui fit construire la Bastide qui porte son nom à Carcassonne, après avoir chassé les habitants des faubourgs. Comble d'ironie, l'évêque de Carcassonne M. Planet présida cette cérémonie dans la cité héraultaise en 2014. Alphonse de Bourbon fut reçu à Carcassonne lors des célébrations du millénaire capétien le 24 octobre 1987 par la municipalité.

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    © Patrice Cartier

    Alphonse de Bourbon, Nicole Bertrou, Jacques Albarel

    N'allez surtout pas imaginer que dans le département de l'Aude, il n'y a toujours eu que des Républicains de couleur vermeille. Au contraire, il existe depuis toujours une frange aisée, minoritaire dans la population, qui ne se montre plus depuis la Seconde guerre mondiale, mais fortement anti-républicaine et profondément attachée aux valeurs traditionnelles de l'Ancien Régime. En 1816, le Comité royaliste de Carcassonne fit la chasse aux  partisans de Napoléon 1er. Ladislas Levavasseur - chirurgien major de Napoléon et grand père du compositeur Paul Lacombe - ne dut son salut à Castelnaudary qu'à la présence d'esprit du chauffeur de la voiture, qui lui permit d'échapper aux monarchistes venus l'étriper. Ce même Comité "parvint à l'aide d'un agent provocateur à organiser à Carcassonne une conspiration des prisons, qui fit tomber sous la hâche prévôtale, celles d'un jeune médecin, d'un ex-militaire et d'un cultivateur." (Histoire de la Révolution Française depuis 1814 jusqu'à 1830 / J.A Dulaure / 1846)

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    Joseph Pierre Castel

    (1849-1906)

    Cet avocat qui fut Président de la Société d'agriculture de l'Aude, présida également le Comité Royaliste de l'Aude. Il habitait 71, Grand rue (rue de Verdun) et était propriétaire du domaine de Paret-Longue à Pennautier.

    "Issu d'une famille bourgeoise ayant vécu de l'industrie textile, de la banque et surtout de la terre, il s'engagea politiquement dès la fin de l'Empire aux côtés de son père Eugène, animateur du Cercle du salon et conseiller général (Maire de Verzeille, NDLR). Il fut de tous les combats contre la République, essayant de nombreux échecs, mais troublant souvent la lutte entre opportunistes et radicaux. Il milita pour la reconstitution du vignoble tout en s'efforçant de sauvegarder, dans l'ouest Audois, l'influence de la droite sur le monde agricole. Aussi fut-il candidat boulangiste à Carcassonne en 1889 : il obtint 30 % des voix." (Dictionnaire Les Audois / p. 97)

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    Charles Maurras

    (1868-1952)

    Le théoricien du nationalisme intégral a commencé sa carrière comme félibrige provençal. En 1939, ce journaliste fondateur de l'Action Française, antiparlementaire prônant un antisémitisme d'état se rendit dans l'Aude dans un château viticole à 5km de Carcassonne où il fut reçu par le comte. Il y prononça un discours. Ceci est attesté par des archives, récemment léguées au département par la famille sous la côte 124J197, mais uniquement consultable sur dérogation.

    Charles Maurras soutint le régime de Vichy ; c'est pour cette raison qu'il fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à l'Indignité nationale. Il fut également déchu de son fauteuil d'Académicien. L'ensemble des thèses du nationalisme intégral défendues par Maurras, seront reprises dans les textes servant de propagande aux nouvelles recrues de la Milice Française en 1943. A savoir : le rejet des valeurs de la Révolution Française, la soumission au chef, il n'y a pas de principe d'égalité dans la nature c'est donc un notion pour les faibles, etc...

    De très nombreux propriétaires de châteaux pinardiers des Corbières s'engagèrent contre les maquis communistes, les juifs et les gaullistes. Il y eut également ailleurs en France des aristocrates engagés, eux, dans la France libre aux côtés du général de Gaulle. Citons : Henri Astier de la Viguerie, Astier de Villatte, Hubert Amyot d'Inville, Roland Alibert de Falconnet, Gaston Duché de Bricourt, etc... Plus près de chez nous : Raoul de Volontat, instituteur à Quillan et Résistant mort en déportation.

    Le terreau est désormais redevenu fertile avec les scores électoraux de l'extreme droite.

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  • A t-on tout écrit sur Pauline Fourès, la maîtresse de Napoléon Bonaparte ?

    Après avoir recensé bien des ouvrages parus sur Pauline Fourès, nous pouvons dire que l'épisode  concernant son séjour dans notre ville n'est souvent que pure romance. Pire encore ! Les articles de journaux locaux nous racontent parfois l'existence de cette aventurière qui fut maîtresse de l'Empereur, comme étant Carcassonnaise. Ce n'est quand même pas tout à fait exact. Nous avons donc pris le parti, non pas de synthétiser ce que le lecteur pourra lire dans n'importe quelle biographie, mais de rechercher de nouveaux éléments. En faisant l'étude généalogique et sociologique de sa belle famille, nous avons pu comprendre comment cette jeune femme a pu construire son avenir et sa légende.

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    Pauline Fourès

     Marguerite Pauline Bellile naît le 15 mars 1778 à Pamiers dans l'Ariège. Elle est la fille d'Henri Jacques Bellile, horloger de son état, et de Marguerite Bérandou. On en sait trop comment cette jeune et jolie jeune femme vint à Carcassonne.

    "Elle était sans fortune et ne jouissait pas, à dit depuis M. Fourès, de cette réputation de modestie, qui dans les petites villes surtout y supplée quelques fois (Les femmes galantes / 1837)"

    A Carcassonne, elle résidait dans la paroisse St-Vincent - le quartier de son futur époux - et travaillait comme apprentie modiste. C'est d'ailleurs à son travail qu'elle rencontra Jean-Noël Fourès qui n'était autre que le neveu de sa patronne, selon Frédéric Masson (Napoléon et les femmes / 1894). Il semblerait toutefois que l'historien de Napoléon se soit égaré sur la filiation. Elisabeth Pascal Fourès née en 1765 était en fait la soeur aînée de J-N Fourès. Son grand-père Robert Fourès ayant été tailleur d'habit dans le quartier, il se peut qu'elle ait repris l'affaire de celui-ci. 

    Pauline Bellile, surnommée "Bellilote" par les Carcassonnais, apprenait donc son métier chez Elisabeth Fourès. Là, elle rencontra Jean-Noël Fourès né le 8 octobre 1769 à Carcassonne, fils de Philippe Fourès (Marchand détaillant) et de Catherine Biroben. Le jeune lieutenant du 22e chasseurs à Cheval s'était retiré dans sa famille, après une vilaine blessure contractée pendant la campagne d'Espagne. Malgré le désaccord de ses parents, Jean-Noël Fourès épouse Pauline Bellile le 8 pluviôse An VI (27 janvier 1798). Le couple en pleine lune de miel ne restera pas longtemps à Carcassonne, car Fourès est appelé à s'embarquer pour l'Egypte. Masson raconte, que Pauline s'était costumée en habit de chasseur à cheval et avait réussit à se faufiler sur le navire avec son mari. Sur place, la beauté de Pauline se fit remarquer auprès des officiers. Le 17 décembre 1799, Fourès reçoit l'ordre de s'embarquer, seul cette fois, pour l'italie et de porter des dépêches au Directoire à Paris.

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    Napoléon Bonaparte

    "Dès le jour du départ de Fourès, Bonaparte a invité la petite femme à dîner avec plusieurs autres dames françaises. Il l'a à côté de lui et lui fait galamment les honneurs. Mais tout d'un coup, simulant une maladresse, il renverse une carafe d'eau glacée et l'entraîne dans son appartement sous prétexte de réparer le désordre de sa toilette. Seulement l'absence du général et de Mme Fourès se prolongea trop longtemps pour que les convives, demeurés à table, pussent conserver des doutes sur la réalité de l'accident. Le doute fut moins permis encore lorsqu'on vit meubler en hâte une maison voisine du palais d'Elfibey, habitation du général ; Mme Fourès y était à peine installée que survint Fourès.

    Fourès que Marmont avait vainement tenté de retenir à Alexandrie, arriva furieux au Caire et fit expier assez rudement à son épouse les libertés qu'elle avait prises. Pour se soustraire à ses emportements, Mme Fourès demanda le divorce, qui fut prononcé en présence d'un commissaire des guerres de l'armée. Après son divorce, Mme Fourès qui reprit le nom de Bellile, mais qui dans l'armée comme jadis à Carcassonne n'était connue que sous le joli nom de Bellilote, s'afficha en favorite."

    Là, s'arrête la relation qui unissait "Bellilote" à Carcassonne...  Elle se console dans les bras de Kléber après le retour de Napoléon en France. Elle reviendra néanmoins en France en 1799 et rejoint Paris mais sans pouvoir approcher le Premier consul. Elle se remariera avec Pierre Henri de Ranchoux, nommé vice-consul puis consul en 1810 en Suède. Après une rencontre avec l'empereur, elle divorce à nouveau et se remarie avec Jean Baptiste Bellard, capitaine de la Garde. Après un séjour au Brésil où le couple fait fortune, elle revient à Paris en 1837, où elle vit confortablement. Musicienne, elle peint et collectionne les tableaux, et mène une existence paisible jusqu'à la fin de sa vie. Elle mourra à Paris en 1869.

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    Tombe au Père-Lachaise (26° division)

    Voici donc ainsi résumée l'histoire d'une petite apprentie modiste sans le sou qui, par un heureux mariage, se construira un destin assez exceptionnel. Nous le voyons, Pauline ne fut Carcassonnaise que très peu de temps. Elle usa de ses charmes à plusieurs reprises pour s'élever dans la société. Si elle n'avait pas épousé Jean-Noël Fourès dont elle garda le nom pour la postérité, que serait-elle devenue ? Aussi, avons-nous voulu chercher à savoir quelle était la famille Fourès à Carcassonne.

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    En 1780, la famille Fourès habite le carron de Turle (ancien carron de David) dans la paroisse St-Vincent. En rouge et jaune ci-dessus, ce qui correspond aujourd'hui à l'agence bancaire du Crédit Lyonnais, rue de Verdun. Philippe Fourès, riche marchand détaillant de draps, y réside encore lors du recensement de 1799 avec son épouse, ses cinq enfants (dont Jean-Noël, fraîchement divorcé), son frère (Curé de St-Couat) et son beau-fils Jean Abrial. Philippe Fourès né en 1732, y mourra le 9 juillet 1802.

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    La maison de la famille Fourès

    Un des frères de Philippe Fourès, oncle et parrain du mari de Bellilote, s'appelait également Philippe (1737-1812). Négociant en draps, il avait exercé la profession de notaire entre 1767 et 1780. Sa maison donnait sur l'actuelle place Carnot (couleur bleue ci-dessus). Il a finit sa vie complètement ruiné par les assignats - monnaie fiduciaire de la Révolution française. Nos recherches généalogiques prouvent sa filiation avec Auguste Fourès (1848-1891), poète occitan natif de Castelnaudary.

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    Quincaillerie Cuin

    Jean François Noel Fourès - un autre oncle du mari de Bellilote - est le grand père de Marie Sidony Fourès. Elle épousa Jean André Cuin, fils de Paul Cuin, fondateur en 1795 de la quincaillerie bien connue des Carcassonnais. Au-delà de l'intérêt historique de nos découvertes, il nous permet d'écrire que les familles de grands commerçants Carcassonnais se sont toutes mariées entre elles. On pourrait citer en exemple : Cuin, Lamourelle, Lasserre, Sarraute, Fourès. 

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