Le Grand prix cycliste de Carcassonne est inscrit depuis des décennies dans le calendrier des évènements sportifs amateurs de notre ville. Ici point de Chris Froome et d'équipe Sky sponsorisée à coup de millions d'euros, point de retransmission télévisée, point de carré VIP avec son lot d'élus et de représentants des chambres consulaires. Aucun risque de passer à la télévision à côté de Poulidor, donc les huiles s'en tiennent à l'écart en attendant le prochain Tour de France. Oublierait-on que le cyclisme est un sport populaire dont la pratique amateur constitue à elle seule près de 90% de son activité ? Il est loin le Tour de France où les enfants et leurs parents pouvaient toucher ou parler à leurs champions. Aujourd'hui, les coureurs se confinent dans les autobus ou dans le carré VIP entouré de grillages et seulement accessible au gratin local. C'est là également que se concentrent - comme des guêpes attirées par le miel - nos élus et autres notables de la ville. La communication politique sur le terrain c'est fini, pensent-ils, alors il se prennent en photo dans le carré VIP et la posteront sur leur page Facebook. Pendant ce temps, des centaines d'enfants - qui ne votent pas - accompagnés de leurs parents - qui votent - observent l'attitude de ces privilégiés du moment. Que ressentent-ils lorsqu'ils voient sur la page Facebook de leur élu, la trombine de celui-ci avec Poulidor ou Virenque ? L'élu en question est heureux, il se rapproche du peuple par les réseaux sociaux, mais s'éloigne de lui physiquement et moralement chaque jour. A Carcassonne, il y avait un maire qu'on avait surnommé en patois "Tocas manetas" ; littéralement : "Touche les mains". Le contact - sans Facebook - lui avait fait gagner quatre élections municipales consécutivement. Et lui, au Grand prix cycliste de Carcassonne, il y figurait même avec la casquette de Conseiller général.
Stéphane Huc
(1983-2004)
Il avait vingt ans et la passion du cyclisme chevillée au corps... Il est mort avec elle lors d'un entraînement sur la route de Verzeille en 2004 écrasé par un bus qui passait par-là.
En hommage à Stéphane, le Grand prix de Carcassonne porte désormais son nom. Dimanche dernier, pour la 13e année, de jeunes coureurs amateurs ont participé à cette course de 93 km à travers la ville. L'ASC cycliste avec Hubert Beaubois en cheville ouvrière bénévole n'a pas ménagé sa peine.
Les coureurs passent devant St-Jean de Brucafel avant d'arriver à Grazailles
Florian Esquer a reçu des mains de Paul Escourrou - adjoint au maire chargé des sports - la coupe du vainqueur. C'était bien le seul représentant de la classe politique locale - tous partis confondus -, aux dires des témoins.
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