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  • L'impressionnant héritage Art-Déco de Jules Reverdy dans le département de l'Aude

    La Sous-Préfecture de Narbonne

    Jules Pierre Reverdy naît à Caunes-Minervois le 20 avril 1873 où son père exerce la profession d’instituteur public. Ses parents sont originaires de Trausse-Minervois, un village situé à une dizaine de kilomètres de là. Après son baccalauréat, le jeune homme devient l’élève à Toulouse de l’architecte Eugène Curiale et bénéficie d’une subvention départementale pour l’École des Beaux-arts de Paris. Il réussit le concours d’entrée et fait son apprentissage dans la classe de Gustave Raulin (1837-1910) à partir de 1894. Il en sort diplômé le 17 novembre 1905 et s’établit à Narbonne l’année suivante, 30 quai Vallière, jusqu’en 1931. Il s’installe ensuite à Carcassonne 14, rive gauche du canal, actuellement rue Pierre Sémard.

    Nommé architecte départemental le 1er septembre 1925, Jules Reverdy consacre l’essentiel de ses travaux à l’agriculture. On lui doit la construction de près de soixante-dix caves coopératives dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. L’Ecole d’agriculture Charlemagne de Carcassonne est bâtie selon ses plans en 1928 par l’entreprise Fiorio. En qualité de membre de la commission des bâtiments publics et de la commission de l’hygiène à titre bénévole, on lui confie la création du Dispensaire de l’hygiène sociale du département de l’Aude à Carcassonne, l’Hôpital-hospice de Lézignan, les habitations à bon marché de Narbonne. Il réalise les monuments aux morts de  Rieux-Minervois en 1922 et de Lézignan-Corbières en 1923, de très nombreux groupe-scolaires, sans compter des bâtiments remarquables comme l’Hôtel des postes, la Chambre de commerce, et la succursale de la Banque de France de Narbonne en 1923.

    En qualité d’architecte des monuments historiques nommé le 15 février 1926, il expertise la cathédrale Saint-Just de Narbonne après l’incendie. Le 26 juillet 1933, il est fait chevalier de la légion d’honneur, après avoir reçu le titre d’Officier de l’Instruction publique. Jules Reverdy a laissé un patrimoine architectural impressionnant dans le département de l’Aude, que nous avons essayé de recenser ci-dessous. Si son nom a été injustement oublié, son œuvre de style Art-Déco doit être désormais étudiée avec précision par tous les étudiants en histoire de l’art. Gageons que nous y contribuons à travers cet article dans l’intérêt de notre héritage patrimonial. Jules Reverdy est décédé en 1957 ; il est inhumé au cimetière Saint-Michel de Carcassonne.

    Écoles et Groupe-scolaires

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    Ecole d’agriculture Charlemagne de Carcassonne (1928)

    Colonie scolaire de La Nouvelle (Aude)

    Peyric-Minervois

    Cruscades

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    Rieux-Minervois

    Trèbes (1933)

    Sallèles-Cabardès (1932)

    Lézignan-Corbières (1933)

    Agrandissement de l’école de Limoux (1932)

    Narbonne

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    Hôtel des postes

    Chambre de commerce

    Prison

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    Station œnologique

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    Banque de France (1923)

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    Palais de Justice

    Caserne de gendarmerie (1934)

    Immeubles à bon marché

    Autres bâtiments

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    Groupe scolaire et Foyer de Trèbes

    Station de pompage de Trèbes (1930)

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    Foyer municipal de Tournissan (1936)

    Postes de St-Laurent de la Cabrerisse (1922)

    Salle des fêtes de Latour-de-France (1923)

    Bains douches de Lézignan

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    Dispensaire d'hygiène sociale à Carcassonne (1940)

    Caves coopératives

    Carcassonne, rue Michelet (1933)

    Tuchan (1920)

    Fraisse-des-Corbières (1920)

    Rieux-en-Val (1929)

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    Lézignan-Corbières (1909)

    Saint-Marcel d’Aude

    Monuments artistiques

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    La nymphe à la source (1905) à Lézignan

    Sources

    La journée de l'Industrie 

    Agorah

    ADA 11 / 4N114

    Légion d'honneur

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

  • Inédit ! Les transformations de la place Carnot au XIXe siècle

    Cœur battant de la Bastide Saint-Louis, la place Carnot dans ses contours actuels n’apparaît définitivement qu’après la construction du bâtiment de la Société générale en 1912. Les métamorphoses entreprises tout au long du XIXe siècle ont fait disparaître à jamais l’identité de cette place de marché édifiée sous Louis IX. Sur le côté Ouest se trouvait un Grand couvert comme on peut encore l’apercevoir à Montségur (Gironde), Mirepoix (Ariège) ou plus près de chez nous à Limoux.

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    Plan de la place Dauphine vers 1840. A gauche, l'emplacement du Grand couvert. En jaune, les immeubles non encore alignés sur la place. Notons qu'à cette époque la fontaine de Neptune était parfaitement centrée.

    Le Petit couvert, quant à lui, desservait sur toute sa longueur le côté nord. A l’Est, l’ensemble des immeubles avançaient d’au-moins quatre mètres en direction du centre de la place. Tous ces changements rendus indispensables par la vétusté des constructions, la sécurisation des accès et la volonté de modernisation ont défiguré la configuration médiévale. Les destructions et la mise à l’alignement qui s’ensuivirent, conformément au décret impérial du 16 décembre 1807, eurent pour effet de transformer un ensemble homogène en une dispersion de constructions hétéroclites. Celles-ci permettent néanmoins une lecture chronologique des styles architecturaux tels qu’ils furent développés tout au long du XIXe siècle, en fonction des bouleversements politiques. Impériale sous Napoléon 1er, Royale sous Louis XVIII, Dauphine sous Charles X pour perpétuer le passage de la fille de Louis XVIII, elle prend le nom de Place aux herbes jusqu’à l’assassinat de Sadi Carnot en 1887.

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    Le Grand couvert de Mirepoix (Ariège)

    A la suite d’une expertise des bâtiments entourant la place impériale, le conseil municipal avait pris la décision le 10 juin 1808 de solliciter la reconstruction du Grand couvert aux frais des propriétaires et la suppression du Petit couvert. Cette délibération devait se heurter à l’opposition des principaux intéressés, avant que le changement de régime politique ne la fasse repousser aux calendes grecques. Elle revient sur la table du conseil le 22 août 1824 avec la résolution de destruction du Petit couvert formant la maison de François Marty, afin d’élargir la voie publique et de faire cesser le danger de cette construction et de celle de M. Marabail. Le projet de reconstruction du Grand couvert prévoit l’édification dix-huit arcades et deux autres aux extrémités. Là encore, les années passent et seule la maison Combes sera reconstruite en 1827. Le Petit couvert disparaîtra avant l’avènement de la Révolution française de 1830 et l’avènement de Louis-Philippe 1er. 

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    Aspect du Grand couvert tel qu'il devait être avant 1845

    Il faudra un drame pour que la question de la destruction du Grand couvert revienne au centre des préoccupations municipales. Trois ouvriers trouvent la mort dans l’effondrement de la maison Escourrou au début des années 1840. Le 18 octobre 1843, le conseil municipal reçoit le rapport de la commission chargée de vérifier l’état de la structure des neuf maisons composant le Grand couvert : Baux, Conte, Jaffus, Lucien Cabrié, Louis Fourès, Antoine Cayrol, Blanc-Sallin, Etienne Escourrou et Barthélémy Combes. Quatre sont menacées de ruine, trois autres seraient tellement ébranlées par la destruction des premières qu’il faudrait aussi les sacrifier. Cette fois le maire Arnaud Coumes décide de donner l’alignement, déterminé par une ligne partant de la maison Peyrusse (actuel Dony) jusqu’à l’immeuble Marty-Roux (actuellement, mutuelle santé). Les propriétaires devront à leurs frais reconstruire un immeuble avec une façade sur toute la longueur. Dans le cadre de l’embellissement de la place, la ville renonce à une façade ordinaire et octroie en dédommagement la somme de 28 120 francs en contre-partie aux maîtres d’œuvre. Ceux-ci devront faire exécuter les plans dessinés par Pierre Cayrol (1788-1869), architecte municipal, par les entrepreneurs de leur choix selon un cahier de charge très précis. La pierre grise n’aura aucun défaut d’apparence et devra être prise chez le sieur Beautes à Villegly. Le mortier sera composé de 2/5 de chaux et de 3/5 de salle grenu. Les maisons Baux et Jaffus qui n’entraient pas dans la démolition sont finalement rasées avec accord des parties et intégrées aux plans de l’architecte. Les travaux débutent le 1er mars 1845 et sont achevés avant la fin du mandat d’Arnaud Coumes.

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    La façade réalisée par P. Cayrol sur l'emplacement du Grand couvert 

    Les premières transformations de la place du côté Est commencent durant l’année 1832. La maison de Pierre Etienne François Barthélémy Albarel (1774-1839), négociant de son état, forme un goulot d’étranglement pour accéder à la place, à l’angle de la rue Denisse et de la rue des Orfèvres (rue Courtejaire). Elle est frappée d’alignement ; son propriétaire doit faire reculer sa façade de cinq mètres pour s’aligner sur la rue des Orfèvres. Les travaux son menés en juillet 1832 par M. Gourgues, maçon, selon de toute évidence les plans de J-F Champagne. La façade reprend la forme des arcades du Grand couvert.

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    L'ancienne maison Albarel avec ses arcades 

    Deux ans plus tard, c’est la maison juste à côté appartenant de Guillaumette Daveau veuve Guinot, marchande de faïence, qui doit être sacrifiée à l’alignement. Les choses restent en l’état pendant quarante ans ; le côté Est de la place coupé en deux entre maisons alignées et non alignées. Une nouvelle fois un événement va remettre à l’ordre du jour du conseil municipal, la question de l’alignement. C’est l’incendie le 2 novembre 1869 de la maison Peyraudel sur l’emplacement actuel du Petit Moka.

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    © ADA 11 / 4E69

    Le Grand couvert a disparu à l'Ouest, tandis qu'à l'Est une partie des immeubles a été alignée.sur la rue Courtejaire.

    Les pompiers, éparpillés dans toute la ville à cette époque, mettront une heure à intervenir sur les lieux du sinistre. En juin 1870, la ville décide d’appliquer l’alignement des quatre maisons (Peyraudel, Olivet, Borrel, Mailhac) jusqu’à la rue Napoléon (Barbès). Il faudra attendre l’acquisition de la ruine Peyraudel par Marie Laviale, épouse Louis Bertrand, en 1879 pour qu’enfin l’on se mette à reconstruire. Les travaux sont conduits par l’architecte Charles-Emile Saulnier et achevés en 1882. Les deux magasins au rez-de-chaussée accueilleront le chapelier Blain et la librairie Salles.

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    Cinq ans plus tard, le maison Olivet acquise en 1849 à M. Bernanadelly, subit le même sort sous la férule de Jean Laffon, entrepreneur en bâtiment ; ce dernier ayant réalisé la façade du Musée des beaux-arts avec Charles-Emile Saulnier. La société John’s Club formée par Charles Biguet le 1er janvier 1900 à Carcassonne prit la succession d’Olivet. Depuis 1967, elle appartient à J-P Hillaire. C’est sans aucun doute le puis ancien magasin de vêtements de la ville avec Chonier.

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    Ancienne Maison Olivet. John's Club

    A l’angle de la place Carnot et de la rue Barbès, la maison Mailhac achetée en 1865 par Alphonse Mallaviale deviendra la propriété du chapelier Patry. Cette vieille masure restera en l’état et non alignée, en raison de nombreux procès avec la ville, jusqu’en 1909. Cette année-là, elle devint la propriété de la Société générale qui la rasa et confia les plans de son futur immeuble à l’architecte Léon Vassas. Ainsi s’acheva l’épopée de l’alignement à l’Est de la place Carnot après 80 ans de procédures.

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    Maison Almayrac-Canavy. Actuellement, Le Longchamp

    Au sud de la place Carnot, on remarquera la très belle façade du café Le Longchamp réalisée en 1894, certainement par Charles-Emile Saulnier. La famille Almayrac-Canavy, négociants en tissus, possédait un grand magasin à l’angle de la place et de la rue des halles (Chartrand), précisément où se trouve actuellement Bor, marchand de nougats. En 1893, un violent incendie ravagea l’intérieur du magasin et Almayrac s’agrandit en faisant l’acquisition de l’immeuble voisin. En bordure du toit se trouve une statue en fonte représentant Saint-Vincent de Paul.

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    D’après nos recherches, il s’agit d’une copie en fonte de l’œuvre de Raphael Casciani que l’on peut admirer à l’intérieur de l’église Saint-Vincent de Paul dans le Xe arrondissement de Paris. Casciani, sculpteur-éditeur, possédait un atelier de fabrication de statues religieuses dans la capitale.

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    © http://www.patrimoine-histoire.fr

    L'original se trouve dans l'église Saint-Vincent de Paul à Paris

    Quant à la présence de St-Vincent de Paul sur le toit de l’immeuble Almayrac-Canavy, elle s’explique par le fait que Pierre Canavy était un membre éminent de la Société Saint-Vincent de Paul de Carcassonne.

    Sources

    Délibérations du conseil municipal

    Le courrier de l'Aude, La fraternité, le Bon sens

    Etat-civil / ADA 11

    Recensement de la population

    Les recherches sont effectuées à 350 km de Carcassonne depuis un poste d'ordinateur

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  • Albert Oustric (1887-1971) ou le Bernard Tapie Carcassonnais des années 30

    Fils de Léonce Oustric, originaire de Conques-sur-Orbiel et propriétaire du café de l’Ambigu à Carcassonne, Albert Oustric (1887-1971) est envoyé à Toulouse afin de poursuivre ses études. Le jeune homme doit y renoncer assez rapidement sur un coup de tête et s’engage comme démarcheur chez Cusenier, la société en spiritueux. Attiré par l’argent gagné facilement sur un tapis de casino,Oustric se prend de passion pour le poker dont il devient l’un des grands virtuoses de la ville rose.

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    Le café de l'Ambigu, boulevard de la préfecture à Carcassonne

     Il lâche la vente des liqueurs, se lie d’amitiés nocturnes avec la jeunesse dorée fréquentant les casinos et finit par apprendre le métier de croupier. Il devait s’installer à Vichy lorsque la mobilisation générale est décrétée en 1914. A cause d’une adénite cervicale, il passe toute la guerre dans l’usine d’armement Lagelouze où il se met opportunément en bon rapport avec la clientèle. Oustric qui avait hérité en 1910 d’une chute d’eau dans les Haute-pyrénées s’associe avec Henri Manuel et Haardt en 1917 pour créer une société de transport de force. Le placement des titres se fait par l'intermédiaire de la banque Richard Klehe & Compagnie de Toulouse, la Société générale et la banque Clarac frères de Pamiers. En juin 1919, Oustric « monte » à Paris et ouvre avec ses deux associés une banque située 5 rue Scribe au nom de Oustric & compagnie et au capital de 1 million de francs. Deux ans plus tard, il épouse dans le beau monde Marie Madeleine Germaine de Régny (1881-1929) ; le couple vit rue Auber dans une petite maison. Après des premiers coups d’éclats boursiers, la réputation du Carcassonnais enfle sur la place de Paris et les clients lui confient leur épargne. Poker, bars, jongleries des premiers millions, copie des habitudes de Wall-street, rien n’égare Oustric. Il fonde deux holdings qui lui permettent de recycler l’argent des épargnants, dans de multiples sociétés qu’il côte en bourse tout en étant l’administrateur de celles-ci.

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    Riccardo Gualino

    Sa rencontre avec Riccardo Gualino en 1925 va être déterminante… L’industriel italien, fondateur de la SNIA VIscosa, possède non seulement une énorme fortune mais surtout de gros appuis politiques, sauf en France. Il va se proposer d’aider Oustric dans sa conquête industrielle et financière en échange de quoi, le banquier ferait intervenir ses amitiés politiques. Gualino souhaiterait que la SNIA Viscosa fasse son entrée sur le marché boursier parisien. En juin 1926, Oustric intercède auprès de Raoul Péret, ministre des Finances. Le droit est enfin accordé et la capitalisation est un succès, puisque 500 000 actions trouvent preneurs.

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    Oustric fait l’acquisition de 17 sociétés dans le textile et l’habillement, de maisons de haute-couture (Marchal, Sarlino, les blanchisseries Thaon, Paris foncier, Giraudon, l’Union vie, les établissements Desurmont, Valentin Bloch, la société française des automobiles Ford). Il devient membre du conseil d’administration de Peugeot et prend le contrôle de la banque Adam. Les actions des mines boliviennes du Huanchaca atteignent des sommets. La banque Oustric totalise 127 millions francs, bien en-dessous du milliard de chiffre d’affaires de la holding franco-italienne créée avec Gualino. Albert Oustric mène grand train dans la jet-set : appartement boulevard Malesherbes, propriété au Cap d’Ail, yacht privé en Méditerranée, etc. La réussite de ce fils de cafetier carcassonnais s’étale sur papier glacé dans les gazettes mondaines.

    Durement affectée par le krach boursier d’octobre 1929, la banque Oustric se déclare en faillite. Elle s’avère frauduleuse… Oustric est jeté en prison et sa libération provisoire lui est refusée en septembre 1930. Le 12 novembre 1930, une plainte émane de M. Vuillaume, actionnaire et commissaire aux comptes de la Société générale de chaussures française, avec constitution de partie civile pour abus de confiance et escroquerie. Ce dernier aurait disposé des actions du portefeuille de la société pour ses actions en bourse et a englouti l’avoir des actionnaires. Il est nculpé également pour hausse illicite car les valeurs préconisées par Bourse et finance ont été cotées fictivement par trois banquiers : Oustric, Beudel et Marnier. Oustric a vidé le portefeuille de sa holding pour spéculer et par des faux en écritures, il l’a constitué débitrice de sa banque.

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    Raoul Péret, ministre des finances

    L’effondrement d’Oustric provoque la faillite de la banque Adam le 4 novembre 1930. Gualino ne peut lui venir en aide, lui-même se trouve sous le coup d’une mise en accusation par le gouvernement fasciste italien. On conspue Oustric dans les journaux et l’affaire devient politique grâce à la plume du Canard enchaîné. Le ministre Raoul Péret fut avocat conseil d’Oustric avant son entrée au gouvernement. Il fit entrer la SNIA Viscosa en bourse lorsqu’il était aux finances. D'autre part, alors même qu'il était à la Justice, il continuait à percevoir des émoluments (plus de 100 000 francs par an), tout en ralentissant le travail des enquêteurs. Péret est arrêté et mis en prison le 31 mars 1931 avant d’être acquitté le 23 juillet. Le 4 décembre 1930, le gouvernement Tardieu démissionne suite à l’affaire Oustric.

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    Albert Oustric écope de 18 mois de prison et 5000 francs d’amende le 17 juin 1935 pour infraction à la loi sur les sociétés, suite au jugement rendu par la cour d’appel de Paris. Il mourra le 16 avril 1971 à Toulouse après avoir ruiné des centaines d’épargnants et provoque une grave crise politique. La banque Oustric & Compagnie et ses filiales laissèrent un passif cumulé d'1,5 milliard de francs qui mit plusieurs décennies à être apuré.

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    Albert Oustric à son procès

    Sources

    Le Figaro, le Canard enchaîné, Le Parisien, le Populaire

    Recensement militaire, Etat-Civil

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