La semaine dernière nous avons essayé de recenser les œuvres d'art réalisées lors de la construction du lycée Paul Sabatier. Malgré nos efforts, notre article s'est révélé incomplet et même parfois inexact. Grâce à des documents qui nous sont parvenus, conservés au Archives Nationales, nous sommes en mesure de vous présenter la liste complète des sculptures exécutées dans le cadre du 1% artistique en 1960.
© Association Dourgne Patrimoine
Camille Montagné
Il aurait été bien dommage de laisser le nom de Camille Montagné dans les oubliettes de l’histoire de cet établissement, car cet homme fut l’un des plus illustres architectes de sa génération. Né à Dourgne dans le Tarn le 29 janvier 1907, Camille Montagné entra à l’Ecole des Beaux-arts de Toulouse à 17 ans, puis à celle de Paris deux ans plus tard. Diplômé de la prestigieuse école en 1932, il obtint la même année le Grand Prix de Rome. Architecte des bâtiments civils et des Palais nationaux entre 1938 et 1943, Camille Montagné réalisa ensuite plusieurs lycées dans le Sud-Ouest en sa qualité d’architecte en chef coordonnateur du plan d’équipement scolaire.On lui doit également les deux barres d’immeubles de l’avenue Daumesnil dans le XIIe arrondissement de Paris.
157 avenue Daumesnil, Paris (XIIe)
A Carcassonne, il se voit confier la construction du nouveau lycée Paul Sabatier dans le quartier de la Pierre blanche à partir de 1958 pour 1400 élèves et 500 pensionnaires. C’est là sans doute sa dernière œuvre puisqu’il s’éteint le 3 octobre 1961 à Paris et est inhumé dans la cimetière de Dourgne. Les autres bâtiments qui complèteront l’équipement du lycée seront l’œuvre du Carcassonnais Henri Castella. Les travaux du gymnase débuteront le 1er mars 1966 pour un coût total de 682378, 98 francs. Trois ans plus tard, le lycée Paul Sabatier deviendra mixte.
La loi sur le 1% artistique initiée par le sculpteur audois René Iché après la guerre, fit obligation au maître d’ouvrage de consacrer 1% du budget pour la création d’œuvres d’art. En 1957, une commission choisit les artistes et les œuvres décoratives à réaliser au lycée Sabatier.
Marcel Homs (1910-1995), né à Céret dans les Pyrénées-Orientales. Second Grand Prix de Rome en 1939. Il sculpte une ronde bosse en pierre ; figure couchée représentant l'Aude. Montant : 14 000 francs. Il a sculpté également La baigneuse se coiffant, conservée à Cagnes-sur-mer.
Elle devra se trouver à l'entrée du lycée.
Jean Augé (1924-2002), élève de l'école des Beaux-arts de Genève et Premier prix de sculpture en 1953. Deux bas-reliefs en ciment portant les allégories sur l'origine de Carcassonne : Trencavel et Dame Carcas
Raymond-Roger de Trencavel
Dame Carcas
Pierre Sicre Saint-Paul, surnommé le Claudel des laves, Pierre Saint-Paul (1926-2008) était un peintre, céramiste et créateur de tapisserie proche du mouvement surréaliste. Pur produit de l'école de San Vicens près de Perpignan, il possédait un atelier à Canet plage. En 1960, il rencontra Salvador Dali en 1960 juste au moment où il réalisa un panneau de carreaux de céramique émaillée pour le lycée Paul Sabatier : Les évènements interplanétaires. Montant 5000 francs. (Source : Philippe Henrion)
Cette œuvre qui se trouvait sur le mur du réfectoire a été détruite en 2006 lors de la restructuration de l'établissement par le Conseil régional Languedoc-Roussillon. Au lycée de Perpignan où Pierre Saint-Paul avait également exécuté le même style de panneau, on ouvrit des portes dans l'œuvre. En 2015, le biographe de l'artiste vint au secours de la destruction totale.
Ce qu'il restait de l'œuvre de Pierre Saint-Paul à Perpignan. Grâce à l'intervention de son biographe, elle ne fut pas détruire mais camouflée derrière un mur de brique...
Albert Féraud (1921-2008), Grand Prix de Rome en 1951. L'artiste est élu à l'Académie des Beaux-arts en 1989. Féraud réalisa huit thermes en briques sculptées, allégories des origines de l'Occitanie des Grecs aux Maures. Montant : 21 180 francs. Ces bas-reliefs figuraient dans l'Internat.
Par délibération du Conseil municipal en date du 30 avril 1960, la ville de Carcassonne s'engagea à participer financièrement à l'acquisition de ces œuvres pour le lycée. Il était également prévu deux bas-reliefs, allégories des fables de La Fontaine, par Madame Gisclard-Cau. Le projet fut abandonné.
Nous sommes en droit d'espérer que la direction du lycée Paul Sabatier non seulement veillera désormais sur ces œuvres, mais pourra déposer un cartel afin d'expliquer aux élèves ce qu'elles représentent et qui en sont les auteurs. Le professeur Art plastique pourrait fort bien s'en charger.
Sources
Archives Nationales
Merci à Monsieur Philippe Henrion, biographe de Pierre Sicre Saint-Paul, pour son indispensable et précieuse collaboration.
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