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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 512

  • La guerre d'Algérie : Ils avaient 20 ans et beaucoup sont revenus dans un cercueil

    J'ai longuement hésité à traiter ce sujet sur mon blog car il faut savoir où mettre les pieds ou plutôt ici, la plume pour ne pas risquer de sauter sur une mine... de crayon. Mes mots seront pacifistes bien que les maux, quant eux restent encore ça et là, belliqueux. Comme les relents d'une guerre qui n'a jamais dit son nom et qui envoya un bon nombre de jeunes français à la mort. Quand je dis, français, cela s'entend dans les deux camps car l'Algérie était à cette époque un département de nos colonies depuis Charles X.

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    © Louis Andrieu

    Des français qui s'entre-tuent ? Tiens, on n'avait plus vu cela depuis la Libération. Mais, alors il s'agit bien d'une guerre civile et pour les politiques au langage cynique, un maintien de l'ordre. Qui mettait à ce point le désordre en Afrique du nord, pour que par bâteaux on envoyât avec force des milliers de soldats, sortis pour la plupart à peine du service militaire ? Des Fellaghas, mon Capitaine ! Ils commettent des attentats à Alger, s'en prennent aux intérêts des colons. Que réclament-ils ? Ils veulent être affranchis.  Non, mais ils considèrent qu'il est temps que la France rende l'indépendance à leur térritoire comme le firent d'autres nations auparavant avec leurs colonies.

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    © Louis Andrieu

    Le gouvernement de la France embourbé jusqu'au cou dans une crise institutionnelle, où chaque semaine une majorité nouvelle arrivait au pouvoir finissait par ne plus savoir comment régler le problème. Il réprima les meneurs et en désespoir de cause, fit appel au Général de Gaulle. Ce dernier devint chef de l'état, mit fin au régime des partis et fit voter en 1958 une nouvelle constitution taillée sur mesure, la Ve République. Le "quarteron de généraux en retraite" qui par un putsch voulait imposer le maintien de l'Algérie dans le giron de la France, en fut pour ses frais. Le 4 juin 1958, le "Je vous ai compris" de De Gaulle laisse espérer le maintien de l'Algérie française, mais en fait son choix est fait. La France ne pourra pas maintenir durablement ses colonies et son image en prend un sacré coup au yeux du monde. La guerre se poursuit entraînant avec elle, des disparus, des prisonniers, des bléssés et des morts. En sous-main, le réseau Jeanson avec ses porteurs de valises, collectait des fonds pour armer le FLN (Front de libération nationale) contre l'armée française au nom de l'anticolonialisme. Il sera démantelé et jugé en 1960. A la suite de la victoire du OUI au référendum sur l'autodétermination de l'Algérie en janvier 1961, se créée l'OAS qui par des actions d'envergures s'en prend aux pro-indépendance. Finalement, les accords d'Alger sont signés le 18 mars 1962 et le 19 mars c'est la fin de la guerre d'Algérie. Elle est indépendante depuis le 3 juillet 1962.

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    Louis Andrieu avait 23 ans

    En fait à 40 ans bientôt, je ne sais rien de cette guerre. Si ! Ce que mon père m'en a raconté lui, qui après son service militaire en Allemagne, a passé près de trois ans à Constantine dans le djebel. A 20 ans, on risque sa vie tous les jours. Les mines, les embuscades, le copain de chambrée dont on fait le lit le soir, car il ne reviendra pas à part dans un cercueil sur le bâteau du retour. D'autres, touchés par une rafale appelent leur mère. D'autres encore sont devenus fous de ce qu'ils ont vu, quand ils ne sont pas tombés malade par les amibes. Quant aux prisonniers, on ne les a pas retrouvés ou alors dans un pitoyable état. Moi je veux garder ces images d'humanité que mon père à laissé dans son album. Ce ne sont pas des images de propagande, c'est pour témoigner que la majorité des soldats envoyés là-bas n'ont pas torturé ou violé et que généraliser, ce n'est pas servir l'histoire. Qu'ils ont souffert d'être loin de chez eux, qu'ils ont eu peur et que ce conflit les marqua à jamais. Je retiendrai ce que mon père disait : "De Gaulle nous a envoyé nous faire casser la gueule là-bas pour rien"

    L'état a reconnu le 10 juin 1999 avoir fait la "guerre" en Algérie. Il verse 560 euros de pension par an à ses anciens combattants d'AFN. Pour tous les autres, une inscription sur le monument aux morts... peut-être. Quant aux harkis qui avaient choisi la France, celle-ci le leur a fort mal rendu. Pour les anciens colons, ce fut la valise ou le cercueil. D'autres valises pleines de billet portées par des Français pour financer le FLN faisaient tuer les soldats de l'âge de mon père. N'attisons pas les rancoeurs et les divisions pour un effet d'aubaine électorale et économique ; tâchons de reconnaître désormais tous les hommes dans la fraternité : Algériens et Français. Comme la laïcité, cette formule ne blessera personne dans ses convictions et réunira tout le monde dans l'universalité de ce message.

    Mon père n'est pas revenu indemne de ce conflit, mais la haine ne l'a jamais dominé.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • En bref...

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    Au domaine de Moureau (futur emplacement de Rocadest), il aura fallu trois incendies pour que dans les trois jours qui suivirent, la décharche sauvage à ciel ouvert soit enfin nettoyée. Le dernier feu en date eut lieu voilà dix jours. Nous dénoncions ce désastre écologique et patrimonial depuis une année... Espérons que les promesses de conservation d'une partie de la bâtisse pour y réaliser un restaurant gastronomique, seront tenues! A suivre de près...

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    Quelques amoureux du patrimoine, trop peu nombreux à regarder en l'air, se sont aperçus que des arbres ont poussé à travers les pierres du bastion du Calvaire (Bd Marcou). Nous lançons un appel à la municipalité, afin qu'elle intervienne pour éradiquer les racines et couper ses intrus qui menancent le mur. Ce n'est pas possible que l'on ait placé des photographies du jardin ci-dessus, sans constater ces dégats.

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  • Marius Esparseil et la ruée vers l'or

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    Louis, Marius Esparseil est un architecte et ingénieur civil, né le 9 septembre 1841 à Carcassonne au numéro 11 de la rue de la Gaffe (Source: Bonnet p. 499) et décédé le 6 juin 1900 dans cette même ville.

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    Après ses études au lycée de Carcassonne, à 17 ans le jeune Marius Esparseil part pour la capitale où il fait son entrée à l'école des Beaux-arts. Comme si ce n'était pas suffisant, il suit les cours du Conservatoire des Arts et Métiers puis de l'Ecole des mines et collabore avec Victor Baltard (1805-1874), grand architecte du Second Empire. Au moment où éclate la guerre de 1870, sa mère qui l'a suivie à Paris pressent que le blocus de Paris risque de porter préjudice à la santé de son fils. C'est le retour vers Carcassonne, sa ville natale.

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    Le retour à Carcassonne avait rendu Esparseil orphelin de l'étude architecturale. Pour un temps seulement... Il eut l'opportunité de rencontrer l'Ingénieur de la Vieille-montagne qui dirigeait les mines de la Caunette et grand fournisseur des Sociétés métallurgiques de Bessège et d'Alais. C'est à partir de ce moment là qu'il se lança dans la recherche minéralogique après avoir obtenu le 6 février 1877, la concession des mines de Salsigne, de la Caunette et de Villerembert. En faisant analyser le minerai afin de connaître sa teneur en fer, Esparseil découvre l'or à Salsigne en 1892.

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    Sa rencontre avec Guignet à Lyon pour créer une société d'exploitation minière n'aboutira pas. C'est avec Diéderichs qu'il s'associe et fonde une société civile le 9 juin 1896. Poussé par l'amour-propre de l'inventeur, il fait visiter à son associé l'ensemble de ses découvertes et lui envoya des échantillons. Le 24 décembre 1897, ils obtiennent l'extension de la concession au pyrite de fer et métaux connexes. Devant les agissements de Diéderichs et le peu d'empressement de ce dernier à fournir les fonds pour faire fonctionner la société, Esparseil vend le 5 septembre 1898 pour 50.000 francs, ses droits d'exploitation de mispickel de Villanière et des gîtes minéraux de Limousis, Fournes, Mas Cabardès, Lastours et Salvezines. Il garde seulement la mine de fer de Salsigne, mais un procès survient un an plus tard.

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    Diéderichs assigne en justice Marius Esparseil le 27 avril 1899 devant le tribunal de Carcassonne. Il lui reproche d'exploiter Salsigne alors qu'elle contient du mispickel, qui lui seul à le droit d'extraire et prétend qu'à ce titre la mine lui appartient. Le tribunal déboute une première fois le plaignant, le 7 août 1901; entre autres raisons, pour avoir cherché à acheter Salsigne à Esparseil pour 70.000 francs en décembre 1898. En foi de quoi, il ne peut pas s'en prétendre propriétaire. Diéderichs est condamné aux dépens. Marius Esparseil décédé un an plus tôt ne prendra pas connaissance du jugement, c'est désormais son fils Raymond qui est l'héritier. L'appel est rejeté le 5 mai 1903, comme le pourvoit en cassation le 30 octobre 1905, aux motifs suivants:

    1. Impense de toute nature que "la faute lourde" de l'appelant a occasionnées aux consorts Esparseil.

    2. Sur les voies de fait résultant des tentatives par les ouvriers envoyés par Diéderichs pour pratiquer l'extraction du minerai dans la mine dont Esparseil est resté propriétaire.

    La mine d'or de Salsigne ne sera exploitée qu'à partir de 1910

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    Chargé de la direction des travaux sous l'administration de T. Marcou, Marius Esparseil est l'architecte de nombreux bâtiments carcassonnais de type Hausmanniens. N'oublions pas qu'il travailla quelques temps aux services de la ville de Paris. Parmi eu: le collège du bastion, l'immeuble à l'angle des rues Hugo et Tomey (Crédit du nord), immeuble Fafeur (N°6, square Gambetta)...etc.

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    Marius Esparseil fut l'un des fondateurs de la Société d'études scientifiques de l'Aude et son président. Il est l'auteur de "Régime minéralogique du département de l'Aude" et a légué à la ville, la plus belle collection minéralogique départementale. Où se trouve t-elle?

    Aujourd'hui, Marius Esparseil n'a même pas une rue portant son nom dans Carcassonne...

    Photo Marius Esparseil:

    Collection Martial Andrieu

    Sources:

    Mémoires de la Société des Arts et Sciences / 1901

    Revue de la législation des mines/ Delacroix, Emile/ Danel (1906)

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