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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 255

  • La création du jardin Bellevue en 1995 à Carcassonne

    Avant que la municipalité Chésa ne se décide à créer un jardin public en bordure du quai Bellevue, le terrain était occupé depuis longtemps par des jardins potagers appartenant à plusieurs propriétaires. Il s'agissait d'un endroit plus ou moins laissé à l'abandon par certains et séparé par des enclos de fortune. D'autres, y cultivaient des légumes pour leur consommation personnelle. Il faut dire que cet endroit avait un certain charme, comme on peut le trouver encore à l'intérieur de nos villages. La ville acquit les terrains à MM. Toustou, Monier Jean, De Geoffroy, Oulié, Laffargue et à Mesdames Lanau, Moulet, Monier, Emma et Fontanilles. Les autres comme MM. Ramon Marius, André et Roger Campo, Clément Castilla et Mlle Homps, les échangèrent contre une parcelle aux jardins de la Reille.

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    Le chantier en 1993

    Ce projet sera présenté durant la campagne des municipales de 1989. Après la reconduction aux affaires de la ville du conseil municipal sortant, une maquette présentant la future réalisation est installée dans la mairie en février 1991. Il s'agit d'une aire de loisirs avec un parking de 140 places longeant le quai Bellevue. Un jardin planté d'arbres bas pour ne pas cacher la vue sur la Cité. Une aire de jeux pour les enfants et un coin de repos pour le 3e âge. Un théâtre de verdure pour y donner des concerts qui sera remplacé dans la version finale par un boulodrome. Les remblais nécessaires proviennent du chantier de construction du parking des Jacobins.

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    Le passage au gué sur l'Aude

    Faute de financements, le chantier de terrassement commencé en 1991 restera en l'état pendant quatre ans. Les travaux arrêtés ne reprendront pas avant l'année 1994, précédent l'élection municipale de 1995.  Jusque-là, les riverains n'auront devant leurs yeux qu'un terrain vague et boueux. 

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    © Google maps

    Le jardin Bellevue sera inauguré au début de l'année 1995 avant l'élection municipale. C'est une belle réussite qui a offert une plus-value à toutes les maisons bordant le quai Bellevue, avec une vue imprenable sur la Cité. Le jour de la fête nationale lors de l'embrasement de la Cité, les spectateurs viennent en masse y admirer le feu d'artifice. 

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    Ce tilleul centenaire devait être abattu dans le plan initial, mais une pétition des habitants du quartier a permis de le conserver.

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    Au mois de juin 1995, afin de fêter l'élection de Jacques Chirac à la présidence de la République, les jeunes du RPR ont planté symboliquement ce pommier dans le jardin. Cet arbre fruitier que l'on cultive en Limousin - terre natale du candidat - avait été au coeur de la communication de sa campagne électorale.

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  • Barbès : Ce fondu de liberté(s) qui a fondu sous l'occupation

    Armand Barbès

    (1809-1870)

    dont le père natif de Capendu est chirurgien militaire à Carcassonne, n'aura cessé durant toute sa vie de porter les valeurs de la République. Ceci au prix d'une débauche d'énergie qui lui vaudra le surnom de "Bayard de la démocratie". Il luttera contre Louis-Philippe (Roi des Français) qu'il réussira à faire renverser, la deuxième République et le Second Empire. À chaque fois il sera condamné, au mieux, à de la prison ; au pire, à la peine capitale. Pour cette dernière, il devra son salut à une intervention de Victor Hugo en sa faveur. En1848, il représentera le département de l'Aude à l'Assemblée constituante où il siègera à l'extrême gauche. Après s'être volontairement exilé à La Haye suite à sa libération en 1854, il mourra là-bas le 26 juin 1870 ; seulement quelques semaines avant l'avènement de la République en France pour laquelle il n'a cessé de militer.

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    © Martial Andrieu

    Le 26 septembre 1886, une statue à son effigie est dressée sur un socle portant la mention "Vivre libre ou mourir" sur le boulevard Saint-Michel. Elle est l'oeuvre du sculpteur toulousain Alexandre Falguières (1831-1900).

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    © ADA 11

    Le socle sans la statue, remplacée par un buste de Marianne en août 1944

    Le 20 mars 1942, la mairie de Carcassonne, aux ordres du gouvernement de Vichy, enlève la statue de Barbès de son piédestal. La loi du 11 octobre 1941 promulguée par Vichy contraint l'administration municipale au démontage des statues et de leurs socles en vue de leur fonte. Ceci à l'exception des oeuvres présentant un caractère historique et esthétique. Notion assez vague voulue par l'amiral Darlan (Vice-président du conseil) afin que ne soient épargnées que celles à la gloire de Jeanne d'arc, Henri IV, Louis XIV et Napoléon 1er. L'enlèvement de Barbès à Carcassonne - on s'en serait douté - n'eut qu'un but politique qui n'empêchera pas la tenue d'une manifestation Républicaine au pied de son socle le 14 juillet 1942. L'occupant n'investira la zone sud et Carcassonne qu'en novembre 1942, mais il y a fort à parier que le métal a servi aux nazis pour tuer des Français et leurs alliés.

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    © Martial Andrieu

    Barbès retrouve son socle en 1952

    Une partie des statues françaises destinées à la fonte a été moulée en plâtre. Suite une proposition du sculpteur Carcassonnais Paul Manaut en date du 20 novembre 1951, la municipalité de Marcel-Itard Longueville décide de lui confier en février 1952 la reconstruction de la statue. Le coût s'élève à 1 400 000 francs, dont une partie provient de la "souscription au Monument Barbès" levée en 1951. Cette copie présente toutefois quelques différences.

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    La nouvelle statue de Barbès n'a plus son fusil entre les jambes...

    Source

    Délibération Conseil Municipal / 27 février 1952

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  • Dans l'Aude, les royalistes tentent de (re)mettre le nez dehors...

    Une messe en la mémoire du roi Louis XVI, exécuté le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution, a été dite pour la première fois à Carcassonne en 2017, en la Basilique St-Nazaire et St-Celse. Mgr de la Soujeole avait accepté de répondre favorablement à la requête d'un monarchiste de coeur, partisan de Monseigneur le Duc d'Anjou, l'un des prétendants au trône de France. Or, Louis le vingtième se voit disputer sa couronne par le prince Jean d'Orléans, descendant de Louis-Philippe d'Orléans dit "Philippe Egalité" qui vota la mort de son cousin. Le vote qui décida du sort du roi souverain ne s'étant joué qu'à une voix de majorité, ceci fit dire à Robespierre : " Il était le seul membre de l’Assemblée qui pût se récuser." Le régicide - membre de la loge du Grand-Orient depuis 1771 - finira lui-même sur l'échafaud onze mois plus tard. 

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    Armes du Royaume de France

    Dans le département de l'Aude, il n'est pas très bien vu d'afficher ses idées monarchistes. N'oublions pas que cette terre Républicaine vit l'arrivée de milliers de réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste. Or, il n'est pas sûr que le futur Louis XX, dont la mère était la petite-fille du général Franco, soit le bienvenu dans l'Aude. Ceci explique en partie, les raisons pour lesquelles on n'a pas célébré le 800e anniversaire de Saint-Louis à Carcassonne, mais à Aigues-mortes en présence du Duc d'Anjou. C'est pourtant Louis IX qui fit construire la Bastide qui porte son nom à Carcassonne, après avoir chassé les habitants des faubourgs. Comble d'ironie, l'évêque de Carcassonne M. Planet présida cette cérémonie dans la cité héraultaise en 2014. Alphonse de Bourbon fut reçu à Carcassonne lors des célébrations du millénaire capétien le 24 octobre 1987 par la municipalité.

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    © Patrice Cartier

    Alphonse de Bourbon, Nicole Bertrou, Jacques Albarel

    N'allez surtout pas imaginer que dans le département de l'Aude, il n'y a toujours eu que des Républicains de couleur vermeille. Au contraire, il existe depuis toujours une frange aisée, minoritaire dans la population, qui ne se montre plus depuis la Seconde guerre mondiale, mais fortement anti-républicaine et profondément attachée aux valeurs traditionnelles de l'Ancien Régime. En 1816, le Comité royaliste de Carcassonne fit la chasse aux  partisans de Napoléon 1er. Ladislas Levavasseur - chirurgien major de Napoléon et grand père du compositeur Paul Lacombe - ne dut son salut à Castelnaudary qu'à la présence d'esprit du chauffeur de la voiture, qui lui permit d'échapper aux monarchistes venus l'étriper. Ce même Comité "parvint à l'aide d'un agent provocateur à organiser à Carcassonne une conspiration des prisons, qui fit tomber sous la hâche prévôtale, celles d'un jeune médecin, d'un ex-militaire et d'un cultivateur." (Histoire de la Révolution Française depuis 1814 jusqu'à 1830 / J.A Dulaure / 1846)

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    Joseph Pierre Castel

    (1849-1906)

    Cet avocat qui fut Président de la Société d'agriculture de l'Aude, présida également le Comité Royaliste de l'Aude. Il habitait 71, Grand rue (rue de Verdun) et était propriétaire du domaine de Paret-Longue à Pennautier.

    "Issu d'une famille bourgeoise ayant vécu de l'industrie textile, de la banque et surtout de la terre, il s'engagea politiquement dès la fin de l'Empire aux côtés de son père Eugène, animateur du Cercle du salon et conseiller général (Maire de Verzeille, NDLR). Il fut de tous les combats contre la République, essayant de nombreux échecs, mais troublant souvent la lutte entre opportunistes et radicaux. Il milita pour la reconstitution du vignoble tout en s'efforçant de sauvegarder, dans l'ouest Audois, l'influence de la droite sur le monde agricole. Aussi fut-il candidat boulangiste à Carcassonne en 1889 : il obtint 30 % des voix." (Dictionnaire Les Audois / p. 97)

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    Charles Maurras

    (1868-1952)

    Le théoricien du nationalisme intégral a commencé sa carrière comme félibrige provençal. En 1939, ce journaliste fondateur de l'Action Française, antiparlementaire prônant un antisémitisme d'état se rendit dans l'Aude dans un château viticole à 5km de Carcassonne où il fut reçu par le comte. Il y prononça un discours. Ceci est attesté par des archives, récemment léguées au département par la famille sous la côte 124J197, mais uniquement consultable sur dérogation.

    Charles Maurras soutint le régime de Vichy ; c'est pour cette raison qu'il fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à l'Indignité nationale. Il fut également déchu de son fauteuil d'Académicien. L'ensemble des thèses du nationalisme intégral défendues par Maurras, seront reprises dans les textes servant de propagande aux nouvelles recrues de la Milice Française en 1943. A savoir : le rejet des valeurs de la Révolution Française, la soumission au chef, il n'y a pas de principe d'égalité dans la nature c'est donc un notion pour les faibles, etc...

    De très nombreux propriétaires de châteaux pinardiers des Corbières s'engagèrent contre les maquis communistes, les juifs et les gaullistes. Il y eut également ailleurs en France des aristocrates engagés, eux, dans la France libre aux côtés du général de Gaulle. Citons : Henri Astier de la Viguerie, Astier de Villatte, Hubert Amyot d'Inville, Roland Alibert de Falconnet, Gaston Duché de Bricourt, etc... Plus près de chez nous : Raoul de Volontat, instituteur à Quillan et Résistant mort en déportation.

    Le terreau est désormais redevenu fertile avec les scores électoraux de l'extreme droite.

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