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Souvenirs de carcassonnais - Page 5

  • Les vieux marchands de bonbons de Carcassonne

    Il est loin le temps où les jeunes carcassonnais se ravitaillaient à la bonbonnerie Marseillaise de M. Raynaud sur le boulevard des tilleuls (Commandant Roumens). C'était au début du siècle dernier, à côté du Bazar du Bon marché et du café du Helder (café des platanes). Jusqu'à la libération et à la destruction du square gambetta par l'occupant, deux kiosques en pierres se tenaient parallèlement au jardin. Le premier, en face du musée était tenu par M. Andrieu. Le second, celui de Mlle Delphine, lui faisait concurrence en face de la maison Lacombe. Faut dire qu'il fallait du stock en réglisses, guimauves et autres sucettes pour les écoliers du groupe scolaire Jean Jaurès, inauguré en 1928. Ces kiosques ont été détruits comme celui qui à l'identique est resté quelques temps après place Davilla.

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    Comme elles étaient délicieuses les sucreries de madame Bourrel... Juste après la guerre, la marchande de bonbons avait posé son étal dans la rue de la gare en face du Continental, pour la grande joie des enfants. Elle vendait des cocos, des bonbons acidulés en forme d'ostie, de la croquande, des sucres d'orge et des cacahouettes qu'elle faisait griller chez le boulanger M. Deveze, 33 rue de Lorraine.

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    Le kiosque du boulevard Marcou face à l'école Ste-Marie auxiliatrice

    Ce kiosque fut construit grâce à une délibération du conseil municipal en date du 9 novembre 1928, avec jouissance pour une période de 20 ans à M. Cros, résidant rue Clémenceau. Le 30 novembre 1948, il devint la propriété de la ville.

    A partir du boulevard Barbès, en face le café du Midi (détruit), il y avait l'étal de madame Gillot surnommée "la japonaise" par les enfants, en raison de sa coupe de cheveux.

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    Le vieux kiosque du Palais de justice qui sera rasé en 1959. On construira à l'opposé celui que nous connaissons aujourd'hui, dans un style plus moderne.

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    Le kiosque de Mariano Ramon contre le mur du portail des Jacobins fut construit en 1909 pour M. Roucairos. On y vendait des journaux et des friandises pour déguster à la sortie de l'école. Il cessa son activité en 1985 et la transmit à Chantal Julien, habitant à Cazilhac. Au début des années 1990, le kiosque sera rasé lors de l'aménagement en surface du parking Jacobins. Il y avait également un kiosque du même style contre le mur du boulevard Marcou, à gauche en haut de la rue de Verdun. 

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    Le marchand ambulant Almazor

    Antonio ALMAZOR, exilé espagnol de Catalogne, arrivé en France dans les années 30 en traversant les Pyrénées à pied, engagé à la Légion étrangère au Barcarès, prisonnier en Allemagne lors de la seconde Guerre Mondiale puis libéré, il s'installa à Carcassonne. Avec son épouse, ils montèrent cette confiserie ambulante. De Castelnaudary, au stade Domairon, à la foire près du portail des Jacobins, ils étaient présents avec leur étal de bonbons de la Pie qui chante... ils faisaient de la Croquande. Présents lors des fêtes foraines, des marchés et sur des points stratrégiques, tous deux ont arrêté cette activité pour sillonner les routes de l'Aude, des Pyrénées Orientales et de l'Hérault avec un "tube" transformé en magazin de quincaillerie...

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    Antoine ALMAZOR, naturalisé français, retourna en Espagne au milieu des années 70 en tant que touriste après la mort de Franco. Certains carcassonnais fréquentant les stades les jours de match se souviennent peut-être de cet étal de confiserie où l'on vendait aussi des sandwichs. Aujourd'hui décédé, Monsieur ALMAZOR est enterré au cimetière de la Conte

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    Coma-Pérez

    Plus bas, en face du portail des jacobins, qui n'a pas connu les bonbons de M. Coma puis de son beau-fils, M. Perez? Monsieur Pérez, ici avec son épouse faisaient aussi des crêpes et de la croquande (nougat caramélisé rougeâtre) pour les foires de la Sainte-Catherine (novembre) ou des comportes (mars). Avec son camion, on retrouvait aussi M. Perez pour les fêtes de la cité sur le jardin du Prado près de la porte narbonnaise. A sa suite, c'est leur employé depuis 23 ans, madame Quirant qui a repris l'affaire.

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    Madame Quirant et sa fille Nicole, ont installé leur camion plus haut en tournant le dos à la caserne Laperrine. Elles ont étoffé leur stock en vendant des frites, Hot-dog, sandwiches Américains... La plus grande partie de leurs clients étaient les militaires du 3e RPIMA. Ils laissaient leurs listes et venaient ensuite se ravitailler chez madame Quirant. Une affaire florissante à cette époque. Puis après la guerre du Golfe, les militaires ont obtenu le droit d'avoir un appartement en ville. L'arrivée des fast-food et des pizzerias à Carcassonne au début des années 1990, a sérieusement fait chuter le chiffre d'affaire de ce commerce ambulant. La construction du parking souterrain a achevé tout espoir de reprise. On a d'abord voulu exclure ce commerce de son emplacement, puis on l'a mis dans une guérite dont l'exiguité ne permettait pas la poursuite de l'activité. Madame Quirant a jeté l'éponge et ainsi disparut le dernier et emblèmatique marchand de bonbons de Carcassonne.

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    L'ancien camion de Mme Quirant ; la cantinière du 3e RPIMA

    On pourra également citer Joséphine qui vers 1955 avait son étal de bonbons et de caramels en face de la clinique St-Vincent, sur le boulevard Jean Jaurès. En haut du boulevard Barbès, les glaces du couple Soler qui habitait rue du Cherche Midi. A côté du collège André Chénier, un marchand de bonbons. Mme Arcas fabriquait des sucres d'orge filants aux belles couleurs pastel. Elle les faisait dans sa cuisine au 9 ou 11 rue fortuné. Vers 13 h 30 les jours d'école, elle allait se mettre à côté de Mme Soler sur le boulevard de Varsovie derrière le monument aux morts.

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  • Les souvenirs du quartier de cavalerie du 17e régiment de dragons (Caserne Laperrine)

    Aujourd'hui, les Carcassonnais manifestent leur attachement aux marsouins du 3e Régiment d'Infanterie de Marine, comme ils le firent hier avec le 5e régiment de hussards, le 7e régiment de chasseurs à cheval et les 17e et 19e régiment de dragons. On ne peut tous les énumérer, mais juste mettre l'accent sur la tradition et l'histoire de notre ville de garnison. Jusqu'à la veille de la Grande guerre, Carcassonne avait été une place forte de la cavalerie française. Comme de nos jours, les militaires après leurs manœuvres sur le champ de tir de Romieu et leurs défilés sur les boulevards, participaient à la vie économique de la ville. Ce sont ces souvenirs que nous avons retrouvés dans un article de presse des années 1960, dans lequel l'architecte Raymond Esparseil raconte ce Carcassonne du XIXe siècle. Le fils de Marius Esparseil - inventeur de la mine de Salsigne - a construit l'actuel Théâtre municipal en 1935.

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    © Martial Andrieu

    Les cavaliers du 17e dragons dans la caserne Laperrine

    Nous sommes arrivés au régiment peu après que Courteline (Georges Courtine, auteur dramatique. NDLR) eût terminé le sien, également dans la cavalerie, c’est-à-dire que nous avons connu tout ce qu’il a raconté et dont la tradition n’était pas encore perdue.
    Si nous n’avons pas été les témoins de son fameux motif de punition donné par un adjudant à un bleu, qui, du troisième étage du quartier avait pris le soleil dans une glace pour le projeter violemment dans la figure de cet adjudant, nous en avons vu passer d’analogues, comme les deux jours de consigne avec le motif suivant : « A ri au nez de ce brigadier qui lui tournait le dos ».
    Nous avons vu comme Courteline les prisonniers et les consignés se lever avant le réveil pour aller casser la glace des abreuvoirs dans lesquels les jeunes cavaliers devaient aller tremper leurs fesses en descendant de cheval tous ensemble et au commandement. Remède souverain, parait-il, pour préserver leurs postérieurs des écorchures si douloureuses lorsqu’elles sont à vif et lorsque l’on trotte à cheval sans étriers.

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    © Martial Andrieu

    Le 19e dragons à l'abreuvoir

    La carrière des dragons était le lieu de rendez-vous de tous les Carcassonnais amateurs de haute voltige. Ils venaient admirer les exercices de voltige auxquels on nous astreignait. On était arrivé à nous faire exécuter des numéros de cirque auprès desquels ceux que l’on voit maintenant, ne sont rien. Pendant que nous voltigions, le 15e de ligne s’exerçait de son côté à des numéros de souplesse, où le bâton, la boxe et le chausson étaient surtout enseignés. Dans notre enfance, cela se passait boulevard Marcou, et nous y assistions avant notre entrée en classe au lycée.

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    © Martial Andrieu

    La voltige devant le manège du quartier de cavalerie


    Cet enseignement, qui ne se pratique plus, était pourtant très utile, non seulement en matière d’assouplissement, mais aussi dans la vie, ainsi que je vais en donner la preuve. Un mouvement du chausson consistait à se recevoir sur une main et un pied, et à lancer l’autre sur la figure de celui qui était derrière vous.
    Un de nos anciens de l’infanterie rentrait chez lui à Perpignan, dans la nuit, le long du quai conduisant à l’île Saint-Louis, lorsqu’il s’aperçut qu’un individu le suivait et se rapprochait de lui insensiblement, avec des intentions nullement catholiques, lorsqu’il fut assez rapproché, notre ami lui fit le coup du chausson en lui envoyant à l’envers un magistral coup de pied dans l’estomac. Il poussa un cri en tombant en arrière, pendant que notre ami se sauvait à toutes jambes.

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    L'hôtel Dieu rasé en 1977 (parking du Dôme)

    Ces classes de régiment se passaient à l’époque précédant Combes, l’irréligieux, avec le général de Galifet, ministre de la guerre, vieille baderne, bien que profondément catholique.
    C’est pourquoi il existait à, ce moment une émulation religieuse extraordinaire de tous les grades. Chaque dimanche, le général de Benoist de Cavalerie en activité à Carcassonne, donnait l’exemple en assistant en uniforme avec beaucoup d’officiers et de sous-officiers à la messe dans la chapelle de l’hôpital. Cet hôpital était alors dirigé par des sœurs de charité. Il y avait une ancienne cantatrice, sœur Saint-Vincent de Paul, qui avait une très belle voix. Elle chantait à l’orgue pendant la messe de onze heures. La supérieure était très riche, elle avait proposé à la municipalité d’aménager à ses frais, un jardin devant la chapelle. Il fallait pour cela changer de place les poids publics, ce que la municipalité refusa.

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    © Martial Andrieu

    Dragon du 19e régiment

    L’armée française, après la défaite (Guerre de 1870. NDLR), s’est reconstituée insensiblement jusqu’en 1889. Il y avait en outre les bataillons scolaires ; ils étaient commandés par un gradé de l’armée de 1870 qui était également au lycée et aux Ecoles Normales. Le bataillon du lycée était composé des classes supérieures, également celui de l’Ecole Normale de garçons, avec tambours et clairons. Il avait beaucoup de succès lorsqu’on le faisait manœuvrer en ville. Il était doté du fusil Gras et de la baïonnette. Il participait à toutes les prises d’armes ainsi qu’à la revue du 14 juillet.
    Ceux qui préparaient Saint-Cyr dans les classes supérieures allaient monter à cheval dans le manège du quartier de la Cavalerie. Lorsque le jeudi et le dimanche on se rassemblait dans la cour du petit lycée pour aller en promenade, le professeur de gymnastique était là pour nous apprendre le défilé et la formation par quatre.
    La marche au pas était exigée tant que nous traversions la ville. Le fourniment des anciens bataillons scolaires serait entreposé dans les greniers de l’Ecole Normale de garçons.

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    © Martial Andrieu

    A droite, la carrière des Dragons

    La carrière des Dragons servait de rendez-vous pour les rassemblements de fêtes. Les masques et les chars du carnaval s’y réunissaient avant d’aller en cavalcade, au milieu de confettis, accompagner le bœuf gras enrubanné jusqu’à Charlemagne qui était le terminus de toutes les fêtes de cet ordre.
    Le grand manège, le petit n’existant pas, servait de salle de bal, de fêtes et de banquets après la démolition de l’église des Cordeliers. Les ministres venaient y discuter de la politique après un bon déjeuner. Nous y avons vu Pelletan, Poincaré, Bourgeois, les Sarraut, etc. Carcassonne, patrie des Sarraut et par là même, berceau du parti Radical, était choisi de préférence par les chefs de parti politique pour s’y combattre à coups de discours. Marty, Carcassonnais, ministre des Travaux publics ; Gauthier, Audois, ministre de la Marine, faisaient partie des orateurs que les Carcassonnais ont applaudis.
    Mais avec de si nombreux rassemblements politiques, la carrière et le manège étaient aussi utilisés pour de nombreuses fêtes des régiments. Ils se préparaient à l’avance pour les fêtes de Saint-Georges. Concours hippiques, carrousel, exercices de voltige, danseurs de cordes, clowns, etc.

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    © Martial Andrieu

    La vie de Carcassonne était très belle avec le régiment de cavalerie. Nous avions à faire à un colonel très cocardier. Il était aussi très religieux, imité en cela, par presque tous les officiers.
    Il n’admettait pas qu’un sous-officier sortit en ville sans qu’il fût en tenue de fantaisie. C’est pourquoi il nommait de préférence des jeunes gens fortunés qui, tout en ayant de l’éducation, pouvaient se payer des tenues seyantes. On ne s’en privait pas : drap noir d’officier, pantalon rouge en drap satin, crinière de casque en cheveux de femme, chaussures élégantes à éperons mouchetés, etc.
    Cet assortiment, on le comprend, servait d’attrait aux jolies personnes fréquentant le régiment.
    Du reste, contrairement, à ce qui se passait dans l’infanterie, en dehors du service, le sous-officier de cavalerie, à cause de son éducation, était cordialement fréquenté par son officier, et, bien qu’avec une discipline de fer dont les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent avoir qu’un bien faible idée, les relations d’inférieurs à supérieurs étaient toujours aussi respectueuses dans le service qu’amicales en dehors du service.
    Il me souvient qu’au cours de manœuvres de division de 1898, étant porte-fanion du général, j’étais tenue de rester dans son entourage, au milieu de ses officiers d’état-major. Il ne faisait aucune distinction entre ses officiers et moi, lorsqu’il fallait, en plein bataille, aller porter un ordre ou modifier, un mouvement de troupe. Ses officiers de même, m’ont accueilli comme si j’étais l’un d’eux.

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    © Martial Andrieu

    Intérieur du quartier de cavalerie

    C’était l’époque des bals de la préfecture que chaque préfet donnait plusieurs fois. Il s’y déroulait un certain faste rappelant l’éblouissement des fêtes d’autrefois ayant illuminé Carcassonne d’une ère de splendeur. Les grandes familles, les officiers, les chefs de service de toutes les administrations, y étaient invités avec les chefs d’industrie ou les gros propriétaires. Ces bals si distingués étaient l’objet de toutes les conversations et l’on s’y préparait longtemps à l’avance.

    Bien que l’on dansât les vieilles danses et surtout la valse, il commençait à se parler des danses nouvelles : « C’est la danse nouvelle, Mademoiselle », commençait-on à chanter. Et en fait se fut le Cake-walk qui fit son apparition en premier lieu.

    Je n’étais plus au service militaire et je m’exerçais à le danser avec ma cavalière (qui vit encore), quinze jours à l’avance, pour l’un de ces bals. Malheureusement, le jour du bal, je me trouvais sous-officier de dragon appelé à faire une période militaire. C’était une catastrophe, car en raison de la rareté des danseurs connaissant le Cake-walk, le coup de la surprise était manqué.
    Néanmoins, me rappelant l’amicale fréquentation des officiers pour les sous-off d’autrefois, je suis allé demander au colonel de mon régiment où j’accomplissais cette période, l’autorisation d’assister à ce bal. Celui-ci, suivant la tradition qui n’était encore pas répandue. « Avec plaisir maréchal des logis, me répondit-il, je suis enchanté que l’un de mes sous-officiers aille au bal de la préfecture.
    C’est alors que pour la première fois a été dansé le Cake-walk à Carcassonne, ce qui m’a valu des officiers assistant au bal, que je connaissais, une série de quolibets qui ont été répétés le lendemain par mes camarades.

    Historique du 19e régiment de Dragons

    Ce régiment fut formé en 1793 (décret du 27 février) avec le dépôt de volontaires à cheval réunis à Angers sous les ordres du général Leygonnier. Il prit part aux campagnes de la Première République etc de l'Empire et se distingua en maintes occasions et notamment : 

    Armée de Moselle, de Rhin et Moselle, d'Allemagne 1794-1797

    Armée d'Italie 1798-1799 (Porto-Fermo et la Trebbia)

    Le 19e Dragons culbuta un corps de cavalerie napolitaine fort de 1500 chevaux. Pendant cette charge, le général Casabianca s'étant trouvé enveloppé par l'ennemi, fut dégagé par le maréchal des logis Martin qui reçut le brevet de sous-lieutenant en récompense de sa belle conduite.

    A la Grande Armée 1805-1807 (Elchingen, Austerlitz, Iéna, Lubeck, Bohrungen et Friedland)

    A l'Armée d'Espagne et du Portugal 1808-1813 (La Corogne, Braga, d'Oporto, de Las Rosas, Vitoria)

    A la Grande Armée 1813-1814 (Dresde, Leipzig, Dantzig, Saint-Dizier, Brienne, La Rhotière)

    Ce régiment fut licencié le 14 septembre 1815. Il ne fut reconstitué qu'en 1874 et formé par le 8e Chevaux-légers lanciers, lequel créé le 18 juin 1811.

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    © Martial Andrieu

    Le 19e régiment de Dragons au quartier de cavalerie

    Ci-dessus, l'intérieur de la caserne Laperrine. Les écuries à l'arrière de la cour seront détruites après la Grande guerre et on élèvera un nouveau bâtiment à deux étages.

    Sources

    Raymond Esparseil / L'Indépendant / 1960

    Notes, photos et synthèse / Martial Andrieu

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  • Jacques Brel fit ses débuts au Théâtre municipal de Carcassonne

    Quand le "Grand Jacques" vint à Carcassonne à plusieurs reprises, il le fit au moyen de son avion de tourisme ; un Quadriplace Garban Horizon de couleur crème immatriculé F-BLPG. Détenteur du brevet de pilote depuis le mois de décembre 1964, Jacques Brel se posa à aérodrome de Salvaza à chaque fois qu'une tournée l'emmena dans la capitale audoise. On dit qu'il le connaissait bien pour y avoir passé le dernier degré de certification. Pour l'heure, nous n'avons pas pu vérifier cette information. 

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    © Bobbejaan Schoepen Archive

    Jacques Brel en 1955

    Le Carcassonnais Henri Gougaud a rencontré Jacques Brel à ses débuts au Théâtre municipal en 1954, alors qu'il n'était connu de personne. Doit-on présenter H. Gougaud qui fut lui-même par la suite chanteur, parolier, écrivain et conteur ? On lui doit les paroles de nombreuses chansons pour Juliette Gréco, Serge Reggiani, Jean Ferrat, etc. Avant de se produire pour la première fois à Carcassonne avec la tournée de Sidney Bechet, Jacques Brel venait d'essuyer un gros revers lors du concours de chant de Knokke-le-Zoute (Belgique). Il finit avant-dernier...  Maurice Ciantar, journaliste à Combat, écrivit quelques temps après un passage dans l'ombre de Gréco à l'Olympia :

    "Il écrit de belles chansons, le regrettable est qu'il persiste à les chanter"

    C'est lors de la tournée d'été organisée par Jacques Canetti du 25 juillet au 31 août 1954, que Brel débarque à Carcassonne. Parmi les vedettes qui l'accompagnent, on citera Sydney Bechet, Philippe Clay, Dario Moreno et Catherine Sauvage. 

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    Henri Gougaud a tout juste 18 ans lorsqu'il rencontre pour la première fois le jeune chanteur Belge, alors inconnu du grand public. Nous avons retrouvé son souvenir dans une biographie consacrée à Jacques Brel : Grand Jacques. Le roman de Jacques Brel / Marc Robine / 2008.

    "J'ai vu Jacques Brel pour la première fois un soir des années cinquante au théâtre municipal de Carcassonne, où j'étais venu écouter Sidney Bechet. Brel chantait quatre chanson, en première partie : "Sur la place", "Ça va (le diable)", sous un projecteur rouge, et les deux autres dont je n'ai pas le souvenir. Ce soir-là, il n'eut guère de succès. Sans doute était-il trop timide, trop perdu et poétiquement maladroit pour inspirer autre chose qu'un sentiment d'étrangeté. Moi, je lui fis un triomphe intime. J'étais un lycéen très sensible et timide. Cet homme venait de me planter au cœur l'immense envie d'être ce qu'il était : un poète solitaire sur une scène trop grande, avec cette fierté, cette gloire d'insuccès qui me paraissait plus enviable, en ces temps adolescents, que l'adoration des foules.

    A la sortie du théâtre, j'allai boire un verre avec quelques copains au "Bar de l'entracte", rue de la gare. Il y avait des militaires qui chahutaient des filles. Brel était au fond du bistrot, assis devant un demi, seul. J'aurais voulu aller m'asseoir en face de lui, dans ce brouhaha de minuit, lui parler, mais que lui dire ? Je n'ai pas osé. Ah, ces retenues au bord de l'audace, le cœur battant à tout casser ! Je me suis contenté de le regarder à la dérobée, obstinément, indifférent aux gros rires, aux bousculades de paroles qui m'environnaient. Je remarquai que lui aussi était indifférent à tout cela. Il regardait la rue. Il avait l'air fatigué. 

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    C'est là, au café de la Comédie, que Brel se tenait au fond de la salle

    Beaucoup plus tard, un jour de rencontre chez François Rauber (L'arrangeur de Brel, NDLR), j'ai dit à Brel mes sentiments de ce soir-là. Il ne se souvenait pas précisément de Carcassonne mais n'avait pas oublié sa tournée - la première de sa vie - avec Sidney Bechet. "J'étais seul comme un chien", me dit-il en grimaçant des lèvres pour cacher le mot "chien" avec plus de force. "Nom de Dieu, tu m'aurais fait du bien si tu étais venu me parler." Et il partit d'un grand éclat de rire triste.

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    Jacques Brel et A-M Pavarnès à Carcassonne

    Anne-Marie Pavarnès, la patronne du motel "La Croque-sel" qui se trouvait en bordure de la route de Narbonne avant d'arriver à Trèbes, raconte dans une interview que Brel a logé plusieurs fois chez elle. Ce dont elle est sûre c'est qu'il y a écrit une chanson, mais qu'elle n'a jamais osé lui demander laquelle. Est-ce La chanson de Jacky, dans laquelle il est question d'un "argentin de Carcassonne". Le mystère reste entier...

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