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Églises et lieux de culte - Page 4

  • Les cloches des églises d'Algérie ont été rapatriées à Carcassonne

    A l'origine de l'article qui va suivre, une coïncidence... En visionnant une vieille émission diffusée en 1980 sur Antenne 2, un Carcassonnais autrefois habitant du quartier Bab el Oued d'Alger, participe à un jeu animé par Jacques Martin. Dans un reportage filmé, Jean Scotto explique que la cloche d'une église de Carcassonne provient de St-Joseph de Bab el Oued (1851). Ce lieu de culte catholique fut démantelé après l'indépendance de l'Algérie et transformé en Mosquée.

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    Église Saint-Joseph à Alger (place Lelièvre)

    J'ai souhaité évidemment en savoir davantage et tout naturellement, Marie-Chantal Ferriol m'a expliqué que l'on devait ce rapatriement à Claude Seyte. Ce dernier n'est autre que le carillonneur de Saint-Vincent, auteur de trois volumes sur les campaniles de l'Aude.

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    © diaressaada.alger.free.fr

    Mosquée El Nasr, place Lelièvre

    Cette cloche de 550 kg baptisée en 1895 du nom de Rosalie par Mgr Dusserre, archevêque d'Alger, fut installée en 1980 dans le clocher de l'église du Sacré-coeur de Carcassonne. Elle prit le nom de sa marraine Sœur Rosalie, le curé de la paroisse St-Joseph d'Alger étant M. Planells. Fondue à Robecourt dans les Vosges par Ferdinand Farnier, elle joue la note Sol#3 et porte l'inscription suivante : "Fides caritas in hoc signe vicens" (Par ce signe d'amour tu vaincras)

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    L'église du Sacré-Cœur à Carcassonne

    Sur le plateau de Grazailles, l'église Notre-Dame bâtie le 22 octobre 1978 possède trois cloches provenant de l'ancienne église de Rouiba en Algérie.

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    L'église de Rouiba fondée en 1876

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    Les trois cloches Marcelle (Do), Marie-Rose (Ré) et Simone (La) en bordure du boulevard Léon Blum, veillent sur la paroisse de Grazailles.

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    © Académie des Arts et des Sciences de Carcassonne

    Claude Seyte

     A la fin des années 1970, le carillonneur de Carcassonne fait rapatrier 29 cloches provenant du diocèse d'Alger. A leur arrivée, certaines seront refondues par Paccard près d'Annecy (Haute-Savoie) afin d'en réaliser de nouvelles pour les carillons de Carcassonne et quinze autres seront attribuées au Sacré-Cœur et aux églises du hameau de Montredon et de Grazailles. 

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    En novembre 1979, le carillon de l'église Saint-Vincent passe ainsi de 35 à 47 cloches. Une inauguration officielle a lieu sous la houlette de M. Seyte pendant un festival de 10 concerts. Une aubaine qui coïncide avec la venue du congrès de la Guilde des carillonneurs de France, durant lequel on croise des musiciens venus de Berkeley (USA), de Rotterdam et de Belgique. 

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    Depuis le Moyen-âge, la forme des cloches rappelle celle du gosier humain et de la langue qui s'y meut. Elles sont constituées de 78% de cuivre et 22% d'étain. Quant au carillon, son nom viendrait de "quadrillon", ensemble de quatre cloches. La plus grosse campagne de St-Vincent est un bourdon de 2 200 kg, d'un diamètre d'1,52 mètres qui donne le Do grave. Un nouveau clavier en bois aux normes américaines fut installé en 1979.

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    Bénédiction par Mgr Pierre-Marie Puech

    En 1995, sept nouvelles cloches furent ajoutées carillon qui aujourd'hui, représente le plus important du Languedoc et le 9e à l'échelle nationale. Tout ceci doit être mis au crédit de Claude Seyte.

    Merci à Marie-Chantal Ferriol pour son aide

    Sources

    Campanes en pays d'Aude / Claude Seyte

    L'indépendant / Novembre 2017

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • L'Œuvre de la Miséricorde : Un bureau de charité oublié des Carcassonnais

    On pourrait résumer l'Œuvre de Miséricorde dans la religion chrétienne, aux paroles contenues dans le chapitre 25 de Saint-Matthieu :

    "Donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts."  

    Au fil de nos études sur ce blog, nous constatons le désintérêt des chercheurs locaux pour l'histoire religieuse de Carcassonne. Aussi, lorsque nous avons voulu enquêter, ce n'est pas dans les livres contemporains de notre époque que nous avons trouvé des informations. Alphonse Mahul dans son Cartulaire, nous apprend que l'Œuvre de la Miséricorde fut fondée vers 1680.

    "Légalement instituée par Lettres patentes du 20 novembre 1739 enregistrées au parlement sous dénomination Bureau de charité, l'oeuvre jouissait d'une entière indépendance à l'ombre des Jésuites du Collège."

    Les sept oeuvres de miséricorde

    A Carcassonne, il s'agissait d'une espèce de bureau de bienfaisance dirigé par des Dames de la ville. En 1739, Monseigneur de Bezons - Evêque de Carcassonne - s'occupa du bureau des dames de la Miséricorde pour leur donner des règlements, qui devaient placer ce bureau sous son autorité. Jusque-là, il jouissait d'une indépendance relative puisque ce sont les Jésuites qui assuraient la formation des dames, tout en exerçant leur influence sur elles. Cette dépossession ne fut pas une petite affaire. Les Dames qui composaient le bureau de la Miséricorde résistèrent par voie de droit. Ce n'est que par lettre de cachet du roi en date du 16 juin 1760 qu'elles durent se soumettre.

    "De part le Roy. S.M. ordonne à la veuve Pinel, l'une des Dames de l'Œuvre de Miséricorde à Carcassonne, qu'aussitôt qu'elle aura connaissance du présent ordre, elle ait à remettre au bureau dudit Œuvre de la Miséricorde, généralement tous les papiers, actes et titres qu'elle en a déplacés, et ce à peine de désobéissance."

    Depuis lors, les Dames de la Miséricorde qui se réunissaient au Collège, chez les Jésuites, se réunirent à l'Evêché.

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    © Droits réservés

    En 1842, l'œuvre devint l'Orphelinat des filles de la Miséricorde et s'établit dans la rue de la liberté. Connu également sous le nom d'Œuvre des orphelines, il est tenu avec les sœurs de la charité de Saint-Vincent-de-Paul. Le 10 février 1862, les Dames patronnesses de l'Œuvre de la Miséricorde entendent le discours de Mgr de la Bouillerie dans la chapelle de la Miséricorde de l'église Saint-Vincent. En 1896, l'orphelinat reçoit des filles légitimes de 6 à 12 ans, orphelines ou semi-orphelines indigentes de la ville et de l'arrondissement et les garde gratuitement jusqu'à 21 ans. Il peut offrir 51 places. Il existe dans Carcassonne la Maison de la Providence (à Sainte-Gracieuse) qui reçoit les filles orphelines dès 4 ans. Pour les garçons, il existe l'Hôpital général, l'orphelinat de Millegrand (Fondé à Trèbes en 1873 et dirigé par les Sœurs de la Présentation de la Vierge) et celui de Limoux (Frères des Ecoles chrétiennes).

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    © Droits réservés

    L'ancien bâtiment de l'Œuvre des Orphelines se trouvait contre le bastion Saint-Martial, face à l'actuel restaurant Chez Fred. Sous l'Ancien Régime, le bastion prit le nom de la Miséricorde. A l'intérieur de celui-ci, se trouvait le jardin des Sœurs de la Charité. Les bâtiments de l'orphelinat ont été rasés par la ville en 1974. Ils ont permis de dégager les vestiges de l'ancien rempart de la ville basse.

    Sources

    La France charitable et prévoyante / N°1 / 1896

    Cartulaire / Mahul / Vol 6 (1ère partie)

    L'assistance publique à Carcassonne / Thèse de doctorat / Ch. Boyer / 1919

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  • Unique au monde ! La plus vieille statue de St-Louis est à Carcassonne.

    La ville de Carcassonne possède en ses murs et plus exactement à l'intérieur de l'église Saint-Vincent, la plus ancienne représentation du roi Louis IX, connue à ce jour. La statue n'est pas contemporaine de Saint-Louis, fondateur de la Bastide qui porte son nom, mais selon le Bulletin archéologique de 1909 (Paris / Imprimerie Nationale), elle aurait été sculptée peu après 1320.

    Pendant près de six siècles, elle fut exposée dans une niche du portail ouest de l'église donnant sur l'actuelle rue Albert Tomey, sans que l'on y porte grand intérêt. Après la Révolution française, Alexandre Lenoir chercha en vain une statue de Saint-Louis parmi les monuments détruits. Finalement, il prit pour modèle une statue de Charles V qu'il avait en double et pendant une cinquantaine d'années, les sculpteurs et les peintres se sont appuyés sur les traits de Charles le sage pour donner figure au fils de Blanche de Castille.

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    La statue de Saint-Louis en 2017

    Dans le courant du XXe siècle, on mit les quatre statues à l'abri à l'intérieur de l'église. Elle s'y trouvent toujours, fort mal exposées et dans un presque total anonymat.

    "Le saint roi, canonisé en 1297, porte la couronne dont les fleurs de lys ont disparu ; sur son bras droit dont il manque la main, la couronne d'épines ; enfin il tient le sceptre de la main gauche. On n'aperçoit plus qu'un fragment de la sainte couronne. Il reproduit exactement la forme de la précieuse relique pour laquelle la Sainte-Chapelle fut construite et qui est aujourd'hui dans le trésor de Notre-Dame : un faisceau de joncs marins autour duquel était entrelacé le rameau épineux. Le sceptre est brisé et a perdu la fleur de lys qui le surmontait. La robe est retenue au col par un fermail quadrilobé sur lequel est sculptée une figure qui, à travers l'usure de la pierre, paraît être celle de la Vierge. Le manteau relevé sur l'épaule droite vient ensuite entourer le bas de la robe pour produire un effet de plis contrariés. La tête est fort belle. Elle est empreinte d'une gravité douce qui traduit le caractère du saint roi. Elle reproduit les traits sereins et nobles du buste en or repoussé de la Sainte-Chapelle qui contenait la partie supérieure de son crâne, mais que nous ne connaissons, il est vrai, que par la gravure. On y retrouve même les larges boucles de cheveux qui entouraient ce chef célèbre. L'ensemble de la statue donne bien l'impression que laisse le portrait de Joinville." 

    (Extrait du Bulletin archéologique de 1909)

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    Deux des quatre statues dans leur niche au début du XXe siècle.

    Pendant longtemps, on vint du monde entier à Carcassonne pour copier ce que l'on considérait comme l'unique représentation fidèle de Saint-Louis. Aujourd'hui, faute de communication et pour ne pas fâcher les quelques mauvais coucheurs sectaires du coin, on tient cette statue dans une quasi obscurité. 

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