Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Le moulin de Cucurnis, près du Rond-point Georges Pompidou

    Si vous prenez souvent la route de Toulouse en direction du centre commercial Leclerc, peut-être avez-vous remarqué sur votre droite avant d'arriver au rond-point Pompidou un ancien moulin. Il s'agit du Moulin de Cers du domaine de Cucurnis. Bien entendu, tout ce qui l'entoure est désormais une zone pavillonnaire mais ce n'était pas le cas il y a encore 30 ans...

    3312810826.jpg

    Cette photographie a été prise en remontant du rond-point Georges Pompidou vers la ville, car on voit mieux le moulin sur la gauche. Pour y aller directement, descendez et prenez la dernière à droite avant le rond-point. Vous serez alors sur l'ancien chemin menant au domaine de Cucurnis, avant que la rocade ne vienne le fracturer et le couper.

    531058569.jpg

    © Darcy Végas

    Voici une vue du moulin dans son jus au début des années 1980 quand les vignes lui donnaient encore un aspect champêtre. On dirait même que les arbres à l'intérieur lui faisaient un coiffure Rock and roll. Bref, ce champ avait la banane avant d'être bitumé... L'ancien chemin menait au domaine de Cucurnis situé en contre bas de l'actuelle rocade ouest. Il fut créé à la fin du XVIIe siècle par la famille Rivals, mais ce sont les nouveaux propriétaires M. Cucurny ou Cucurnis qui lui donneront ce nom. Par alliance la famille Blanc en hérite au XIXe siècle, reprend l'exploitation maraîchère et plante quelques vignes. Les anciens se souviendront que M. Blanc était le plus important producteur de melons. Il venait les vendre sur le marché de la place Carnot. Son fils, Jean Blanc, est Docteur en histoire et auteur de plusieurs ouvrages de référence sur Carcassonne et sur le département de l'Aude.

    3226023136.jpg

    © Darcy Végas

    Ce moulin à vent avait paraît-il conservé sa meule à l'intérieur et pendant la seconde guerre mondiale, c'était une cache pour les résistants carcassonnais. Les restes rouillés d'un char d'assaut allemand sont même restés longtemps en bordure de ce champ.

    3655642932.jpg

    Le journal La dépêche dans son édition du 8 janvier 1986 avait alerté l'opinion publique sur les risques de voir disparaître ce moulin, suite à la création prochaine d'un lotissement à cet endroit. Sur ce terrain de 56 lots appartenant à Deviq, le constructeur Fougerolles fut contraint de s'intéresser au moulin. La dépêche sous la plume  de Jacques Arino, un ancien du quartier, écrivit : "En un mot comme en cent, ce moulin, même s'il n'a pas de valeur architecturale importante, fait partie d'un patrimoine culturel et sentimental inscrit dans la mémoire collective de notre idéntité régionale ; en ce sens, il mérite notre attention à tous. Certes, on peut laisser tout disparaître sans crier gare. A ce titre, il faut se souvenir que la Cité, elle aussi, faillit voir ses ruines rasées à une certaine époque." Ah ! C'était l'époque où les journalistes de ce quotidien faisaient autre chose que la sortie des tribunaux et des commissariats pour concurrencer Ici, Paris ou Détective....

    3122258130.jpg

    La décision de le détruire aurait bien actée sans l'intervention de Jacques Arino, car M. Thomas des Maison Fougerolles s'était exclamé : "En ce qui nous concerne, il va de soi que nous ne pouvons laisser subsister une telle verrue dans un quartier qui aura vocation résidentielle." Alors M. Roland Gonzalez pour l'agence Deviq ajouta : "Nous ferons le maximum pour préserver le site. Le moulin en particulier sera parfaitement mis en valeur à l'entrée du lotissement. Les maisons placées à l'entrée seront des maisons sans étage mais avec mezzanine."

    894113764.jpg

    Une vue en 1980 de la route de Toulouse (N113) et du moulin de Cers sur la droite. A droite, la rocade ouest au début de sa construction et le champ dans lequel on construira plus tard le centre E. Leclerc.

    2144066725.jpg

    Le même endroit en 2020

    Et comme de bien entendu, l'administration a changé le nom de Cucurnis en Cucurlis pour le chemin menant au moulin. Notez bien ! CUCURNIS avec un N.

    _____________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

     

  • Quand la Cité de Carcassonne s'envola vers New-York

    Le 14 mars 1953, la cité médiévale de Carcassonne prit son envol dans un avion affrété par la compagnie Air France en direction des Amériques. Oh ! certes, il ne s'agissait pas là de l'une des acquisitions d'un riche américain pour compléter sa collection de monuments français réinstallés sur le sol des Etats-Unis, mais plutôt d'un vol touristique à but promotionnel.

    Capture d’écran 2020-10-14 à 10.35.39.png

    À l'initiative du Dr Jean Girou, président du Syndicat d'initiatives de l'Aude, la superbe maquette réalisée par M. Bouichou - artisan menuisier dans notre ville - allait entamer un périple à travers les aéroports du Nouveau monde. Présentée avant son départ à Me Georges Soum, président de la délégation spéciale municipale faisant office de maire, la cité miniature devait s'envoler depuis Orly vers les aéroports de New-York, Washington, Philadelphie et Boston dans lesquels elle serait exposée aux yeux des voyageurs.

    Cité carcassonne.jpg

    Son périple se poursuivit vers l'Amérique latine avant de revenir à Carcassonne. Depuis tout ce temps, la maquette a été remisée au premier étage de l'ancienne mairie sous sa vitre de protection. Nous suggérons qu'elle puisse être désormais exposée dans le hall de l'Office du tourisme, si une place peut lui être trouvée.

    Cité Carcassonne 2.jpg

    La cité de Carcassonne de M. Bouichou, artisan menuisier

    _________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

  • Le Théâtre des Nouveautés : la plus belle salle de cinéma de France !

    © Droits réservés

    Lorsqu’en 1912 l’architecte Florentin Belin dresse les plans du futur Grand Hôtel Terminus, la société Terminus-Cité souhaite que l’on inclus à l’intérieur de l’établissement, une salle des fêtes. Idéalement située au-dessus du garage de l’hôtel sur une longueur de 25 mètres, le public peut depuis ses larges fenêtres profiter du point de vue sur le boulevard Omer Sarraut. Pendant huit années elle accueille les nombreuses manifestations culturelles de la ville, comme les fêtes carnavalesques, mais son usage ponctuel ne semble pas satisfaire la direction du Terminus. Aussi, lorsqu’après la guerre le banquier Auguste Beauquier, administrateur de la Société des Grandes hôtelleries de France, se retrouve seul aux commandes de l’établissement, celui-ci décide de transformer la salle des fêtes en théâtre. Le directeur de la banque Pragma de Carcassonne, né à Conques-sur-Orbiel en 1884, avait financé avec Raoul Motte la construction du Terminus en 1914.

    théâtre des nouveautés

    Les bow-windows ont été installés en 1922

    Au mois de novembre 1921, il convoque la presse et expose les grandes lignes de son projet. Beauquier a confié à d’éminents architectes parisiens, MM. Uldry et Mazouillé, le soin d’édifier une nouvelle salle de spectacle avec tout le confort moderne. Il compte bien attirer le public qui, d’ordinaire, assiste aux représentations lyriques dans une salle municipale vétuste et bien mal chauffé. Le nouveau théâtre sera édifié selon les techniques en vigueur ; le cabinet d’architecte utilise pour le gros œuvre le béton hennebique, mais les parties visibles devront conserver le style Art-Nouveau de l’hôtel. Les décorateurs envoyés depuis Paris, dont hélas nous ne connaissons pas les noms, exécuteront un travail remarquable. Mis à part peut-être la verrière au plafond, rien ne laisse penser que le théâtre est construit à l’époque de l’Art-déco des Années folles. Actuellement, la seule salle de spectacle de ce type en France reste l’Opéra de Vichy édifié en 1903. Si l’on y regarde de près, on s’aperçoit que de la courbure du balcon jusqu’aux baignoires près de la scène, les architectes ont copié les dessins de Charles le Coeur.

    théâtre des nouveautés

    Le balcon et les baignoires

    Le Théâtre des Nouveautés - en référence à l’illustre salle parisienne du même nom reconstruite en 1921 - comprendra au parterre des fauteuils et trois baignoires de chaque côtés, au premier étage des gradins afin de bien voir la scène et dans l’encorbellement 18 loges de quatre fauteuils. Pour les spectateurs on a prévu deux jolis promenoirs pourvus de trois bow-windows donnant sur l’extérieur. Une entrée sur le boulevard, trois sorties dont une par le Café Terminus, où il sera permis de consommer, comme dans le bar contigu au théâtre. Les spectacles comporteront des opérettes, des revues, des pièces de théâtres, ainsi que la projection de films cinématographiques.

    théâtre des nouveautés

    © Droits réservés

    Deux mois de travaux suffiront à donner au nouveau théâtre, décoré dans le style Art-nouveau de l’hôtel, tout l’éclat de son luxe et de sa beauté. La direction artistique du Théâtre des Nouveautés est confiée au compositeur carcassonnais François Fargues. Au mois de mars déjà, on y donne les premiers concerts symphoniques. L’inauguration a lieu le 1er avril 1922 avec l’opérette La fille de Madame Angot de Charles Lecocq, interprétée par des artistes du Grand Théâtre de Bordeaux sous la direction du chef Bioulès. Bien que les bénéficies aillent à une œuvre caritative de la ville, la presse regrette que l’ouvrage n’ait pas attiré un public nombreux. Toutefois, « le gratin était là » note t-elle. Les jours suivants, Les dragons de Villars d’Aimé Maillart partage l’affiche avec des spectacles plus populaires. Le spectateur préfère se divertir avec le célèbre Félix Mayol le 23 avril 1922. Ainsi programme t-on opérettes, revues, projections cinématographiques et pièces théâtrales jusqu’en 1932. Cette année-là, le Théâtre des Nouveautés a vécu… Les affaires financières d’Auguste Beauquier avaient été rattrapé par la justice. Après huit mois de prison préventive, le directeur de la banque Pragma était condamné en février 1926 à deux ans de prison et 5000 francs d’amende pour détournement au préjudice de 57 clients.

    théâtre des nouveautés

    © Droits réservés

    La verrière au plafond

    Le cinéma Le Colisée, équipé en Idéal sonore, s’installe en août 1932 dans la grande salle du Terminus avec Marcel Fargues (1899-1983) pour succéder à son père. Ayant échoué à obtenir le Grand prix de Rome de composition en 1925, le jeune Fargues s’est lancé dans l’administration des théâtres. Pendant plusieurs années, il a dirigé l’Alhambra et le théâtre municipal d’Orléans. A Carcassonne, il rachète avec son père les parts des trois actionnaires du Colisée en juin 1932. Les grands films du cinéma parlant figurent à l’affiche, comme Sans famille de Marc Allégret qui avait été tourné à Carcassonne en 1935. Dans la vitrine de M. Artozoul, le marchand d’articles de pêche de la rue de la gare, on peut lire les programmes des cinémas de la ville.

    théâtre des nouveautés

    © Droits réservés

    Pendant la seconde guerre, le Colisée sert de lieu de conférences pour les propagandistes nazis. En 1980, deux nouvelles salles sont crées puis cinq, formant un complexe. La salle de l’ancien Théâtre des nouveautés sera entièrement restaurée en 2001, mais fermée au public en 2012. Le Colisée racheté récemment à CGR par la ville de Carcassonne est actuellement en train d'être restauré et va réouvrir au public. C’est l’une des quatre plus belles salles de cinéma d’Europe ! Après l’Opéra de Vichy, on peut lui décerner le titre d’unique théâtre Art-nouveau de France. 

    Sources

    Cet article totalement inédit a été réalisé avec de nombreuses recherches dans la presse locale de l'époque. Tout ceci grâce à des abonnements payants mensuels aux sites Filae, Généanet, Retronews. A un travail de fourni dans les listes de recensement militaire, d'état-civil et des délibérations des conseils municipaux. A l'appui pour la partie cinéma, des connaissances d'Isabelle Debien. Tout ceci représente des heures au service de l'histoire de notre ville. Toutes ces informations ne sauraient être reprises sans citer le contributeur.

    _______________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020