Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Communiqué

    Je suis invité par l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance à l'inauguration prochaine d'une plaque à l'ancienne villa de la Gestapo de Carcassonne, le 10 juin 2016 à 17h30.
    Vous savez combien je me suis battu pour que l'on fasse l'inventaire des horreurs de ce lieu et que l'on conserve ce bâtiment. La municipalité précédente avait acté une Maison des droits de l'homme, après une rude bataille que je croyais gagnée. Le changement de maire en a décidé autrement. La villa fut rasée pour des logements à loyers modérés.


    Étant donné que des associations d'anciens combattants de l'Aude n'ont pas levé le petit doigt pour soutenir à l'époque mes efforts et qu'ils ont même conseillé au maire de la détruire.
    Étant donné que je n'ai pas été associé au texte qui est gravé sur cette plaque, dans lequel ne figurera pas la souffrance des guérilleros espagnols.
    Étant donné que ma présence ne fera que cautionner une destruction que je ne souhaitais pas.
    J'ai décidé de remercier l'ANACR pour son invitation mais pour les raisons énoncées plus haut, je renonce à m'y rendre.


    Je n'ai qu'un devoir celui que ma conscience me dicte.
    Je ne servirai jamais de caution morale à quiconque. Au regard de l'histoire et de notre avenir vis-à-vis de la montée des extrémismes de toutes sortes qui torturent et assassinent, je continue à penser que cette destruction a été une erreur.


    Martial Andrieu

  • Le passage du peintre Marc Chagall à Carcassonne en 1927

    L'écrivain et poète Joseph Delteil (1894-1978) né à Vilar-en-val - à seulement quelques kilomètres de Carcassonne - et Prix Fémina en 1925 pour son roman "Jeanne d'Arc", raconte dans ses mémoires la visite des peintres Marc Chagall et Robert Delaunay dans l'Aude.

    images.jpg

    Ce périple à travers les routes qui les mèneront de Carcassonne à Collioure via Limoux et Pieusse, intervient quelques mois après la projection du film de Dreyer adapté du roman de Joseph Delteil. Intitulé la Passion de Jeanne d'Arc, cette évocation de la vie de la pucelle d'Orléans est aujourd'hui considérée comme un chef d'oeuvre du cinéma muet. Delteil participa à l'écriture du scénario.

    Capture d’écran 2016-05-30 à 10.02.41.png

    Photo prise par Marc Chagall et colorisée pour la couverture du livre de Jean Girou "Itinéraire en terre d'Aude" réédité par Patrick Collot. On y voit Robert Delaunay, Joseph Delteil et Jean Girou.

    "Un des plus charmants souvenirs que je garde de Delaunay, c'est le fameux voyage à Pieusse en automne 1927. Ils s'étaient embarqués, Chagall et lui, sur une vieille Oberland que Delaunay venait d'acheter, et sur laquelle il faisait hardiment ses premières gammes. A risques et périls, un jour mettant par inadvertance un bidon d'eau dans le réservoir à essence ; un autre jour (j'y étais) en enfonçant la barrière de chemin de fer, au passage à niveau de Pomas, et nous voilà bloqués au milieu de la voie, avec le train en perspective, lequel ne stoppa que de justesse (une jolie mort ratée pour cette brochette d'artistes, Delaunay, Chagall et bibi).

    chagall.jpg

    Marc Chagall dans les années 1920

    Maman la Patoise était un peu éberluée devant Chagall, cet archange aux cheveux fous, et ce gros blondin apostolique de Delaunay. On se balada dans le pays. Delaunay toujours entreprenant, le nez au vent, conseillant d'emblée d'élever au Mas-des-cours d'élever, pourquoi pas, sur leurs collines trois cent mille moutons. A Carcassonne, à l'hôtel Moderne, j'ai vu de mes yeux Delaunay, sous prétexte d'ablutions, jetant un grand seau d'eau sur Chagall à poil : "Lave-toi donc, grand salaud !

    Capture d’écran 2016-05-30 à 09.40.14.png

    Il reste un vestige de cet hôtel inscrit sur la façade d'un immeuble situé dans la rue de la République. L'Hôtel Moderne et du Commerce dirigé par Louis Pons possédait une autre entrée rue Armagnac. C'est aujourd'hui, le Restaurant Inter Administratif.

    Hall.jpg

    Le Hall d'entrée à l'époque de Chagall

    C'est à Limoux, route de Chalabre, dans une maisonnette champêtre, devant un paysage de vignobles pourpres, de lavande et de près que Chagall a peint les gouaches des Fables de La Fontaine.

    chagall-La-Fontaine-026.jpg

    Le renard et les poulets d'Inde

    Et puis en route pour Banyuls, chez Maillol. Il y a avait je crois le docteur Girou et sans doute les Lazerme. Nous manquâmes deux ou trois fois de nous rompre le cou, par précipices, platanes ou explosions. Mais Delaunay avait la baraka. J'ai encore dans l'oeil la vision de Maillol en grande barbe, sur fond de rocs écarlates, une femme à ses pieds. Delaunay était songeur. 

    Source

    La Deltheillerie / Joseph Delteil / Ed Grasset / 1968

    ___________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Comment la plus extraordinaire collection de tableaux de peintres surréalistes disparut de Carcassonne...

    Toute sa vie durant le poète Joë Bousquet ne cessa d'acquérir, d'échanger voire de se faire offrir des toiles de maîtres, comptant aujourd'hui parmi les plus côtés de la peinture surréaliste. On estime à près de 150, le nombre d'oeuvres ayant transité par la chambre du 53, rue de Verdun. Jamais personne n'a été en mesure de recenser avec précision et dans le détail, le catalogue complet des toiles faisant partie de la collection Bousquet. Pierre Cabanne et Yolande Lamarain s'y sont essayés avec brio dans leur ouvrage paru en 2005, mais d'une façon incomplète ; leur enquête se base sur les échanges épistolaires de Bousquet, dans lesquels il évoque certaines de ses acquisitions. De notre côté, nous avons voulu pousser plus loin en recherchant ces toiles d'après les ventes chez Drouot, Sotheby's ou encore Christie's. Certains de nos efforts ont été récompensés, car d'autres tableaux peuvent désormais s'ajouter à la liste de Pierre Cabanne. Ce sera le fruit d'un prochain article...

    À l'évidence, Joë Bousquet - aidé dans sa tâche par Paulhan et d'autres connaisseurs - eut le nez creux et l'intelligence de comprendre que ces artistes quasi anonymes à son époque, allaient prendre une tout autre dimension dans le futur. Ces toiles achetées entre 1930 et 1950 pour 3000 francs en moyenne atteignent des sommets. Pour exemple en 2011, deux tableaux de Max Ernst se sont vendus chacun 2 millions et demi d'euros et 840 000 euros chez Sotheby's - Bousquet en a possédé 28. Ne parlons même pas des toiles de Magritte qui séjourna quatre mois à Carcassonne en 1940 ; elles dépassent le million d'euros - Bousquet en possédait 8.

    Alors comment cette fabuleuse collection a t-elle pu quitter Carcassonne après la mort du poète, alors même qu'il avait souhaité qu'elle ne fût pas dispersée ? 

    Le testament de J. Bousquet

    Il faut d'abord savoir pour comprendre ce qui va suivre que le poète fut "excepté de succession" par son père. Autrement dit, de l'immense fortune du Dr Bousquet il n'en vit presque rien... Dans l'ouvrage "Hypocrisies de Joë Bousquet" (François Berquin / Presse universitaires Septentrion / 2000), le poète Carcassonnais tente d'expliquer les raisons pour lesquelles il a été déshérité par son père. On retiendra deux idées forces : son père a cru que son fils mourait avant lui ; son père n'a pas voulu faire hériter un enfant qui n'était pas de lui. Qui peut raisonnablement étudier la personnalité de Bousquet, sans jamais avoir eu connaissance de cette profonde cicatrice ? Nous vous laisserons lire son émouvant poème "Le déshérité" ; sa nièce - Marie-Denise Aurengo- se confie au mémorial du Chemin des dames :

    "On le lit la larme à l’œil parce que c’est quand même ahurissant, avec la vie qu’il a eue, qu’il ait pu savoir écrire une chose pareille. J’ai essayé de le faire mettre en chanson, j’avais écrit à Yves Duteil et Yves Duteil m’a répondu une lettre très aimable en me disant qu’il n’avait pas le temps en ce moment mais qu’il aurait aimé pourvoir mettre en musique le texte d’un homme qui a dû tellement souffrir dans sa vie. Lisez-le, je trouve qu’il est merveilleux ce poème."

    En ce qui concerne Yves Duteil, l'excellent Jean Pidoux m'avait raconté que le chanteur de "la langue de chez nous" avait habité dans sa jeunesse à Carcassonne dans la rue Marceau.

    Bousquet.jpg

    Joë Bousquet rédige un testament en 1943 déposé chez Llobet à Carcassonne. Certains en ont connaissance - ce n'est pas mon cas n'étant pas du sérail templier de la rue de Verdun. Impossible donc de vous dire ce qu'il contient. A défaut, nous nous obligeons à passer par d'autres chemins... Ainsi, sommes-nous tombés sur un courrier de Bousquet en date du 10 octobre 1946, adressé à James Ducellier. Ce dernier fut l'homme de confiance et l'ami du poète qui lui légua un nombre conséquent de toiles de Ernst et plusieurs exemplaires inédits de ces écrits. Dans cette lettre, Bousquet est en train de corriger les épreuves de la Connaissance du soir (Editions Gallimard) et fait établir pour Ducellier un exemplaire de tête se distinguant des dix (Hors collection) nominatifs sur papier couleur - imprimé à son nom et chiffré à part.

    Le poète souhaite créer un cercle Joë Bousquet afin "que pourvu de personnalités morales, ce cercle puisse hériter de mes tableaux et de mes livres." Il s'inquiète de savoir s'il y a avantage financier à faire hériter le cercle, car il ne veut pas que son testament puisse être annulé, où s'il vaut mieux désigner un ou deux exécuteurs testamentaires. Savoir comment domicilier la collection : "mon désir étant que tout reste en place au 53, rue de Verdun. L'exécuteur testamentaire c'est évidemment toi, et à défaut Nelli. Il y aura en outre un lien avec Paris à prévoir officiellement. Soit Paulhan. Car je ne veux pas qu'après mon départ, le cercle se ferme et se provinciale. C'est malheureux la tendance de Nelli. Et ce serait la sclérose.

    Une salle J. Bousquet au musée

    Après un incendie en 1942 et la mise à l'abri des toiles pendant l'Occupation dans un endroit que nous ignorons, le musée des Beaux-arts de Carcassonne ouvre à nouveau en 1948 ; René Nelli occupe alors le poste de conservateur. En 1951, après la mort du poète, le président de la Société des amis de Joë Bousquet souhaite ouvrir au sein du musée, une salle dans laquelle seraient exposées des toiles surréalistes provenant de la collection de l'illustre personnage. Le leg de Bousquet a été partagé entre cinq héritiers membres de l'association ; Nelli leur propose de mettre en dépôt leurs tableaux. Lui-même s'engage à titre d'exemple à déposer des oeuvres provenant de sa propre collection, dont certaines ne viennent pas de chez Bousquet.

    Capture d’écran 2016-05-28 à 18.22.15.png

    Capture d’écran 2016-05-28 à 18.22.26.png

    © Musique et patrimoine

    Cette salle Joë Bousquet constituée essentiellement à ses débuts d'oeuvres surréalistes et abstraites, a finalement perdu tout intérêt au début des années 1960. D'abord, comme le note René Nelli "la collection a été dispersée tout de suite après la mort de Bousquet par la famille et vendue misérablement ; ensuite, un concours de circonstances a amené "les amis" à venir retirer leurs dépôts à partir de 1961. L'année précédente, un gros collectionneur de Carcassonne vendit tous ses Max Ernst - il s'agit sûrement de James Ducellier qui les déposa à la Galerie André-François Petit de Paris. Des marchands d'art firent alors pression sur les cinq personnes ayant confiées des tableaux au musée. Ils revinrent tous sur leur parole - la plupart avaient donné ces tableaux - sans signer de donation définitive. Ainsi furent retirés 3 Ernst , 1 Beaudin, 1 Arp, 1 Dali. Certains confiés à Piet Moget pour les vendre à Paris. On compte parmi leurs propriétaires, deux professeurs de philosophie à la Sorbonne originaires de Carcassonne, un professeur de philosophie et syndicaliste de l'Hérault et la soeur de Bousquet.

    L'oiseau.png

    L'oiseau

    (Max Ernst - Circa 1925)

    La salle Joë Bousquet avait perdu ses pièces maîtresses ; seules subsistaient celles de la collection de Madame Georges Roumens - c'est-à-dire un Ghika et un Metzinger. La ville fera l'acquisition de "Académie de femmes" (Charles Kvapil), "Quai de Conti "(Marquet) et de la tapisserie "Soleil" de Marc Saint-Saëns. Cette dernière s'est longtemps retrouvée accrochée au-dessus du lit de Bousquet. Quant à l'état, il déposera un Guigou, "La cité de Carcassonne" (Valémi) et "le buste de Joe Bousquet (Salomé Vénard).

    L'affaire du Dr Jean Girou

    Jean Girou - érudit local et membre de plusieurs sociétés savantes - favorisa grandement le rayonnement touristique du département de l'Aude à travers le Syndicat d'initiative (ESSI), dont il fut le président jusqu'en 1963. Cette année-là il se confie dans un courrier à Nelli : "Merci d'abord pour le témoignage d'amitié dans mon éviction scandaleuse de l'ESSI à Carcassonne menée par Sablayrolles avec la complicité de Drevet, Noubel et Bonnafous. Il indique avoir eu l'intention de donner sa bibliothèque locale et régionale au Conseil général et au musée, faire une salle Jalabert (10 tableaux) et offrir 10 autres toiles modernes.

    "Je ferme le robinet !"

     Si son portrait peint par Achille Laugé a été offert au musée de Montpellier, en revanche il compte venir reprendre ce qu'il a laissé en dépôt dans celui de Carcassonne : Le portrait de sa femme par Laugé, Une femme nue en pied de Derain, une lithographie de Toulouse-Lautrec représentant Blum à la Revue blanche, son portrait par Desnoyers, "place de la concorde" par Delaunay et "Jeune fille" par Hermine David.

    "Après les manifestations de reconnaissance supprimées par la municipalité !!! Je tiens à récupérer ce que j'ai en dépôt dans votre musée."

    Jean Girou venait également d'écrire une pièce de théâtre en cinq actes "Trencavel et la Louve de Pennautier". Il espérait qu'elle puisse être jouée à Carcassonne, mais l'envoi du texte à Jean Deschamps et Jean Alary, n'a même pas suscité un accusé de réception de leur part.

    Capture d’écran 2016-05-29 à 08.51.01.png

    ©Musée de Narbonne

    Jean Girou par Desnoyer

    La démission de René Nelli

    Nelli, déçu et amer d'avoir été ainsi lâché par ses amis, ne va pas être au bout de ses peines en ce début d'année 1963 : "La création de la salle J. Bousquet me valut plus de sarcasmes que d'encouragements". Alors que le musée des Beaux-arts de Carcassonne est fermé depuis deux ans à cause d'une voie d'eau dans la toiture, une tribune signée par un étrange Jean Bedos de Castelnaudary au sujet de la salle Bousquet, va déclencher une polémique dans laquelle la gestion de Nelli se trouve mise en cause.

    Cabanne.jpg

    © jacques-zwobada

    Pierre Cabanne à l'Institut du Monde arabe en 1993

    Utilisant un nom d'emprunt (Jean Bedos de Castelnaudary), le journaliste et critique d'art Pierre Cabanne signe une tribune dans le numéro 916 du journal "Arts". Pourquoi un pseudonyme ? Le journaliste est né à Carcassonne ; ce fut un ami de René Nelli puisqu'il lui a offert plusieurs de ses toiles en 1948. 

    Capture d’écran 2016-05-29 à 09.16.02.png

    "Je me renseignais et j'appris que les tableaux prêtés par les héritiers de Joë Bousquet avaient été vendus à Paris par l'intermédiaire d'une galerie (André-François Petit, ndlr) et les soins d'un médecin de la ville assisté d'un peintre étranger installé dans la région (Piet Moget ?, ndlr), lesquels, évidemment, avaient largement trouvé leur compte dans l'opération !"

    Le 5 juin 1963, M. Jean Châtelain - Directeur des musées de France - demande des comptes au Conservateur de Carcassonne en lui demandant de s'expliquer sur ces révélations. Le lendemain, René Nelli écrit au maire de Carcassonne - Jules Fil - pour lui annoncer sa démission.

    "Comme les musée est très en désordre, je crois qu'il ne serait pas prudent d'annoncer tout de suite qu'il n'y a plus de conservateur. Cela pourrait tenter les voleurs. Et je tiendrais à passer l'inventaire au nouveau conservateur, après recensement des objets fais en sa présence."

    nelli.jpg

    René Nelli

    Le 12 juin 1963, Robert Mesuret - Inspecteur des musées de province - prend la défense de R. Nelli dans un courrier à Pierre Cabanne. Il met en évidence les contradictions et la méconnaissance de l'accusateur en ce qui concerne les collections du musée. Comment un illustre inconnu (M. Bedos) peut-il être si renseigné sur la collection Bousquet, alors que l'établissement est fermé depuis deux ans. Le conservateur n'avait aucun pouvoir de s'opposer à la reprise des tableaux par leurs propriétaires. Ces oeuvres auraient pu rester à Carcassonne, à condition que la ville s'en soit porté acquéreur et que cela lui soit proposé. 

    "Nous voyons souvent des collectionneurs qui ont refusé de vendre à un musée, se laisser tenter par des opérations occultes qui échappent au regard du fisc. Et si nous nous souvenons que ceux-ci sont tous des légataires, nous comprenons qu'ils redoutent les agents des finances, que la législation française, moins favorable que celle des pays étrangers, n'a pas su exclure des opérations faites soit à titre onéreux, soit à titre gratuit, au bénéfice des Musées."

    Ce même M. Mesuret indique cinq jours plus tard :

    "Bien que M. Nelli soit assuré qu'un article aussi malveillant ne puisse trouver un écho ni auprès de M. le Ministre, ni auprès de vous-même, Monsieur de Directeur, il n'a pas laissé d'en être contristé, voire surpris, car M. Cabanne qui est originaire de Carcassonne est son élève et son obligé."

    Il loue la thèse de René Nelli sur "L'érotisme des Troubadours" à la Faculté des lettres de Toulouse et son implication au sein du Laboratoire d'Ethnographie de l'Institut d'Etudes Occitanes où en tant que fondateur, il a fait déposer les collections au Musée Paul Dupuy. La ville de Carcassonne n'a jamais consenti à créer un poste de conservateur à temps plein. Nelli ne touchait qu'une petite indemnité...

    Le 1er octobre 1963 - sans chercher à le retenir - le maire Jules Fil entérine la démission de René Nelli. Il sera remplacé par René Descadeillas - Docteur es-lettres - qui a été correspondant de la Dépêche sous l'Occupation. On avait réussi à avoir la peau de Nelli... Mais qui ?

    Épilogue

    La grande valeur morale de René Nelli ne saurait être remise en cause. Le soutien du Ministère des Affaires culturelles aux arguments du conservateur suffit à le conclure. A contrario, il semblerait qu'à Carcassonne l'on ait obtenu la tête de Nelli par le truchement d'une Kabbale orchestrée dans l'ombre. Jalousies ou vengeances ? En l'état, nul ne peut le savoir.

    Quant à la collection Bousquet... Le Musée des Beaux-arts de la ville pourrait encore aujourd'hui détenir la plus fabuleuse collection surréaliste au monde. Comme l'a écrit Nelli :

    "On ne peut pas demander à des particuliers peu fortunés, pas collectionneurs du tout, et peu enthousiasmés par la ville, de faire à la municipalité des cadeaux aussi somptueux."

    Notons également que le musée prenait l'eau et que ce fut le prétexte pour que les héritiers viennent reprendre leurs toiles. Il a été délivré un reçu à chacun d'entre eux, lesquels pour des raisons diverses sont repartis avec leurs biens. Par exemple, celui-ci vendit à Paris la sculpture de Jean Arp afin d'acheter un nouveau véhicule... L'histoire ne dit pas si le produit des ventes aurait pu aller une Fondation en l'honneur de la mémoire de leur illustre donateur - cela se saurait. Si vous voulez contempler désormais la collection Bousquet, il vous faudra vous rendre à : Musée Dali (Figueras), Musée Thyssen (Madrid), Museum of Art (New York), Musée d'art moderne (Paris), Kunsthaus (Zurich), etc...

    Vendues pour pas grand chose en 1962, ces toiles valent aujourd'hui plusieurs centaines de milliers d'euros. Elles ne retourneront jamais à Carcassonne...

    rené nelli

    La tombe de J. Bousquet à Villalier

    ____________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016