Aujourd'hui, jour de commémoration du 70e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, j'ai souhaité vous communiquer un témoignage oral qui m'est parvenu par téléphone voilà plus d'un an. Pourquoi donc avoir attendu tout ce temps ? Tout simplement parce que je n'ai pas été en mesure de vérifier ces informations. Pourquoi donc alors les diffuser ? Parce qu'il n'y aura bientôt plus de témoins et que la destruction de la villa de la Gestapo de Carcassonne a changé bien des choses dans mon esprit. Je suis convaincu sans accuser personne, qu'il y a désormais une volonté de tenter de faire taire tout ce qui pourrait faire resurgir du passé les agissements peu avouables, d'une partie des français sous l'occupation allemande. N'oublions qu'il a fallu attendre 1995 et le discours de Jacques Chirac pour que la France reconnaisse sa responsabilité dans la déportation de milliers de juifs vers les camps d'extermination. Oui, il y a à Carcassonne des familles qui ont prospéré grâce au marché noir, grâce à la spoliation de biens juifs ! Tout ceci est fort dérangeant et je peux comprendre que l'on veuille ne pas remuer les passions, les préjugés ou les amalgames. Ils pourraient être utilisés opportunément par des vengeurs masqués héritiers des tondeurs de femmes de la libération. C'est-à-dire des résistants de la dernière heure qui, par un coup d'éclat, laveraient tout soupçon sur leurs propres forfaits d'avant août 1944. Rien n'est blanc, rien n'est noir. Tout est gris et même opaque, c'est dire si la tâche des historiens est difficile. Aussi, ne l'étant que partiellement et à la hauteur de mon petit savoir d'amateur, je transcris ce témoignage sans pouvoir authentifier sa véracité. Il vous montrera les difficiles conclusions entre les rumeurs et les faits historiques vérifiés.
Le Village de Caudebronde
Ce qu'on l'on sait avec certitude
Le 24 août 1942, la police française débarque dans le petit village audois de Caudebronde et procède à l'arrestation des polonais de confession juive envoyés par l'État français pour servir de main d'oeuvre. Parmi eux se trouve de nombreux mineurs travaillant à la mine d'or de Salsigne. Un seul reviendra du camp d'extermination d'Auschwitz ; il s'agit du jeune Simon Salzman. L'ensemble de sa famille sera assasinée là-bas. Monsieur Salzman a transmis jusqu'à sa mort l'année dernière à l'âge de 91 ans, le témoignage horrible de son passage au camp de la mort.
Ce que le témoingnage prétend
Il y avait 12 juifs polonais à Caudebronde, seul M. Kuperman s'est sauvé. Ces polonais étaient employés à la mine de Salsigne, mais avaient été notés comme catholiques par les registres de la mairie de Caudebronde. La milice [créée à Carcassonne en 1943. NDLR] débarque dans le village sur dénonciation d'un habitant et les fait arrêter. Au moment où l'un des jeunes français se saisit d'un enfant dans la cour de l'école, une femme l'interpelle avec dégoût :
— C'est du beau travail que tu fais jeune homme !
— Tu n'as rien à dire grand-mère, lui répondra t-il
Le maire de Caudebronde, boulanger de son état, alimentait le maquis de la Montagne-noire tout en recevant le commandement allemand [En août 1942, l'Aude était en zone libre. NDLR]. Il possédait paraît-il le domaine des Ferauds ou Ferrans dans lequel les allemands entretenaient un bordel. La maison a été rasée ensuite. Le jour de l'arrestation des juifs polonais, le maire avait été averti par le commandant allemand. Malgré cela, les polonais ne se sont pas enfuis. Ils ont été tous déportés. Seul Simon Salzman en est revenu et a été ensuite adopté par l'adjoint au maire de Caudebronde.
Quand au délateur, le maquis a cherché à le tuer mais des personnes du village s'y sont opposées en raison de la forte influence de sa famille.
Conclusions
S'il devait y avoir une part de vérité dans ce témoignage, elle serait immédiatement mise à mal par les incohérences de dates et des évènements qui en résultent. C'est bien pour cela qu'en matière de tradition orale, il convient d'être très prudent.
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