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  • Où est donc passé le cadavre de la tombe 17?

    Ce n'est pas une histoire à dormir debout, mais une histoire pour laquelle il vaut mieux rester couché... C'est d'ailleurs, ce que certains des protagonistes de cette affaire ont été forcé à faire. Ceci sans concessions mais à perpétuité, dans le silence des mauvais secrets de la résistance audoise.

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    Noël Blanc, alias Charpentier

    Tout commence par la découverte d'un cadavre à moitié carbonisé dans le fossé de la route allant de Palaja au Mas-des-cours, près d'un pont.

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     Nous sommes le 6 septembre 1944, soit quinze jours après la libération de Carcassonne. Qui est donc cet individu ? Il s'agirait d'un chef de la résistance, envoyé par Londres à Carcassonne le 28 mai 1944 comme responsable des parachutages. Son nom ? Noël Blanc dit Capitaine Charpentier. Le corps est alors amené à la morgue de Carcassonne, le soir même. Certains de ses proches compagnons le reconnaissent à ses oreilles en feuille de choux, résultant de ses activités d'ancien rugbyman. D'autres, comme le chirurgien de la clinique du Bastion refuseront de le reconnaître. Pourtant, c'est bien dans cet établissement que la veille, fut occis par balle le pauvre Charpentier.

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    La clinique du Bastion (rue Voltaire) cache à cette époque l'activité clandestine de la résistance et soigne les blessés du maquis. Hélas, depuis l'exécution à Baudrigues le 29 juillet 1944 du chef de la résistance audoise Jean Bringer (Myriel) et d'Aimé Ramond, il semblerait que les miraculés ayant échappés au convoi vers la mort ne soient pas prêts à parler. Ont-ils des choses peu avouables à cacher ? L'histoire les rattrapera en 1952, avec la mort inexpliquée par suicide de l'un de leurs complices dans la chambre 47 de cette même clinique. Encore, un mort qui ne pourra plus parler... Pour ce qui est du meurtre de Charpentier, ils sont à-priori tranquilles car protégés par la loi d'aministie. Enfin, pas tout à fait... En effet, sont amnistiés les résistants ayant tué par nécéssité dans le cadre des activités clandestines. Est-ce une exécution pour traitrise ou un assassinat pour convenances personnelles ?

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    Noël Blanc (Charpentier) sera inhumé le 7 septembre 1944 au cimetière Saint-Michel de Carcassonne

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    Le régistre du cimetière porte la mention suivante à cette date

    Cadavre calciné inconnu/ 7 sept 44/ Autorisation du juge d'instruction

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    Peu de temps après, le corps de Charpentier a été mis dans la crypte des martyrs de Baudrigues. Une espèce de réhabilitation en quelque sorte pour celui que le groupe de résistants de la clinique désignait comme traître, ayant donné Jean Bringer à la Gestapo. La preuve sera faite au procès des résistants de la clinique du Bastion en 1952 que ces allégations sont totalement fausses. Charpentier est hors de cause dans l'arrestation de Bringer. En octobre 1948, la veuve, habitant désormais Neufchâteau dans les Vosges et remariée avec un dénommé Ancely, demande le transfert des restes de son mari dans le cimetière de cette ville.

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    Le procès en 1953 afin de faire la lumière sur "le suicide" d'un des acteurs en la clinique du Bastion, réouvrira le dossier Charpentier et son enquête. Le juge demandera l'exhumation du corps de la victime dans le but de vérifier les impacts de balles. Ceux-ci devant réveler si la thèse des accusés, est compatible avec leurs versions des faits. La police scientifique de Mirecourt (Vosges) chargée des conclusions ballistiques n'aura pas à effectuer son travail. Et pour cause... À l'intérieur du cercueil, ne se trouvait pas la dépouille de Charpentier, mais celle d'un homme plus petit et d'une femme ou d'un enfant. L'ensemble des ossements étaient entremêlés entre-eux. Il y a eu donc substitution et disparition de cadavre. Reste à savoir où, à quel moment, dans quel but et ce qu'il est advenu de celui de Charpentier.

    Je me suis rendu au service des cimetières de Carcassonne afin de vérifier. La tombe 17 Carré 21 de Saint-Michel renferme les dépouilles de madame Gayraud et d'Yves Marty, inhumés en 1953. Bien sûr, Charpentier ne s'y trouvait officiellement plus, depuis son transfert à la crypte des martyrs de Baudrigues. Toutefois, les deux nouveaux inhumés sur cet emplacement l'ont été, l'année du procès des accusés de la clinique du Bastion. Étrange coïncidence...

     Qui a tué Charpentier ?

    À postériori, l'infirmière de la clinique s'est accusée du meurtre lors du procès en 1953. Elle reviendra par trois fois sur ses déclarations, pour finalement avouer que c'est le "suicidé" qui a fait ce travail. Ce médecin Carcassonnais proche du directeur de la clinique, alors habitant d'Antibes depuis la libération, viendra mourrir de son plein gré dans cet établissement, dans la nuit suivant son arrivée par le train en provenance de la Côte d'Azur. Avait-il fait le voyage jusqu'à Carcassonne pour avouer sa faute et livrer ses complices ; en conséquence de quoi, on l'a purement et simplement suicidé pour qu'il garde le silence? Il aurait très bien pu se suicider à Antibes...

    Quel mobile ?

    Les accusés diront que Charpentier était un traître et qu'il fallait l'éliminer. Une partie des résistants en témoigne, l'autre partie au contraire s'en défend. Comme le directeur de la clinique (accusé au procès) est condamné pour subordination de témoins, difficile de croire la version de la défense. Si la victime avait été un traître, pourquoi donc avoir attendu le 6 septembre pour l'exécuter ? Il suffisait de la faire traduire devant les tribunaux mis en place à la libération de Carcassonne. Pourquoi avoir calciné son corps sur une route si retirée, après Palaja ? Pourquoi avoir coupé ses oreilles en feuille de choux au moment de la mise en bière? Pourquoi avoir substitué son cadavre dans le cercueil ?

    Charpentier aurait été envoyé par Londres, pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent parachutée pour les maquis de la région. Aurait-il découvert les auteurs du vol ? Qui ne pouvait être mieux renseigné sur le lieux du parachutage, que certains intéressés eux-mêmes ? Ceci donnerait un mobile à son assassinat, à toutes les manoeuvres pour faire disparaître son identification et finalement, son corps. Les spéculations sur l'enrichissement soudain de certains Carcassonnais après la guerre, acquéreurs de belles demeures dans le coin, sont allées bon train. Vérités ou Jalousies ?

    Où est passé le corps ?

    À cette question d'importance, qui pourrait répondre aujourd'hui ?

    Dans cette histoire, il a fallu des complicités et sûrement en haut lieu. On ne substitue pas un cadavre au moment de poser les scellés sur le cercueil, à moins... On ne substitue pas un cadavre à la morgue, à moins... On ne fait pas disparaître des rapports de police, à moins... À moins... À moins...

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    Autre hypothèse farfelue : celle de la femme du directeur de la clinique. Charpentier n'a jamais été tué ; c'est ce qu'il a voulu laisser croire en s'enfuyant vers l'Argentine avec le magot des parachutages. Elle le raconte dans ce roman publié en 1959 sous un pseudonyme, dont le but est de défendre la mémoire de son mari, injustement incriminé selon elle.

    L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn

    (Victor Hugo)

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014 

  • Le Grand Hôtel Terminus a cent ans depuis le 24 juin 2014

    Il n'y aura pas de pétards, de feux de Bengale ou de banquet pour fêter le centenaire de l'illustre hôtel qui fit jadis, la belle réputation de l'accueil touristique de notre ville. Qu'importe! Nous ne sommes pas en 1914 et les temps ne sont plus hélas à la nostalgie, mais à une économie qui se contrefiche de l'histoire locale... En 1857, le chemin de fer arrive à Carcassonne. Hôtels et restaurants se développent alors autour de la gare pour donner le meilleur accueil aux voyageurs séjournant dans Carcassonne.

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    Le Grand hôtel Saint-Jean Baptiste situé en face du Jardin des plantes, actuel square Chénier, est le plus important de toute de la ville. Au début du XXe siècle, son état le qualifie de "refuge minable". Il est décidé en 1912 de le raser avec les maisons environnantes. Parmi elles, deux commerces:

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    Le salon de coiffure Cassagneau

    © Claude Marquié

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    Les chaussures Fidel Perxachs, en face de la Rotonde

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    Le banquier Paul Motte associé à MM. Béteille et Beauquier décident de construire en lieu et place, un hôtel de grand standing bénéficiant de tout le confort moderne.

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    Les dessins et les plans du nouvel hôtel sont confiés à l'architecte Florentin Belin.

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    Plan des caves et fondations

    © Martial Andrieu

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    Florentin Belin, né en 1874 à Nîmes

    © Pierre Canavy (C. Marquié)

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    350 ouvriers de tous les corps de métiers, participent pendant une année à l'édification du bâtiment. Le jeudi 23 mars 1914, un grand banquet est organisé pour fêter l'achèvement des travaux de gros oeuvre, au milieu des entrepreneurs et des ouvriers. Sur les nappes, des oranges et des barils de vin.

    "Lorsque la blanquette eut moussé dans les verres, M. Motte, président de la Société du Terminus-Cité, porta la santé de ses convives qu'il félicita pour leur énergie, de leur dévouement et de leur esprit de discipline. L'un des contre-maîtres, au nom du personnel ouvrier, remercia les dirigeants de la socité du bel exemple de fraternité et de solidarité qu'ils venaient de donner. Après que le président du conseil d'administration de la socité eût éloquemment distribué l'éloge que nul ne méritait mieux que l'architecte distingué du Terminus, M. Belin, M. Laguille, rédacteur au Petit Méridional, délégué par le syndicat de la presse, en termes choisis, loua la société de la belle initiative, aujourd'hui couronnée du succès, qu'elle audacieusement prise à Carcassonne, pour le plus grand profit des intérêts collectifs."

    © L'intérêt général (Organe du Syndicat d'initiative/ Mai 1914)

    Après les applaudissements, on tira du haut du bâtiment des feux de Bengale dans l'allégresse générale.

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    Le Grand Hôtel Terminus est livré en juin 1914 et les Carcassonnais sont impressionnés par les dimension du bâtiment: 2500 m2 sur quatre niveaux. L'ensemble des chambres bénéficient de l'électricité, du chauffage central au charbon et de l'eau chaude. Sur le toit, un réservoir d'eau de 10 000 m3 qui sera détruit dans les années 1930. Les clients profitent également d'un garage automobile, d'un salon de coiffure, d'un grand café, d'une salle de spectacle de 800 places (actuel cinéma Le Colisée) et d'un jardin d'hiver. La gestion est confiée à MM. Jagmet et Pons.

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    L'étiquette des bagages de l'hôtel Terminus

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    Le grand hall

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    La salle du grand café

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    Le salon de lecture

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    Le petit salon

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    La salle de bain d'une chambre

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    Le Grand Hôtel Terminus dans les années 1920-1930 tenu par MM. Ginet et Sauvage

    © Martial Andrieu

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  • Ladislas Levavasseur, ce Carcassonnais chirurgien-major de l'empereur Napoléon 1er

    Un chirurgien, ayant perdu l'usage de la vue et presque paralysé, dicte quatre ans avant sa mort à son neveu, le récit de ses aventures au sein de la Grande Armée de Napoléon. Cet éminent médecin qui côtoiera sur les champs de bataille, Larrey et Broussais, s'appelle Ladislas Levavasseur. C'est le grand-père maternel du compositeur Paul Lacombe, dont nous avons longuement parlé sur ce blog. Au milieu du fracas de la guerre, ce chirurgien l'empereur fera major sur une simple décision orale: "Berthier, notez!" Il soigna la fièvre jaune à Saint-Domingue, amputa les membres inférieurs des soldats et finalement, on ne sait par quel miracle, revint sain et sauf de cette boucherie. Franc-maçon comme l'usage en était auprès des maréchaux de l'empire, il tutoyait Massena. Il rencontrait à maintes reprises Napoléon et Roustan, son mamelouk. Républicain convaincu, Ladislas levavasseur échappa de peu à la mort au moment de la Restauration. Il fut même banni pour un temps de l'exercice de la médecine. C'est à Carcassonne qu'il trouva refuge où il se maria avec Lucie Marisy, une jeune fille de Trausse-Minervois. Après la mort de Louis XVIII, il reprit du service à l'Hôtel Dieu de Carcassonne et mourut en 1864.

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    Maison de Ladislas Levavasseur, square Gambetta

    © Chroniques de Carcassonne

    Avec l'aimable autorisation de M. Digonnet, j'ai décidé de réaliser la publication de ce manuscrit totalement inédit. Il apporte des éléments surprenants à l'histoire des batailles de l'Empire, sans concessions car non romancés. À la lecture de ce livre, vous serez au plus près de ces hommes dont le but était de porter les valeurs de la Révolution à l'extérieur de la France. Car en dehors des conquêtes des territoires, ne s'agissait-il pas de cela?

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    Vous trouverez ce livre à Carcassonne

    Librairie Breithaupt

    Maison de la presse

    Vous pouvez le commander par correspondance

    17€ + 3,50€ (frais de port)

    Martial Andrieu

    5, rue de la Brégère

    87100 Limoges

    andrieu-martial@wanadoo.fr

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