Il n'y aura pas de pétards, de feux de Bengale ou de banquet pour fêter le centenaire de l'illustre hôtel qui fit jadis, la belle réputation de l'accueil touristique de notre ville. Qu'importe! Nous ne sommes pas en 1914 et les temps ne sont plus hélas à la nostalgie, mais à une économie qui se contrefiche de l'histoire locale... En 1857, le chemin de fer arrive à Carcassonne. Hôtels et restaurants se développent alors autour de la gare pour donner le meilleur accueil aux voyageurs séjournant dans Carcassonne.
Le Grand hôtel Saint-Jean Baptiste situé en face du Jardin des plantes, actuel square Chénier, est le plus important de toute de la ville. Au début du XXe siècle, son état le qualifie de "refuge minable". Il est décidé en 1912 de le raser avec les maisons environnantes. Parmi elles, deux commerces:
Le salon de coiffure Cassagneau
© Claude Marquié
Les chaussures Fidel Perxachs, en face de la Rotonde
© Jacques Blanco
Le banquier Paul Motte associé à MM. Béteille et Beauquier décident de construire en lieu et place, un hôtel de grand standing bénéficiant de tout le confort moderne.
Les dessins et les plans du nouvel hôtel sont confiés à l'architecte Florentin Belin.
© Martial Andrieu
Plan des caves et fondations
© Martial Andrieu
Florentin Belin, né en 1874 à Nîmes
© Pierre Canavy (C. Marquié)
350 ouvriers de tous les corps de métiers, participent pendant une année à l'édification du bâtiment. Le jeudi 23 mars 1914, un grand banquet est organisé pour fêter l'achèvement des travaux de gros oeuvre, au milieu des entrepreneurs et des ouvriers. Sur les nappes, des oranges et des barils de vin.
"Lorsque la blanquette eut moussé dans les verres, M. Motte, président de la Société du Terminus-Cité, porta la santé de ses convives qu'il félicita pour leur énergie, de leur dévouement et de leur esprit de discipline. L'un des contre-maîtres, au nom du personnel ouvrier, remercia les dirigeants de la socité du bel exemple de fraternité et de solidarité qu'ils venaient de donner. Après que le président du conseil d'administration de la socité eût éloquemment distribué l'éloge que nul ne méritait mieux que l'architecte distingué du Terminus, M. Belin, M. Laguille, rédacteur au Petit Méridional, délégué par le syndicat de la presse, en termes choisis, loua la société de la belle initiative, aujourd'hui couronnée du succès, qu'elle audacieusement prise à Carcassonne, pour le plus grand profit des intérêts collectifs."
© L'intérêt général (Organe du Syndicat d'initiative/ Mai 1914)
Après les applaudissements, on tira du haut du bâtiment des feux de Bengale dans l'allégresse générale.
Le Grand Hôtel Terminus est livré en juin 1914 et les Carcassonnais sont impressionnés par les dimension du bâtiment: 2500 m2 sur quatre niveaux. L'ensemble des chambres bénéficient de l'électricité, du chauffage central au charbon et de l'eau chaude. Sur le toit, un réservoir d'eau de 10 000 m3 qui sera détruit dans les années 1930. Les clients profitent également d'un garage automobile, d'un salon de coiffure, d'un grand café, d'une salle de spectacle de 800 places (actuel cinéma Le Colisée) et d'un jardin d'hiver. La gestion est confiée à MM. Jagmet et Pons.
L'étiquette des bagages de l'hôtel Terminus
Le grand hall
La salle du grand café
Le salon de lecture
Le petit salon
La salle de bain d'une chambre
Le Grand Hôtel Terminus dans les années 1920-1930 tenu par MM. Ginet et Sauvage
© Martial Andrieu
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