Le 13 mars 1983 à 20h, la liste "Carcassonne avenir" de Raymond Chésa (RPR-UDF) remporte les élections municipales de Carcassonne avec 53% des voix au second tour de scrutin. Les yeux hagards les militants socialistes ne comprennent pas trop ce qu'il vient de leur arriver, pendant que la droite carcassonnaise se fait pincer pour voir si elle ne rêve pas. L'ébranlement politique est comparable à une victoire sportive de l'USC contre les Springboks sud-africains. Certains équipiers auraient-ils joués contre leur camp pour faire scorer l'adversaire? A l'évidence oui, car le premier tour avait largement positionné la gauche comme à son habitude depuis un siècle, en tête du scrutin avec près de 60% des voix. Mais la division régnait dans les rang socialistes pour se partager l'héritage du maire A. Gayraud, depuis son décès en cours de mandat en 1981. A sa suite, le premier adjoint F. Ancely devait assurer l'intérim pendant deux ans. Au moment de la désignation du candidat pour porter les couleurs du PS, le maire sortant fut mis sur la touche. Fort de sa légitimité et contre le choix de la rue de Solférino qui s'était porté sur le député Joseph Vidal, Fernand Ancely décida de monter une liste dissidente. Au premier tour, la gauche allait divisée à la bataille trop confiante sur l'issue de l'élection: Vidal (PS et PC), Ancely (socialiste dissident) et Peytavi (communiste dissident). La part du gâteau et la mariée d'ailleurs, étaient trop belles pour laisser filer l'héritage. Trois parts, certes... mais au soir du 1er tour divisées inégalement. Vidal et ses alliés communistes obtenaient 34%, Ancely 15,5% et Peytavi 9%.
Le premier avait donc gagné son ticket pour le dimanche suivant. Le second qui pouvait se maintenir, se retira de la course. Le troisième était éliminé. Le député Vidal avait maintenant un boulevard devant lui avec le total des voix de la gauche. Or, en politique l'addition n'est pas commutative mais associative et le PS local allait mettre 26 ans à s'en remettre. Entre les deux tours, les tractations allaient bon train. Les uns assurés de leur victoire prochaine n'attendaient plus que l'adoubement de Marianne, les autres négociaient avec la dissidence les voix du second tour. Que croyez-vous qu'il advint sous l'effet des vases communiquants?
Plusieurs facteurs ont contribué à cette élection surprise: